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Nevers (1), Saint-Pierre de Rillé (2), Saint-Jean du Jard (3), Chancelade, Toussaint d'Angers à qui pourtant

l'évêque de Chartres prononça l'union du monastere à la congrégation. Mais, comme à Saint-Jean, les nouveaux chanoines furent expulsés en 1628. C'est même à Saint-Cheron que se commit, en premier lieu, cet acte de violence qui, grâce à Dieu, pas plus ici que dans l'autre abbaye, ne devait avoir de conséquences durables.

(Gal., tom. VIII, col. 1305; même ms. 213, p.p. 250 et suiv., 335 et suiv.)

(1) Vicille abbaye où s'étaient successivement implantées la vie monastique et la vie canonique, agrégée depuis un siècle à la congrégation de Saint-Victor de Paris, Saint-Martin de Nevers faisait la désolation de l'évêque, Eustache du Lis. Le prélat, s'y étant rendu le 6 février 1619, exhorta chaleureusement les chanoines à reprendre le costume d'usage et la vie régulière, puis les convoqua à l'évèché pour le 14 suivant, à l'effet de leur remettre les statuts qu'il leur destinait. Les chanoines n'eurent garde d'obéir. Le prélat revint le 17, les fit réunir capitulairement pour leur donner connaissance de ces statuts.

Il s'ensuivit un long procès qui se termina dans les premiers mois de 1629, en faveur de l'évèque. Sur la demande de ce dernier, le cardinal rononça définitivement, en octobre 1629, l'union du monastère à la congrégation.

(Gal., tom. XII, col. 675-677; même ms. 213, p.p. 378 et suiv.)

(2) Des luttes intestines, continuelles, vives, sanglantes parfois, avaient fait un devoir d'appliquer promptement l'ordonnance du cardinal, en date du 23 décembre 1624, à cette abbaye du XIe siècle et des environs de Fougères. D'abord l'ordonnance fut déclarée loi inviolable. Puis des négociations s'entamèrent avec Sainte-Geneviève qui vit s'ouvrir les portes de l'abbaye aux chanoines réformés. (Même ms. 213, p.p. 327 et suiv.)

(3) Prieuré sous le nom de la Miséricorde de Dieu (1171), abbaye sous celui de Saint-Jean du Jard (1199), ce monastère s'élevait à peu de distance de la ville de Melun. Zèle assez rare, l'abbé commendataire en prit en main le relèvement. Il est vrai que cet abbé était Hennin, docteur en droit et chanoine de l'église de Reims. Il est vrai aussi que son zèle fut secondé par celui, plus commun, du sous-prieur qui, chargé de l'administration en 1628, put mème exercer une action plus grande.

Les sujets manquaient pour l'instant à la congrégation. L'abbé, qui avait hâte de réaliser son religieux projet, s'adressa d'abord aux Carmes déchaussés mais la différence s'accusait trop sensible entre les deux règles; puis aux Ermites de Saint-Augustin - mais l'opposition du sous-prieur, devenu prieur, finit par triompher.

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Enfin les propositions des chanoines réformés de Saint-Sauveur en Lorraine étaient sur le point d'ètre agréées, lorsque le cardinal manda l'abbé et lui fit comprendre qu'il serait regrettable de recourir à l'étranger, comme si le royaume ne possédait pas de vrais réformateurs, un jour ou l'autre disponibles.

La congrégation prit possession de Saint-Jean du Jard en 1631. (Gal., tom. XII, col. 210-211; ms. fr. H. 21, in fol., p.p. 26 et suiv.)

on eut quelque droit de contester son entrée effective dans la congrégation (1). Chaque maison devait être représentée par son prieur et un religieux choisi par elle et porteur d'une procuration en règle. Dans le cas où le prieur viendrait seul, il aurait un mandat spécial de la communauté.

L'élection d'un supérieur général était une grosse affaire; et elle devait d'autant plus préoccuper, que certaines dissensions s'annonçaient déjà au sein de la congrégation naissante. C'était surtout au sujet du P. Faure : quelquesuns le trouvaient trop jeune, trop inexpérimenté; d'autres, comme il arrive d'ordinaire, quand il s'agit de supérieurs, croyaient avoir de justes motifs pour se plaindre de lui. Il était donc à craindre que, deux partis se formant, on n'arrival point au résultat désiré, car, si l'union est nécessaire, c'est principalement lorsque les œuvres commencent et s'organisent.

