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leurs organes par leurs agens; c'est-à-dire, d'une main par l'autre, des yeux par le prifme, des oreilles par le monocorde, le gloffometre & le cro ometre ; des organes, du goût & de l'odorat par une collection de faveurs, reglée d'aprés les principes de la chymie; de la faim, de la foif & de l'appétit vén rien par le régime, & enfin de tous les fens par le tact, pour former, par l'expérience, leurs témoignages qu'on regardoit comme naturels avant MM. Moulineux & Locke.

Il n'eft point de fens dont l'ufage ne foit atta ché à l'action p éliminaire de quelques muscles. De-là le dernier art de l'éducation physique, dont l'objet eft de réunir les fonctions mufculaires avec celles des fens. Après être entré dans le détail de chacune de ces actions fympathiques, M. Verdier en examine la réunion dans le cerveau; & en démontrant que l'analyfe & la fynthefe font les effets naturels de la mécanique des fens, & particuliérement du fens intérieur, il jette les fondemens de l'éducation morale & littéraire qui feront l'objet de fon troifieme recueil.

Ce mémoire eft fuivi de plufieurs obfervations fur l'état des nouveaux - nés, fur celui des enfans nés avant terme, & fur un homme réduit, par une maladie du cerveau, à l'état d'un enfant nouveau-né. Ces obfervations rendent fenfibles les deux termes de la vie. Dans les principes de M. Verdier, l'enfant doit apprendre à tetter comme toute autre chofe; & cet auteur démontre, par

ces obfervations, comment le fœtus eft inftruit dans cet art, pendant les derniers mois de la groffeffe; comment on doit juger de la vitalité d'un avorton, d'après le plus ou moins d'habileté qu'il y a acquife, & comment le vieillard foutient fa vie tant qu'il conferve l'habitude d'avaler.

Ce recueil eft terminé par l'hiftoire phyfique de la Maifon d'Education de MM. Verdier & Fortier. Après avoir décrit l'état phyfique de chacun de fes éleves, Mr. Verdier expole les effets que l'eau de la Seine, prife à fon entrée dans Paris, l'air pur, que cette riviere charrie avec fes eaux, de bons alimens, des exercices, la privation de toute peine corporelle & les variations de l'athmosphere ont produit fur eux; genre nouveau d'obfervations auxquels l'Auteur invite les inftituteurs. Et en effet, fi l'éducation eft un art, ce n'eft que de l'obfervation & de l'expérience qu'on doit en efpérer des progrès & la #perfection.

(Mercure de France.)

FAITS INTERESSANTS.

V

Oici un événement qui eft conforme à la plus 1 exacte vérité. Ce fait, qui a déja été rapporté dans la Gazette de Manheim, mais qu'on ne fauroit trop répandre, fait voir qu'il y a beaucoup de danger, & même une forte d'inhumanité à abandonner auffi-tôt des enfans nouvellement venus au monde, lorfqu'ils

paroiffent morts, au lieu d'épuifer auparavant toutes les reffources pour les rappeller à la vie.

Un des Membres des Ecoles des accouchemens de cette ville, ayant été appellé le vendredi-faint dernier à Lampertheim, auprès d'une femme qui étoit dans les douleurs de l'enfantement, la trouva dans un état de foibleffe extraordinaire, occafionné par un flux de fang de quinze jours. Il parvint à délivrer la femme, & reçut un garçon qui étoit bien conformé, mais qui ne donna aucun figne de vie, malgré tous les fecours qu'on a coutume d'employer en pareil cas.

Cependant l'accoucheur fe rappella qu'en coupant le cordon ombilical, l'artere qui s'y trouve avoit encore été remplie de fang; d'où il conclut que le flux de fang de la mere ne devoit pas avoir été la caufe de la mort de l'enfant, puifque, dans le cas où il l'occafionne effectivement, l'artere ombilicale fe trouve ordinairement vuide & rétrécie. Cette ré flexion l'engagea à faire la tentative fuivante.

