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RÉSINÉINE. C'est un des produits de la distillation sèche de la colophane. Lorsqu'on distille la colophane dans une cornue, à feu nu et un peu vivement, on recueille de l'eau, une grande quantité de résinéine (colophène), et un autre hydrocarbure plus fluide, tandis que la cornue retient un produit charbonneux. On sépare la résinéine de l'hydrocarbure plus volatil par distillation fractionnée. LUTZ.

RÉSINES. On donne le nom de résines à des substances solides, trèsrépandues dans les végétaux ; il n'y a presque pas de plante qui n'en renferme ; et qui découlent, en grande abondance de certains végétaux, à l'état de dissolution dans les essences; lorsqu'on fait des incisions aux tiges, aux branches, et même aux racines de ces végétaux, il en découle un suc plus ou moins visqueux, quelquefois lactescent, qui se durcit peu à peu au contact de l'air, et finit souvent par devenir tout à fait solide et cassant.

Souvent les résines sont les produits de l'action de l'oxygène de l'atmosphère sur les huiles essentielles contenues et secrétées par les végétaux. Quelquefois les résines se trouvent en dissolution dans les essences, elles constituent alors ce qu'on appelle des baumes, quand la dissolution résineuse renferme, en même temps, de l'acide benzoïque ou cinnamique, et térébenthines quand elle n'en renferme pas.

Si les résines, au lieu d'être associées à une huile essentielle, sont intimement mélangées à une substance gommeuse, le suc sort de la plante sous forme d'une émulsion d'un blanc laiteux, ou diversement colorée; cette émulsion, desséchée à l'air, laisse, comme résidu, les gommes-résines, ces substances ne se disso!vent entièrement ni dans l'alcool absolu, ni dans l'eau, mais l'alcool étendu et bouillant les dissout facilement.

Pour séparer les résines des essences qui les accompagnent souvent, on fait bouillir les térébenthines ou les baumes avec de l'eau, de manière à chasser toute la partie volatile et liquide, et n'avoir pour résidu que la partie résineuse solide.

Beaucoup de végétaux renferment les résines à l'état solide (racine de Jalap. bois de Gayac, etc). On met alors la partie végétale qui les contient, convenablement divisée, en digestion avec de l'alcool à 90° qui les dissout. On ajoute de l'eau à la teinture alcoolique, on distille l'alcool, la résine vient surnager l'eau du résidu de la distillation, à l'état fondu.

On obtient encore des espèces de résines en faisant agir l'acide azotique étendu sur certaines essences, telles que l'essence de térébenthine, de girofle, de citron, de cubèbe, etc. Ces essences se résinifient; mais les produits diffèrent de compo sition des résines naturelles; ce sont des composés nitrés dans lesquels l'ypoazotide Az0* remplace l'hydrogène de l'essence; en soumettant ces résines factices à la distillation, elles dégagent des vapeurs nitreuses.

On a trouvé également un certain nombre de résines fossiles provenant proba blement de végétaux antédiluviens; les plus importantes de ces résines sont : le succin ou ambre jaune, qu'on trouve en abondance sur les bords de la Baltique. La Schereerite, cristallisant en feuilles incolores, on la trouve dans les lignites d'Utznach, près de Zurich. L'Ozockerite a une structure foliacée et une cassure conchoïde, elle est translucide et présente un fond rouge brun à reflet verdâtre ; elle se rencontre en Moldavie et en Galicie. Les tourbières du Danemarck reukiment plusieurs espèces de résine fossiles, telles sont : la bolorétine, la tekorétine,

la phyllorétine, la xylorétine. On trouve encore, en quantité considérable, à Giron (Nouvelle-Grenade) une résine fossile, ressemblant au succin, mais net donnant pas d'acide succinique à la distillation.

Les résines sont complétement insolubles dans l'eau, mais solubles dans l'alcool; l'eau rend laiteuse cette solution alcoolique. Elles sont solubles dans l'éther, les huiles essentielles, le sulfure de carbone. Un certain nombre de résines se déposent à l'état cristallin par l'évaporation spontanée du dissolvant ; elles sont quelquefois incolores, le plus souvent elles sont colorées en jaune ou en brun. Une chaleur modérée les fait entrer en fusion, une température plus élevée les décompose sans les volatiliser.

