Page images
PDF
EPUB

au Grand Mattre, avec les lettres que le Roi et moi lui écrivons à ce sujet. S. M. écrit en même temps aussi bien que moi à Messieurs de la langue de France pour avoir leur consentement. Si je me flatte de trouver dans le Grand Maître toutes les dispositions favorables, je ne compte pas moins de ne rencontrer dans Messieurs de la langue nulle opposition, persuadé qu'ils seront bien aise de me faire ce plaisir, surtout devant être très assurés de ma reconnoissance et de mon attention à leur donner dans les occasions toutes les marques de ma sensibilité et de ma protection. Vous trouverez aussi dans ce paquet une lettre de M. le Grand Prieur pour le Grand Maître et une autre que j'écris au chevalier d'Orléans. Je lui marque de faire ses vœux, et j'espère que vous voudrez bien le conduire dans toutes les démarches qu'il faut qu'il fasse pour le succès de son affaire. Je suis bien persuadé, Monsieur que vous y donnerez tous vos soins; mais vous ne devez pas l'être moins de celui que j'aurai de les reconnoître et de vous donner des preuves certaines de toute ma satisfaction et de mon amitié. »

[Suivent une lettre au Grand Maître, et une autre à « Messieurs les commandeurs et chevaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem de la langue de France, à Malte. »>]

16. A M. le chevalier d'Orléans.

4 août 1719.

<< Je crois ne pouvoir rien faire de mieux pour vous, ni de plus solide, que d'écouter M. le Grand Prieur dans la résolution qu'il a prise de se démettre absolument du grand prieuré de France en votre faveur, et je l'ai fait avec d'autant plus de plaisir qu'il ne m'est rien revenu de vous que de satisfaisant et qui ne m'ait donné envie de vous faire du bien. Cet établissement est des plus considérables, et j'espère que vous vous en rendrez digne envers votre ordre autant par vos actions que je vous le crois à présent par vos sentiments. M. le chevalier de Laval, qui vous rendra cette lettre, a entre les mains la démission de M. le Grand Prieur, avec les brefs du Pape au Grand Maître nécessaires pour la confirmer et vous mettre en état de recevoir le grand prieuré, s'il veut bien vous faire cette grâce, comme je l'espère. Le Roi et moi lui écrivons pour l'en prier, et S. M. a la bonté d'en écrire aussi à Messieurs de la langue de France, que je prie en même temps de vouloir bien donner leur consentement à la chose. Outre que je me flatte que vous aurez cherché à mériter leur estime et leur amitié, il est certain que de ma part je tâcherai de les dédommager en toute occasion de ce qu'ils voudront bien faire pour vous dans celle-ci.

« Je prie M. le chevalier de Laval de vous conduire dans toutes les démarches que vous aurez à faire, afin que vous puissiez agir de con

[blocks in formation]

cert avec lui. Il ne me reste qu'à vous dire après cela qu'il est nécessaire et que vous ne pouvez pas différer de faire vos vœux. Vous le pouvez avec d'autant plus de confiance que j'ai pris de ma part toutes les précautions nécessaires pour vous assurer les vingt-cinq mille livres de rente qui doivent vous revenir, et le brevet de retenue de votre charge en entier. C'est à vous, après vos vœux faits, d'obtenir du Grand Maître une permission, tant pour le présent que pour

l'avenir. >>

17. L'abbé de Thésut, secrétaire des commandements du Régent, à M. l'abbé Dubois, secrétaire d'État pour les affaires étrangères.

5 août 1719.

