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patronne de Paris étaient brûlées en place de grève (1), le reliquaire dépouillé et détruit (2).

Les génovéfains eurent le sort commun des ordres religieux. Quelques infidèles à leurs vœux restèrent seuls dans l'abbaye pour y continuer leurs fonctions devenues purement civiles. On devine que nous désignons les bibliothécaires Pingré, Ventenat et Viallon. Quant à Mongez, il donnait la main aux révolutionnaires les plus avancés.

La collection de médailles passait au cabinet national (3). La bibliothèque perdait son nom et prenait, comme le nouveau temple, celui de Panthéon (4). Le monastère

(1) On voulait faire expier aux reliques « le crime d'avoir servi à propager l'erreur! »

« Oui, écrivait M. Georges Duval, j'ai vu sur cette place de Grève d'où « Geneviève était partie pour détourner de sa marche le terrible roi des «< Huns qui s'avançait sur Paris, sur ce même port où, dans un temps de « famine, d'innombrables bateaux chargés du blé recueilli par ses soins avaient ramené l'abondance dans la cité désolée; j'ai vu brûler et précipiter dans la Seine, par une bande de forcenés impies, les cendres de « celle qui avait autrefois préservé leurs pères des horreurs de la famine « et des fureurs d'Attila!» (Souvenirs de la Terreur, Paris, 1841-1842, tom IV, p, 160.)

(2) Monileur des 9 et 23 novembre 1793.

Le procès-verbal du dépouillement de la châsse (Moniteur du 24 suiv.) affirme que la majeure partie des pierres étaient fausses. Nous ne discuterons point l'assertion, ni ne rechercherons, pour le cas où on la voudrait véritable, l'explication du fait.

Parmi les objets que renfermait la châsse, le procès-verbal a signalé une bande de parchemin sur laquelle » était « écrit: Una pars casulæ sancli Petri, principis Apostolorum. » Nous avons eu occasion de parler déjà du fragment de la chasuble de saint Pierre.

Le Musée de la renaissance, au Louvre, possède les quatre vierges ou vertus cardinales, aujourd'hui dédorées et sans bras, qui supportaient la châsse.

Les précieux restes de sainte Clotilde, de saint Céraune et de sainte Aude auraient échappé de cette sorte à la profanation: l'abbé Rousselet les aurait réduites en cendres; cendres recueillies et plus tard déposées dans l'église Saint-Leu, à Paris. (Fète de sainte Clotilde, troisième leçon du bréviaire).

(3) Aujourd'hui cabinet des médailles, à la Bibliothèque nationale de la rue Richelieu.

(4) La bibliothèque est restée à l'abbaye jusqu'en 1842, année d'une installation provisoire au collège de Montaigu (M. de Bougy, Histoire de la Bibliothèque Sainte-Geneviève, p. 162-164). C'est en 1850 que l'installation

devenait école centrale en attendant qu'il devint lycée. L'ancienne basilique allait disparaître (1). Mais la vieille tour toujours debout, mais de vieilles constructions, ainsi que la disposition des lieux, ne cessent d'attester l'existence. tant de fois séculaire de la glorieuse abbaye.

définitive se fit dans le local actuel. Jusqu'à cette dernière date, cependant, le déménagement n'avait pas été complet à l'abbaye.

Depuis cette époque, les galeries servent de dortoir pour les élèves du Lycée Henri IV; et, si le rond-point n'existe plus, les principales sculptures et la coupole se voient encore aujourd'hui.

Les deux salles du cabinet des antiques ne sont pas moins éloignées de leur destination première : l'une est salle du cercle, et l'autre salle de billard.

(1) Elle fut démolie en 1807.

La pierre sépulcrale qui couvrait le tombeau de Clovis a été transportée à Saint-Denys, après avoir été placée au Musée des monuments français, dans l'ancien couvent des Petits-Augustins.

Les cendres de Descartes dont on avait en vain décrété la translation au Panthéon, étaient, depuis 1800, à ce même Musée. Elles reposent aujourd'hui dans l'église Saint-Germain des Prés où elles furent déposées en 1819. Le médaillon avec l'inscription latine se voit au musée de Versailles.

Le tombeau du cardinal, après avoir été également transféré au Musée des monuments français, prit place, en 1817, dans la chapelle des Incurables, à Paris, pour passer ensuite aux nouveaux Incurables, à Ivry.

FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE

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Précédemment, obéissant aux lois du récit, nous avons signalé ou mentionné plusieurs travaux dus à des plumes génovéfaines. Nous n'avons pas à y revenir (1). D'autre part, dans notre galerie, doivent seulement figurer les écrivains de distinction (2).

(1) Nous avons assez souvent cité le P. Chartonnet, auteur de la Vie du P. Faure.

Nous avons donné un aperçu des œuvres du cardinal de La Rochefoucauld, des PP. Faure et Blanchart, apprécié celles des P.P. Beurrier et de Géry, inscrit un souvenir pour celles de Le Royer p. 126, de Quesnel p. 12, des abbés Floriot et Polinier pp. 180 et 181.

