choifir ce qu'il y a de plus agréable & de plus piquant pour l'effet. Il doit faire une heureuse exagération des beautés éparfes de la nature; il doit enfin préfenter le beau vraisemblable qui a l'apparence du vrai, & qui eft plus en droit de nous plaire. Le génie, en fe propofant la nature pour modele, doit l'agrandir, l'embellir & la vivifier. Enfin, en fimplifiant toujours l'art, vous parviendriez, dit-on encore, à l'affoiblir, à le perdre, à l'anéantir. Mais quelques raisonnemens que l'on oppofe, il n'en eft pas moins vrai que cet Opéra eft un ouvrage de génie qui paroîtra d'autant plus admirable, que l'on en étudiera davantage les beautés & les détails; ce qui eft bien justifié par fon grand fuccès. (Mercure de France. ) L'HOMME ENNUYE. LA Scene (on le verra) se passe en Angleterre ; Mais pardon, nobles Lords, on la voit à Paris. Cette fcene eft de tout pays. Dévoré par le fplein & la mélancolie, Sidnei voulut enfin abréger une vie, Par le Parc (a) il alloit grand train (4) Le Parc Saint-James, promenade de Londres. Finir de s'ennuyer au fond de la Tamife; Ma foi, mon cher Sidnei, ta rencontre m'enchante, Sidnei avoit, d'expérience Eprouvé que l'argent ne défennuyoit pas; (Eh! combien de riches, hélas ! Savent à fond cette science!) Il avoit de plus ruiné Jadis, avec des dez, un homme fort honnête; Sidnei portoit un cœur bien né: Et, loin de ce fuccès qu'il fe fit une fête, Que le remords n'est pas un remede à l'ennui. Le pistolet en main, lui demanda la bourfe; Il cherchoit au fond de fon cœur, Comment Comment d'un piftolet on pouvoit avoir peur, Quand on couroit par goût au fond de la riviere. Il en voyoit le bord enfin, Et rendoit grace à fon deftin, Qui, pour lui, devenu facile, Trop bon, lui permettoit d'aller mourir tranquile, A l'œillade friponne, au fourire coquin, Fut prête à lui rendre en chemia Heureusement pour les projets Il fongea même que les belles Par fois, fans le trahir, avoient pu l'ennuyer; Et quiconque en eft-là fait bien de fe noyer. Le foleil fe couchoit; Sidnei le regarda; F Si la vie à fes yeux ceffant d'avoir des charmes, Sur le fable à ces mots il preffe fon vifage; Il voit une fourmi laborieufe & fage Il les fuivit fans les connoftre, Mille encore venant à la file, Puis mille & mille encor, & toutes travaillant Il vit, en bien réfléchiffant Sur la famille induftrieufe, Que les fourmis n'ont pas le tems de s'ennuyer, Là d'après ces fages modeles, (Que par une preuve d'esprit, fit cas des fourmis, & travailla comme elles L'étude des champs le charma: Il eut des champs qui l'enrichirent; Eut des enfans qui le chérirent: Et bien reconnoiffant de la bonté du fort, (Gazettes des Sciences & des Arts.) EPITRE à Mr. DU HAMEL DE DENAINVILLIERS. Par Mr. COLARDEAU. A Paris, chez Lejay, in-8vo. 1774. Avec cette Epigraphe: Fortunate fenex, ergo tua rura manebunt. CEA VIRGIL. Egl. 1. 'Eft un tribut que l'amitié paie à un homme eftimable, qui préfere à la vie tumultueufe des villes, le féjour de fes terres, où il s'occupe du bonheur de fes payfans & de fes vaflaux; M. du Hamel de Denainvilliers, eft le frere de Mr. du Hamel du Monceau, de l'Académie des Sciences, & célebre par fes ouvrages; il s'occupe dans fa retraite des recherches & des expériences qui peuvent jetter des lumieres fur l'hiftoire naturelle, & fur-tout fur la pratique de l'agriculture:,, On ne peut, dit l'Auteur, réunir à la fois plus de connoiffances & de vertus. Les perfonnes qui l'ont vu de près, attefteront que je n'ai point surchargé fon éloge. Il eft le modele exact du fage que j'ai voulu peindre; c'eft fans fon aveu que je donne au public cette Epitre; fa modeftie s'y feroit oppofée, & j'ai paffé fur cette formalité peut-être néceffaire, par un motif que les honnêtes gens approuveront. Depuis quelques annés, on a répandu beaucoup de fleurs fur les tombeaux des hommes illuftres ou bienfaifans qui ont ho |