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De Londres, le 18 Décembre 1774. Suite des Refolutions prifes dans le Congrès général affemblé à Philadelphie.

APRE'S avoir mûrement réfléchi aux moyens d'obtenir le redreffement des griefs qui menacent d'une deftruction totale, la vie, la liberté & la propriété des fideles Sujets de Sa Majesté dans l'Amérique Septentrionale, nous n'en avons pas trouvé de plus prompt, de plus efficace, de plus modéré, que d'obferver religieufement une Convention de non. importation, non confommation & non-exportation. En conféquence, nous nous affecions, & nous nous engageons, tant pour nous-mêmes que pour les habitans des Colonies que nous repréfentons, fous les liens facrés de la vertu, de l'honneur, & de l'amour de la Patrie, à ce qui fuit:

1. Palle le Décembre prochain, il ne fera importé dans l'Amérique Angloife, aucune forte de marchandise ou d'effet quelconque provenant de la Grande-Bretagne, de litlande ou de tout autre lieu où ces marchandifes auroient pu être exportées des trois Royaumes. L'importation du the des Indes, de quelque partie du monde qu'il puitle venir, celle de la mélaffe, des fyrops, du caffé provenant des plantations Angloifes ou de la Dominique, & celle des vins de Madere ou des Indes Occidentales, ainsi que de l'indigo étranger, cefferont le même jour.

2. Nous n'importerons ni n'acheterons aucun efclave importé après le 1 Décembre, terme auquel nous en difcontinuerons entierement le commerce, refufant, non feulement de nous y-intéreffer pour nous-mêmes, mais encore de prêter nos Vaifleaux ou de vendre aucune denrée à ceux qui y feront intéreffes.

3. Comme c'est par une Convention de non-confommation ftrictement obfervée, que nous parvien drons à affurer inviolablement l'obfervation de la non-importation, nous prenons également en commun, à fatter du même jour, l'engagement folem nel de ne faire ni achat ni confommation d'aucen the importé pour le compte de la Compagnie des Indes ou chargé de quelqu'impôt. Et paffe le Mars 1775, nous n'acheterons ni ne confommerons aucun thé des Indes quelconque. Perfonne auffi, de quelque condition que ce puiffe être, ne fera ni achat ni ufage d'aucunes marchandifes que nous fommes convenus de ne pas importer, ou que nous foupçonnerions avoir été importées après le 1' Décembre, excepté celles qui nous parviendront felon les regles & les inftructions expofées à l'article 10.

4°. Le defir fincere que nous avons de ne pas léfer nos Concitoyens de la Grande-Bretagne, nous engage à fufpendre la non-exportation jufqu'au 10 Septembre 1775 mais ce terme expiré, fi les actes ou parties d'actes du Parlement Britannique ci après mentionnés, ne font par révoqués, nous n'exporterons ni directement ni indirectement, aucune espece de marchandifes pour la Grande Bretagne, l'Irlande & les Indes Occidentales, excepté du riz pour l'Eu

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marchandise qui ne fçauroit être reçue en Amérique Et s'il arrive que quelque Marchand réfidant dans la Grande-Bretagne ou l'Irlande, ofe embarquer directement ou indirectement, des denrées ou des effe s pour l'Amérique, à deffein de rompre la Convention de non-importation, on commencera par s'affurer du faic; & fa conduite criminelle bien conftatée, on la rendra publique: après quoi nous tenoncerons à toute efpece de liaifon avec lui.

6. Les Proprietaires de Vaiffeaux doaneront à leur Capitaines ou Maitres, des ordres pofitifs, pour qu'ils aient à ne recevoir fur lear bord aucune marchandise prohibée par la Convention de non-importation, fous peine d'être renvoyés fur le chan p.

7°. Nous ferons tout ce qui dépendra de nous pour améliorer la race & pour augmenter le nombre. de nos moutons. On ufera à cet effet, de la plas grande économie dans la confommation qui en leta faite on ménagera fur-tout ceux dont l'espece profite le mieux. On n'en exportera ni pour les Indes Occidentales, ni pour aucun Pays; & les Propriétaires qui en auront en trop grande quantité, ou à qui il fera facile d'en épargner, en diipoferont à un prix modéré en faveur de nos voitins, & fur-tout des pauvres.

