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Goëllo', Mellac-Hervieu et Lambilly, conseiller au parlement de Rennes3. Les prisonniers avoient avoué la conspiration et les mesures prises pour livrer les ports de la [Add. SS. 1656] Bretagne à l'Espagne, et y en recevoir les troupes, marcher en armes en France, etc., le tout juridiquement avoué et prouvé. On les avoit éblouis de les remettre comme au temps de leur duchesse héritière Anne, et de trouver la plupart de la noblesse de France prête à se joindre à eux pour la réformation du royaume sous l'autorité du roi d'Espagne, représenté en France par le duc du Maine. La bouche fut soigneusement fermée aux commissaires les plus instruits, et l'abbé Dubois sut mettre bon ordre à la conservation du secret des détails sur le duc et la duchesse du Maine, qu'il avoit eu grand soin de faire élargir et revenir avant d'achever les procès criminels de Nantes. Il se trouva tant de gens arrêtés et à arrêter sur les dépositions des prisonniers, qu'après l'exécution réelle de ces quatre, et en effigie de ces seize, on envoya une amnistie pour tous les prisonniers et accusés non arrêtés, les uns et les autres non encore jugés, dont dix seulement furent exceptés, qui sont les deux frères Lescouët, les sieurs

:

avait déjà été condamné à mort en 1709 pour un duel malheureux. 1. Saint-Simon écrit Kérentré de Goëllo. C'est Alexis le Gouvello de Kerantrec'h, de la paroisse de Crach, dans le Morbihan, qui obtint de rentrer en France plus tard.

2. Bonaventure Hervieu de Mellac, ancien officier, âgé de quarante ans, qui avait naguère servi en Hongrie; c'est lui qui avait été envoyé en Espagne et en avait rapporté des subsides pour les conjurés; il retourna dans ce pays, où il mourut obscurément en 1726. Saint-Simon orthographie Mélac-Hervieux. Voyez aux Additions et Corrections. 3. Pierre-Joseph de Lambilly: tome XXXIII, p. 91.

4. Dangeau annonce l'amnistie dès le 4 avril (p. 264); les lettres patentes qui l'accordaient furent imprimées (Archives nationales, AD† 758, avril, no 29).

5. Saint-Simon prend tous ces noms au Journal de Dangeau, p. 274; mais il les modifie parfois.

6. Hercule Barbier, comte de Lescouët (Saint-Simon écrit Lescoët) et son frère le chevalier, tous deux de l'évêché de Saint-Brieuc.

de Roscouët-Kersauson 1, Salarun l'aîné, KeranguenHiré 3, Coarorgan, Bouëxic-Becdelièvre, Kervasic l'aîné, et les frères Fontaineper. Noyant, qui étoit prisonnier, fut mis en liberté par l'amnistie. Rochefort', président à mortier, et la Bédoyère, procureur général 1o, et quelques autres du même parlement de Bretagne, eurent ordre de se défaire de leurs charges", et l'arrêt de la com

1. Hamon de Kersauson du Roscouët (Saint-Simon écrit RoscoëtKersoson), de l'évêché de Léon.

2. François Coué de Salarun (Saint-Simon écrit Salarieuc), beaufrère du procureur général la Bédoyère (ci-après): il fut sauvé par sa femme de la peine capitale et ne fut condamné qu'à un an de prison.

3. François-Michel Hiré de Keranguen (Saint-Simon écrit Karanguen-Hiroët, et on l'appelle Hyroë dans les pièces du procès), ancien marin, né à Scaër le 8 avril 1692, était une espèce d'aventurier. Il fut envoyé aux fles Sainte-Marguerite.

4. N. le Doulec, chevalier de Coarorgan (Saint-Simon écrit Coargan), du pays de Vannes, fut interné aux mêmes îles.

5. Pierre Becdelièvre, comte de Bouëxic (Saint-Simon écrit BoissyBec-de-Lièvre), de l'évêché de Nantes, avait été envoyé en Poitou pour sonder la noblesse de cette région; il resta un an à PierreEncise.

6. Pierre de Kervasic (Saint-Simon écrit Kervasi), du pays de Vannes; lors des arrestations de gentilshommes, il avait fait courir le bruit de sa mort et célébrer son enterrement.

