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Saint-Barthélemy de Noyon (1), la Madeleine de Rouen (2), Saint-Eusèbe d'Auxerre (3), Saint-Nicolas de Campagnac (4),

(1) On pourrait peut-être ici, en restreignant le sens aux proportions voulues, répéter le vers de Virgile :

Tantæ molis crat romanam condere gentem!

Décidée en 1623 par le cardinal de La Rochefoucauld, ordonnée par lui en 1639, consentie par le prieur en 1650, la réforme canonique ne s'introduisit qu'en 1654 dans cette abbaye.

Les commencements du monastère avaient été modestes il avait pris naissance à côté de l'humble chapelle dont la piété s'était plu, dans la première moitié du xe siècle, à pourvoir le cimetière extérieur destiné à la sépulture des pauvres et des étrangers. Ses développements furent rapides: elle mérita son titre abbatial dès l'année 1064. A ses yeux, l'union faisait bien la force: vers 1140, elle s'affilia à l'abbaye de Saint-Victor de Paris. Le malheur l'éprouva: elle fut détruite par les guerres au milieu du xvie siècle, et elle abandonna son antique situation espérant trouver au dedans des murs de la ville une sûreté qui lui avait manqué au dehors.

(Gall. christ., tom. IX, col. 1115; même ms., p.p. 219 et suiv.)

(2) La citation classique de tout à l'heure s'appliquerait presque aussi à ce prieuré-hôpital, quoique les difficultés présentent un autre caractère. Primitivement, c'est-à-dire vers le milieu du XIe siècle, la double administration spirituelle et temporelle de cet important établissement de charité avait été confiée à un chapitre de chanoines réguliers. Plus tard. la temporelle passa en d'autres mains première source de complications pour l'introduction de la réforme.

:

Le prieur était à la nomination royale. Il y avait donc là un droit de la couronne à sauvegarder: deuxième source de complications.

L'archevêque, jaloux de son autorité, se montrait exigeant relativement à son droit de visite: ce fut l'origine d'une opposition tenace.

On finit cependant par mener à bon terme la pieuse entreprise : le traité fut signé en 1649 et l'installation se fit en 1654.

(Même ms., p.p. 247 et suiv.; v. aussi Expilly, Diction.)

(3) A la différence d'une foule de monastères, celui-ci descendit, an 1159, à l'état de prieuré, après avoir glorieusement porté le titre d'abbaye. Mais il avait commencé par descendre moralement. Ce fut au prix de l'indépendance que Saint-Laurent de Cosne lui infusa une nouvelle sève religieuse; œuvre sainte qu'accomplit également Sainte-Geneviève en le faisant entrer dans la Congrégation de France (1654). (Même ms., p.p. 272 et suiv.)

(4) Longtemps disputé devant les tribunaux, alloué en 1651 par arrêt du grand conseil à la Congrégation de France, ce modeste prieuré du diocèse d'Uzès fut l'objet d'une transaction en 1654, mais dut attendre quinze années encore pour l'exécution de l'arrêt. (Même ms., p.p. 1 et suiv.)

Saint-Laon de Thouars (1), Saint-Symphorien d'Autun (2), Landèves (3), L'Esterp ou L'Éter (4), Sainte-Madeleine de

(1) La piété généreuse de deux époux fut l'origine de cette abbaye qui, dans la suite, compta parmi ses bienfaiteurs Henri II, roi d'Angleterre, et Marguerite d'Écosse, première femme de Louis XI. C'est assez dire l'ancienneté de ce monastère du Poitou.

Un accident hâta l'exécution d'un projet de réforme que nourrissait l'abbé commendataire, Abraham Ribier. Celui-ci se trouvait à Paris pour soutenir un procès contre les chanoines de Saint-Laon. Or, il advint que, la veille de la fête de saint Augustin, il tomba du haut d'une maison sans presque se faire du mal. Persuadé qu'il était redevable de la vie à ce grand docteur, il alla, le même jour, à Sainte-Geneviève pour exposer son religieux dessein et faire des propositions ad hoc. Les instances succédèrent aux ouvertures.

La Trémoille, seigneur du lieu, donna son assentiment, et l'installation se fit après le chapitre général de 1656.

