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expliquer le catéchisme du concile de Trente, ce fidèle et élégant exposé de la doctrine catholique (1).

La philosophie se divisait ainsi logique, métaphysique, éthique ou morale. Pour la logique, << science direc«trice de nos jugements », on recommandait aux professeurs le livre d'or qu'on appelait Logique de Port-Royal. Dans l'enseignement de la métaphysique, il fallait faire concorder cette théologie naturelle avec la surnaturelle : « L'on doit tenir pour certain que rien de vrai ne saurait « être contraire à la divine révélation; par conséquent, en « ce qui concerne Dieu et ses attributs, la nature, l'immor«<talité et la liberté de l'âme, comme les êtres irraison«nables, que les philosophes n'enseignent rien que doi« vent désavouer les théologiens. » La morale se tirait des principes naturels; toutefois il était bon de s'éclairer de la lumière évangélique, et on devait d'autant moins craindre d'empiéter sur la théologie, que les trois années consacrées à l'enseignement de cette science y suffisaient à peine. Le cours terminé, le temps disponible était destiné à l'étude de la physique, mais avec réserve d'une partie pour l'étude des mathématiques dans le cas où cellesci eussent été séparées du juvénat. Au sujet de ces sciences positives, il s'agissait moins d'acquérir une connaissance approfondie que d'orner son esprit de notions respectables (2).

C'est surtout de la théologie qu'il est écrit dans le prophète Osée: Parce que tu as rejeté la science, je te rejetterai, en sorte que tu n'auras aucune part de mon sacerdoce (3). La théolog demande donc une étude qui « réponde et à sa dignité et à sa nécessité ». La déclaration de 1682 entrait dans le traité de l'Église. Il était prescrit d'en défendre les quatre articles suivant les principes émis par l'illustre Bos

(1) Ibid., cap. iv.
(2) Ibid., cap. v.
(3) Os., iv, 6.

suet. Relativement à la grâce, on recommandait de s'attacher à la doctrine de saint Augustin, notre père et législateur », ajoutait-on doctrine qui avait mérité les suffrages de tant de pontifes et de conciles (1).

Il y avait par jour deux classes de philosophie et de théologie. Le professeur dictait d'abord une leçon qu'il tirait de traités par lui composés (2). La moitié de la classe était consacrée à cela. L'autre moitié était destinée, le matin à la récitation par les élèves et à l'explication par le professeur des leçons précédentes, et le soir à cet exercice qu'on appelait dispute dans l'école, et où un élève, désigné ad hoc, était chargé de répondre aux objections formulées et appuyées par ses condisciples.

Outre cette dispute, il y avait les thèses hebdomadaires et annuelles.

Les premières se soutenaient le samedi. Deux jours auparavant, le sujet était affiché. Tout le chapitre devait assister à la soutenance. On y invitait aussi les autres génovéfains qui habitaient la même ville ou les environs. Des invitations pouvaient être également adressées à d'autres personnes. A une heure après midi, on se réunissait dans une salle. Le soutenant montait en chaire pour repousser les assauls que devaient successivement lui livrer les invités étrangers, les anciens professeurs, les chanoines-prêtres et enfin, si le temps le permettait, les condisciples eux-mêmes. La joûte durait environ deux heures. Chaque élève était, à son tour, appelé au rôle de soutenant.

« Pour stimuler davantage encore, lisons-nous dans la « règle, l'ardeur des étudiants, et faire connaître au dehors « la doctrine de nos écoles, nous avons établi que, chaque

(1) Ibid., cap. vi.

(2) Au chapitre vi, n° 7, on reconnaissait que ces dictées étaient une perte de temps. Mais les traités qui omne punctum tulerint », faisaient défaut. Jusqu'au moment où l'on aurait de ces traités-là, la dietée était indispensable.

<< année, aux mois de juillet ou d'août, des thèses de phi«<losophie et de théologie seraient publiquement et solen<< nellement soutenues par un des élèves. » Ces thèses ne pouvaient être imprimées qu'avec l'autorisation du général, On tenait à ce que des évèques, des magistrats et autres personnages vinssent rehausser de leur présence ces actes. scolaires (1).

Un soul professeur était chargé du juvénat. Le cours de philosophie n'en demandait pas davantage. Il y avait deux maîtres pour la théologie, lorsque le nombre des élèves s'élevait au-dessus de dix. On ne pouvait occuper une chaire de théologie avant d'avoir occupé avec succès une chaire de philosophie. Il était désirable que les élèves eussent le même professeur pour les deux sciences. Aussi rappelait-on aux maîtres que recommencer un cours de philosophie après en avoir terminé un de théologie ne devait avoir rien de désagréable.