8°. Nous encouragerons dans nos différens Départemens, la frugalité, l'économie & l'induftrie; & nous ferons fleurir l'Agriculture, les Arts, & les Manufactures du Pays, fur-tout celles de laines. Nous ferons attentifs à empêcher & à prévenir toute efpece de prodigalité & de diffipation: nous defendrons en conféquence, les courfes de chevaux, les combats de coqs, les fpectacles & autres divertiffemens coûteux. A la mort d'un parent ou d'un ami ; perfonne parmi nous ni dans nos familles, ne portera d'autre figne de deuil, qu'un crêpe ou un ruban noir, que les hommes lieront autour de leur bras ou de leur chapeau, & que les females attacheront à leur col. Aux funérailles, on ne donnera plus ni gands ni écharpes.

9. Les Marchands ne tireront point avantage de la rareté que la préfente Affeciation apportera dans les marchandifes; & ils les vendront au même prix que l'année derniere. S'il s'en trouve qui veuillent hauflr ce prix, ou qui tentent par quelqu'autre moyen de violer la Convention, perfonne, dans aucun temps, ni foas quelque prétexte que ce puifle être, ne pourra commercer avec eux, ni avec leurs Facteurs ou Agens.

10. S'il arrive que quelque Négociant ou autre perfonne importe des marchandifes après le Décembre & avant le 1' Février, ces marchandifes fecont auffi-tôt, ou rembarquées, ou délivrées au Comité du Comté ou de la Ville où elles devoient être importées, pour, aux rifques du Propriétaire, y être gardées jufqu'à ce que la Convention de non-importation ait ceflé ou bien elles feront vendues fous la direction dudit Comité. Les Propriétaires opteront entre ces trois partis. Dans le dernier cas, ils feront rembou.fés du prix de l'achat fur celui de la vente; & s'il fe trouve quelque bénéfice, il fera employé à fecourir les pauvres habitans de la Ville de Bonon. On donnera dans les Papiers publics, une Note des marchandifes ainfi renvovées, gardées ou vendues. S'il en eft im orté après le 1 Fevrier, on les renverra fur le champ, fans ouvrir les ballot.

11. Ceux qui ont droit de fuffrage pour nommer, des Repréfentans à l'Affemblée du Corps Législatif, éliront dans chaque Comté, Cité & Ville, un Comité qui fera chargé de veiller attentivement à ce que perfonne ne s'écarte de la préfente Affociation; & quand quelqu'un aura été convaincu, à la pluralité des voix dudit Comité, d'en avoir violé les con ditions, on fera aussi tôt publier le fait dans les Gazettes, afin que cet Infracteur de nos droits foit généralement connu, & fouverainement méprifé comme ennemi de la liberté Américaine : après quoi nous comprons avec lui tout commerce.

12°. Les Comités de correfpondance dans les Colonies, feront un examen fréquent des Régistres de leurs douanes, & s'informeront réciproquement, de temps à autre, de leur fituation refpective, & de tout ce qui pourra être relatif à la présente Association.

13°. Tous les Manufacturiers du Pays recevront des falaires raisonnables; & l'on ne tirera point avantage à cet égard, de la rareté prochaine des marchan. difes.

14°. Nous nous engageons en outre, à n'entrete nir aucune espece de commerce avec la Colonie ou la Province de l'Amérique Septentrionale, qui refuferoit d'accepter ou qui violeroit par la fuite cette Affociation: nous en regarderons les habitans comme des hommes indignes de jouir de la liberté, & ennemis de celle de leur Pays.

NOUS nous engageons, pour nous & pour nos conftituans, par les liens facrés mentionnés ci-deffus, à observer inviolablement cette Association, jufqu'à ce qu'on ait révoqué les parties des actes paffés depuis la derniere guerre. qui impofent des taxes fur le thé, les vins, les mélaffes, les fyrops, le caffé, le fucre, l'indigo,le papier étranger, les verres & les couleurs importés en Amérique; qui étendent le pouvoir des Cours de l'Amirauté au-delà de fes anciennes limites; qui privent les Sujets Américains du jugement par Jurés, & autorisent les Juges à décharger un Informateur, des dommages auxquels il pourroit être condamné par fes Pairs ; qui exigent des sûretés énormes du Propriétaire d'un vaiffeau ou de marchandifes failies, pour le mettre en pouvoir de les réclamer: & auffi, jufqu'à ce qu'on ait retiré l'acte inti-, tulé, Acte pour affurer les chantiers de Sa Majefté, fes magafins, vaisseaux, munitions & approvifionnemens, par lequel des perfonnes accufées d'avoir commis les fautes qui y font défignées, peuvent être citées devant les Comtés & Bourgs du Royaume; enfin jufqu'à ce que les quatre actes paffés dans la derniere Séance du Parlement, pour bloquer le Port de Bofton, pour altérer la Chartre de la Province de Malfachufett, pour une nouvelle adminiftration de la Jufzice, & pour étendre les limites de la Province de Quebec, aient été également révoqués.

