enfin que leur révélation eft une fource de lumicres inftructives.

Ce que M. l'Abbé Hefpelle dit du Célibat, de la Morale Evangélique, & le tableau qu'il en fait, doivent attirer l'attention du Lecteur. M. l'Abbé Hefpelle répond d'une maniere victorieufe aux libertins qui condamnent la Religion, parce qu'elle réprouve les plaifirs des fens, le luxe, &c. & qu'elle ordonne la douceur, la pauvreté & la mortification. Ces réponfes font fans réplique. Cet Auteur finit la preuve de la divinité du Chriftianifme par fon établissement dont il fait la description, après quoi il parle de fes 1its & cérémonies, du bonheur qu'il procure à la fociété en général, & à chaque Particulier; enfin il termine cette premiere partie par le fuicide, après avoir prouvé qu'il n'eft que folie & foibleffe, & qu'il ne peut jamais être exempt de crime. (Mercure de France. )

GEOGRAPHIE.

Hémisphere auftral ou antarctique.

Cette

Ette Carte très-curieufe, d'une projection nouvelle & de la plus grande utilité, eft de l'invention & dirigée par les foins de M. le Duc de Croy, Seigneur dont on connoît le goût, la fagacité & les recherches profondes, concernant les fciences phyfiques & aftronomiques.

M. le Duc de Croy a fenti qu'un hémisphere auftral
Tome I. Partie II.

H

terminé par l'équateur, n'eût pas répondu au but qu'il fe propofoit, de repréfenter tous les pays fréquentés par les Navigateurs, tant dans les mers des Indes orientales, que dans la partie méridionale de la Mer du fud; mais au moyen d'un globe monté d'une maniere particuliere & très-commode, qu'il a imaginé, il a reconnu qu'en plaçant le zénith à 140 degrés de longitude orientale de l'ifle de Fer, & à 66 degrés 32 minutes de latitude auftrale, c'eft-à-dire, fous le cercle polaire antarctique, l'on jouiffoit des côtes de Mala bar & de Coromandel, de Macao & de Canton, Ports importans de la Chine & des ifles voifines dans la mer orientale. Il a donc adopté cette projection oblique, qui a l'avantage de montrer du même coupd'oeil l'enfemble de toutes les mers, côtes & ports fréquentés par les Européens dans l'hémifphere antarcti. que, ainfi que fes environs, & entre les deux tropiques pour la partie principale. On y voit tout à la fois toutes les routes faites & celles qui restent à faire, pour avoir la connoiffance complette de notre globe, & l'ensemble de tous ces endroits dans leur juftes rapports.

Il s'eft trouvé plus de pofitions certaines qu'on ne croit, pour placer avec précision les principaux en. droits de cet hémisphere. Il y a auffi un grand nombre d'autres lieux, dont la position eft prefque auffi fûre par l'exactitude & la proximité des routes des vaiffeaux qui partent de points certains. Les routes, fur. tout de M M. Cook & de Bougainville, donnent avec une grande jufteffe le détail de la mer du fud, & les obfervations aftronomiques qui déterminent le Cap Horn, Fakland, le cap de Bonne-Efpérance, l'ifle de France,

Pondichéri, Batavia, Canton, Manille, le port Praflin, Taïti, la Nouvelle-Zélande, la terre de Diemen, &c.

On n'a oublié dans cette Carte aucune des routes principales connues: on s'eft attaché fur-tout à marquer celles qui ayant paffé à travers des mers peu connues, contribuent à en conftater-l'étendue. Par ce moyen, on voit l'enfemble de ce qui a été connu & parcouru; & par les endroits vuidés, on juge d'abord de ce qui reste à connoître, ainsi que des voyages les plus utiles qui font à faire, & de la maniere dont on doit s'y prendre.