7. N. Guiller, comte de Fontaineper, et son frère le chevalier. Leur sœur avait épousé M. le Moyne de Talhouët.

8. Antoine-René de Ranconnet, comte de Noyant : tome XXXII, p. 335.

9. François-Julien de Larlan de Kercadio, président de Rochefort: tome XXXIII, p. 91.

10. Charles Huchet, comte de la Bédoyère, né le 4 avril 1683, pourvu d'une charge de conseiller au parlement de Bretagne en novembre 1706, avait remplacé son père comme procureur général en 1710 (provisions du 16 juillet reg. 01 274, fol. 96 vo); il resta en fonctions jusqu'en mars 1752 et mourut à Rennes le 16 juin 1759 (F. Saulnier, Le Parlement de Bretagne, no 699).

11. M. de la Bédoyère conserva sa charge; mais on ne sait s'il y eut une mesure de grâce formelle. Saint-Simon prend à Dangeau (p. 268) l'annonce de la punition.

Mort,

famille, extraction

du prince de Berghes [Add. SS. 1657]

mission du Conseil à Nantes fut rendu public1. Plusieurs de ces Bretons coupables, qui se sauvèrent à temps, se retirèrent par mer en Espagne, où tous eurent des emplois ou des pensions; peu y firent quelque petite fortune, qui ne les consola pas de leur pays ni du peu qu'ils y avoient quitté. Beaucoup y vécurent misérables, et méprisés par la plus que médiocrité à quoi se réduisit bientôt ce qu'on leur avoit donné. Quelques-uns revinrent en France après la mort de M. le duc d'Orléans et le changement de toutes choses, mais fort obscurément chez eux; la plupart sont morts en terre étrangère. Telle est presque toujours l'issue des conspirations et le sort de tant de gens qui, en celle-ci, perdirent la tête ou leur état, leurs biens, leurs familles, pour errer en terre étrangère, et y demander leur pain, et le recevoir bien court, pour l'intérêt, les vues, l'ambition du duc et de la duchesse du Maine, qui les avoit si bien ensorcelés, et qui n'en perdirent pas un cheveu de leur tête. Il fut même remarqué que, peu de jours après, le duc du Maine vit pour la première fois M. le duc d'Orléans à Saint-Cloud 2.

Le prince de Berghes mourut chez lui en Flandres 3. Il n'étoit point de l'ancienne maison de ce nom, mais des bâtards de Berghes, et frère de Mlle de Montigny, cette maîtresse si longtemps aimée et publiquement par l'électeur de Bavière, qu'il fit enfin épouser au comte d'Albert, comme on l'a vu ici en son lieu. Elle avoit fait en sorte que l'électeur avoit obtenu la grandesse d'Espagne et la Toison d'Or de Philippe V pour son frère, qui étoit aussi petit et vilain qu'elle étoit belle et bien faite. Il avoit épousé 1. Ci-dessus, p. 232, note 2.

2. Dangeau ne parle pas de cette visite; mais la Gazette d'Amsterdam, nos xxx et XXXI, la mentionne au 2 avril.

3. Alphonse-Dominique-François de Glimes, prince de Berghes (tome XIV, p. 408), mourut à Bruxelles le 4 avril.

4. Tome XX, p. 5-6.

5. Madeleine-Marie-Honorine-Charlotte de Glimes: tome XX, p. 74. 6. Tome XXVI, p. 137-138.

une fille du duc de Rohan', qui ne vouloit pas lui donner grand chose, dont il n'eut point d'enfants, et qui a été une femme de mérite et d'une belle figure. Le père de ce prince de Berghes étoit gouverneur de Mons, qu'il défendit quand le Roi le prit, et il est mort chevalier de la Toison d'Or et gouverneur de Bruxelles *.

Mort

du duc de

Perth.

Le duc de Perth mourut presque en même temps dans le château de Saint-Germain, où il étoit demeuré 3. C'étoit un seigneur qui avoit quitté de grands établissements en [Add SS. 1658] Écosse, par fidélité pour le roi Jacques, qui le fit gouverneur du prince de Galles. Sa femme étoit morte à SaintGermain, dame d'honneur de la reine d'Angleterre*, dont il étoit grand écuyer. C'étoit un homme d'honneur et de beaucoup de piété, qui valoit bien mieux que le duc de Melfort son frère. Le roi Jacques les fit ducs tous deux, le dernier en mourant, comme on l'a vu en son lieu, et leur donna à tous deux la Jarretière.

4. Anne-Henriette-Charlotte de Rohan-Chabot : tome XX, I
.p. 70-71.
2. Philippe-François de Glimes (ibidem), mort en 1704.