(2) Cependant, parmi ceux que nous laissons dans l'ombre, plusieurs ont droit ici à un souvenir. C'est :

Le P. Brethe de Clermont avec son œuvre assez originale, Basilica S. Genovefa decora emblematibus illustrata, Paris, 1661, in-fol;

Le P. Charpetier avec son travail sur sainte Geneviève, son tombeau,

I

MORINIÈRE (MICHEL-MARTIN DE LA)

(vers 1594-1654)

Martin de La Morinière avait déjà paru avec quelque éclat dans les chaires de Paris, lorsqu'il fut appelé à l'hôtel

les processions de la châsse: travail qui est loin d'être sans mérite, puisque l'auteur a traduit la Vie de la sainte sur l'original latin écrit dix-huit ans après sa mort et revu sur plusieurs manuscrits, Paris, 1697, in-8°;

Le P. Demonchy, prieur-curé de Saint-Chéron-lez-Chartres, et auteur des Instructions chrétiennes sur l'Eucharistie, Paris, 1702, in-12, œuvre bien conduite dans ses deux parties: La réalité de l'Eucharistie dans le Nouveau Testament; l'Eucharistie figurée dans l'Ancien Testament; Bernard Caignet, prieur de Saint-Vincent de Senlis au XVIe siècle, écri vain assez fécond dont les ouvrages inédits sont conservés à la Bibliothèque Sainte-Geneviève;

Lefèvre, prieur-curé de Saint-Nicolas de Troyes, auteur de deux lettres écrites en 1723 et 1724, sous le nom de Gouault, maire de cette ville, sur la question de savoir laquelle des deux villes, Troyes ou Châlons, devait être considérée comme la vraie capitale de la Champagne (v. P. Lelong, n• 34303);

Viallon, l'un des bibliothécaires de Sainte-Geneviève au moment de la révolution et qui avait déjà essayé de se faire admettre dans le monde littéraire par deux ouvrages, ses seules productions du reste: Philosophie de l'univers ou théorie philosophique de la nature, Bruxelles, 1782, 1 vol. in-8, deux parties; et Clovis le Grand, Paris, 1788, 1 vol. in-12. Le premier devait avoir quatre parties dont trois consacrées aux trois règnes de la nature et la quatrième au Créateur du monde. Une note manuscrite sur un exemplaire de la Bibliothèque nationale nous fait connaitre en ces termes pourquoi l'ouvrage est demeuré incomplet: «L'intention de l'auteur « étoit de donner la suite de cet ouvrage...; ses supérieurs ont obtenu une « défense de la laisser paroitre : ils ont pensé que cette suite auroit pu «porter atteinte à la chronologie sacrée et au dogme de la création. » Disons aussi que la seconde partie dont le public a été mis en possession, n'est pas celle qui avait été annoncée dans la Préface. Disons encore que l'auteur signait seulement : M. Viallon. Dans le second ouvrage, l'auteur n'avait pas sujet de craindre de se donner les qualifications de chanoine régulier et de bibliothécaire de l'abbaye de Sainte-Geneviève. Cette fois, nous avons un livre qui forme un tout régulier, mais dont les développements sont peu considérables, car la vie du premier roi chétien est précédée de l'histoire des Francs avant sa naissance, et renferme les vies des principaux personnages qui ont concouru à la gloire de son règne, tels que sainte Geneviève, sainte Clotilde et saint Remi.

abbatial de Sainte-Geneviève pour être précepteur des neveux du cardinal. Il fit connaissance avec le P. Faure, eut naturellement quelque contact avec les religieux et se sentit attiré vers le même genre de vie. S'en étant ouvert au P. Faure, celui-ci ne manqua pas de lui découvrir les difficultés qui fatalement surgissaient: l'âge du postulant La Morinière avait quarante-quatre ans, ses habitudes de liberté, son existence jusque-là facile, mêlée au monde, se prêteraient-ils au joug de l'obéissance et de la vie mortifiée, ainsi qu'à la solitude du cloître ?

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La Morinière se reconnut assez de courage pour répondre affirmativement, et l'avenir ne devait pas apporter de démenti à sa parole.

Il prit l'habit sur la fin de 1638 et, après un noviciat sous la direction du P. Blanchart à Reims, fit profession l'année suivante. A Reims, il prècha dans l'église abbatiale, à la grande satisfaction de tous, « les dimanches de Carême de l'an 1641, les sermons qui s'y font sur la mort »>.

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Rappelé à Paris, il y composa une vie de sainte Geneviève << qu'on fit imprimer pour être présentée à la reine qui l'avait demandée ». Supérieur à Notre Dame de Chage, il se faisait applaudir dans la chaire de la cathédrale de Meaux. A Sainte-Geneviève, il remplaça le P. Fronteau dans la chaire de théologie; mais la mort (janvier 1654) ne lui permit de l'occuper que trois mois (1).

La seule œuvre oratoire qui nous reste de lui, est l'oraison funèbre du cardinal de La Rochefoucauld. Ce discours fut prononcé, le 4 juin 1645, dans l'église de Saint-Vincent de Senlis (2). Il n'y faut pas chercher la perfection à laquelle atteindra, quelques années plus tard, ce genre de composition. En France, l'époque de transition touchait à sa fin; mais elle pesait encore sur l'art oratoire. Donc, absence

(1) B. S. G., ms. fr. H. 173, in-fol., p.p. 354 et suiv. (2) Paris, 1646, in-4o.

T. II.

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