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Impériaux sur la Franche-Comté, sans qu'à son égard et de sa famille il en ait été autre chose ni que leur considération en ait diminué.

1654. Le Père Cloche, général des Dominicains.

(Page 217.)

14 mars 1720. Ce Père Cloche avoit été plus de quarante ans général de son ordre, et avec plus d'autorité et de considération à Rome dans toutes les affaires et sous tous les pontificats que presque tous les cardinaux qui y demeuroient. Il y étoit de plus aimé et estimé au dernier point; mais il étoit François de nation et d'affection déclarée ; c'est ce qui l'empêcha toujours de parvenir au cardinalat, auquel il ne tendit jamais.

1655. Exécution du comte de Horn.

(Page 228.)

26 mars 1720. Il y eut bien du pour et du contre sur cette exécution du comte d'Horn. Le crime étoit horrible en soi, en toutes ses circonstances, et dans un homme de cette qualité; nul prétexte donc à lui sauver la vie. Mais il faut savoir que le supplice de la roue emporte une infamie aux Pays-Bas et en Allemagne qui rejaillit tellement sur toute la famille, que les neveux mêmes et les nièces du roué, à plus forte raison ses enfants, ses frères et ses sœurs, sont exclus d'entrer dans tous les chapitres pour plusieurs générations. Outre la honte d'une telle exclusion, c'est une porte fermée à la plus honorable, la plus commode et la plus ordinaire décharge des familles dont la naissance peut y entrer, et souvent encore à une grande fortune, par les prélatures souveraines et les électorales où l'on peut parvenir. Cela fut vivement représenté au Régent par le duc de Saint-Simon, quoiqu'il n'en fût prié par personne dont il se souciât et qu'il connût1, et qu'il ne fût point parent de la maison d'Horn. Le Régent y entra et goûta la proposition de commuer la peine, par cette raison, à lui faire couper la tête. L'exemple étoit fait par la condamnation, justice étoit faite par l'exécution publique à mort, et il n'y a personne de raisonnable qui ne fût entré dans la raison de cette commutation de peine. SaintSimon partit pour sa maison de la Ferté, ayant lieu de compter que le comte d'Horn seroit décapité. Mais Law, outré d'un genre de crime qui portoit sur sa banque, avoit résolu la roue. L'abbé Dubois et lui n'étoient qu'un alors, et ils l'emportèrent dès que Saint-Simon fut parti. Non-seulement la maison d'Horn fut au désespoir, mais toute la grande noblesse des Pays-Bas fut outrée et ne se contraignit pas de le témoigner sans ménagement et longtemps.

1. Les huit derniers mots ont été ajoutés par Saint-Simon lui-même en interligne.

1656. Condamnation des conspirateurs bretons.

(Page 234)

30 mars 1720. Ces Bretons vouloient livrer leurs ports à l'Espagne, y recevoir les troupes et les commissions du roi d'Espagne, prendre les armes et marcher en France, etc., tout cela juridiquement prouvé et avoué. Ceux qui se sauvèrent, se retirèrent par mer en Espagne, où tous eurent des pensions et des emplois. Peu, mais quelques-uns, y ont fait fortune; quelques autres sont revenus chez eux après la mort de M. le duc d'Orléans et le changement de toutes chola plupart sont morts dans la terre étrangère.

ses;

1657. Le prince de Berghes et sa famille.

-

(Page 236.)

9 avril 1720. Ce prince de Berghes, grand d'Espagne de Philippe V et chevalier de la Toison d'or du même roi, n'étoit point de l'ancienne maison de Berghes, mais des bâtards de Gueldres; sa grandesse s'est éteinte avec lui faute d'enfants. Il étoit frère de Mlle de Montigny, dernière maîtresse de l'électeur de Bavière, qui lui fit de grands biens et qui la maria enfin au comte d'Albert, malgré toute la famille de ce comte, qui n'avoit que les bienfaits de l'Électeur, à qui ses malheurs l'avoient attaché. Le père du prince de Berghes et de Mlle de Montigny défendit Mons, dont il étoit gouverneur lorsque le feu Roi le prit, et est mort chevalier de la Toison d'or et gouverneur de Bruxelles.

17 avril 1720.

1658. Mort du duc de Perth.

(Page 237.)

Le duc de Perth avoit été gouverneur du roi Jacques qui est à Rome, et avoit la Jarretière, et sa femme étoit morte dame d'honneur de la reine d'Angleterre. Il étoit frère du duc de Melfort, dont il a été parlé plus d'une fois dans ces Notes.

1659. Les fils du maréchal de Berwick.

(Page 239.)