La plupart des résines se comportent comme des acides faibles, ce sont les résines negatives, elles forment des composés définis avec les alcalis et les oxydes métalliques (savons de résine, ou résinates). D'autres résines sont neutres. Les savons de résine s'obtiennent en faisant dissoudre les résines dans une lessive de potasse ou de soude caustique; le savon qui en résulte est soluble dans l'eau, et la solution mousse comme l'eau de savon ordinaire; les acides les décomposent, mais le sel marin ne les précipite pas, comme il le fait pour le savon préparé avec les corps gras. Les autres résinates métalliques sont insolubles; on les prépare par double décomposition. LUTZ.

RÉSINIER D'AMÉRIQUE. Nom donné au Bursera gummifera ou Gomart (voy. GOMART).

RÉSOLUTIFS. De Resolvere, résoudre, diviser un corps en ses parties constituantes, agents capables de provoquer la résolution. All. Auflösend; angl. Resolvent; ital. Risolutivo; esp. Resolutivo.

Le sens de ce mot, quelque peu vieilli, variable, d'ailleurs, à différentes époques, suivant la fortune des diverses théories médicales, n'est pas actuellement très-nettement déterminé; on serait même tenté de croire qu'il n'offre plus qu'un intérêt archéologique; nous pensons, cependant, qu'il mérite d'être conservé, à condition qu'on aura d'abord précisé la valeur du terme résolution. Mais la résolution n'est pas elle-même beaucoup mieux définie. Pour les uns, c'est un des modes de terminaison des phlegmasies aigues ou chroniques, mode qu'on oppose généralement à la suppuration; c'est le retour à l'état normal, qui s'opère dans une région enflammée, restitutio ad integrum; d'autres étendent le mot, d'une façon générale, à la disparition de ce qu'on désigne, d'une façon assez vague, sous le nom d'engorgements; enfin, dans son sens le plus général, la résolution est la disparition par résorption des tissus qui résultent d'un trouble de nutrition hyper- ou heterotrophique, que l'inflammation soit ou non la cause de ce trouble nutritif: phlegmasies aiguë et chronique, indurations, tumeurs solides ou kystiques, etc.. C'est dans ce sens qu'A. Paré employait le mot résolution, lorsqu'il disait : « Quelques tumeurs se terminent insensiblement par transpiration, qu'on appelle résolution. » Et il ajoutait : « Ce qui se fait par le seul bénéfice de nature ou aidé de médicaments résolutifs. »

La même idée est exprimée par Trousseau et Pidoux, lorsqu'ils disent:

« La résolution n'est que la résorption interstitielle dans un organe en particulier, comme l'amaigrissement est la résorption interstitielle dans tous les organes de l'économie » (Trousseau et Pidoux, Traité de Therapeutique).

C'est au point de vue de cette dernière acception du mot, que nous nous pla

cerons.

DICT. ENC. 3 s. III.

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Les Résolutifs sont donc les procédés empruntés ou non à la matière médicale, au moyen desquels on cherche à obtenir cette résorption. On comprend combien ces procédés sont variés et complexes; faire l'histoire de chacun d'eux, ce serait embrasser toute la thérapeutique, car il n'est aucune des armes que le médecin a sous la main, qui ne puisse, maniée d'une certaine façon, devenir, dans certains cas, un agent résolutif.

Parmi les résolutifs ainsi compris, figurent ce qu'on appelait jadis les fondants, certains altérants, les apéritifs, les incisifs, les discussifs, delayants, desobstruants, désopilants. L'acception triviale qu'on donne encore à ce mot dans un langage extra-scientifique, en l'appliquant à la rate, n'est qu'un vestige populaire des doctrines humorales qui voyaient dans la tristesse l'effet de l'engorge ment produit par une humeur noire dans la rate, qu'il s'agissait dès lors de désobstruer, de desopiler.

Du reste, tous les médicaments, les excitants aussi bien que les emollients, les évacuants comme les toniques peuvent faire œuvre résolutive. Ce n'est donc qu'arbitrairement qu'on pourrait dresser une liste toujours incomplète d'agents résolutifs. Il existe une médication résolutive; elle a pour but d'amener la résolution; mais les moyens qu'elle emploie sont multiples, et c'est par des procédés souvent opposés et qu'elle doit savoir choisir, qu'elle arrive à son but. Les agents capables de servir les visées de la médication résolutive, que nous nommerons les résolutifs, n'agissent pas en vertu de propriétés spéciales dites fondantes, désobstruantes, etc.; ils ne peuvent exercer leur action physiologique dans le sens de la résolution, qu'autant que le permettent les lois imprescriptibles de la nutrition et de la dénutrition des tissus ; c'est, en somme, comme toujours, l'orga nisme qui fera les frais de la résolution, conformément aux propriétés de ses tissus. C'est donc uniquement à modifier la nutrition et la dénutrition des éléments cellulaires que peut tendre la médication résolutive, et ces modifications sont restreintes dans le même cercle que les phénomènes de nutrition ou de dénutrition spontanément mis en œuvre par la nature.

