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pris place dans les Constitutions imprimées en 1676 (1). Mais il disparaissait dans l'édition de 1772. Comme dans le principe, l'on pensa sans doute que c'était assez du vœu général d'obéissance. Peut-être les idées ou les luttes jansénistes ne furent-elles pas complètement étrangères à cette suppression. Nous savons par les Nouvelles ecclésiastiques de quelle sorte d'inviolabilité les sectaires voulaient entourer le pastorat et avec quelle force ils s'élevaient contre la révocation des curés inféodés à la nouvelle hérésie (2). L'anecdote suivante n'est pas sans projeter un trait de lumière.

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C'était dans le courant de l'été 1742. Le curé de SaintMédard était allé rendre visite au curé de Saint-Germain-leVieux. « Monsieur, je suis bien faché, dit le premier, « d'avoir différé si longtemps à... Monsieur, repartit << vivement le second, je n'ai pas l'honneur de vous con<«< naître. Je suis le curé de Saint-Médard. Je regarde « la cure de Saint-Médard comme perpétuellement vacante. «< Véritablement cette paroisse a changé depuis quelque « temps plusieurs fois de curés. - Puisque votre abbé vous « destitue à sa volonté de concert avec M. l'archevêque, « vous n'êtes point titulaire. Chaque communauté a ses « statuts et ses usages. Monsieur, dès qu'on vous déplace comme des pions, l'on ne peut vous regarder « comme curés. » Besoin n'est pas de rappeler que le curé de Saint-Médard était génovéfain. Le curé de Saint-Germainle-Vieux s'appelait Rochebouet, nom assez honorablement connu dans le parti. (3)

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(1) Pars IV, cap. vir: « Domine Deus, spes et refugium meum, voveð « omnipotenti majestati tuæ... me nullum unquam beneficium vel præ« laturam, intra vel extra religionem, ambiturum, neque ullum benefi« cium, quamvis ultro delatum, acceptaturum, nisi præpositus generalis « permiserit. Promitto etiam me quodlibet beneficium, a religione vel ab aliis

«< collatum, demissurum, quoties et quantum idem præpositus generalis vel << alius ejus authoritate mihi imperaverit... »

(2) Voir, entre autres, la page 20, de novembre 1730. (3) Nouvel. ecclésiast., an. 1743, p. 73.

L'on voulut même, au sujet des promotions et des révovocations, introduire des garanties contre la possibilité de l'arbitraire.

Dans le premier cas, la seule volonté du général ne suffisait plus. Il fallait préalablement être inscrit sur un catalogue spécial, contenant les noms de ceux qui avaient été jugés aptes au pastorat. Ce catalogue était dressé tous les trois ans par le chapitre général sur les témoignages four. nis par les supérieurs ou les chapitres des maisons particulières et après avis du visiteur de la province. D'autre part, cinq années de prêtrise étaient exigées avec deux autres d'une sorte de noviciat dans les séminaires que la congrégation destinait à former au ministère paroissial. Le professorat, la direction des collèges et des noviciats dispensaient de cette préparation. L'éligibilité cessait, si au chapitre général suivant l'inscription n'était pas renouvelée.

Des restrictions furent opposées au droit de révocation : ce droit ne pouvait s'exercer par le général qu'avec l'assentiment des assistants, et du consentement de l'évêque diocésain; et la règle rappelait la nécessité de justes causes, en soi termes un peu vagues, mais empruntant pour la circonstance une certaine force au droit canonique (1).

Lorsque les curés habitaient le monastère, ils restaient, autant que le ministère le permettait, astreints à la vie de communauté. Si ailleurs le possible était la mesure de leur obéissance à la loi religieuse, ils devaient toujours conserver précieusement l'esprit de la congrégation (2).

Le curé prenait sur les revenus de la cure ce qui était nécessaire à son entretien et à celui du clergé; le surplus passait en grande partie entre les mains des pauvres; une faible portion pouvait être employée à rehausser la splen

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deur du culte dans l'église paroissiale (1). Les offrandes des fidèles étaient remises au procureur; le curé n'en pouvait distraire que la part jugée nécessaire pour les nécessiteux (2).

qu'ils

Apostoliquement admirable, ce ministère n'était pas sans inconvénients au point de vue religieux. Que de brèches forcées à la règle. Quel oubli peut-être de la congrégation! Ces inconvénients, le P. Faure les avait pressentis. Les Constitutions essayaient d'y apporter remède et inscrivaient parfois de chaleureux appels à l'adresse des pasteurs. Que ceux-ci, disaient-elles, ne perdent jamais de vue « «ne cessent pas d'être membres de la congrégation. Donc, qu'ils portent le plus grand respect à leurs supérieurs, << qu'ils se montrent partout et toujours de vrais frères à l'égard des autres chanoines. Eux que la congrégation a « reçus et nourris dans son sein, qu'elle réchauffe dans « les entrailles de sa charité, comment ne conserveraient« ils pas à l'égard de la plus aimante des mères le senti«ment de la piété filiale (3)? »

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III

LES ABBÉS GÉNÉRAUX

Le chapitre général de 1675 élut, pour succéder au P. Blanchart, le P. Paul BEURRIER que nous avons vu

(1) Ibid., cap. vi, no 2.

