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de Premier Président à la Cour des Comptes, Aides & Finances de Provence.

Le 16 de ce mois, jour de Pâques, Leurs Majeftés, Monfieur, Madame, Monseigneur le Comte d'Artois & Madame Clotilde af fifterent dans la Chapelle du Château, à la Grand Meffe à laquelle l'Evêque de Montpellier officia pontificalement. La Comteffe de Bourdeille fit la quête.

Madame Elifabeth assista à l'Office dans la Tribune du Roi, & Madame la Comteffe d'Artois, ainfi que Madame Adélaïde, Madame Victoire & Madame Sophie y affifterent auffi dans une des travées.

Le lendemain 17, le Roi & la Famille Royale ont figné le contrat de mariage du Baron de la Houze, Chevalier des Ordres Royaux, Militaires & Hofpitaliers de NotreDame du Mont-Carmel & de Saint-Lazare de Jérufalem, Chevalier Honoraire de l'Ordre de Malte, ci-devant Miniftre Plénipotentiaire de Sa Majesté à la Cour de Parme & actuellement réfidant avec le même titre près les Princes & Etats du Cercle de la BaffeSaxe, avec Demoifelle Favre de Schalens.

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Le même jour, la Marquise de Lomefnie eut l'honneur d'être préfentée à Leurs Majef tés & à la Famille Royale par la Comtesse de Brienne.

De Paris, le 21 Avril 1775.

Le Parlement a enregistré le 16 Mars dernier, des, Lettres-Patentes du Roi, en date du 12 Janvier précédent, données en faveur de la Ville Impériale de Reutlingen pour l'exemption du Droit d'Aubaine, &' la liberté du Commerce.

Il paroît deux Arrêts du Confeil d'Etat du Roi le premier, en date du Janvier dernier, avec Lettres-Patentes fur icelui, qui ordonnent que le francfalé des Officiers de la Chambre des Comptes de cette Ville leur fera délivré fuivant l'ancien ufage &*

Ind.

comme auparavant les Arrêts des 24 Février & 18 Juillet 1775. Le second, en date du 2 de-ce mois, fupprime un ouvrage ayant pour titre Théorie du Libelle, ou l'Art de calomnier avec fruit, Dialogue Philofophique pour fervir de Supplément à la Théorie du Paradoxe.

La Chambre des Comptes a rendu un Arrêt en date du 22 Février dernier, concernant les contrats d'échange fairs entre le Roi & divers particuliers, & acquifitions faites par Sa Majefté pour être réunies à fon Domaine, depuis le 19 Décembre 1735 jusqu'au' i Janvier 1771; enfemble des contrats d'échange faits entre le Duc d'Orléans, en qualité de Prince Apanagifte, & divers particuliers, depuis le 16 Août 1748 jufqu'au 1 Janvier 1773.

L'Intendant de la Généralité de Poitou, informé que la maladie des bêtes à cornes pénétroit dans le Périgord & la Saintonge, vient de publier une Ordonnance par laquelle il prend toutes les mesures convenables pour prévenir ce mal, en interdifant les moyens de communication. Il défend même, par une feconde Ordonnance, le débarquement de tous cuirs dans les Ports ou fur les Côtes de fa Généralité, de quelques lieux qu'ils puiffent venir.

Cours complet d'Elocution & d'Ortographe Françoifes chez le fieur de Villencour, ci-devant Profeffeur à la Cour de Baviere, depuis trois heures aprèsmidi jufqu'à fix, rue Bourbon-Château, à l'Hôtel de Suede, près l'Abbaye Saint-Germain.

2

Le feur Bouchaud, de l'Acad. des Infcript. Profeffeur Royal du Droit de la Nature & des Gens' (Chaite nouvellement établie ) reprendrà fes Le çons au College Royal, le Lundi 14 de ce mois, & les continuera les Lundis, Mercredis & Vendredis, à huit heures & demie du matin.

L'Abbé Aubert, Cenfeur Royal, Directeur de la manutention économique de la Gazette de France, Profeffeur Royal en Littérature Françoise ( Chaire nouvellement créée) fera l'ouverture de fon Cours au College Royal, le Mardi 2 de ce mois, par un Difcours fur l'origine de la Langue Françoise dont il fuivra les progrès dans fes Leçons, les Mardis, Jeudis & Samedis, à onze heures.

Nota. Dans la Gazette du 17 de ce mois, N°.18, le Marquis de Montaigu, Député du Comtat d'Avignon; lifez, Député de la Ville d'Avignon.

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Lundi 17 Fête.

Mardi 18

1775. Mercredi 19

CHANCES du 19

Amfterdam. 55

Fête.

1910, 12, 15,

1225

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Londres.... 31 플
Hambourg. 181
Madrid.
Cadix.

