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Sous le titre de la vallée de Ste-Marie, M. Auguste Demesmay a produit une légende qui doit ici trouver sa place, parce qu'elle a trait à notre sujet.

— « CHRÉTIENS, assistez-nous!... - Par le froid engourdies,

De mon fils orphelin les deux mains sont roidies;
Voyez ! - Au nom de Dieu, faites la charité!
Pitié pour mon enfant! il en est temps encore ;-
Oh! s'il allait mourir! - Pour lui je vous implore!
Du pain,— un peu de pain, et l'hospitalité ! » —

Ainsi se lamentait, au seuil de chaque porte,
Sous le poids d'un enfant, courbée et demi-morte,
Une femme, pieds nus, couverte de haillons.
Créature amaigrie, et frêle et languissante,
Tout son corps frissonnait sous la neige glaçante,
Qui sur elle et son fils tombait à gros flocons.

En vain tout un long jour, courant la ville entière,`
De maison en maison elle dit sa prière;
Nul ne voulut l'entendre; on fut sourd à ses pleurs.
Enfin elle en sortit, la malheureuse mère!

Le cœur désespéré, trouvant la vie amère,

Elle invoquait la mort, pour terme à ses douleurs.

Dans la cité pourtant c'étaient vitres brillantes,
Chansons, joyeux galas, fêtes étincelantes;
Et sourires de femme, et fleurs et diamants,
Pour le riche, l'hiver est le temps de la joie;

Le pauvre en vain de froid meurt sur la grande voie...
Le bruit couvre sa plainte et ses gémissements.

Sans suivre de chemin, la jeune mendiante

Le long des bords du Doubs se traînait chancelante,
Cherchant quelque recoin pour abriter sa mort;
Quand la lune soudain, surgissant de la nue,
Eclaira de la Vierge une blanche statue ; —
Vers ce phare d'espoir elle fit un effort.

Et là, sur les degrés, aux pieds de la Madone,
Laissant faillir son corps que la force abandonne,
Les yeux rouges de pleurs, le cœur gros de sanglots,
Cette femme mortelle, à la femme divine,

Ainsi qu'elle pressant son fils sur sa poitrine,
D'une voix presque éteinte articula ces mots :

- « Vierge, rappelez-vous qu'aussi vous fûtes mère!
Rappelez-vous la croix, l'épine, le Calvaire,
La soif, les sept douleurs et la coupe de fiel!
Comme vous, aujourd'hui, j'épuise le calice;
Mais pourquoi de mon fils m'imposer le supplice ?...
Pour racheter le monde, il ne vient pas du ciel. » →→→

A peine elle achevait, un vieillard se présente,
Son regard est serein, sa barbe blanchissante;
On devine en son cœur des trésors de pitié.

Vous souffrez, o ma sœur ! La terre vous est dure!
Je suis pauvre; venez, l'ermite, sous la bure,

Du peu que Dieu lui donne a trop de la moitié. » —

L'ermitage était près. Au pied d'une colline

Que baigne encore le Doubs, qu'un bois sombre domine,
Il offrait au passant un solitaire abri.

La jeune femme entra du vieillard précédée. ·
Pour apaiser la faim dont elle est obsédée,
Repas simple et frugal par l'ermite est servi.

Des ailes du sapin le feu vif et limpide
Petille, et ressuyant son vêtement humide,
Fait rentrer en son sein la vie et la chaleur.
Les mains de son enfant, un beau chien les caresse:
Ses membres attiédis ont repris leur souplesse;

Il joue à ses genoux, et sourit de bonheur.

Oh! je ne dirai point les transports de la femme!
La sainte émotion qui vint ravir son âme,
Sur les mains du vieillard ses baisers pleins de feu!
Non, je ne dirai point son langage de mère,
Son accent, son regard, les mots de sa prière !...
Tout son cœur dans la joie était un hymne à Dieu.

Le bon vieillard alors leur fait litière douce
De feuillage bien sec, de bruyère et de mousse;
Un sommeil bienfaisant se répand sur leurs yeux.
Mais quand, le lendemain, reparut la lumière,
La pauvre consolée en vain cria : Mon père!...
L'ermite, dans la nuit, avait rejoint les cieux.

Au lieu même où la veille existait une ville,
Elle n'aperçoit plus qu'un grand lac immobile,
Où se mirait encor l'étoile du matin.

