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velles sur les théâtres de Paris, que dans le mois de Mars. La police avait sans doute en vue de faire croire dans les départements et dans l'étranger que le gouvernement n'avait aucune inquiétude sur la sûreté de la capitale, et encore moins sur la sienne propre. Dans le nombre des pieces de circonstance qu'on avait ordonnées, il y en a eu une intitulée: Les Cosaques à Paris, ou bu vez un verre d'eau et croyez ça. Les Parisiens ont commencé par boire de l'eau, l'arrivage des vins de Macon, de Bourgogne et de Champagne, ayant été totalement intercepté par les Alliés ; ils ont ensuite vu les Cosaques dans Paris; alors il Ieur a bien fallu croire ça.

Lucien Buonaparté qui donnait de fort jolis bals à Worcester pendant que les Alliés faisaient danser et sauter ses deux freres, se dispose à parẻ tir pour Rome; cependant il ne veut pas quitter l'Angleterre sans que son poëme de Charlemagne ne soit publié. Ainsi nous aurons à la fois dans la même famille unCharlemagne mis au jour et un Charlemagne mis à l'ombre.

Quand Buonaparté par ses fausses manœuvres s'est trouvé sur les derrieres des Alliés, on a cru qu'il allait en Lorraine exercer quelque acte de férocité envers les Lorrains, pour avoir pris la cocarde blanche et reconnu les Bourbons. Il espérait prendre à Nancy. M. le Subdélégué Mique aussi facilement qu'il avait pris à Ulm M. le général Mack. Il n'est donc pas étonnant qu'il n'en soit résulté pour lui que du Micmac.

Jadis l'Empire romain fut transféré en orient par un Constantin. Le hasard veut qu'aujour d'hui un prince Constantin se soit trouvé présent, et ait beaucoup contribué, à la destruction de la jeune monarchie de Rome. Que deviendra pourtant la romance du bon M. Dupaty, Gar

dons-le bien, l'enfant dont la puissance, &c. (voyez notre dernier Numéro ?)

Tous les sénateurs, législateurs, orateurs, déclamateurs et autres perturbateurs du repos public, depuis 25 ans, s'attendent, aux termes des derniers arrêtés provisoires, à être couverts d'honneurs et comblés de bienfaits de la munificence royale; on prétend que ceux qui dans la convention nationale, n'ont voté que pour la réclusion de Louis XVI jusqu'à la paix, ont déclaré qu'ils se contenteraient du cordon bleu.

On demande ce qui serait fait si le sénateur général, comte Hulin, avait acheté les domaines et parcs de Chantilly? Faudrait-il lui en conserver la propriété, et si les Condés venaient à acqué rir un jour une chaumiere dans ce superbe domaine de leurs peres, seraient-ils tenus à faire au dit Hulin, foi, hommage, aveu et dénombrement?

La derniere piece nouvelle qui a été jouée sur le Théâtre des Variétés par les comédiens ordinaires de l'Empereur, était intitulée: La Manie des Campagnes; et les feuilletons des journaux du 29 annoncent avec une espece de surprise que le parterre en ait sifflé le déno ûment, quoique ce fût un des plus gais qu'on ait jamais vus au théâtre. Quant à nous, il nous paraît tout simple et naturel que le 29 Mars au soir, les Parisiens fussent dégoûtés de la Manie des Campagnes.

il est assez remarquable de voir maintenant ces mêmes Parisiens qu'on cherchait quelques jours auparavant à animer contre les Cosaques, les invoquer pour sauver ceux d'entr'eux dont la fortune ou la conduite est une chose scandaleuse, des ressentiments de la populace.

Lorsque Joseph, après sa fuite de Paris, le

30, à onze heures et demie du matin, fut arrivé auprès de son auguste frere, Napoléon en l'embrassant amicalement dut lui dire :

Viens, à ce noble trait je reconnais mon sang.

On attend incessamment Joséphine à Londres; elle doit venir y prendre passage pour la Martinique, afin d'accomplir en tout point la prédiction de la vieille négresse qui lui avait annoncé il y a bien long-temps qu'après avoir été reine elle finirait par mourir sur la paille. Or il est de fait que dans toutes les colonies des Antilles, on couche sur la paille des cannes à sucre.