Nous recommandons en dernier lieu, aux Comizés refpectifs des Colonies, d'établir dans leurs conventions, les Réglemens ultérieurs qu'elles jugeront propres à mettre à exécution cette Affociation.

De la Haye, le 9 Décembre 1774. Le Comte de Welderen, Miniftre Plénipotentiaire des Etats Généraux à la Cour de Londres, qui étoit venu ici pour les affaires particulieres, eft reparti an commencement de ce mois. On le croit muni de nouvelles

inftructions touchant les plaintes de cette Cour, fur quelques marchandifes qui ont été fournies aux Colonies Angloifes, par des Négocians de la République.

On a reçu d'Alger, la nouvelle que le 6 Octobre, le Capitaine Evert Bifdom, convoyant le Vaiffeau chargé du préfent ordinaire de la République, étoit arrivé à la Rade de cette Ville; & que le 10, il avoit été préfenté au Dey, qui lui avoit fait l'accueil le plus conforme aux vues de paix & d'harmonie que les Etats Généraux defirent entretenir fur la Méditerranée, & auxquelles ils font le facrifice d'un tribut. On a fçu auffi que leurs préfens pour l'Empereur de Maroc, étoient arrivés à Larrache dès le 16 Septembre. Ces préfens, qu'on avoit embarqués fur la Frégate Frédérique-Sophie, commandée par le fieur d'Abenis, confiftent en une caiffe où il y a un fabre, un poignard & une poudriere d'or enrichis d'émeraudes & de diamans, une bague de brillans, & trois montres garnies de même; une autre caiffe contenant de riches porcelaines ; une autre renfermant des services complets de thé & de caffé; & enfin, du sucre, du thé & d'autres marchandifes.

Toutes les lettres qu'on reçoit de Norwege, de Danemarck, de Suede, de Pologne, & d'ailleurs, annoncent qu'il y a peu d'exemples d'un hiver auffi rude & auffi avancé. La rigueur du froid qu'on éprouve ici depuis le 20 du mois dernier, eft aufsi trèsforte; & il s'y joint par intervalles, des neiges & des orages, qui ont déjà occafionné plufieurs naufrages, & qui interrompent fréquem ment la navigation. Les Paquebots chargés des lettres d'Angleterre, ont manqué trois fois de fuite. A la fin du même mois, les eaux du Vahal & du Rhin s'éleverent fubitement jufqu'à vingt & trente pouces au-deffus da Klokkenflag (la marque des crues); mais les fortes gelées, & les vents favorables à la décharge des eaux, ont fait baiffer promptement ces grands canaux, qui étoient couverts de maffes de glace très-confidérables.

De Rotterdam, le 10 Décembre 1774. Le bruit court ici que le Roi de Maroc a déclaré la guerre aux Etats Généraux, & que les hoftilités commenceront le 1 Janvier prochain. Cette nouvelle, quoiqu'ayant befoin d'être confirmée, a fait hauffer d'un & demi pour 100 les affurances pour le Levant. Ceux qui, en la fuppofant certaine, cherchent à pénétrer les caufes d'une rapture. auffi inattendue, foupçonnent qu'elle a été excitée pour détourner les Hollandois de tout

B

commerce avec les Colonies Angloifes de
l'Amérique.

De Marfeille, le 14 Décembre 1774.
Sidi Afcalan, Sous-Gouverneur de Salé,
chargé par le Roi de Maroc, de remettre de
la part de ce Prince, des lettres au Roi, est
arrivé depuis quelques jours, dans cette
Ville: il le propofe de partir demain pour
Paris.

De Versailles, le 1 Janvier 1775.

