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DU QUATRIÈME VOLUME.

L'ACCUEIL qu'un public indulgent a accordé aux premiers volumes de cette histoire, ne sauroit calmer l'inquiétude que je ressens en livrant cette suite à l'impression. Quoique le travail de M. KOCH n'entrât que pour un tiers environ dans les trois premiers tomes, néanmoins le nom d'un homme célèbre a pu me servir d'égide, et inspirer une prévention favorable pour son éditeur; mais avec le quatrième volume je perds tous ces avantages et me présente seul à la critique d'un public, qui me demandera compte des motifs qui ont pu me donner assez de confiance pour m'ériger en continuateur d'un ouvrage estimé, et en historien des temps qui viennent de se passer.

Je dois, avant tout, rappeler à mes lecteurs que le titre de cet ouvrage n'annonce pas une histoire secrète, mais une compi

lation faite sur les matériaux existans. L'histoire secrète des négociations qui ont occupé les cabinets depuis les quarante dernières années, ne pourra être écrite que par celui auquel auront été ouvertes les archives des principales cours, et à qui son devoir permettra de publier les documens qu'il en aura tirés. En attendant que quelque écrivain se trouve dans une position si favorable, l'histoire secrète de quelque négociation isolée peut être révélée par les mémoires des hommes d'état qui y ont été employés (tels que les mémoires de M. le comte de Gærtz, sur la négociation de 1778 et sur la neutralité armée du Nord), mais il ne peut exister, une histoire secrète des traités de paix. Il faut se borner aujourd'hui à réunir les matériaux dont les différentes cours ont permis la publication; et le seul mérite que l'historien de la diplomatie moderne puisse ambitionner, c'est l'attention qu'il doit porter à ce qu'il ne lui échappe aucune pièce officielle qu'il a pu connoître; c'est le soin qu'il doit mettre à comparer et à combiner entre

eux ces matériaux épars, pour expliquer les uns par les autres; c'est enfin son exactitude à signaler les lacunes qu'il n'a pas dépendu de lui de remplir, afin que le lecteur ne se fasse pas illusion, et ne croie pas connoître des faits qui sont encore enveloppés dans les mystères de la politique. A mesure que les publications des pièces officielles augmenteront, et que les auteurs des événemens voudront faire connoître les ressorts qu'ils ont mis en mouvement, les doutes disparoîtront, les lacunes se rempliront, et la période que nous venons de traverser deviendra plus historique.

N'ayant ni les moyens ni la volonté de piquer la curiosité du public en divulguant les secrets de la politique, j'ai tâché de suppléer à un genre d'intérêt que je n'ai pu donner à mes récits, en y consignant une plus grande variété de faits, et je n'ai rien négligé pour m'emparer de tous ceux qui sont déjà du domaine de l'histoire. Le plan de mon travail étoit tracé celui auquel il fait suite, et je n'ai eu aucun motif pour

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m'en écarter. Ainsi chaque traité principal forme un chapitre particulier, et chaque chapitre est divisé en quatre parties. Je développe et examine d'abord les causes ou les prétextes des hostilités qui ont précédé le traité auquel le chapitre est consacré; je rapporte ensuite les principaux événemens de la guerre; je donne le précis des négociations qu'elle a amenées, et je termine mon chapitre par le sommaire raisonné du traité, en tâchant d'expliquer tout ce qui peut offrir quelque obscurité à ceux qui étudient l'histoire et le droit public,

Si mon ouvrage n'est pas une histoire secrète, il est encore moins une histoire militaire. Le tableau des campagnes est nécessairement entré dans mon plan, parce qu'il me conduit aux négociations qui souvent seroient inintelligibles si on n'avoit présens à la mémoire les événemens dont elles ont été précédées; mais l'histoire de ces événemens ne peut être complète, parce que, pour la classe de lecteurs à la

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