« Mgr le Régent m'ordonne de vous dire, Monsieur, que M. de Vendôme ayant fait sa démission absolue du grand prieuré de France en faveur de M. le chevalier d'Orléans, S. A. R. écrit au Pape pour lui demander les brefs facultatifs au Grand Maître, qui lui permettent de confirmer la démission et de rendre M. le chevalier d'Orléans habile à posséder le grand prieuré. S. A. R. adresse cette lettre au Pape à M. le cardinal de la Trémoïlle, à qui elle envoie en même temps un mémoire instructif, dont je joins ici une copie. Et, comme, ces brefs obtenus, S. Ém. doit les faire passer à Malte avec l'original de la démission qu'on lui envoie, S. A. R. lui adresse aussi un paquet pour M. le chevalier de Laval, agent du Roi à Malte, qui contient deux lettres, l'une au Grand Maître pour le prier de vouloir bien confirmer cette démission en conséquence des brefs de S. S., l'autre à Messieurs de la langue de France, qui peuvent s'opposer à la grâce qui est espérée du Grand Maître, pour leur demander leur consentement. Quoique S. A. R. se flatte avec raison de trouver dans le Pape, dans le Grand Maître et dans Messieurs de la langue de France toutes les dispositions favorables, puisqu'il y a nombre d'exemples de semblables démissions, et qu'il leur écrit avec tout l'empressement et la vivacité que lui inspire sa tendresse pour M. le chevalier d'Orléans, S. A. R. juge à propos que ses lettres au Pape, au Grand Maître et à Messieurs de la langue de France soient accompagnées de pareilles lettres du Roi. Vous aurez la bonté de prendre ses ordres plus particulièrement là-dessus, aussi bien que sur un courrier extraordinaire qu'il croit nécessaire d'envoyer à M. le cardinal de la Trémoïlle pour presser la chose, à cause de la santé du Pape et de celle du Grand Maître, qui est encore plus chancelante. J'aurai l'honneur de vous envoyer dès demain le paquet de S. A. R. adressé à Monsieur le cardinal de la Trémoïlle, et suis en attendant, etc. »>

[Le grand prieuré fut accordé, et les 16 et 21 novembre le Régent en remercia le Grand Maître, ainsi que de ses bontés en général pour le nouveau grand prieur de France.]

18. A M. le prince de Conti1.

12 août 1719.

« Je ne sais, Monsieur, si le château de Saint-Sébastien tiendra longtemps encore, ce que je ne crois pas; mais je sais bien que les opérations du reste de la campagne qui suivront ce siège rouleront sur si peu de chose, qu'elles ne sauroient être dignes de vous ni mériter votre présence, et j'aurois un reproche à me faire, si je vous laissois prendre des peines inutiles et fatiguer mal à propos. C'est pourquoi, lorsque ce château sera pris, je vous conseille de revenir ici, où vous emploierez à coup sûr votre temps plus utilement, en le donnant à votre plaisir, que vous ne feriez. C'est le parti que je prendrois, je vous assure, Monsieur, en pareil cas comme le plus convenable. »

19. Au même.

17 août.

« J'apprends avec bien du déplaisir, Monsieur, votre maladie, qui me donne une véritable inquiétude. J'espère cependant que le changement d'air, car on m'assure qu'on doit vous transporter à Bayonne, vous rendra bientôt la santé. L'usage que je souhaite que vous en fassiez est de revenir ici, dès qu'elle vous le permettra, ne voulant point absolument que vous retourniez davantage à l'armée, où le mauvais air qui y règne ne sauroit vous convenir. >>

20. A l'impératrice douairière Amélie 2.

<< Madame

3 octobre 1719.

<«< Je reçois avec une reconnoissance infinie l'honneur que me fait Votre Majesté de me donner part du mariage qu'elle vient de faire de l'archiduchesse Marie-Josèphe avec le prince royal de Pologne. Le mérite singulier de l'un et de l'autre donne tout lieu d'espérer que le ciel répandra sur ce mariage sa bénédiction. Je le souhaite d'autant plus que personne ne s'intéresse plus vivement que moi à tout ce qui peut contribuer à la satisfaction de Votre Majesté. Je la prie d'en être persuadée, aussi bien que du fidèle attachement et du respect avec lequel je suis, Madame, de Votre Majesté très humble et très affectionné cousin et serviteur. >>

21. A Mylord duc de Powis, à Bruges 3.

9 novembre 1719.