Le 4 Décembre, le fieur Guyot, Procureur
Général du Roi en fon Confeil Supérieur de
Corfe, fut préfenté à Sa Majefté, par le
Garde des Sceaux, & à la Reine, par la Com-
teffe de Noailles, fa Dame d'Honneur.

eut

Le 27 du même mois, le fieur Mignon,
Entrepreneur de la Manufacture Royale des
Terres à l'imitation de celles d'Angleterre,
établie à Paris, au Pont-aux-Choux
l'honneur de préfenter au Roi, la Statue pé-
deftre de Sa Majefté, revêtue de fon manteau
Royal *.

De Paris, le Janvier 1775.

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Le 26 du mois dernier, on fit au Château
des Tuileries, dans la Galerie de la Reine,
en préfence des Adminiftrateurs, la diftribu-
tion des Maîtrifes & Apprentiffages, Grands
Prix & Prix de Quartier de l'Ecole Royale
Gratuite de Deflin. Le fieur Bachelier, Di-
recteur, ouvrit la féance par un Difcours; &

* Cette Statue, deffinée & exécutée dans la Ma-
nufacture du fieur Mignon, par le fieur Bridan,
Sculpteur du Roi, & de l'Académie Royale de Pein-
sure & de Sculpture, a huit pieds fept pouces de
haut, y compris fon piédeftal. Elle fait honneur aux
talens de cet Artifte, Auteur du célebre Monument,
repréfentant le Mystere de l'Assomption, qui elt placé
dans la Cathédrale de Chartres.

les Eleves, au nombre de deux cens vingt, rea
çurent les Prix des mains du fieur le Noir,
qui délivra aux fieurs Lallemand & Aigon le
jeune, un Brevet pour fe perfectionner dans la
conftruction des Bâtimens; au fieur Vifterie,
la Maîtrise de Menuifier; au fieur Marchand,
celle de Confifeur ; au fieur Cannette, cellé
de Cifeleur ; & au fieur Boullier, celle d'Or◄
fevre.

Louis Potier de Gefvres, Duc de Trefies,
Pair de France, Lieutenant-Général des Ar-
mées du Roi, Chevalier de fes Ordres,
Gouverneur & Lieutenant-Général pour le
Roi de la Province de l'Ile de France, Gou
verneur & Capitaine du Château & Capitai-
nerie Royale de Monceaux, Lieutenant pour
Sa Majefté du Pays de Caux & Bailliage de
Rouen, Gouverneur particulier des Villes &
Châteaux de Soiffons, Laon & Pont-Aude-
mer, eft mort ici le 28 Décembre, dans la
quatre-vingtieme année de fon âge.

François-Felix Chalut, Docteur de Sor-
bonne, Chanoine de la Sainte Chapelle, &
Abbé Commendataire de l'Abbaye Royale
de Clairmont, Diocèfe du Mans, Ordre de
Citeaux, eft mort en cette Ville le même
jour, âgé de foixante-neuf ans.

Marie-Louife-Hubert, Epaule de Michel,
Marquis de Vaffau, ancien Officier au Régi-
ment des Gardes Françoifes, Capitaine des
Levrettes de la Chambre du Roi, eft morte
ici le même jour, dans fa cinquante-fep-
tieme année.

Charles Obrien, Comte de Thomond,
Vicomte de Clare, Pair du Royaume d'Ir-
laude, & Colonel d'un Régiment Irlandois
de fon nom, eft mort en cette Ville le 19.
âgé de dix-fept ans.

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Oraifon Funebre de Louis XV, prononcée dans l'Eglife des Chanoines Comtes de Saint Pierte de Mâcon, par
Abbé Mefnard, br. in-12. 18 s. Traité des Opérations des Changes, parle fieur Ruelle, vol. in-8°. 8 liv. Odes
nouvelles & patriotiques, par le fieur Gilbert, br. in-8°. 15 f. Lettre à M* ** fur l'Eloge de la Fontaine, par le
fieur D. L H. br. in-8°. 1 liv. Chez Moutard, Libraire de la Reine, Quai des Augustins, La Profpérité du
Commerce, par e fieur de la Croix, Avocat au Parlement, Chez P. G. Simor, Imprimeur du Parlement, tue
Mignon, 16 p. in-4°,

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De Larnaca, le 31 Ottobre 1774.