20 mars 1720. Le fils unique du premier lit du duc de Berwick étoit exclu de succéder à la dignité de duc et pair de son père, et établi en Espagne grand d'Espagne, et on en a vu le comment et le pourquoi dans ces Notes. Celui dont il s'agit ici étoit l'aîné du second lit, qui mourut sans enfants tôt après son mariage, et sa veuve a, long

temps depuis, épousé le duc d'Aumont d'aujourd'hui. Les deux aînés d'après voulurent être d'Église; le second de ceux-là mourut au séminaire de Saint-Sulpice d'une saignée à la langue pour une esquinancie dont on ne put jamais étancher le sang. C'est donc le quatrième fils du second lit, et en tout le cinquième fils de M. de Berwick qui a recueilli l'aînesse, et qui, sur la démission de son frère, prêtre et reçu duc et pair au Parlement, est devenu aussi duc et pair.

1660. L'abbé de Gamaches résiste aux ordres de rappel;
sa carrière.

(Page 244.)

1er avril 1720. L'abbé de Gamaches étoit fils de Cayeux, lieutenant général, duquel le père étoit chevalier de l'Ordre. Cayeux avoit été mis par le feu Roi auprès de M. le duc d'Orléans après la mort du marquis d'Arcy, qui avoit été son gouverneur, et Cayeux le suivit sans titre quelques années, après quoi, il passa auprès de Mgr le duc de Bourgogne, lorsque le Roi mit MM. d'O, de Cheverny et de Saumery auprés de lui. Sa femme et sa mère étoient tante et nièce, filles et sœurs de MM. de Loménie et de Brienne, secrétaires d'État. Le frère de l'abbé de Gamaches avoit épousé la fille de Pomponne, sœur de Mme de Torcy; mais le crédit des ducs de Chevreuse et de Beauvillier, qui lui avoient valu cet emploi, et celui de M. de Torcy, ministre et secrétaire d'État jusqu'à la mort du Roi, qui l'y avoit soutenu, étoient finis. L'abbé de Gamaches, dont le nom étoit Rouault, étoit fort glorieux, encore plus ambitieux, et extrêmement plein de luimême. Il faut dire aussi qu'il n'étoit pas sans mérite et qu'il avoit du savoir et de l'esprit pour toute sa race; mais il ne souffroit pas aisément de supérieur, ne démordoit point de ce qu'il avoit entrepris, et savoit parfaitement être ami et ennemi. Avec ces qualités il s'appliqua fort à la rote, et y acquit la réputation d'un des plus habiles. Quand il y fut ancré, son humeur se déploya et son ambition se donna l'essor : il ne songea qu'à plaire à la cour de Rome et à ceux qui la gouvernoient ou pouvoient la gouverner à leur tour, et se mit dans la tête de se faire cardinal par cette voie. Il fut piqué des mystères que lui faisoient les divers agents de l'abbé Dubois; il se brouilla avec eux, et il les traversa tant qu'il put, et pour leur nuire, et pour faire sentir à l'abbé Dubois qu'il avoit besoin de lui. La fureur en prit à l'abbé Dubois, qui trouva plus court de le rappeler, dans la puissance où il se trouvoit. Un autre que l'abbé de Gamaches en eût été accablé; pour lui il commença par s'excuser et par se plaindre mais, comme il s'aperçut que cette conduite n'opéroit point de changement à son rappel, il déclara que ce rappel n'étoit point en la puissance de l'abbé Dubois, pour couler plus doucement qu'elle passoit celle du Régent et du Roi même. Il représenta qu'il avoit à la vérité été nommé par le