Si terrible vengeance et la trouble et l'alarme ;
A ceux qui l'ont chassée elle donne une larme,
Pour eux prie à genoux, et reprend son chemin.

Elle vécut longtemps. L'histoire le raconte;
Son fils devint guerrier, et puis baron et comte;
Des champs de Palestine il revint honoré.
Toujours de cette nuit il garda souvenance;
Et, lorsqu'avec sa gloire eut grandi sa puissance,
Il changea la cellule en uf beau prieuré.

L'ogive y déroulait ses arceaux symboliques :
Les vitraux étaient peints de légendes gothiques,
OEuvre d'art et de foi, pleine de majesté!
Du vaste réfectoire on vante encor la salle,
Le cloître, le préau, la mense abbatiale;
Car chacun y trouvait noble hospitalité,

Oh! vous connaissez tous, fils de la Séquanie,
Ce val que, de son nom, a baptisé Marie,
Et son lac assombri du reflet des NOIRS-MONTS;
Auprès de BEAU-REGARD, vous savez la colline
Où la vieille abbaye étale sa ruine,

Qu'illustraient les tombeaux des sires de Châlons.

Vos pères vous ont dit cette terrible histoire :
Avec respect le peuple en garde la mémoire ;
Qui de nous ne croirait à sa réalité ?

La ville dort encor sous le lac qui l'inonde,

Et souvent le pêcheur sent, au fond de cette onde,

Par les croix des clochers son filet arrêté.

Quand viennent les longs soirs des derniers jours d'automne,
Que la feuille jaunit sur l'arbre et l'abandonne;
Quand les brumes aux monts servent de vêtements,
Le pâtre, sur le lac et dans les forêts sombres,
Voit, au clair de la lune, errer de pâles ombres,
Exhalant des soupirs et des gémissements.

Atardé, par hasard, dans l'un des beaux villages
Dont les blanches maisons couronnent ces rivages,
Un soir de la Toussaint, veille du jour des morts,
A minuit, j'entendis une étrange harmonie,
Des profondeurs du lac à la voûte infinie
Monter, par intervalle, en lugubres accords.

C'était le tintement des cloches englouties,
Dont vibraient, sous les eaux, les lourdes sonneries,
Et sur elles pourtant que de siècles passés!
Je compris la leçon que par-là Dieu nous donne :
Faites-vous dans le ciel des amis par l'aumône,

Et priez pour les trépassés!

On prétend qu'il existait autrefois, entre Pontarlier et Mouthe, une ville florissante, connue sous le nom de Damvautier.

Les habitants de cette ville opulente demeurèrent sourds à la voix de la malheureuse mère, dont la plainte nous est redite par M. Demesmay avec une si exquise sensibilité; l'envoyé du ciel qui accourut au secours de la pauvre femme, n'était autre que saint Ponce ou saint Point. Le ciel en courroux engloutit subitement le ville, et ainsi se forma, d'après la tradition, le lac de Damvautier, auquel le peuple attribua plus tard le nom du pieux solitaire qui, le premier, était venu habiter ses rives désertes.

Le ruisseau de la Malpierre a sa source à St-Point et réunit ses eaux à celles du lac, après un cours de 700 mètres. Il fait rouler un petit martinet de taillanderie.

Une fromagerie.

Carrières, donnant de la taille.

POINTVILLERS. Canton de Quingey, arrondissement de Besançon; de la perception de Samson; à 5 kil. du chef-lieu de canton, à 2 myr. 5 kil. de Besançon.

Superficie totale du territoire, 381 hect.; cultures productives, 245 hect., dont 116 en terres labourables, 7 en prés, 35 en vignes, 87 en bois taillis; terrains de faibles produits, 129 hect.; contenance imposable, 374 hect.; assolement triennal; on sème le blé, le seigle, l'orge, l'avoine, le maïs ; nombre de maisons, 57, de propriétaires, 160, de parcelles, 2,012; revenus de la matrice cadastrale, 11,484 fr.

Budget de la commune en 1847: recettes, 2,215 fr.; dépenses, 1,953 fr.; produit de la coupe ordinaire du bois communal, 1,000 fr.

Population, 237 habitants, dont 63 garçons, 46 hommes mariés, 6 veufs ; 55 filles, 51 femmes mariées et 16 veuves.

Petit village qui dépendait du bailliage de Quingey.

Suivant M. Bullet, Pen, côte, Villers, habitation, expriment en langue celtique l'étymologie du nom de cette localité.