Le processus inflammatoire, bien qu'il ne soit pas le seul auquel la médication résolutive puisse s'attaquer, peut servir de type pour montrer quels sont les procédés que l'organisme met en usage pour arriver spontanément à la résolution et quels sont, au contraire, les obstacles que le médecin rencontrera dans l'orga nisme même, au succès de la médication résolutive.

L'inflammation a été définie : une suractivité de la nutrition et de la formation des éléments anatomiques : retour de la cellule à l'état embryonnaire, tuméfaction du protoplasma, prolifération sous forme de simple hyperplasie ou mênie d'hétéroplasie inflammatoire. Ces phénomènes de nutrition et de prolifération cellulaires sont aujourd'hui bien connus; ils sont précédés. accompagnés ou suivis d'un certain nombre d'autres phénomènes connexes: la simple hypérémie caractérisée par l'état de réplétion des vaisseaux, puis la stase; ce sont là les conditions d'apport nutritif exagéré, d'état succulent de la partie malade, qui favo risent la nutrition des cellules et leur développement exagéré ainsi que leur multiplication. En même temps que par intussusception l'élément cellulaire s'accroit, les espaces intercellulaires se remplissent d'exsudat fibrineux, séro-fibrineux. fibrinogène; l'abondance de cette sécrétion interstitielle varie avec les organes dans les séreuses, dans le tissu cellulaire elle atteint un degré considérable qui augmente l'intumescence et les phénomènes de compression.

Si les conditions d'irritation de la partie malade viennent à cesser ou ont, à

ce moment, épuisé leur action, la reprise, par les vaisseaux, des matériaux qu'i.s ont apportés est encore possible; ils rentrent alors graduellement dans l'économie qui, après les avoir pour ainsi dire sécrétés, les absorbe au contraire et les assimile.

D'après Liebig, la fibrine, une fois reprise par les vaisseaux, se convertirait par oxygenation en urate d'ammoniaque, en acide choléique, en soufre, en phosphore, qui donneraient à leur tour, sous l'action croissante de l'oxygène, de l'urée, de l'acide carbonique, du carbonate d'ammoniaque, des sulfates et des phosphates. Si l'inflammation poursuit son cours, elle peut aboutir à la suppuration, et alors les résolutifs viennent trop tard.

On peut, au contraire, voir survenir l'induration caractérisée par le développement irritatif du tissu conjonctif interstitiel, ainsi que cela se voit dans les organes glandulaires (amygdales, testicules), ou des formations conjonctives nouvelles, telles que les néo-membranes des séreuses ou les scléroses interstitielles.

La formation de vaisseaux nouveaux qui a lieu dans toute inflammation qui a parcouru toutes ses périodes et qui se fait par suite de l'extension aux cellules épithéliales des capillaires, des phénomènes de retour à l'état embryonnaire, peut aider dans leur développement les néo-formations dont nous venons de parler; mais elle peut aussi, quoique moins souvent, favoriser leur résorption.

Ce dernier phénomène a plus souvent pour intermédiaire les dégénérescences régressives des néo-formations inflammatoires, dégénérescences qui, faisant baisser la vitalité dans les éléments anatomiques, peuvent les livrer en pâture à l'absorption interstitielle favorablement préparée. Encore faut-il que ces dégénérescences soient de nature à se prêter aux phénomènes de désintégration organique qui sont nécessaires à leur reprise par l'absorption, et que les éléments embryonnaires produits par l'inflammation ne se soient pas encore organisés en tissus adultes os, scléroses parfaites. C'est ainsi que se prêtent moins facilement à être reprises par l'absorption les granulations calcaires et les plaques de pétrification qui incrustent les tissus au voisinage des arthrites chroniques, ainsi que les cristallisations d'urate qui se déposent dans les tissus des goutteux.