Dès la séance préparatoire, le 13 mai, les appréhensions se justifièrent. Dans ces dispositions, on estima sage, les religieux comme le cardinal, de surseoir à l'élection. Mais celui-ci exigea la démission des supérieurs, se réservant de faire gouverner en son nom les monastères, et prit la décision d'établir provisoirement un vicaire général et un syndic général. Après plusieurs séances qu'il présida, l'assemblée se sépara le 26 mai. On s'était borné à traiter des intérêts généraux de la congrégation (2).

Le vicaire général fut le P. Faure avec les PP. Baudouin, Branche et Boulart pour assistants. Le P. Beaudoin avait, à la fois, les fonctions de syndic général (3).

(1) L'on n'avait d'abord compris parmi les monastères à convoquer ni Chancelade ni Toussaint. Mais le cardinal pensa différemment; et son avis semble bien avoir prévalu pour la première comme pour la seconde de ces abbayes. Il est vrai qu'on ne pouvait guère invoquer en faveur de Chancelade d'autre titre que celui de confraternité. Toutefois ce monastère ne fut pas représenté à l'assemblée.

(2) B. Š. G., même ms. fr. H. 21, in-fol. : Histoire des chanoines réguliers de l'ordre de Saint-Augustin de la Congrégation de France, depuis l'an 1630 jusques en l'an 1640, p. 52-86.

(3) Ibid., p. 113-117.

:

Depuis longtemps, le cardinal désirait faire sa démission d'abbé de Sainte-Geneviève en faveur de celui qui serait nommé supérieur général de la congrégation. Il voulait aussi qu'à l'avenir les deux dignités continuassent à être réunies en la même personne. La chose devait s'accomplir de cette façon le supérieur élu de la congrégation serait de droit abbé de Sainte-Geneviève. Par là, Sainte-Geneviève deviendrait vraiment chef d'ordre, mais en laissant le supériorat général d'autant plus accessible aux religieux des autres maisons, que l'élection en disposerait tous les trois ans. Il était bon, sinon indispensable pour l'instant, vu les pouvoirs si étendus du commissaire apostolique, que l'affaire fùt soumise à Rome et en reçût la haute sanction. Cette sanction, du reste, eût été requise plus tard. Le roi lui-même avait écrit au Saint-Père : « Nous « supplions et requérons tant et si affectueusement que « nous pouvons faire, Votre dite Sainteté que son bon plaisir soit, à notre recommandation, prière et suppli«cation, d'octroyer et faire expédier les bulles aposto«<liques nécessaires (1). » Ces bulles ne furent expédiées que quatre ans plus tard, c'est-à-dire le 3 février 1634. La cour de Rome procéda avec une sage lenteur. Elle avait, d'ailleurs, des intérêts à garantir (2).

Urbain VIII, en accordant ce qu'on lui demandait, la triennalité de l'autorité abbatiale de Sainte-Geneviève et du supériorat de la congrégation, ainsi que l'union des

(1) Lettre datée de Paris, 13 février 1630. (Gallia, tom. VII, Instrumenta, col. 254.)

» et

(2) Il s'agissait du droit d'annate dont le pape « ne jouiroit plus du dédommagement à accorder aux officiers de la chancellerie, car, la dignité abbatiale étant triennalement élective, on « ne prendroit plus » de bulles. « Il fut donc arresté qu'on achepteroit quatorze lieux de monts « non vaynables au Mont de la Foy qui rendront tous les quinze ans la « somme de 3,150 livres, pour tenir lieu du droit d'annates de l'abbaye de « Sainte-Geneviève, qui estoit taxée à 800 florins, pour récompenser les «officiers de la chancellerie..., et que pour fournir à l'achapt de ces « lieux on donneroit la somme de 18,000 livres. » (Même ms. 21, p. 192.)

deux dignités, avait soin de marquer que c'était tant en considération de la réforme opérée dans l'abbaye qu'en faveur de la congrégation elle-même. Il n'oubliait pas non plus, dans ses considérants, la grande dévotion du peuple de Paris pour sa glorieuse patronne. I autorisait l'abbé titulaire actuel à se donner un coadjuteur qui serait le supérieur élu. Les statuts nouveaux devaient avoir l'approbation capitulaire, et celle-ci leur tiendrait lieu de l'approbation apostolique. Enfin la congrégation jouirait des privilèges des autres ordres religieux (1).