« Le mérite solide et agréable de Mlle de Powis, votre fille, Mylord,

1. Pour cette lettre et la suivante, voyez notre tome XXXVI, p. 101, note 2.

2. Voyez notre tome XXXVI, p. 343, note 3.

3. Voyez ci-dessus, p. 305, note 7.

a si fort persuadé M. le duc d'Albret qu'il ne pouvoit être heureux qu'avec elle, que je n'ai pu différer un moment de vous en écrire. Je puis vous assurer qu'elle trouveroit avec lui un égal bonheur par son caractère d'esprit doux et aimable, et c'est ce que je vous ferois valoir davantage comme la chose la plus nécessaire pour la société. Sa naissance illustre vous est connue; les dignités et les biens de sa maison sont tels qu'il est véritablement un des grands seigneurs de ce royaume, et je doute que nulle part vous puissiez procurer un plus grand établissement à Mademoiselle votre fille. A tous ces avantages, je crois pouvoir compter pour quelque chose mon amitié pour lui; il m'appartient d'assez près pour ne pas négliger de lui en donner des marques, et c'est par où je finirai ma lettre, en vous assurant, Mylord, de mon estime et de mon amitié. »

22. A Messieurs les gens tenant la cour de parlement
de Bretagne, à Rennes 1.

27 décembre 1719.

« J'ai appris avec déplaisir que M. du Latté, votre confrère, avoit été arrêté en exécution d'un décret de la Chambre royale. La considération que j'ai pour votre compagnie me donnera toujours toute l'attention possible à conserver ses privilèges, auxquels je ne prétends pas donner aucune atteinte dans cette occasion. Il s'agit d'une affaire majeure que j'ai confiée à des commissaires, dont il n'est pas possible de partager le pouvoir. La chose d'ailleurs vous doit être d'autant moins sensible que M. du Latté n'est pas le seul soupçonné, puisque M. de Lambilly, aussi votre confrère, a jugé à propos de s'absenter et même de se retirer en Espagne. Vous devez être bien persuadés que je ne douterai jamais de votre zèle, et je vous prie en même temps de ne pas douter des sentiments avec lesquels je suis, Messieurs, votre très affectionné ami. >>

1. Notre tome XXXVI, p. 358, note 2.

II

L'ACHAT DES COLLECTIONS DE GAIGNIÈRES

MM. G. Duplessis et Ch. de Grandmaison, parmi les nombreux et très intéressants documents qu'ils ont publiés dans les Nouvelles archives de l'art français, années 1874-75, et dans la Bibliothèque de l'École des Chartes, années 1890-92, n'ont pas reproduit l'acte même d'acquisition des collections de Roger de Gaignières, passé le 19 février 1711 devant le notaire Alexandre le Febvre, et il ne se trouve que partiellement dans l'Histoire du Dépôt des affaires étrangères par A. Baschet; nous le donnons ci-après d'après le registre des Insinuations du Châtelet. Nous y joignons une lettre que le vendeur écrivit en septembre suivant au secrétaire d'Etat Torcy et qui laisse entendre que, malgré la modicité du prix d'achat, il ne lui était pas encore payé à cette époque. D'autres difficultés d'ailleurs surgirent par la suite en décembre 1713, le Roi rendit un édit ordonnant que les rentes viagères créées sur l'hôtel de ville de Paris depuis le 1er octobre 1710 seraient réduites de moitié. Gaignières adressa une supplique pour demander que la rente de 4000 livres qui lui avait été attribuée par le contrat fût exceptée de cette mesure; il l'obtint, et un arrêt du conseil d'État du 3 février 1714 consacra cette faveur; on en trouvera le texte plus loin.

Contrat d'acquisition 2.

Par devant les conseillers du Roi notaires à Paris soussignés fut présent Messire François-Roger de Gaignières, ancien gouverneur des ville, château et principauté de Joinville, demeurant à Paris, rue de Sèvres, paroisse Saint-Sulpice, lequel a dit que, travaillant depuis longtemps avec un soin, une étude, et une application continuelle à la recherche de différents manuscrits curieux touchant les histoires et autres matières, et à la recherche de tableaux, estampes et autres curiosités, il voit avec plaisir que le succès en a été assez heureux pour avoir rassemblé plus de deux mille manuscrits, et une quantité considérable de livres, tableaux, estampes et autres curiosités qui composent actuellement ses cabinets et galerie, qu'il seroit fâché que, après lui, ces ouvrages fussent dispersés et tombassent en différentes mains,

1. Ci-dessus, p. 35, note 1.

2. Archives nationales, Y 291, fol. 15 vo.

« PreviousContinue »