Les trois Galiotes Ruffo Grecques, qui, le 16 Septembre, enleverent au Capitaine Michellon, fur le Bogas de Damiete, 20, 300 praftres, deftinées à un chargement de fiz pour la France, ont croifé au commencement de ce mois, fur les côtes de cette le, & y ont pillé & brûlé quelques Bâtimens. Elles avoient mouillé auparavant à Seyde & à Barath. L'équipage avoit acheté dans cette derviere Ville, des marchandifes qu'il devoir payer le lendemain; mais s'étant rembarqué dans la nuit même, il eft parti fans s'être acgainé.

limail Aga, Gouverneur de cette Ifle, à qui une Galiore Ruffe enleva au mois de Juin dernier, à la hauteur de Chilindre, quatre cens bourfes qu'il faifoit paffer à la Porte, veut aujourd'hui fe faire indemnifer de cette perte par le Peuple. Mais celui ci, qui peur à peine fournir aux tributs ordinaires, n'eft Duller.ent d'humeur à en furer cette exaction; & l'on appréhende, fi elle a lieu, qu'il n'en résulte quelque déforire. Ce Gouverneur ayant une autre fomme à envoyer à la Porte, n'ofe l'embarquer fur les Tartanes deftinées à en faire le tranfport, de crainte qu'elle ne foit encore enlevée par les Galiotes RuffoGrecques qui croifent dans les mers de Chypre & de Caramanie. Ha en conféquence, prié le Chevalier de Treflemanes, qui com-mande la Frégate Françoife l'Engageante, de tranfporter ce tréfor à Alaya ou à Satalie. Ce Commandant, qui avoit relâché ici le 13 de ce mois, & qui en eft parti le zo, s'eft prêté au defir d'Ifmail Aga, & a embarqué, cet argent, avec l'Alay Bey de l'Ifle, qui Paccompagne à Conftantinople. Il a en même temps pris fous fon efcorte deux Bâtimens

François & un Napolitain, qui partoient pour le Ponant.

De Conftantinople, Le 17 Novembre 1774.

Une Frégate Ruffe arriva il y a quelques jours, dans ce Port, avec trois autres Bâtimens armés en guerre, mais qui paroiffent avoir été des prifes marchandes. L'un de ces Bâtimens, commandé par le fieur Woinowic, doit paffer inceffamment dans la Mer Noire, pour y ramener, dit-on, des Efclaves délivrés, & revenir enfuite ici.

On a avis que l'Efcadre Ruffe de l'Archi-pel, ne s'occupe que de fon départ, & que les Grecs congédiés du fervice de Ruffie, profitant de fon inaction, fe font mis à exercer, comme on l'avoit prévu, le métier de Pirates. Le Chevalier de Vintimille, commandant la Barque la Sardine, en a déjà détruit quelquesuns; & le Capitan Pacha fe difpofe à envoyer des Bâtimens de courfe, pour leur donner la chaffe & rétablir la tranquillité.

Le Ramazan occafionne néceffairement quelques langueurs dans les affaires qui fe trai tent à la Porte: c'eft pourquoi on n'y voie. guères à préfent que les Agens de Ruffie, occupés principalement à réclamer des Efclaves, ce qui fe fait affez paifiblement, malgré le préjudice que plufieurs particuliers en éprou

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Capitaine-Lieutenant Ramshard, arriva ici. le 4 de ce mois, venant de Nibourg. Ces jours derniers, plufieurs Vaiffeaux ont débouqué dans la Mer du Nord, après avoir paflé par le Sund, qui, malgré la rigueur du froid, n'eft pas encore embarraffé par les glaces.

De Vienne, le 17 Décembre 1774. D'après les obfervations qui ont été envoyées ici, par le Comte d'Auerfperg, Gouverneur de Galicie & de Lodomerie, il a été fait quelques changemens dans la direction de ces Provinces. Elles continueront d'être parragées en fix Cercles; mais chacun de ces Cercles, qui, fuivant les premiers arrangemens, étoit fous-divifé en huit & même en dix Diftricts, n'en comprendra plus que trois. Cette réduction, qui diminue beaucoup le nombre des Employés, forme un objet d'épargne affez confidérable pour le Tréfor Impérial.