Il appliqua fa bouche fermement fur celle de l'enfant dont tout le corps étoit baigné dans du vin tiede, introduifit fon haleine dans la bouche de l'enfant, lui bouchant le nez de la main droite, pour forcer l'air d'entrer dans la trachée - artere, pendant que de la main gauche il lui frottoit continuellement le bas ventre, & produifit de cette maniere une forte de refpiration artificielle dans l'enfant. Il continua cette opération l'espace d'une demi-heure entiere, fans remarquer aucun effet, finon que le corps de l'enfant fe couvroit d'une couleur un peu animée. Cette légere apparence de fuccès le fit perfifter dans fon

entreprise. Après dix minutes de travail, l'enfant rendit tout-à-coup un fouffle en quelque forte convulfif, accompagné d'un cri plaintif, mais auquel il n'en fuccéda pas d'autres. En même temps on obferva un léger battement de pouls au cordon ombilical, fans mouvement fenfible de la poitrine. Encouragé par ces fymptômes de vie, on ne ceffa point de fouffler dans la bouche de l'enfant, qui ne tarda point à pouffer des fanglots répétés; &, peu de temps après, un fuccès complet fut la récompense d'un travail opiniâtre de trois quarts-d'heure.

L'auteur de ce récit authentique & fi intéreffant pour la population, ne fe flatte nullement d'avoir trouvé une nouvelle méthode pour rappeller à la vie des enfans qui paroiffent morts en venant au monde; il prie feulement les Accoucheurs & les fages-femmes, par amour pour l'humanité, d'ufer de la même perfévérance que lui en pareil cas. Il convient en même temps qu'il avoit douté lui-même du fuccès de fon entreprise, à caufe du violent flux de fang qui avoit précédé l'accouchement.

Deux particuliers qui chaffoient dans les bois de Montafia, à trois lieues de la ville d'Afti, apperçurent, il y a quelque tems, une espece d'animal marchant à quatre pattes, & qu'ils ne purent diftinguer dans l'éloignement où ils fe trouvoient; un des chaffeurs alloit tirer fur lui, lorfque l'autre, en l'examinant attentivement, crut reconnoître en lui quelque chofe d'humain. Ils s'en approcherent avec précaution, & trouverent un enfant qui pouvoit avoir environ douze ans. Il ne donna aucun figne de frayeur, ne fit aucune réfiftance lorfqu'on le prit par la main, & fe laiffa

conduire à Cunic, village du Montferrat. Le bruit de cette découverte s'étant répandu, on vit quelque tems après, arriver une femme qui réclamoit cet enfaut. Vers l'année 1762, elle accoucha à Turin d'un enfant mâle, qu'elle donna à nourrir à une femme des environs. Il difparut lorsqu'il n'avoit pas encore trois ans, fans qu'on ait pu avoir aucune nouvelle de fa destinée. Cette femme a cru reconnoître dans celui qu'on a trouvé, des fignes qu'elle avoit remarqués dans le fien. Elle l'a adopté pour fon fils. Cet enfant a dédaigné dans les commencemens, les mets qu'on lui a préfentés. Il fe jette avidement fur de l'herbe qu'il aflaisonne avec de la terre; le médecin qui le foigne, s'efforce de l'accoutumer à la nourriture qui lui eft naturelle. Il a déja perdu de cette férocité que le féjour des bois lui avoit inspirée. On a couvert fa nudité, & il a témoigné ne pas rebuter les habits dont on l'a revêtu. Lorfque cet enfant aura appris à parler, il fera intéreffant de l'interroger fur fon évafion, s'il peut cependant s'en fouvenir encore, fur l'histoire de fa vie animal, & fur les idées qu'il avoit conçues dans l'état de pure nature dont il vient de fortir.

ANECD O TE S.

I.

ACmet III, fils de Mahomet IV, fut nommé

Empereur après la dépofition de fon frere Mustapha II. Les féditieux qui l'avoient élévé à l'Empire, l'obligerent d'éloigner la Sultane fa mere, qui leur étoit fufpecte. Il leur obéit d'abord; mais, las de dépendre de ceux qui lui avoient donné la couronne, il les fit tous périr les uns après les autres, de

peur

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