teintes qu'il desiroit; on n'avoit point à craindre d'être trompé par le feu, qui ne donnoit que le glacis. Une commission composée des citoyens Vien, Regnault, Van-Spaendonck et Gibelin s'est assurée de la vérité d'une découverte si avantageuse pour les arts.

Les couleurs et les différentes teintes ont été préparées devant elle; un double exemplaire en a été mis sous son cachet: l'action du feu n'a produit aucune sorte d'altés ration; les couleurs et les teintes ont seulement acquis le luisant du vernis, comme l'avoit annoncé le citoyen Dilh. Jusqu'ici nul procédé n'avoit pu conserver les tableaux de fleurs dans toute leur fraîcheur primitive. L'artiste éprouvoit les plus grandes difficultés à peindre l'émail et la porcelaine: les couleurs qu'il mêloit ́ens semble opérant leur destruction mutuelle il étoit forcé d'employer un ton pour en obtenir un autre à la cuisson; il ne peignoit que par calcul son œil ne pouvoit jamais démêler la nuance, et ses fautes étoient presque irréparables. Des expériences multipliées ont garanti le succès de la découverte du citoyen Dilh, quia fourni aux citoyens Leguay et Sauvage l'occasion de signaler leur talent dans un genre très-estimable.

Dans la séance du 15 vendémiaire an 6, l'Institut national, a distribué les prix de peinture, sculpture et architecture.

Après avoir proclamé les noms des artistes qui les ont remportés, le citoyen CAMUS, président, leur a adressé le discours suivantorok, 26

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« CITOYENS,

Élèves chérise des arts et de la liberté, vous avez » offert à la République les fruits heureux de vos tra» vaux. Le génie les avoit fait germer; des maîtres » habiles les ont cultivés; la patrie les a recueillis avec » l'intérêt et la satisfaétion d'une mère tendre et fière » des succès de ses enfans. Iz kinan

"

I

» La République française a fait graver votre nom » sur le bronze; il ne s'effacera point. Elle vous entre» tiendra à ses frais dans cette célèbre Italie, le séjour antique des arts; c'est la récompense la plus digne » d'artistes dont les travaux attestent qu'ils ont déja » deviné les beautés, les formes et l'ensemble des monumens qui vont devenir le sujet habituel de leurs études. » Le nombre des grands prix qui viennent d'être » accordés, atteste les succès de l'art. Ils ont été tels, » que les juges ont avoué avec surprise qu'ils avbienț admiré, lorsqu'ils eussent pensé n'avoir qu'à examiner » et à comparer.

» Dans les travaux même dont ils n'ont point; pro» clamé les auteurs, les juges ont apperçu des inten» tions, des idées; ils ont vu briller des étincelles du » génie, Citoyens, qui avez concouru aux prix, et vous » tous, élèves des écoles des arts, qui aspirez aux succès, » que votre ame s'échauffe, que votre émulation s'en» flamme, à la vue des récompenses nationales! Conti» nuez à fréquenter vos ateliers savans; nous attendrons

» avec impatience le retour annuel de la séance où vous » êtes admis, pour vous distribuer les couronnes que, » vous aussi, vous saurez mériter.

>> Les esprits vulgaires auront sans doute quelque peine à concevoir comment, après une interruption » de plusieurs années dans les études, au sein des agi»tations intérieures, au milieu du tumulte des guerrės, >> les arts ont pu être cultivés, et l'être avec avantage. >> Ils ignorent, ces esprits peu accoutumés à réfléchir, » avec quelle énergie la liberté inflúe sur toutes les >>> puissances de l'ame: ils ne savent pas mesurer la force » et la rapidité de l'élan d'un républicain quical conçu >> ou saisi l'idée de peindre Caton; Caton, dont le suffrage » pour lab cause vaincue à Pharsale l'emporte encore aujourd'hui sur le suffrage des dieux pour la cause » qui obtint la victoire.

Reconnoissons ici les lois de l'harmonie des êtres & » lois d'après lesquelles les hommes capables de faire » de grandes actions, et les hommes capables de célé»›brer les exploits des héros, sont produits dans le même » temps, par le concours des mêmes circonstances, par » le résultat des mêmes principes. Ainsi le génie qui » inspirá à nos législateurs les dispositions sur lesquelles » les bases de la liberté française sont assises y leur ins>>>pira en même temps l'idée de lier à la constitution » de la République l'établissement d'une grande société » qui rassembleróit des orateurs dignes de faire, au » nom de la patrie, dans un champ désormais plus cé» lèbre que ceux de l'Isthiné et d'Olympie, l'éloge public

» de ses défenseurs; des poètes dignes de chanter nos victoires des artistes dont les uns animeroient le » marbre pour représenter les traits des grands hommes, » les autres féroient parler la toile pour raconter leurs » exploits et d'autres enfin éleveroient des monumens » à leur mémoire Vous-mêmes, citoyens, dont l'Ins>>titut viento de couronner les premiers succès, vous » êtes appelés à perpétuer sa durée. Une suite constante » de travaux vous en ouvrira les portes; vous occu>> perez un jour les places de vos devanciers, de vos » modèles et de vos maîtres. Vous serez alors une seconde » fois honorés du suffrage d'hommes libres qui ne vous » appelleront parmi eux que par la conviction qu'ils >>auront de votre mérite. Concevéz la grandeur de réDecompenses qui ne sont point ici, comme il est trop >>> ordinaire dans les cours des monarques, sollicitées » par dés protecteurs, surprises par les intrigues, » flétries par le suffrage déshonorant de l'ignorance jointe soit à la richesse, soit à un rang élevé, soit » même au pouvoir suprême. Que vos ames, alimentées » du feu que le génie de la liberté et le génie des arts

y ont allumé, conservent toujours la hauteur répu» blicaine et la juste fierté des grands talens. Maintenez » purs, consacrez à la liberté, ces talens qui étoient en » vous, mais qu'elle a développés, qu'elle récompense, » et qu'elle veut prendre soin de perfectionner Les arts » que vous exercez sont sublimes; ne les avilissez jamais » en les employant à caresser les coupables qui vous drojent asservir votre patrie. on 2006 cup onis! «

>> Que le ciseau indigné se brise plutôt dans vos mains! » que les pinceaux qui ont si parfaitement exprimẻ lẽ dévouement républicain, la constance stoïque, la » sérénité d'une ame libre dans tous les traits du visage » de Caton expirant, se refusent à proposer jamais à Padmiration des peuples, soit le tyran orgueilleux » qui prétend s'assujettir des hommes, soit le lâche qui » courbe la tête au gré des caprices d'un despote!