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sous Luric, dans l'invasion que ce prince fit en Touraine, ainsi que le remarquent, d'après Chalmel, MM. Péan et Charlot. (Voyez Excursions archéologiques, 1re livraison, p. 6).

ÉPOQUE MÉROVINGIENNE ET CARLOVINGIENNE.

Sous les Mérovingiens, le Castrum achanum fut où dut être la demeure d'un Leude; ce fut probablement un poste militaire, puisqu'il était pour ainsi dire la limite des royaumes d'Aquitaine et d'Orléans. Les troupes de Gontran, roi d'Orléans, durent s'en emparer; il est certain au moins qu'ils ravagèrent tout le pays d'alentour. Voici sur cet évènement le récit de Grégoire de Tours: Dans ces conjonctures, le roi Gontran envoya ses comtes pour prendre possession des villes que i Sigebert avait eues autrefois pour sa part dans le royaume de Caribert. Ceux de Tours et de Poitiers voulaient reconnaître Childebert II, pour roi; mais ceux du Berry se préparèrent à attaquer Tours, et ils entrèrent même dans les limites de la Touraine, où ils brulèrent quelques édifices. Ils mirent le feu à l'église de Mareuil, où se trouvaient des reliques de Saint-Martin: l'église entière fut la proie des flammes; mais, par la vertu de Saint-Martin, l'autel et tous les ornements qui le couvraient furent prẻservés. Les habitants de Tours, voyant ce ravage, aimèrent mieux se soumettre pour un temps à Gontran, que d'exposer leur pays à être pillé et saccagė. »

Plus tard, lors des invasions des Normands, le Castrum

(et ceci prouve qu'il était occupé, soit militairement par un poste royal, soit privativement par un leude viager), le château, disons-nous, fut pris par ces aventuriers, en 854, à l'époque où ils brûlèrent le château de Blois (Voyez Depping, Histoire des expéditions des Normands; tom. 1, chapitre V). Les légendaires font un triste tableau des ravages que ces bandes dévastatrices du Nord causèrent dans tout le pays, entre le Cher et la Loire; les calamités qui accablèrent alors les malheureuses populations traquées de toutes parts, furent portées à leur comble.

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Depuis la destruction des Normands, jusqu'à la fondation de la ville, la montagne et le pays d'Agan, dont le nom primitif modifié dans la langue romane, fut dans la suite Agard ou Agarda (1), paraissent avoir été inoccupés, et être devenus un désert, un de ces lieux si communs alors, nommés absi agri, champs incultes (voir Ducange). La montagne et le pays étaient (je dirai ailleurs à quel titre), possédés par l'abbaye de Saint-Martin de Tours, qui envoya des moines pour y bâtir une chapelle et un hermitage.

Saint-Aignan posséda d'abord l'église collégiale; ensuite on y fonda deux institutions destinées au culte ; la chapelle

(1) Montagne d'où l'on jouit d'une vaste étendue.

des Miracles, située et comprise dans les fortifications du château, et deux petites églises, l'une rue des Capucins, dans une maison occupée de nos jours par M. AucœurBigot, l'autre rue du Pont, consacrée à Saint-Laurent; la place et la pompe qui s'y trouvent portent encore le nom du Saint.

Il existait aussi, dans la même rue du Pont, un couvent de Templiers, devenu plus tard une auberge appelée le Lion d'Or: c'était une succursale de la commanderie de Bourré, près Montrichard; des fouilles faites en cet endroit 'il y a peu d'années, ont fourni beaucoup d'ossements. On y a découvert aussi une cave, soutenue par des pilliers d'une architecture rappelant un peu l'architecture de l'église. Lå, sans doute, était le lieu où s'accomplissaient les mystères du Temple. On voit encore à la voùte les crochets qui soutenaient les lampes, et cette même voùte est restée noircie à certains endroits par la fumée qui en provenait.

Deux autres établissements religieux furent fondés par la piété et la charité des fidèles, la chapelle dite Saint-André, à un demi quart de lieue de Saint-Aignan, sur la route de Montrichard, où l'on allait processionnellement tous les ans au mois de mai, faire des prières pour la prospérité des biens de la terre; et la chapelle située à peu près à la même distance de la ville sur la route de Selles-sur-Cher, appelée la Maladrerie de Saint-Lazare: espèce de succursale de l'hôpital, dans lequel étaient admis les incurables et les infortunés affligés de maladies honteuses ou épidémiques.

Saint-Aignan possédait en outre le tribunal destiné à la juridiction seigneuriale: il était situé au-dessus de la halle au blé, au centre de la ville: là, les seigneurs de Donzy, et après eux leurs successeurs de Beauvilliers, rendaient prompte et bonne justice. Ce palais, monument du xive siècle, offrait des fenêtres en ogives d'un beau travail, mais en général l'extérieur et l'intérieur n'avaient rien de remarquable. Ce bâtiment vient d'être démoli presqu'entièrement, pour construire à sa place de nouvelles habitations (1845).

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Le pilori se trouvait anciennement à l'embranchement des rues de la Boucherie et du Four, auprès de la maison tuellement occupée par M. Toutain, épicier; quelques années avant la révolution, il fut transféré, à l'embouchure des rues de Saint-François et de la Raquette, auprès de l'habitation de la dame veuve Demarelles-Lamoureux,

Quant au gibet, l'endroit où il existait porte encore son nom, ou celui des Quatre piliers; il était situé à un quart de lieue de Saint-Aignan, sur la route de Blois; la révolution scule a fait disparaître ce triste monument.

Les couvents des Capucins et des religieuses Bernardines ne furent construits qu'au xvII° siècle, et l'Hospice civil au commencement du xvii, par les ducs de Beauvilliers.

Les rues de la ville offrent plusieurs noms qui peuvent aider à découvrir ce qu'était le lieu où elles sont aujourd'hui: la rue du Ruau, par exemple (Rivolus petit ruisseau), et ainsi des autres. Nous n'insisterons pas davan

tage sur cet objet, laissant ce soin aux archéologues. Au surplus, à ce sujet, et pour plusieurs autres détails intéressants, on peut consulter la Loire historique, par mon ami Touchard-Lafosse, 6 section, pages 812 et suivantes.

On croit superflu de retracer ici les bornes et l'étendue de la ville; il est facile encore aujourd'hui de suivre toutes les anciennes fortifications.

Les portes étaient au nombre de cinq: la porte de SaintFrançois, porte du Vieux-Marché, porte proche l'hôpital, porte Novilliers et celle du Pont, au-dessus de laquelle régnait une large ter terrasse, démolie à l'époque de la révolution. Tegod ob eonor to esports eiots el

Au-delà des fortifications sont deux faubourgs, situés dans les deux parties de l'Orient et du Midi, l'un au bout de la rue des Capucins, allant aboutir à un ruisseau qui sépare Saint-Aignan de la commune de Seigy; l'autre appelé faubourg du Vieux-Marché. Au nord, la ville ne peut s'agrandir à cause de la rivière du Cher qui forme ses limites de ce côté; elle eût pu s'étendre dans la partie du couchant, sur la route de Montrichard; mais toute la longueur du terrain qui s'y trouve formant le parc du château, entouré de murs, il n'y a pas moyen d'y construire des maisons pour les habitants. Reste le côté du couchant, sur la grande route du Blanc, où l'on ne songeait point à s'agrandir à cause de la proximité du cimetière, situé près de cette route aux abords de la ville; mais depuis sa suppression, qui date de 1842, des maisons s'y construisent sans

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