Il a paru encore très intéreffant de tracer avec exactitude & en très-petits points jaunes, les contours des antipodes de l'Europe, & d'indiquer les principales villes, avec leurs noms écrits de l'autre fens & d'un caractere plus foible; ainfi, l'on aura la fatisfaction de reconnoftre au jufte la pofition des antipodes, leurs rapports avec leurs endroits voifins dans cet hémif phere; & les Navigateurs qui parcourent les mers reconnues, reconnoîtront fucceffivement à quoi répond le point où ils pourront le trouver, & ce qui n'eft pas moins avantageux, de pouvoir comparer les différences de température & d'endroits habitables, quoiqu'à pareille latitude.

Enfin, cette Carte, par la difpofition que lui a donnée M. le Duc de Croy, & qui en a fait lui-même tracer exactement toutes les routes d'après les journaux anciens & nouveaux, peut fervir de Carte générale pour toutes les mers de l'hémisphere oppofé, & pour les ports de commerce qui y font compris. En effet, comme il faut toujours paffer entre l'Afrique & l'Amérique, dès que l'on a atteint le cap Frio,

ou les ifles de la Trinité ou de Ste Hélene, on entre dans les mers indiquées fur cette Carte, & l'on trouve tous les endroits par lefquels on peut faire le tour du globe; favoir, en paffant entre l'ifle Formofe & Manille, ou entre Manille & la Nouvelle-Guinée, ou par le détroit de l'Endeavour, découvert par M. Cock en 1770, ou enfin, en doublant le cap de Demien qui eft le plus court, ainfi que toutes les routes fai fables pour le tour du monde, en paffant par les caps Horn & de Bonne-Efpérance, qu'il faut toujours doubler. La Carte ramene enfin jufqu'à l'ifle Ste. Hélene & celle de la Trinité, par où l'on est entré, & par où il faut toujours revenir: ainfi, on a l'enfemble général fous les yeux; ce qu'on n'auroit pas dans un hémifphere terminé par l'Equateur.

Cette Carte a été exécutée avec beaucoup de netteté & de précifion par M. Robert de Vaugondi, & fe trouve chez lui, quai de l'Horloge. Prix 3 liv. en feuille, & 5 liv. collée fur toile; on confeille de la prendre fur toile, parce qu'elle eft plus folide, & qu'elle a l'avantage, au moyen de quatre anneaux de rubans aux quatre coins, de pouvoir s'attacher en tous fens, étant une carte ronde qu'il faut tourner à mefure. On trouve auffi chez M. de Vaugondi, des globes exécutés à la maniere de M. le Duc de Croy, qui rendent plus facile l'examen des pôles.

(Mercure de France.)

U

ANECDOTES.

I.

-

N bénefice affez confidérable venoit de vaquer en Angleterre : un jeune Eccléfiaftique, qui defiroit d'en être pourvu, court chez le patron, avec un plat de 30 pommes: il prie le valet de chambre du nominateur de les préfenter à fon maître de fa part, & lui donne, en même tems, une pomme le dometique s'acquitte de fa commifiion: Monsieur, ditil au patron, un tel vous prie d'accepter ce plat de pomines, & de lui accorder le bénéfice vacant. Ce n'eft point ici une affaire de pommes, répond allea brufquement le patron; je n'en veux point: mes pornmiers portent d'auffi bons fruits que ceux-là. Le valet de chambre va retrouver le candidat, & lui réfete la réponse de fon maître. Eh bien, dit l'Eccléfiaftique, fans fe déconcerter, priez le feulement de mefaire la grace de goûter une de mes pommes: elles font affurément meilleures qu'elles ne le paroiffent. Le patron veut bien en couper une il y trouve dix pieces d'or: Ah! le bon fruit, s'écrie-t-il auflitor. Monfieur, dit le candidat, qui dans l'anti-chambre, avoit entendu l'exclamation du patron, elles font toutes de la même efpece, je puis vous le protef ter; c'est le même pommier qui les a portées: elles ont toutes le même goût. -- C'eft fort bien, répondit le patron je ne connois point de fujet plus digne que voas du bénéfice vacant, & je vous y nomme.