(Gall., tom. II, col. 1344, 1345; ms. 18', p.p. 340 et suiv.)

(2) Saint Germain, avant de gouverner l'Église de Paris, avait gouverné Saint-Symphorien en qualité d'abbé. Le monastère était alors occupé par des moines que, au ve siècle, son fondateur, Euphronius, simple prêtre alors, ensuite évêque d'Autun, y avait introduits. Des chanoines et des moines s'y succédèrent jusqu'à ce qu'enfin des clercs de l'ordre canonique s'y réinstallèrent pour ne plus le quitter. Longtemps avant l'établissement de la réforme, Saint-Symphorien ne portait plus que le titre de prieuré,

Cet établissement eut lieu en 1656.

(Gall., tom. IV, col. 436, 441; même ms., p.p. 441 et suivant.)

(3) Dans l'ordre du Val des Écoliers, Landèves était le seul monastère qui, en France, avec la maison-mère, portât le titre d'abbaye. Mais cela ne datait que de 1623. Précédemment, c'est-à-dire de 1219, année de sa fondation, à 1623, Landèves était un simple prieuré. Deux frères, seigneurs de Ballay, en avaient donné l'emplacement, en attendant qu'eux-mêmes s'y fissent religieux.

Cette abbaye, située dans les environs de Réthel, avait eu beaucoup à souffrir dans les dernières guerres. Son abbé, Jean Le Roi, avait même été pris par les Espagnols pour ne recouvrer la liberté qu'au moyen d'une énorme rançon; en sorte que, si le monastère était réduit à son abbé et à un seul chanoine, il ne lui restait même pas de quoi entretenir un plus nombreux chapitre. Jean Le Roi, homme religieux, plaça son espoir dans la Congrégation de France. Les négociations étaient très avancées, lorsqu'il mourut, au commencement de 1656. Toutefois l'œuvre put être heureusement menée à terme : cette même année n'était pas encore révolue que les réformateurs avait fait leur entrée.

(Gall., tom. IX, cɔl. 296, 297; même ms., p.p. 458 et suiv.)

(4) Abbaye du XIe siècle au diocèse de Limoges (abbatia S. Petri Stirpensis). Grâce à la fermeté de l'abbé commendataire, François de La Vieuville, et aussi aux arrêts de la justice la réformation s'y établit en 1657. (Gall, tom. II, col. 620; Expilly; même ms. 18, p.p. 499 et suiv.)

Géneston (1), Saint-Vincent de Vielle-Brioude (2), SaintVolusien de Foix (3), La Trinité d'Aubigny (4), Notre-Dame de Corneville, à deux lieues de Pont-Audemer (5), l'abbaye de Saint-Lô, dans la ville de ce nom (6), Notre-Dame de Montmorel, à trois lieues d'Avranches, et à égale distance du Mont-Saint-Michel (7), Notre-Dame de Beaulieu et NotreDame de Beauchamp, la première dans le diocèse de Saint-Malo, la seconde dans celui de Verdun (8),

(1) Abbaye du diocèse de Nantes, probablement moins ancienne d'un siècle que la précédente, mais rappelée dans le même temps à la vie canonique (1657) par les efforts de son saint abbé, Joseph de Pontchâteau, dont Lobineau a raconté l'admirable vie dans ses Saints de la Bretagne. (Gall., tom. XIV, col. 855; même ms., p.p. 509 et suiv.)

(2) Prieuré institué, comme l'abbaye de Pébrac dont il dépendit, par Pierre de Chavanon, et puisant une vie nouvelle (1657) à la source assez voisine d'où pour lui avait découlé l'ancienne. (Même ms., p.p. 517 et suiv.)

(3) Faut-il faire remonter jusqu'à Charlemagne la fondation de cette abbaye? On l'a dit. C'eût été alors un pieux mémorial des victoires du grand empereur sur les Sarrazins. Quoi qu'il en soit, cette abbaye était la seule du diocèse de Pamiers.

Presque vingt années durent être consacrées à l'œuvre de l'établissement des Génovéfains (1639-1658).

(Même ms., p.p. 545 et suiv.; Gall., tom. XIII, col. 180.)

(4) Prieuré relativement assez moderne dans le diocèse de Bourges et où les foudres de l'Église triomphèrent des cœurs endurcis (1658). (Même ms., p.p. 583 et suiv.)

