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cureur général ferait connaître l'état financier mensuellement au régime, annuellement à la diète (1), tous les trois ans au chapitre général.

Restait le passif. On résolut d'établir une caisse d'amortissement à Sainte-Geneviève, pour opérer le remboursement des capitaux dus tant par la procure générale que par les maisons particulières. Cette caisse d'amortissement aurait pour principale ressource la contribution imposée sur les bénéfices, soit dépendants de la congrégation, soit simplement desservis par elle, et évaluée au quart des décimes qu'ils payaient ou de l'impôt qu'ils supportaient, selon la coutume des pays où ils se trouvaient situés. Viendraient aussi en ligne de compte les intérêts à la charge des maisons particulières, car, après remboursement du capital, ils continueraient à être versés au profit de cette caisse, et cela jusqu'à complète liquidation. Les remboursements se feraient le plus diligemment possible, mais en suivant l'ordre déterminé par le régime qui, de son côté, devait placer en première ligne les capitaux dont les intérêts étaient plus onéreux.

Il était nécessaire de statuer aussi sur les emprunts que, à l'avenir, les circonstances pourraient imposer. Dans la situation, il fallait être très difficile au sujet de la création de nouvelles dettes. En conséquence, aucun emprunt ne pourrait être contracté par les monastères qu'après avoir été voté par le chapitre qui comprendrait alors, au moins, les deux tiers des membres. Avec cela, on exigeait : 1o l'avis conforme et motivé du visiteur; 2° la permission du général et des assistants. Toutefois, provisoirement et en cas de besoin urgent, le procureur général se trouvait autorisé, avec l'approbation du général et des assistants, à emprunter jusqu'à concurrence de la somme de trente. mille livres.

(1) La diète était une réunion annuelle composée des supérieurs majeurs, c'est-à-dire du général, des trois assistants et des quatre visiteurs.

Le 3 novembre suivant, un arrêt du conseil d'État intervint pour donner force de loi aux délibérations capitulaires.

Les mesures adoptées étaient sages. Et pourtant, le chapitre général de septembre 1778, constatait que la masse des dettes était peu diminuée (1). C'était la négligence qu'il fallait accuser, négligence de la part des débiteurs pour payer, et un peu de la part des collecteurs pour réclamer.

Le revenu de la procure générale s'élait accru (2), et, par suite de l'extinction des rentes viagères, les charges avaient diminué, Celles-ci ne se chiffraient plus que par cent quinze mille trois cent quatre-vingt-quatre livres (3), en sorte

(1) Nous n'avons pas les procès-verbaux des chapitres généraux de 1772, 1775. Mais nous avons, B. S. G., ms. fr. H. 46, in-fol., ceux des diètes de 1770, 1771, 1773, 1774, 1776. A la diète de 1770, assistèrent, en qualité de commissaires du roi, Chapelle de Saint-Jean de Jumilhac, archevêque d'Arles, et Champion de Cicé, nommé à l'évêché de Rodez. Les sessions duraient près d'un mois. On y procédait à l'examen des comptes et on prenait des décisions en conséquence.

(2) L'excédent des revenus se décomposait de cette façon :

Revenu des sacristies.......

Rente sur le roi, la ville et les particuliers..............
Pensions viagères affectées à la procure générale...
Profits sur les pensions du juvėnat.................

7.000 liv. 12.508 1. 6 s. 2 d.

683 16 8 12.000

(3) Donnons encore, d'après le nouvel arrêt du conseil d'État, en date du 27 avril 1779, le nouveau relevé des charges de la procure générale :

1o Intérêts des rentes constituées.....

2o Pensions viagères.................

3o Pension du prieur de Belleville..

40 Abonnement des visiteurs..

50 Honoraires des avocats..

60 Ports de lettres.....

7° Voyages et menus besoins....

37.502 1.2 s. 4 d.

46.122 3 10

8.000

1.900

960

1.800

900

8° Gages des domestiques et habillements...

800

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14o Frais de voitures et de chevaux de la procure

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que, la balance établie, s'annonçait un boni de huit mille. huit cent vingt-huit livres.