On a vu dans les actes du gouvernement provisoire un arrêté qui défend de parler en termes injurieux du gouvernement renversé. Comme cette défense ne s'étend pas jusqu'à Londres, nous suggérerons à S. A.S. Monseigneur le Prince vice-grand-électeur, de proposer au Sénat comme article constitutionnel, que le Roi de France recevra la constitution sans phrases de la main des régicides qui sont sénateurs, tels que Siéyès, Garat, Volney, Merlin, Grégoire, Abrial, Fouché, Cambacérès etc. etc., et que S. A. R. madame la Duchesse d'Angoulême sera tenue d'admettre mesdames les femmes et veuves d'évêques à lui faire la cour. Peut-être serait-il à propos d'ajouter au décret qu'il ne sera soumis qu'à l'acceptation et non à la sanction; si non, non, comme au bon temps du veto suspensif et de la déchéance.

Voilà donc le grand Napoléon confiné dans une petite île ! Peut-être les habitants demanderont-ils à la France quel crime politique ils avaient commis pour être traités avec autant d'indignité. N'aurait-il pas mieux valu envoyer cet homme au cœur d'airain occuper aux îles Sainte

Marguerite les apartements de l'homme au masque de fer?

En arrivant à l'île d'Elbe, Buonaparté jouira encore d'un double plaisir, 1 de détrôner un souverain de sa façon, le prince Felix; et 2° un beau-frere; l'île d'Elbe est une île très-riche en mines. Le nouvel exilé y en fera une très-pauvre.

Que d'ouvrages curieux, de mémoires importants vont sortir aujourd'hui des presses de Paris, et des portefeuilles de M.M. de Ségur, Bourrienne, Morellet, Boissy-d'Anglas, Siéyès, de Lally, Berthier, on dit même de Regnault de St. Jean d'Angely! on pourra avant peu se faire une bibliotheque des livres qui vont être publiés sur l'Histoire Secrete de France des quinze dernieres années.

Que seront devenues les archives des Tuileries? N'est-il pas fun peu de l'intérêt de plus d'un des Alliés qu'on en fasse ce qu'Omar fit de la bibliotheque d'Alexandrie?

On ne voit pas dans les derniers journaux français ce que sont devenus les cent fameux brigands de la cour de Napoléon; Cambacérès, Savary, Hulin, Patrice, Desmarais, Maury, Rustan, Roederer, de Pradt, &c. &c.

On est impatient de connaître si la députation du Sénat qui viendra à Londres désposer les hommages de ce corps aux pieds du Roi de France, présentera encore à Sa Majesté une petite constitution en embryon, et si elle exigera que S. M. jure de l'accepter sans la connaître, et sans avoir la faculté de l'examiner quand elle sera faite; le tout sous peine de déchéance, car la déchéance est furieusement à l'ordre du jour en Europe dans le dix-neuvieme siecle.

Le Sénat a décrété la liberté de la presse, sous la restriction néanmoins qu'on ne dirait pas de ses membres, qu'ils n'ont été que les vils instruments de la tyrannie, que ce sont eux qui ont donné une forme et une autorité légale à toutes les usurpations, tous les abus, toutes les cruautés de Napoléon; qu'ils se sont toujours empressés à prêter leur nom à tout ce que son ambition desordonnée leur demandait pour opprimer le peuple français et les peuples étrangers, qu'ils ont été perpétuellement ses flatteurs et ses bas valets, toujours prêts à brûler leur encens sur l'autel de sa démence, sous quelque forme qu'elle se présentât, que quelques-uns d'entr'eux ont voté la mort de Louis XVI, que d'autres ont coopéré au meurtre du duc d'Enghien, et que tous ont voté la mort de trois millions de jeunes Français qu'ils ont livrés de sang-froid et sans opposition à la conscription; enfin que, à l'exception peut-être de Lanjuinais, de Fontanes, et de trois ou quatre autres, tout le reste mérite d'être jeté par les fenêtres du Luxembourg; ce qui aurait déjà été fait par le peuple de Paris sans les Cosaques qui maintiennent l'ordre dans la capitale. A bas les monstres! est le cri du peuple de Paris devant le Luxembourg.

Buonaparté se retire à l'Isle d'Elbe avec une pension énorne pour ses bons et loyaux services. On demande sur quelles recettes intérieures ou exérieures cette pension sera hypothéquée ? On demande encore à quelle prime les chambres d'assurance de Londres voudraient assurer son heureuse traversée de Fontainebleau à Porto-Ferrajo?

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