Page images
PDF
EPUB

gner de Louis XVI, et elle n'eut pas la douloureuse satisfaction de le précéder dans la mort; elle fut victime par fidélité à ses devoirs, par dévouement à ses affections.

Où se trouvaient alors les ardents ennemis qu'elle avait rencontrés, dès le jour de son arrivée en France, sur les marches même du trône? Où se trouvaient alors les frères, les tantes et les autres parents du roi, qui les premiers l'accusèrent de trahir son mari et sa nouvelle patrie? Où se trouvaient alors tous ces grands coupables des premières calomnies répandues contre elle, tous ces princes et toutes ces princesses qui n'avaient cessé de la représenter comme une épouse infidèle, rebelle à ses devoirs et les foulant tous à ses pieds?

Où se trouvait alors Mme Adélaïde, cette tante qui voulait que le roi la traitât comme une seconde mère, ne crût qu'à son affection et qu'à la sincérité de son dévouement.

Où se trouvait M. le comte de Provence, qui s'était si largement servi contre la reine

de cet axiome que Beaumarchais place dans la bouche de Figaro :

Calomniez....calomniez, il en reste toujours quelque chose. »

En sûreté.... à Rome, à Venise, en Allemagne!... Le roi leur avait conseillé de partir; le roi leur avait dit : « En restant ici vous seriez en danger!... » Ils avaient obéi au roi et ils avaient émigré.

Mais le roi avait dit aussi à Marie-Antoinette, à cette femme infidèle, à cette femme sans amour pour son mari, sans entrailles pour ses enfants: Partez, Madame, car c'est à vos jours que les révolutionnaires en veulent; et Marie-Antoinette avait répondu Si l'on en veut à ma vie, c'est à vos côtés qu'on me l'arrachera.

La reine était restée, elle monta sur l'échafaud! M. le comte de Provence avait suivi le conseil du roi, il monta sur le trône de France.

ده

ous venons de nommer parmi les ennemis de la reine ceux qu'il nous

est le plus pénible d'accuser, mais

qu'il ne nous est pas permis d'élaguer de cette liste, parce que le jour où l'histoire de notre révolution deviendra impartiale, ils seront comptés comme les plus funestes. Nous ne nous occuperons pas du duc d'Orléans : ce parent fut plus qu'un ennemi, ce fut un bourreau; nous ne discuterons pas sur les dépositions des témoins qui l'accusèrent de s'être montré, dans la nuit du 5 au 6 octobre 1789, au milieu des assassins qui envahissaient la demeure royale et fouillaient de leurs piques le lit de la reine; nous n'ap

précierons pas les assertions de sa défense; son vote dans le procès de Louis XVI justifie toutes les accusations portées antérieurement contre lui. D'ailleurs ce prince, malgré les supplications de sa femme 1, fit recevoir, à dix-sept ans, son fils aîné membre du club des Jacobins; il avait déjà confié l'éducation de ses enfants à Mme de Sillery (Mme de Genlis), dont une lettre, datée du 1er août, l'an Ive de la liberté, révèle toute l'ardeur révolutionnaire :

« Je n'ai jamais trouvé que l'on ait été

1. « Encore une fois, si les Jacobins étoient composés de députés seulement, ils seroient moins dangereux, parce qu'ils seroient connus par leur conduite à l'assemblée, et que l'on pourroit prévenir mon fils; mais comment le mettre sur ses gardes, vis-à-vis d'un tas de gens qui ont la majorité, et qui sont bien propres à égarer les principes d'un jeune homme de dix-sept ans. Si mon fils en avoit vingt-cinq, comme je vous l'ai dit, je ne serois point tourmentée, parce qu'il pourroit distinguer par lui-même; mais à dix-sept ans, jeté dans une société de ce genre; en vérité, mon cher ami;

trop loin, mais j'ai toujours trouvé qu'on a

été trop vite 1. »

Nous croyons plus utile à la mémoire de la reine Marie-Antoinette, de mettre en lumière les actes publics ou secrets de deux ennemis plus dangereux, trop épargnés jusqu'à présent et qui, autant au moins que le duc d'Orléans ont contribué, avec plus d'hypocrisie, à lui aliéner l'amour et l'estime du peuple; ces deux ennemis pour lesquels l'histoire ne saurait avoir trop de flétrissures, sont M. le comte de Provence

cela n'a pas de raison; et que ce soit nous, que ce soit ses parents qui, pour finir son éducation, l'envoient aux Jacobins, me paroît et paroîtra sûrement à tout le monde une chose inconcevable. » (Lettre de Mme la duchesse d'Orléans à son mari, écrite en 1790. -- Correspondance de Louis-PhilippeJoseph d'Orléans avec Louis XVI, la reine, publiée par L. C. R., Paris, 1800.)

etc.,

1. Correspondance de Louis-Philippe-Joseph d'Orleans avec Louis XVI, la reine, etc., suivie d'un extrait du journal du fils aîné de d'Orléans, écrit jour par jour par lui-même, publiée par L. C. R., Paris, 1800.

« PreviousContinue »