Une fromagerie existe depuis 8 ans, dans la commune. Elle produit moyennement par an, 6,000 kilog. de fromages, qui s'expédient à Lyon, pour être répandus dans le commerce.

POMPIERRE. Canton de Clerval, arrondissement de Baume; à 4 kil. du chef-lieu de canton, à 1 myr. 7 kil. de celui de l'arrondissement, et à 4 myr. 5 kil. de Besançon.

Village sur la rivière du Doubs, et au pied d'une colline fort pierreuse, Pon, colline, Per, pierre.

Superficie totale du territoire, 815 hect.; cultures productives, 641 hec., dont 353 en terres labourables, 74 en prés, 214 en bois taillis à la commune; terrains de faibles produits, 153 hect.; contenance imposable, 794 hect.; nombre de maisons, 91, de propriétaires, 122, de parcelles, 2,509; revenus de la matrice cadastrale, 9,614 fr.

Budget de la commune en 1847: recettes, 3,652 fr.; dépenses, 3,620 fr.; produit de la coupe ordinaire, 1,460 fr.; terres arables amodiées au profit de la commune, 134 hect.; produit moyen des baux, 1,200 fr.

Population, 396 habitants, dont 105 garçons, 81 hommes mariés, 10 veufs; 405 filles, 79 femmes mariées et 16 veuves.

Le canal du Rhône au Rhin est établi en dérivation sur le territoire : deux écluses, les nos 30 et 31, servent à la manœuvre des eaux.

Le ruisseau de Soye parcourt les terres sur 800 m. Il fait rouler au village 2 moulins avec ribe.

Une tuilerie fournit par an, environ 60 mille de tuiles pour les besoins de la localité.

Le village était du bailliage de Baume. Son église, sous le titre de SaintLéger, avait pour patron, le prieur de Lanthenans.

Rocher de Pompierre, écuyer, était prévôt du château de Granges, dans le XIIe siècle.

PONTARLIER. Chef-lieu d'arrondissement de ce nom; à 5 myr. 3 kil. de Besançon.

Population, 5,156 habitants, dont 1,616 garçons, 815 hommes mariés, 94 veufs; 1,558 filles, 818 femmes mariées et 255 veuves.

Population agglomérée, 4,503 habitants.

Superficie totale du territoire, 4,155 hect.; cultures productives, 3,385 h., dont 1,178 en terres labourables; 32 en prés, 592 en bois sapin, 807 en pâtures et parcours, 776 en prés-bois; terrains de faibles produits, 694 h.; contenance imposable, 4,079 hect.; nombre de maisons et constructions, 462, de propriétaires, 544, de parcelles, 3,510; revenus de la matrice cadastrale, 90,701 fr.

Budget de la ville en 1846: recettes, 42,216 f.; dépenses, 41,106 f.; bois de la ville, 459 hec.; produit moyen de la coupe ordinaire, 7,000 fr.; communaux amodiés, 25 hect. 48 ares; produit moyen des baux, 1,500 fr.

Pontarlier, chef-lieu de la Sous-Préfecture de ce nom, est situé sur la rivière du Doubs, au pied du premier versant occidental des Mont-Jura. Cette ville est à 3 myr. de la Chaux-de-Fond, en Suisse, de Morteau et d'Ornans, à 4 de Salins et d'Orbe, 5 de Neufchâtel, 6 de Lausanne et 7 de Lons-le-Saulnier.

Placée sous le 46° 54′ 20′′ de latitude et le 4o 02′ 40′′ de longitude orientale, elle est à 830 m. au-dessus du niveau de la mer. Un air vif et pur règne dans toute la contrée; l'eau est excellente, et parmi la population on voit peu de malades.

Les produits du sol, quoique peu nombreux, sont d'une qualité supérieure ; les jardinages, les légumes, le laitage, le beurre et le fromage sont, à juste titre, fort estimés. L'absinthe croit partout. La végétation est prompte et vigoureuse; la verdure est plus fraîche et plus agréable à l'œil que celle des pays chauds.

Nous rapporterons ici le résultat des observations météorologiques faites à Pontarlier, en 1845, par M. le docteur Pône. Dans les saisons d'été et d'automne, la température est ordinairement de 2 à 5 degrés plus basse qu'à Besançon; souvent on jouit dans le mois de janvier d'un magnifique soleil, tandisque les plaines inférieures sont enveloppées d'un épais brouillard.

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