Naturellement ce boni devait passer à la caisse d'amortissement. Mais le point capital était de faire rentrer les arrérages. Le procureur fut chargé de prendre, avec l'agrément du général, telles mesures qu'à ce sujet il jugerait opportunes.

Le conseil d'État ratifia les nouvelles décisions capitulaires, comme il avait ratifié les anciennes. L'arrêt est du 27 avril 1779.

Il paraît bien que la Congrégation de France fut assez heureuse pour atteindre enfin le but désiré, une complète liquidation. Nous ne voyons plus, en effet, la situation financière s'accuser embarrée ni appeler l'intervention du conseil d'Etat. Mais le malaise, qui n'allait plus cependant jusqu'à présenter les caractères d'une crise, s'était prolongé nombre d'années, malgré les ressources dont on disposait. En toutes choses, il ne suffit pas de vouloir il faut agir. Il en est des décisions particulières comme des lois : elles deviennent lettres mortes, si elles ne sont scrupuleusement et même énergiquement appliquées (1).

(1) Nous avons rédigé d'après les arrêts du conseil d'État.

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L'organisation des études au sein de la Congrégation de France mérite d'être connue. Nous en avons déjà dit quelque chose. Mais l'œuvre s'est notablement complétée et en certains points modifiée. Quelques pages vont présenter l'ensemble de l'organisation. Quant aux compléments et aux modifications, le lecteur s'en rendra parfaitement compte en se reportant aux ligues que nous avons précédemment écrites (1).

La durée des études pour les jeunes chanoines était de sept ans deux pour la littérature (2), deux pour la philosophie, trois pour la théologie (3). Ces études commençaient après le noviciat. En certains cas, ce laps de temps pouvait être abrégé ou prolongé. Le général demeurait juge de la

(1) Voir p.p. 7, 41-43 de ce volume.

(2) Ce cours de littérature était destiné à compléter les humanités.

(3) Les centres de ces études se multiplièrent suivant l'extension de l'ordre. Aux maisons nommées à la page 108 de ce volume quelques autres viendront s'ajouter dans le récit.

chose. Pour prononcer, il devait avoir égard non à l'âge, mais bien à la science et aux progrès de l'étudiant (1).

Le cours de littérature portait le nom de juvénat (juvenatus). Naturellement la rhétorique y tenait la première place. Mais «< l'éloquence ne s'acquiert pas seulement par <«<les leçons il faut encore l'exercice. Et d'ailleurs, à quoi << sert de composer un discours selon toutes les règles de «la rhétorique, si l'on ne peut parler devant un grand << nombre d'auditeurs? Il est donc nécessaire que les << jeunes étudiants prononcent souvent des discours, soit << en latin, soit en français, devant les autres chanoines et « même parfois devant des hommes habiles et bienveil«lants. Ce sera le meilleur moyen de vaincre la timidité << naturelle, d'acquérir cette assurance que doit cependant << tempérer la modestie chrétienne, et de former sa voix et « son geste suivant les vraies lois de l'action oratoire. » Des cours accessoires venaient s'ajouter qui avaient pour objet l'histoire, tant civile qu'ecclésiastique, la géographie, la chronologie. Quant aux mathématiques, il était recommandé aux supérieurs et professeurs de faire attention à ce que pouvaient ou ne pouvaient pas « porter les épaules des élèves ». La règle disait encore avec raison : « Parce « qu'on est chrétien avant d'être clerc et religieux, et que « la vie religieuse n'est autre chose qu'une plus parfaite << observance des préceptes évangéliques..., les supérieurs << donneront tous leurs soins à faire procurer à nos jeunes << gens une exacte et pleine connaissance des dogmes et << des préceptes de la très sainte religion. » De là, pour les jeunes gens, obligation de lire l'Écriture sainte et d'en apprendre littéralement certaines parties, c'est-à-dire les psaumes et le Nouveau Testament; de là, ordre de leur

(1) Constitutiones, Paris, 1772, pars IIIa, cap. 1, no 3-5. Ces Constitutions ne parlent pas des séminaires ou collèges dans lesquels se donnait l'enseignement secondaire. Mais nous savons que la congrégation possédait, notamment, deux de ces maisons à Nanterre et à Senlis.

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