Un processus analogue à celui de l'inflammation, mais plus lent, préside à la formation d'un grand nombre de tumeurs solides. Elles different, cependant, des produits inflammatoires par la persistance et la tendance à l'accroissement. Mais la nutrition cellulaire n'est pas uniquement soumise à des lois physiques d'intégration et de désintégration organiques, par voie d'échanges réciproques entre le sang et les éléments anatomiques; à défaut de l'action des nerfs trophiques encore à démontrer, au moins l'action trophique des nerfs joue tour à tour le rôle d'excitant et de régulateur, et ce dernier facteur des phénomènes nutritifs intimes n'est pas celui sur lequel la médication résolutive a le moins de prise.

Sans qu'on puisse encore préciser en théorie, comment le médecin agit sur la nutrition par l'intermédiaire du système nerveux, on ne peut oublier que, dans les productions qu'on désigne sous le nom de tumeurs, les nerfs sont absents, et que, dans une expérience célèbre où Schroeder Van der Kolk avait coupé tous les nerfs de la patte d'un chien, puis fracturé les os de cette patte, il a assisté à la formation d'un cal exubérant, se développant sous forme d'une sorte de tumeur fongueuse.

Sans pouvoir encore tirer de cette expérience aucune conclusion rigoureuse,

il est permis de voir une relation entre ces résultats expérimentaux et les phé nomènes opposés que prétend obtenir la méthode résolutive, lorsqu'elle s'adresse aux tissus par l'intermédiaire du système nerveux.

Cet exposé succinct des actes nutritifs et dénutritifs, d'ordre pathologique, qui se passent au sein de l'organisme, permet de comprendre pourquoi les procédés résolutifs dont dispose la thérapeutique, sont, comme nous le disions, variés et complexes; variés, car la résolution peut également s'obtenir en s'opposant à la nutrition et en favorisant la dénutrition; complexes, car c'est souvent simultanément qu'on poursuivra ces deux buts en apparence opposés, mais convergents au même résultat; et c'est toujours en s'adressant à la fois, aux solides et aux liquides, aux éléments anatomiques intéressés, au sang et au système nerveux, à l'état local et à l'état général, qu'on fera de la médication résolutive.

Quelle que soit la variété des situations qui peuvent se présenter, on peut, cependant, tenter une classification des procédés qui ont prise sur l'évolution des tissus et qui peuvent la pousser dans le sens de la résolution. N'aurait-elle d'autre effet que de combattre la croyance empirique aux fondants, cette classification ne serait pas inutile; les résolutifs peuvent se classer ainsi :

1° Résolutifs qui répriment la nutrition des tissus : révulsifs, sédatifs, astringents, antiplastiques, antiphlogistiques, quelques altérants.

2o Résolutifs qui activent la dénutrition des tissus : spoliateurs, excitants, irritants, toniques, altérants.

3o Résolutifs par action physico-chimique.

Le choix de la direction à suivre, pour arriver à produire la résolution, n'est pas arbitraire; on sera guidé tant par la nature que par la période plus ou moins avancée du trouble nutritif et par la considération des diverses indications et contre-indications que nous rencontrerons, chemin faisant. Pour ne parler que des phlegmasies, il est évident que pour obtenir la résolution des inflammations congestives: érythème, érysipèle, catarrhe des muqueuses, inflammations rhumatismales des jointures, etc., l'indication sera favorable aux agents de la première catégorie, tandis que, dans les inflammations hyperplasiques, interstitielles et caséeuses, on aura plus de chances d'arriver au but, en hâtant la dénutrition des tissus.

1° RÉSOLUTIFS QUI RÉPRIMENT LA NUTRITION. Les résolutifs qui tendent à réprimer la nutrition peuvent être appliqués localement ou livrés à l'absorption générale de l'économie. On réunit souvent ces deux modes d'intervention.

Ils ont surtout leur application, ainsi que je l'ai dit plus haut, dans les phlegmasies aiguës, dans les simples fluxions congestives.

Ils tendent à modérer l'éréthisme vasculaire, à anémier localement la partie malade, à lui enlever soit directement, soit par l'intermédiaire de l'organisme tout entier, une partie plus ou moins grande de sucs, à modifier, en les diminuant, les qualités plastiques du sang, enfin, à mettre les tissus dans les conditions précisément opposées à celles qui caractérisent l'augmentation de vitalité organique. Ce sont :

Les révulsifs qui tendent à faire à eux un appel de sang destiné à amoindrir la turgescence de la partie malade (sinapismes, ventouses), ou joignent à cet appel, à cette fluxion dérivative, une véritable spoliation séreuse (vésicatoire) ou purulente (cautère, pommades stibiées).

La révulsion a surtout chance de réussir dans les premières périodes des phleg

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