Quoique Léopol ait toujours été une des principales Villes de la Pologne, elle n'étoit cependant pas encore pavée : elle vient de l'être, par ordre du Gouvernement, qui fe propofe d'y faire les autres embelliffemens convenables dans une Capitale. Il donne les mêmes foins à tout ce qui peut faire fleurir les nouvelles acquifitions. On va en conféquence, réparer les chemins qui conduifent de Léopol à la frontiere de Silefie, & y pratiquer une chauffée large & commode, bordée de foffés, pour faciliter l'écoulement des eaux.

Un violent incendie, arrivé dernierement à Podivin en Moravie, a réduit en cendres l'Hôtel-de-Ville, l'Eglife & cent cinquante Maifons. C'est le troifieme malheur de ce genre que cette petite Ville éprouve depuis très-peu de temps: mais le dominage n'avoit pas encore été auffi confidérable qu'il vient de l'être; & nombre d'habitans fe trouvent ruinés par ce nouvel incendie,

De Madrid, le 6 Décembre 1774.

Le 4 Novembre dernier, jour anniverfaire de la naiffance du Roi, l'Académie d'Equitation de la Ville de Grenade donna, dans le Champ du Triomphe, un magnifique Tournois, fuivi de plufieurs exercices miliraires, qui furent fort applaudis. Après cette fête, il y eut une grande colation, & un bal, auquel assista toute la Nobieffe.

Deux Médecins de la même Ville, Don Jofeph Guillen, & Don Jofeph Cayetano del Caftillo, viennent d'attefter publiquement qu'un enfant de fept à huit ans, qu'ils ont traité d'une petite vérole très-maligne, à la fuite de laquelle fa langue s'eft gangrenée,

au point qu'il a entierement perdu cet organe, ne laiffe pas, malgré cela, de fe faire trèsbien entendre & de parler fort diftinctement. Ces Médecins ajoutent qu'il articule même les fyllabes les plus difficiles à prononcer, & pour lefquelles l'ufage de la langue femble le plus nécessaire.

De Cadix, le 9 Décembre 1774.

Un Navire François, arrivé ici de Mogador le 6 de ce mois, en fix jours de traversée, nous a appris qu'il y avoit encore dans ce Port de Barbarie, quatre petits Bâtimens Efpagno's, qui devoient y charger du maïs & des feves. Nous avons fçu par le même Navire, que Sidy Hazy, un des Fils du Roi de Maroc, faifoit mettre en état de défense, des efpeces de Fortins établis fur trois flots qui couvrent Mogador, & qu'on y tranfportoit des boulets & d'autres munitions de guerre.

De Civita-Vecchia, le 25 Novembre 1774.

La vacance du Saint Siege a fait fufpendre ici toutes fortes d'armemens maritimes; & on ne reprendra celui des Frégates Papales, qu'a près l'élection du nouveau Pontife.

Les équipages du Cardinal de Solis doivent arriver ici inceffamment : comme on n'attend plus que lui au Conclave, il y a lieu d'espérer que, quand il y fera entré, le Sacré College. s'occupera férieufement de cette élection.

L'approche de l'Année Sainte donne lieu à diverfes fpéculations qui vont rendre le commerce floriffant dans ce Port: elle y a attiré un grand nombre de Bâtimens François & Anglois, chargés d'une quantité prodigieufe de morue.

Les tempêtes qu'on a effuyées le mois der-. nier, dans nos parages, ont fait périr quelques Bateaux Pêcheurs, dont un a été englouti avec tous ceux qui le montoient.

De Turin, le 21 Décembre 1774.

Le Baron de Choiseul, Ambassadeur de France en cette Cour, d'où il étoit abfent depuis un an par congé, revint ici Samedi dèrnier, & eut le lendemain, une audience par ticulière de Leurs Majeftés, à qui il remit fes, nouvelles lettres de créance. Il fit enfuite fes révérences aux Princes & aux Princeffes de la Famille Royale.

De la Haye, le 16 Décembre 1774. L'octroi de la Compagnie Hollandoife des Indes Orientales, expiré le 1' Janvier 17552 lorfque Jacob Moffel étoit Gouverneur de Batavia, ayant été renouvellé pour vingt ans il vient d'être queftion d'un fecond renouvellement, que les Directeurs defirent obtenir des Etats Généraux, Des difficultés se font

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