(5) De prieuré (1143) devenue presque aussitôt abbaye, détruite par le feu du ciel (1287), renaissant de ses cendres pour voir s'abattre de nouvelles calamités, finissant par tomber moralement, Notre-Dame de Corneville ne se releva qu'au moment où les chanoines de la congrégation vinrent lui tendre la main (1659). (Gall., tom. XI, col. 293.)

(6) Presque sœur du prieuré rouennais,—car la régularité stricte pénétra dans l'une et dans l'autre en vertu d'une bulle d'Innocent II placée sous le même vocable, l'abbaye suivit l'exemple du prieuré au XVIIe siècle : elle accueillit dans ses murs les mêmes réformateurs, et cela, malgré l'opposition de l'abbé, malgré le mauvais vouloir de la puissante famille de Matignon, malgré celui de la ville qui comptait alors tant d'hérétiques (1659). (Gall., tom. XI, col. 935; même ms., p.p. 635 et suiv.)

(7) Ce fut une heureuse exception dans le mouvement réformateur, puisque, après l'initiative prise par l'abbé, N. de Vaurouy, conseiller-clerc au parlement de Rouen, aucune opposition sérieuse ne vint se jeter à la traverse (1659). (Gall., ibid., col. 535; même ms., p.p. 651 et suiv.)

(8) Notre-Dame de Beaulieu, abbayc fondée vers 1170 par les comtes de Dinan, à la demande d'Albert, évêque de Saint-Malo, fut ouverte à la 7

T. II.

Saint-George-sur-Loire (1), Notre-Dame de Cassan (2), Saint-Crépin-en-Chaie (3), La Trinité de Mauléon,

congrégation par lè zèle de l'abbé commendataire, Le Clerc du Tremblay, petit-neveu du fameux P. Joseph (1659). (Gall., tom. XIV, col. 1031; même ms., p.p. 657, et suiv.)

Notre-Dame de Beauchamp était un prieuré. Le Gallia (tom. IV, col. 778), en nommant le fondateur de ce prieuré, Henri, comte de Bar (1220), ajoute que ce dernier, « inter alia sua beneficia, ad ecclesiæ luminare omnia dedit apum examina, quæ in sylvis occurrerent ». L'établissement des Génovéfains fut une autre exception heureuse à ajouter à celle dont nous parlions tout à l'heure, puisque tout s'y passa pacifiquement (1659). (Même ms., p.p. 682 et suiv.)

(1) Cette petite abbaye (abbaliala) reconnaissait pour son fondateur un seigneur du Plessis-Macé (1150). Elle rencontra le premier moteur de sa réformation dans un de ses religieux, ne donnant qu'après le triomphe de fin à ses instances, de trève à ses sacrifices (1660). (Gall., tom. XIV, col. 713; ms. fr. H. 185, in-fol., p.p. 29 et suiv.)

(2) Le Gallia, à juste titre, qualifie ce prieuré d'antique et de très célèbre. Nous ne lui donnerons pas Charlemagne pour fondateur et une grande victoire de cet empereur pour origine. La tradition, consignée dans notre manuscrit, ne nous paraît pas suffisamment étayée. Le fait certain, c'est que Notre-Dame de Cassan était très florissante au XIe siècle et que sa renommée franchissait les limites du diocèse de Béziers qui la renfermait. Ce monastère avait compté jusqu'à quatre-vingts chanoines.

Mais quantum mulatus ab illo !

Au xviie siècle, on songeait sérieusement à la sécularisation. Les chanoines, au nombre seulement de six ou sept, la désiraient, et le prieur commendataire soumit le projet à Rome. Mais ce dernier revint sur son projet ; et la cause génovéfaine finit par triompher (1659 ou 1660.)

(Gall., tom. VI, col. 417; ms. H. 185, in-fol., p.p. 2 et suiv.)