Aussitôt que les bulles furent enregistrées au grand conseil, ce qui eut lieu le 31 août suivant (2), le cardinal se mit en devoir de faire procéder à l'élection du supérieur général. Il réunit son conseil ordinaire et y appela l'évêque de Senlis, les maîtres des requêtes Lezeau et Vertamont. Il se proposait de les consulter sur la tenue du chapitre général : ce qui s'était passé précédemment ne laissait pas de lui inspirer quelque inquiétude; et en tout cas, dans une affaire aussi importante, on ne saurait trop chercher à s'éclairer. Le conseil adopta ce qui avait été réglé pour la dernière assemblée relativement à la représentation des monastères au chapitre. Toutefois il concédait, en outre, au prieur légitimement empêché, la faculté de transmettre son suffrage par écrit. Le nombre des monastères à convoquer, diminué de Chancelade qui avait d'autres visées, et de Toussaint d'Angers dont la pleine adhésion n'était pas encore un fait accompli, s'accroissait de Notre-Dame d'Eu (3), de Saint-Denys de

(1) La bulle se lit dans le Gallia, tom. VII, Instrumenta, col. 251-260. (2) Même ms. 21, p.p. 204, 205.

(3) On dit que la ville d'Eu doit son nom (Alga ou Auga, mot dérivé du tudesque Alg) à la fertilité de ses prairies arrosées par la Bresle. Elle fut érigée en comté en faveur d'un fils naturel de Richard sans Peur, duc de Normandie. Son premier comte la dota, au commencement du xie siècle, d'une église qui, collégiale avec ses chanoines séculiers, porta, un siècle plus tard, lorsque ceux-ci eurent adopté la vie régulière (1119), le titre plus religieux, sinon plus élevé, le titre abbatial. Affiliée alors à la con

Reims (1), de Saint-Ambroise de Bourges (2) et de SaintLoup de Troyes (3) qui, depuis, avaient accepté la réformation. Douze maisons faisaient donc définitivement partie de la congrégation (4).

grégation d'Arrouaise, Notre-Dame d'Eu, peu de temps après (1150), se rattacha définitivement à Saint-Victor de Paris.

Dès 1621, des chanoines de Saint-Vincent avaient été appelés dans cette abbaye normande. Mais ils n'y purent rester que deux ans. Un procès entre l'abbé et le prieur, au sujet d'un bénéfice, fut l'occasion d'un nouvel et durable établissement. Il se fit en 1632.

(Gal., tom. XI, col. 293-295; ms. 213, pp. 126 et suiv.; ms. 21, p.p. 48 et suiv.)

(1) C'était une des abbayes les plus considérables du royaume. Elle pouvait aussi être fière de son antiquité, car elle était en droit de la faire remonter jusqu'à cette église qui servait de sépulture aux chanoines de la cité et qui, de 887 à 890. recueillit les moines de Saint-Denys-enFrance, fuyant avec leurs reliques devant les dévastations des Normands. En tout état de choses, nous voyons apparaître son premier abbé en l'année 1076. Elle était même la seule qui eût conservé l'ancien habit des chanoines réguliers.

Saint-Denys de Reims était un des monastères précédemment désignés comme devant faire partie de la province de Paris. A ce titre, l'ordonnance du cardinal lui avait été expédiée. Elle lui fut notifiée, lorsque l'abbé commendataire, de Meaupas du Tour, eût fait parvenir, en 1629, un pressant appel au cardinal et au P. Faure. Néanmoins ce fut seulement, en 1633, que l'agrégation fut prononcée et effectuée.

(Gal., tom. IX, col. 288-290; ms. 213, p.p. 133 et suiv.)

(2) L'admirable transformation de Saint-Martin de Nevers avait eu du retentissement. A Bourges, on se prenait à désirer une rénovation analogue pour une abbaye de l'antique cité, Saint-Ambroise, qui en avait également besoin. Le désir se réalisa en avril 1634. (Même ms., p.p. 267 et suiv.) Le Gallia, tom. VII, col. 786, indique l'année 1635; mais c'est évidemment une faute, puisque Saint-Ambroise fut représenté au chapitre de 1634; et d'ailleurs le ms. 2212, tom. XII du Recueil général de pièces, p. 147, assigne bien l'année 1634.

(3) L'église qui reçut le corps du grand évêque de Troyes, était située en dehors de la cité. Consacrée à la Vierge, elle finit par n'être plus désignée que par le nom du saint dont elle possédait les précieux restes. Largement dotée par Charles le Chauve, construite à nouveau dans l'intérieur de Troyes, elle se trouva, fait assez peu rare dans l'espèce, successivement desservie par des moines, par des chanoines séculiers et enfin par des chanoines enfants de Saint-Augustin.

Le rétablissement, au xvIIe siècle, de la vie régulière dans cette abbaye, fut laborieux et peut-être, sans un arrêt du conseil privé, eût-il été ajourné indéfiniment. Cet arrêt fut rendu en mars 1634; et la prise de possession s'effectua quelques mois plus tard par voie d'autorité.

(Gall., tom. XII, col. 584; ms. 213, p.p. 285 et suiv.)

(4) Sans la double condescendance du cardinal et du P. Faure, la

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