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L'édition en tête de laquelle est placé cet avant-propos sera bientôt suivie d'une seconde partie, format in-4o, et qu'accompagneront, non-seulement les pièces justificatives, recueillies par l'auteur et par l'éditeur, mais encore toutes celles qu'une bienveillante communication leur fera par

venir.

Quatre planches seront jointes à cette seconde partie.

Le portrait de la reine Marie-Antoinette entre ses deux enfants, gravé par M. Auguste Blanchard, d'après la belle miniature de Dumont, récemment acquise par S. A. I. le grand-duc Constantin de

Russie.

- Le fac-simile d'un croquis a la plume fait par David, représentant la reine sur la charrette du bourreau, le 16 octobre 1793. L'original de ce croquis appartient à S. A. I. la grande-duchesse Marie de Russie.

-Le soulier de la reine, gravé par

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orsque, après une étude attentive de l'histoire moderne, le lecteur

impartial se prend à réfléchir sur les événements qui s'y trouvent inscrits, sur la destinée des personnages dont la mémoire est demeurée historique et sur la portée des jugements qui leur assignent un souvenir glorieux ou peu sympathique, son esprit reste profondément étonné de la part inégale de justice, faite à deux reines dont les têtes, à deux siècles de distance, roulèrent dans le sang sous la hache d'un bourreau ou sous le couperet d'une guillotine.

Nous nous sommes, en effet, souvent demandé comment, malgré la prétendue

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inflexibilité de l'histoire, l'une avec ses crimes avérés et la légèreté de ses mœurs non moins avérée, est encore aujourd'hui pour la légende et pour la poésie une belle et noble figure de martyre, tandis que l'autre avec ses malheurs et ses dévouements, son invincible courage en présence de ses ennemis, et son admirable tendresse pour tout ce qu'elle devait chérir, trouve sans cesse des flétrisseurs qui continuent, pour elle, l'œuvre des juges qui la condamnèrent.

Les noms de Marie Stuart et de MarieAntoinette, toutes deux reines de France, provoquent de tristes réflexions sur la légèreté des jugements humains. Ces deux noms, qui réveillent de si sanglants et de si dramatiques souvenirs, arrivent bien différemment escortés devant l'écrivain sérieux qui entreprend la tâche de les évoquer de nouveau, pour restituer à chacun d'eux avec équité, soit la louange, soit le blâme, soit la pitié, soit la rigoureuse sévérité de son jugement.

L'histoire de Marie Stuart est parvenue

jusqu'à nous sous le déguisement de la fic‐ tion poétique, qui s'en est emparée dès le XVIe siècle par la plume de Ronsard. Deja neuf ans avant la mort de cette princesse, le poëte français, alors qu'elle était prisonnière d'Élisabeth, lui dédiait le second livre de ses poëmes, et lui adressait le sonnet suivant :

Encores que la mer de bien loin nous sépare,
Si est-ce que l'esclair de vostre beau soleil,
De vostre œil qui n'a point au monde de pareil,
Jamais loin de mon cœur par le temps ne s'esgare.
Royne, qui enfermez vne royne si rare,
Adoucissez vostre ire, et changez de conseil :
Le soleil se leuant et allant en sommeil

Ne voit point en la terre vn acte si barbare.
Peuple, vous forlignez (aux armes nonchalant)
De vos ayeux Renault, Lancelot et Rolant,

Qui prenoient d'vn grand cœur pour les dames querelle, Les gardoient, les sauuoient où vous n'auez, François, Ny osé regarder ny toucher le harnois

Pour oster de seruage vne royne si belle.

La poésie prend Marie Stuart dans sa prison, requiert les chevaliers de France de revêtir le harnois pour tenter sa délivrance,

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