(3) Cette abbaye s'élevait sur l'emplacement de l'amphithéâtre (cavea) de Soissons. Selon la tradition, saint Crépin et saint Crépinien, avant de subir le martyre, furent jetés dans une des loges où l'on renfermait pour les cruels combats les gladiateurs et les bêtes féroces. Une église, d'abord, consacra le souvenir de la captivité des deux saints. Dans la suite, on y adjoignit un monastère. Telle fut l'origine de cet établissement religieux, origine à laquelle on assigne l'année 1131. Telle est, en même temps, l'explication du nom qu'il portait: Sanctus Crispinus in cavea, et qui devint dans notre langue Saint-Crépin-en-Chaie.

Les âges de prospérité étaient aussi passés pour cette abbaye. Elle se montrait au grand siècle qui se levait déjà, « aussi désolée en ses bastiments qu'en la discipline régulière ». Des dettes considérables pesaient même sur elle, en sorte que les créanciers étaient en instances pour être autorisés à faire vendre le fonds.

L'évêque voulait y établir le séminaire diocésain.

Mais la congrégation, prenant en main et avec succès la cause canonique, y installa de ses enfants (1660).

(Gall., tom. IX, col. 464; même ms., p.p. 42 et suiv.)

aujourd'hui Châtillon-sur-Sèvre (1), Saint-Lazare de

(1) On trouve l'existence de cette abbaye dès l'année 1079.

Parmi les sièges que Mauléon eut à soutenir, on rappelle celui de 1587 contre l'armée de Henri de Navarre. Le riche trésor de l'abbaye fut pillé : on évalua la perte à 30,000 livres tournois.

Comme la Providence sait parfois tirer le bien du mal! La cause occasionnelle de la réforme fut un crime, qu'on serait presque tenté de prendre pour un roman, s'il ne nous était aussi bien attesté.

Un chanoine de La Trinité, au caractère excentrique, aimait à quitter l'abbaye, s'assubler de toutes sortes de costumes, s'improviser marchand ambulant. Naturellement sa vie n'était rien moins que régulière. Avec cela, il se montrait à l'égard de ses confrères querelleur, chicaneur, insulteur. Ceux-ci devaient même s'estimer heureux, quand ils n'étaient pas par lui traduits devant les tribunaux.

Irrités d'une pareille conduite, deux jeunes chanoines se laissèrent emporter par un zèle irréfléchi, aveugle, étrange et bientôt criminel. Ils formèrent le projet de mettre l'indigne prêtre dans l'impossibilité de dire la messe pouvait-on plus longtemps supporter de pareilles profanations?

Un soir, après souper, ils se saisirent de lui, le traînèrent dans la salle du chapitre l'attachèrent à deux piliers et, armés de solides bâtons, se mirent en devoir de lui briser les doigts. C'était un moyen infaillible pour parvenir aux fins désirées. Les ténèbres, l'ardeur ne permirent pas sans doute de bien diriger les coups; et, après avoir rudement frappé, ils s'aperçurent que le malheureux ne donnait plus signe de vie. Ils le crurent mort. Que faire? Les deux meurtriers involontaires transportèrent au dehors ce qu'ils jugeaient n'être plus qu'un cadavre. Par bonheur, ils ne se donnèrent ni le temps ni la peine de lui creuser une tombe.

Après quelques heures, le mort revint à la vie et se retira chez un de ses amis. Quand il fut rétabli, il songea à intenter un procès à ses assassins. Dans ce but, il entreprit le voyage de Paris. Pour se ménager quelque appui, il s'adressa à Sainte-Geneviève, racontant le guet-apens, révélant la vie si peu édifiante de ses confrères, insistant sur la nécessité urgente d'une réforme.

Les deux jeunes chanoines furent cités à Paris; mais, à défaut de preuves, ils ne purent être condamnés. Eux aussi allèrent à Sainte-Geneviève et déclarèrent, à leur tour, n'être pas opposés à la réforme.

Quant aux autres, à la suite d'un pareil scandale, comment eussent-ils osé ne pas partager les mêmes sentiments?

Les circonstances parurent d'autant plus favorables, que l'abbé commendataire, Henri de Béthune, archevêque de Bordeaux, s'empressa d'assurer son concours à l'entreprise. Le P. Vatrée, visiteur de la province, se rendit par ordre supérieur à La Trinité. Tout fut réglé immédiatement et l'installation des nouveaux chanoines eut lieu bientôt après (1660). (Gall., tom. II, col. 1391; même ms., p.p. 53 et suiv.)

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