feu Roi pour être auditeur de rote pour la France, mais qu'en cela même le pouvoir étoit consommé; que du moment qu'il étoit pourvu, agréé à Rome, et en possession, il étoit devenu magistrat d'un des premiers tribunaux du monde, qui ne dépendoit en rien du Roi, ni pour sa personne, ni pour sa place, ni pour ses fonctions; que, si l'on pouvoit prouver juridiquement des crimes, alors un auditeur de rote comme tout autre magistrat en subissoit la punition, mais prononcée par le pape, qui étoit le souverain de Rome, où se tenoit la rote, et sous l'autorité et la protection duquel elle faisoit ses fonctions; que de crimes, ni même de mauvaise conduite, il ne craignoit point qu'on lui en pût imputer, encore moins prouver, et qu'il s'en tenoit là avec tranquillité, d'autant qu'il n'avoit à répondre que devant le pape, de l'intégrité et de la bonté duquel il ne pouvoit prendre de défiance. L'abbé Dubois sauta en l'air; mais, quand il eut bien tempêté, il craignit de se commettre avec une cour dont il espéroit tout et de s'y rendre odieux. Il écouta volontiers ce qu'on lui voulut dire en faveur de l'abbé de Gamaches; mais, comme il desiroit passionnément aussi retirer de Rome un homme qui lui pourroit beaucoup nuire, et qui étoit sur les pistes de tous ses agents, car il en entretenoit quatre ou cinq à Rome inconnus les uns aux autres, il lui offrit l'archevêché d'Embrun. Gamaches, incapable d'abandonner ses vues, le refusa tout net, et déclara qu'il ne vouloit point quitter Rome ni la rote; mais, profitant de cet adoucissement avec esprit, il fit le reconnoissant, offrit ses services à l'abbé Dubois, et en effet il lui en rendit de fort bons pour se le gagner. Avec tous ces manéges il demeura auditeur de rote. Cela ne laissa pas de faire un véritable scandale : jamais auditeur de rote n'avoit imaginé ne pouvoir être rappelé, et cet exemple, qui fit grand bruit, ne fit pas honneur à l'autorité du Roi, et y porta une plaie qui doit bien faire prendre garde à l'avenir aux nominations à la rote. Enflé de ce succès, et ayant toujours MM. Séraphin, de Polignac et de la Trémoïlle devant les yeux, qui, d'auditeurs de rote étoient devenus cardinaux, mais c'en étoit trois en plus d'un siècle, Gamaches ne se contint plus, et se brouilla dans la suite avec la plupart de nos cardinaux et de ceux qui furent chargés des affaires de France; ce fut même dans les suites avec tant d'éclat avec le cardinal de Polignac, chargé des affaires du Roi, que Gamaches perdit tout respect et toutes mesures en discours et en conduite, ne le vit plus, et cessa de lui rendre tout devoir, tant comme cardinal que comme ministre du Roi, et cela fut souffert parce qu'on lui avoit laissé gagner ce terrain, et que, dans les fins, on mortifioit volontiers le cardinal de Polignac. Ce n'étoit pas que, depuis quelques années, Gamaches n'eût donné force prises sur soi, et même une qui dura longtemps et qui fit du bruit à Rome; mais il n'en fut autre chose. Il avoit beaucoup d'amis dans le sacré collége, dans la prélature, chez le pape, parmi la principale noblesse, et n'étoit pas aussi sans ennemis. Ce fut la situation où le duc de Saint-Aignan le trouva lorsqu'il y arriva en qualité d'ambassadeur

de France; mais il n'eut guères le temps de voir comment il s'en accommoderoit; car, peu de mois après, l'abbé de Gamaches mourut d'une maladie ordinaire, mais qui fut fort courte et qui mit fin à tous ses grands projets. Il étoit riche de lui, et, entre ses bénéfices, il avoit l'abbaye de Montmajour d'Arles, qui est très considérable.

1661. M. de Rions obtient la permission de revenir à Paris.

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(Page 256.)

24 avril 1720. Rions ne pouvoit pas être agréable à M. le duc d'Orléans après tout ce qui s'étoit passé en dernier lieu avant son départ pour l'armée. La campagne finit trop tôt après la mort de Mme la duchesse de Berry, pour que son retour ne réveillåt bien des discours qui n'étoient bons qu'à éviter. Il eut donc ordre de ne se rapprocher point de Paris qu'il n'en eût une permission expresse, et elle lui fut donnée lorsqu'on crut tout assez éloigné et oublié pour qu'il n'en fût plus question à son retour.

1662. Enlèvements de gens sans aveu pour le Mississipi.

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(Page 256.)

26 avril 1720. A force de jouer des gobelets sur le Mississipi, on eut envie de faire en ces vastes pays des établissements effectifs. Ce fut pour les peupler qu'on fit les enlèvements des mendiants valides et de gens sans aveu de toutes parts pour les y transporter; mais cela fut exécuté avec tant de violence et de friponnerie, et il en mourut un si horrible nombre par les chemins et aux ports, faute de nourriture et de toute sorte d'humanité, que cela éleva d'étranges cris contre le gouvernement, qui, par une conduite aussi odieuse de ceux qui furent employés à ces enlèvements et à ces transports, en perdit toute l'utilité effective, et fut enfin contraint de cesser ce qui causoit tant de cris.

1663. Le maréchal de Montesquiou en Bretagne.

(Page 259.)

15 mai 1720. Le maréchal de Montesquiou, vieilli dans le subalterne, ne sut pas soutenir l'emploi qu'il eut en Bretagne, où, avec de bonnes intentions, il offensa tout le monde, commettoit sans cesse l'autorité du Roi, et s'y fit haïr et mépriser.

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