La règle, De pastoribus, édit. de 1676, cap. iv, no 9, accordait plus de latitude : « Residuæ, si quæ sint, pecuniæ judicio visitatoris vel ægrotis « pauperibusque parochianis erogentur, vel pro necessitatibus monasterii « a quo parochia pendet, prudenter expendantur. »

(2) Constitul., édit. de 1772, cap. 11, no 9.

(3) Ibid., cap. vii, no 1.

placé à la tête de la paroisse de Nanterre, après avoir été prieur de Sainte-Catherine de Paris.

Il était né, en 1608, dans la ville de Chartres, et avait fait son noviciat et sa profession à Sainte-Geneviève. S'il n'avait gouverné Sainte-Catherine qu'une année (1633-1634), il administra pendant près de vingt ans la paroisse de Nanterre (1634-1653). A Sainte-Catherine, on avait imposé en même temps au prieur, malgré sa jeunesse, la charge de maître des novices. A Nanterre, nous le savons, la direction du séminaire fut aussi confiée au curé.

On rapporte que, dans une circonstance grave, le pasteur intervint avec succès en faveur de ses ouailles. C'était en 1647, pendant les guerres civiles de la Fronde. Nanterre avait refusé passage aux troupes royales. Le bourg fut condamné au démantellement, et vingt de ses habitants, les principaux coupables, à la prison. Paul Beurrier obtint d'Anne d'Auriche, pour le pays la conservation de ses murs, et pour les personnes la remise de l'emprisonnement (1).

Transféré, en 1653, à la cure de Saint-Étienne du Mont, il réunit sous le même toit et pour le soumettre à une sorte de vie commune le clergé de la paroisse : les réglements qu'il fit à ce sujet, méritèrent la flatteuse approbation de l'archevêque.

C'est dans ce dernier poste surtout qu'il se fit un nom comme prédicateur. Pourtant, dans les œuvres qu'il nous a laissées, le souffle et la forme oratoires sont absents. C'est la méthode froidement didactique, nous dirions volontiers la sécheresse scolastique: on y procède dans une parfaite uniformité par des premièrement, secondement, troisièmement.....; charpente osseuse que l'auteur songe à

(1) Le curé de Nanterre, pour répondre aux désirs d'Anne d'Autriche, avait écrit et mis au jour La Vie de saincte Geneviève, dédiée à la reyne, Paris, 1642, in-8°.

peine à revêtir de la chair vivante du style pour en former un corps quelque peu frais, dispos, gracieux, agissant.

La parole parlée du curé de Saint-Étienne du Mont a dù se faire mieux sentir aux auditeurs que sa parole écrite ne se fait goûter des lecteurs. Peut-être à cela y aurait-il une explication. Le titre porte bien que ces discours ont été préchés à Saint-Étienne et autres églises de Paris (1). Mais dans la dédicace du premier volume à ses très chers et très honorés frères et enfants, Messieurs les paroissiens de SaintEtienne, le P. Beurrier, indiquant le motif principal de la publication, à savoir le double désir de leur parler encore, quand sa voix serait éteinte, et de leur laisser après sa mort un gage de paternelle affection, expose qu'il a «< recueilli en peu de mots les vérités les plus touchantes et les plus importantes du christianisme» et qu'il les a « réduites en ce volume ». Il serait donc permis de conclure que la forme première a été modifiée et que l'écrivain, sacrifiant l'orateur, a coulé dans le même moule, le moule étroit de la simple méditation, les diverses instructions qu'il avait données au peuple chrétien, Aussi bien les volumes se trouvent-ils inscrits sous cette désignation: Homélies, prónes ou méditations.

Un confirmatur se puiserait, au besoin, dans un autre livre du P. Beurrier, œuvre d'exposition doctrinale qu'il publia d'abord en latin (2), qu'il fit passer ensuite dans

(1) Homélies, prosnes ou méditations sur les Évangiles de tous les dimanches et principales festes de l'année, preschez en l'église paroissiale de Saint-Estienne du Mont à Paris, Paris, 1668, in-4o; Homélies festives, prosnes ou méditations sur toutes les festes tant commandées que plusieurs autres de toute l'année, preschez à Saint-Estienne et autres églises de Paris, Paris, 1670, in-4°.

(2) Speculum christianæ religionis in triplici lege naturali, mosaica et evangelica, in quo quæ polissimum faciunt ad fidei confirmationem et conversionem atheorum et quorumvis infidelium sincere exhibentur, Paris, 1663, in-12. Il était dédié venerabilibus el reverendis sacerdotibus, viris apostolicis, sanctæ Dei Ecclesiæ ministris dignissimis, veris Christi missionariis et vigilantissimis animurum pastoribus.

Le P. Beurrier fit suivre ce traité du Compendium rhetoricæ christianæ, methodi facilis prædicationis evangelicæ el controversiæ ad docenda mys

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