Le professorat était en grand honneur dans la congré gation. Il associait au supériorat de la maison et ouvrait la voie aux dignités de l'ordre (2).

Les ordres mineurs se conféraient après la philosophie, le sous-diaconat après la première année de théologie. La loi des interstices canoniques plaçait naturellement le diconat et la prêtrise à la fin des deux autres années du cours (3).

Certes, aux yeux de la règle, les études étaient loin de prendre fin avec les sept années scolaires. Les Constitu tions renfermaient un chapitre intitulé: Des études des prétres (De studiis presbyterorum) et dont les premières lignes étaient celles-ci : « Plus on aura fait avec succès son « cours de théologie, plus on comprendra et le peu de << connaissances que l'on a acquises dans les écoles, et le << grand nombre de celles qui restent à acquérir au prêtre

(1) Ibid., cap. VII. (2) Ibid, cap. vi. (3) Ibid., cap. ix.

« désireux d'être utile à l'Église. Que les prêtres donc << estiment leurs premières études dans la science sacrée <«< comme de simples notions rudimentaires : la porte du «< temple est ouverte, mais il faut pénétrer dans le lieu « saint. » L'Écriture sainte (1), les Pères, l'histoire ecclésiastique, le droit canon, tels étaient les larges et principaux domaines qui s'offraient à une nouvelle culture intellectuelle. Des conférences sur ces sujets étaient ordonnées deux fois par mois, du 1er novembre à la fin d'août, dans tous les monastères de la congrégation. Faisaient partie de ces conférences les chanoines-prêtres et ceux qui avaient terminé leurs études scolaires. Les génovéfains, curés aux environs, y étaient appelés. S'il y avait deux maisons de l'ordre dans la localité, on pouvait ne former qu'une seule conférence qui alors se tenait alternativement dans chacune des deux maisons (2).

«

On ne renonçait pas aux grades académiques. Les Constitutions portaient : « La congrégation désire vivement que plusieurs de ses membres fassent le solennel quinquen<< nium dans les célèbres universités du royaume et << parviennent aux honneurs du doctorat (3). » Toutefois, autant que possible, le quinquennium devait se faire dans les maisons agrégées à quelque université, en sorte que les chanoines ne fussent pas obligés de fréquenter les écoles du dehors, au détriment de la discipline religieuse. Les futurs gradués se prenaient parmi les élèves qui joignaient la piété à une grande intelligence (4).

Comme on le voit, les études étaient sagement orga

(1) Les Constitutions ajoutaient : « Summopere etiam exoptat congre<< gatio, ut plures e nostris periti sint linguarum illarum quibus usi sunt scriptores sacri. »

(2) Ibid., cap. x.

(3) Le quinquennium se composait ordinairement de deux années d'étude en philosophie et de trois en théologie. C'était donc sur le quinquennium des universités que les cours avaient été organisés dans la Congrégation de France.

(4) Ibid., cap. x.

nisées et fortement encouragées. Il n'est donc pas étonnant que la congrégation ait produit dans les lettres et les sciences un assez grand nombre d'hommes remarquables, nobles figures qui vont bien former notre galerie littéraire.

II

DU PASTORAT

Un aperçu sur le ministère pastoral dont la congrégation se trouvait chargée en tant d'endroits, ne nous paraît, non plus, dénué d'intérêt.

La congrégation regardait l'administration des paroisses sous l'autorité épiscopale comme une grande prérogative de l'ordre, comme un précieux legs qui lui venait des temps anciens (1). Assimilés aux curés séculiers quant à la juridiction, les chanoines chargés de ce ministère devaient s'appliquer à les surpasser en zèle pastoral qui s'accuse dans le soin attentif, empressé à nourrir les << peuples de la parole divine; dans la charité qui conduit chez les infirmes et leur distribue des secours; dans la paternelle sollicitude des pauvres et des affligés; dans la prévoyante attention à administrer les sacrements; dans << la ferme constance à évangéliser les esprits sans culture << et sans lumière; dans l'infatigable ardeur à former les << enfants à la vie chrétienne et à les instruire de la doc«trine de la foi; enfin dans la pieuse application à donner << au culte la majesté qui lui convient (2).

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Le quatrième vœu touchant les bénéfices (3) avait enfin

(1) Constitutiones, édit. de 1676, De pastoribus, cap. 1, no 2, et édit. 1772, pars IV a, cap. 1, no 1.

(2) Constit., édit. de 1772, pars IV', cap. 1.

(3) Voir p. 42 de ce volume, note 1.

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