Depuis que les bustes et statues de Napoleon-le-Grand, sont en baisse à Paris, elles sont devenues en hausse à Londres parmi les hommes aux grandes pensées, aux idées libérales, et aux nouvelles lumieres. On a déjà sollicité vivement la place de di-: recteur général de la Refonte des Napoléons d'Or. De son trône civique au creuset descendu, En Jeannette, en Mirza, le grand homme est fondu, Un célebre ami du peuple à Londres, un membre du Parlement qu'on ne nomme pas mais qu'on devine aisément, fut aussi surpris qu'indigné un des jours de la semaine derniere, en trouvant à son chapeau une cocarde blanche que des dames y avaient attachée par espiéglerie, tandis qu'il dînait en grande compagnie. Il demanda si on le prenait pour un autre ? la La révolution commença en 1789 par prise de la Bastille et celle du couvent des Annonciades. Elle a fini par la prise de Pantin et des Jacobins. Elle a duré juste 25 ans ; aussi va-t-il y avoir un jubilé. Déjà l'on a proclamé les indulgences plénieres. Le rédacteur de l'Ambigu publia à Londres, au commencement de 1793, un Journal intitulé: Histoire de la Restauration de la Maison de Bourbon, dont il parut trois Numéros. Les circonstances l'obligerent de le suspendre. Ib s'écrie aujourd'hui avec plaisir, en voyant enfin' cette auguste maison rétablie : RESURREXIT SICUT DIXI. Buonaparté commença un jour militaire entre Marseille et Toulon. VOL. XLIV. sa carriere Il la finit M une nuit entre la forêt de Bondy et un misérable relai de poste appelé la Cour-de-France! Hic meta laborum. Lorsque Napoléon signa sa honteuse abdication à Fontainebleau, il put se retourner en soupirant vers ce beau palais, ces beaux arbres, ces belles pieces d'eau, ces belles galeries, et leur dire: Adieu, châteaux, grandeurs, richesses, ou bien, Fontaine, je ne boirai plus de la belle eau. sur On est étonné que Buonaparté ait vécu à sa dégradation. On demandait pourquoi il ne s'était pas tué auparavant de sa propre main? C'est, répondit quelqu'un, parce qu'il n'a pas voulu périr de la main du bourreau. S. A. R. le Prince Régent vient d'ajouter aux égards et aux marques d'intérêt et d'amitié qu'il n'a cessé de témoigner aux princes de la maison de Bourbon, en envoyant son grand chambellan, M. le marquis de Hertford, à Hartwell House, pour exprimer de sa part à S. M. Louis XVIII, le plaisir qu'il ressentait de l'heureux événement qui le replaçait sur le trône de ses peres, l'en congratuler ainsi que S. A. R. madame la Duchesse d'Angoulême, tant en son nom qu'en celui de tous les membres de la famille royale, et lui offrir, peudant le court séjour que Sa Majesté a encore à faire en Angleterre, tout ce qu'elle peut attendre d'un Allié et d'un ami. La grâce avec laquelle sont faites ces offres générenses, ces invitations aimables, ces félicitations sinceres, couronnent de la maniere la plus parfaite cette longue suite de bienfaits, de secours, de protection qui doivent exciter la reconnaissance des Français de tout rang auxquels les boutés de la Grande-Bretagne se sont étendues depuis 25 ans. Sa Majesté Louis XVIII, cédant aux invitations du Prince Régent, doit se transporter à Londres, Mardi 12. L'époque du départ S. M. pour France est prochaine, mais elle n'est pas encore connue avec précision. On prépare dans la Tamise le plus beau des Yachts du Roi pour conduire Sa Majesté à Calais, et ce yacht sera commandé, à ce qu'on assure, par S. A. R. Mgr. le duc de Claence, grand amiral de la flotte britannique. Pendant que l'on fait ces magnifiques préparatifs pour le retour en France du frere de Louis XVI, nous conseillons aux regicides du Sénat qui ont encore aujourd'hui la prétention de faire la loi à leur Roi, de prendre la route des Etats-Unis, le refugium peccatorum, et de fréter bien vite un cartel, s'ils ne veulent pas être écartelés. Lorsque Buonaparté était déporté à l'isle d'Elbe, comme un félon à Botany-Bay, son drapeau ne flottait plus que sur l'Elbe. Davoust et surtout M. d'Hogendorp ne sont pas sur des roses à Hambourg. On assure que Lord Wellington doit se trouver à Calais, avec l'Empereur Alexandre