3. Jacques IV Drummond, né en 1674, fils aîné du duc de Perth que nous avons vu mourir en 1716 (tome XXX, p. 74), et titré d'abord lord Drummond, avait pris alors le titre de duc de Perth ; il était grand écuyer de la reine Marie-Béatrice d'Este; il mourut le 17 avril 1720 (Gazette, p. 204; Dangeau, p. 270), et fut enterré au collège des Écossais. Guilhermy (Inscriptions de la France, tome I, p. 617-620) a reproduit son inscription funéraire à la suite de celles de son père et de sa bellemère. Saint-Simon ici, comme dans l'Addition à Dangeau, le confond avec son père, et tout ce qui va suivre se rapporte au père et non au fils, sauf la mention des fonctions de grand écuyer de la reine.

4. Ce n'est pas sa femme qui avait été dame d'honneur de la reine d'Angleterre, mais la troisième femme de son père, Marie Gordon de Huntley, qui mourut en effet à Saint-Germain, mais seulement le 13 mars 1726, à quatre-vingts ans; son cœur fut porté aux Écossais. Jacques IV était fils du premier mariage avec Jeanne Douglas, d'après le Peerage britannique, qui indique aussi que lui-même avait épousé Jeanne Gordon, fille du premier duc de Gordon.

3. Jean Drummond, comte de Melfort: tome VIII, p. 98.

6. Tome XII, p. 448-451.

7. Jacques IV, duc de Perth, avait suivi le Prétendant en Italie en

Mariage

du comte

avec une

fille

de Biron.

Il se fit aussi plusieurs mariages. Mme de Biron', qui ne de Gramont négligeoit rien, avoit su profiter de la place de son mari auprès de M. le duc d'Orléans, et captiver Law pour avoir gros, comme auparavant elle avoit su sucer plusieurs financiers, et quelques-uns jusqu'au sec, pour sa protection. Le duc de Guiche, moyennant le besoin que le Régent crut toujours avoir du régiment des gardes, avoit tiré des monts d'or de Law. Il avoit déjà marié sa fille aînée au fils aîné de Biron3. Ils firent encore un mariage d'une fille de Biron avec le second fils du duc de Guiche, qu'on appeloit le comte de Gramont'. En faveur de cette affaire M. le duc d'Orléans donna huit mille livres de pension à la nouvelle épouse3.

1719 et avait même été arrêté quelque temps à Milan par les Autrichiens (Dangeau, tome XVIII, p. 3; Gazette de 1719, p. 162 et 187).

1. Marie-Antonine Bautru de Nogent.

2. Il a cité notamment le traitant du Noyer: tome XXXIII, p. 10. 3. En 1715, nous avons vu le mariage de François-Armand de Gontaut, titré comte de Gontaut, avec Marie-Adélaïde de Gramont : tomes XXVII, p. 243, et XXIX, p. 300-301.

4. Louis ou Louis-Antoine de Gramont, comte de Lesparre, mais qu'on appelait le comte de Gramont, était né le 29 mai 1689. Il fut d'abord enseigne aux gardes françaises en 1705, eut un régiment de dragons en 1706 et acheta le régiment de Bourbonnais en 1709. Brigadier dans la promotion de février 1719, gouverneur de Ham, chevalier du Saint-Esprit en 1728, maréchal de camp en 1734 et directeur de l'infanterie en 1735, il eut en février 1738 le grade de lieutenant général. En mai 1741, la mort de son frère aîné lui apporta le titre de duc de Gramont, le gouvernement de Béarn et de Navarre et la charge de colonel des gardes françaises. A la bataille de Dettingen, une mauvaise manœuvre qu'il fit faire à ce régiment lui fit manquer le bâton de maréchal de France; mais il se couvrit de gloire à Fontenoy, où il fut tué d'un coup de canon à la tête des gardes françaises, 11 mai 1745. Son mariage avec Geneviève de Gontaut fut célébré le 12 mars 1720 (Dangeau, p. 250); elle mourut le 15 janvier 1756, à cinquante-neuf ans, selon la Gazette (p. 48), à soixante-quatre ans, d'après les Mémoires du duc de Luynes (tome XIV, p. 382-383), qui disent qu'elle avait eu trois cent mille livres de dot.

5. Dangeau, en annonçant cette grâce le 29 avril (p. 276), dit que

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