et le Roi de Prusse, pour donner la main à Sa Majesté Louis XVIII. On pourrait en quelque sorte former une haie des armées alliées depuis Calais jusqu'aux palais des Tuileries, s'il ne fallat pas en France, des armées entieres pour contenir la rage du peuple contre ses oppresseurs subalternes, la queue de la tyrannie. Le célebre De Seze ne paraît pour rien dans tous les nouveaux arrangements qu'on fait provisoirement, Tant mieux ! Tantò præfulgebat quod non visebatur ! TROISIEME GAZETTE DE LA COUR DU 9 AVRIL. Bureau des Affaires étrangeres, 9 Avril 1814. Le colonel Lowe est arrivé à ce Bureau avec des dé pêches de lord vicomte Burghersh, dont ce qui suit est copie. Mylord, Paris, 7 Avril.. Les grands événements qui ont eu lieu dernierement dans cette capitale vous seront mieux rapportés par les ministres de Sa Majesté assemblés ici. Le corps du maréchal Marmont, montant à 12000 hommes, passa dans la nuit du 4 dans la ligne que les troupes alliées occupaient. Ce corps a pris ses cantonnements près de Versailles. Les maréchaux Ney et Macdonald, accompagnés par le général Caulaincourt, arriverent en même temps comme porteurs de la proposition que Buonaparté faisait de se soumettre à la décision du Sénat et du peuple français, et d'abdiquer en faveur de son fils. Cette proposition n'ayant pas été agréée, il vient de se rendre aux vœux de la nation. Le sénat a annoncé aujourd'hui qu'il avait adopté une Constitution pour le gouvernement de France, sous la domination de l'ancienne famille de ses Rois. Il paraît qu'il n'y a pas la moindre diversité d'opinion dans toute la nation. Tous ont obéi à l'appel du gouvernement provisoire. Buonaparté reste isolé et sans protection dans un pays où il n'y a que quelques jours encore qu'il disposait à son gré de la vie de tous ses habitants. Dans ce dénoûment du drame le plus mémorable que présente l'histoire, il est impossible, Milord, que je résiste à un sentiment de devoir public, réchauffé encore chez moi par celui de l'affection et de la reconnaissance, en portant votre attention sur la maniere savante et distinguée dont le prince Schwartzenberg a dirigé les opérations de cette campagne. Indépendamment du talent militaire dont il a donné des preuves, sur le champ de bataille, et des succès qui ont toujours signalé sa carriere, le monde verra toujours avec une nouvelle admiration la conduite qu'il a suivie depuis son entrée à Paris. Partout où la conciliation, où tous les sentiments du cœur étaient nécessaires pour convertir un systême de carnage et de désolation, dans la protection d'un peuple nagueres un ennemi cruel, le caractere du prince de Schwartzenberg lui a assuré le succès.. Il n'a jamais régné dans cette capitale plus de sûreté et plus d'ordre. La paix et la tranquillité, heureux présages, il faut l'esperer de la régénération future de l'Europe, existent ici parmi les troupes de toutes les nations, malgré les sentiments d'hostilité amers qui prévalaient si récemment encore, Par sa haute éminence, par la grandeur de son rang, par les vertus sublimes qui le caractérisent, l'Empereur des Russies a été plus qu'un autre en état d'apprécier les divers mérites du prince de Schwartzenberg. Pour preuve de l'estime qu'il lui porte, et du cas qu'il fait de ses grands services, il l'a décoré du grand ordre de St. André, et il lui en a donné la décoration enrichie de diamants. J'ai l'honneur, etc. Au très-honorable Vicomte Castlereagh. BURGHERSH. Paris, 7 Avril. Mylord, Buonaparte ayant accepté les conditions à lui proposées, les maréchaux Ney et Macdonald, et le général Caulaincourt ont arrangé aujourd'hui avec le prince de Schwartzenberg les lignes de démarcation suivantes qui seront observées entre les armées alliées et les armées françaises. A partir de l'embouchure de la Seine, les alliés occuperont la rive droite de cette riviere, et de plus les limites méridionales des départements ci-après: 1. De la Seine inférieure; 2. de l'Oise'; 3. de Seine et Oise; 4 de Seine et Marne; 5 de l'Yonne; 6 de la Côte d'Or; 7 de Saone et Loire ; 8 du Rhône; 9 de l'Isere jusqu'au Mont-Cenis. |