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15.1.6

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14. 19.6

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Principes fondamentaux de Fortifications, in-8°. Chez Ruault, Jombert & Esprit. tif, Théologique & Philofophique; par le fieur Paulian. d'un Bon Roi ou Anecdotes de Henri IV. Chez Costard. Remede éprouvé pour le Cancer; par le fieur

a liv. 8 f. -

Dictionnaire PortaTableaux Anglois; par le fieur Berquin; l'Ame Conversation entre une Mere & fa Fille. Chez Pilot, Lefebvre de Saint-Ild... Chez Lambert. 12 f.

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D'Alep, le 12 Janvier 1775..

MEнEMET

EHEMET Pacha, nommé au Gouvernement de cette Ville, pendant qu'il étoit Capiran Pacha de la Mer Noire, y fit fon entrée le 14 Décembre dernier. Le 26, le Conful de France fe rendit à fon audience, ainfi qu'il eft d'ufage, accompagné du Corps de la Nation. Il en fut accueilli avec affabilité. On lui préfenta le caffé & le forbet & on diftribua à chaque François des mouchoirs de foie à bordure d'or. Ce Pacha fe montre avec une Luire plus impofante que fes prédéceffeurs, Il a déji défendu aux Chrétiens de porter le caouk, & leur a ordonné de fe couvrir de bonnets bordé, de laine, de s'ha biller & de fe chauffer en couleur fombre. Les Rayas qui paien: annuellement 3000 piaftres pour avoir la liberté de fe vêtir comine les Turcs, offrent environ 30 bourses pour continuer à jouir de l'ancien privilege. Le Cadi femble vouloir s'oppofer au paiement de cerre Somme.

Le Pacha a reçu fa confirmation dans le Gouvernement de cette Echelle, le 2 de ce mois. Les Confuls fe bornent en certe octafion, à des complimens de félicitation pat Jeurs Drogmans. Ce Commandant a fait afTurer aujourd'hui les Confuls que ceux qui Jeur font arrachés, ainfi qu'aux magafins des Négocians Européens, ne font point affujettisa Ja défenfe qu'il a faite de porter le caouk & à l'ordre qu'il a donné de changer d'habillement.

De Warfovie, le 24 Mars 1775.

La rentrée de la Diete n'a rien eu de remarquable: la feffion a été renvoyée au 27, fur ce que le Maréchal & le Prédent de la Délégation avoient demandé quelques jours

pour mettre en ordre les Conftitutions qui y ont été arrêtées, afin de pouvoir en faire la lecture. Tout jufques-là refte fufpendu.

Le Maréchal Poninski a été le feul à qui la Délégation ait accordé une penfion de cent mille florins. Il a encore été récompensé par le titre de Prince, par un don de 40 milie florins, par la charge de Grand Tréforier qui rapporte 120 mille florins par an, & par une Commanderie de l'Ordre de Malte de 40 mille florins de rente, rendue héréditaire dans La famille.

On affure qu'actuellement il y a dans le Grand Duche de Lithuanie à peu près vingt mille Rules.

Le Corps d'armée que Sa Majesté PrufGenne a dans les Provinces de la Prufle & qu'on fait monter à trente fix mille cinq cens hommes, doit, à l'exception du Régiment qui eft auprès de Dantzick, fe trouver le 6 Juin près de Graudentz (Ville du Palatinat de Culm dans la Pruffe Polonoife), pour y paffer la revue du Roi.

Des lettres récentes des Frontieres de Podolie portent que la Garnifon Ruffle de Choczim en étoit fortie le 10 de ce mois, & avoit remis cette Place aux Turcs qui y étoient entrés au nombre de deux ceps foixante-dix hommes feulement, commandés par un Aga. De leur côté, les Turcs ont remis Kinbura aux Troupes Ruffes.

De Copenhague, le 4 Avril 1775. D'après le travail de la Commiffion Royale chargée de répartir la taxe pour le logement des Troupes, cette Ville fupporte 10, 000 écus de moins que les années précédentes; & n'eft plus taxée fur cet objet qu'à 35,000 écus.

Un Officier Danois a été commis à Worms,

pour y infpecter les enrôlemens que ce Gouvernement eft dans l'usage de faire chez l'Etranger.

On effuya ici, les 28 & 29 Mars, une tem pête fi violente qu'on craint bien qu'elle n'ait caufé de grands dommages à la navigation. Elle a difperfé près de quarante Vaiffeaux qui étoient à l'ancre dans le Sund, & dont on n'a pas encore de nouvelles détaillées. Plufieurs ont péri fur les Côtes de Suede, & quelques-uns corps & bien.

De Berlin, le 25 Mars 1775.

Le fieur de Swieten a reçu plufieurs Couriers de fa Cour qui ont donné lieu à de fréquentes conférences entre ce Miniftre & les fieurs de Finckeftein, & de Hortzberg. Celuici à fon retour de Porfdam a expédié un de ces Couriers pour Mofcou.

Par le Traité de Commerce conclu entre le Roi de Pruffe & la République de Pologne, ou a ftipulé la diminution de moitié des droits d'entrée & de fortie en Pologne, qui font réduits à 2 pour 100. Celui de tranfit a été aussi modifié à la même taxe, pour les objets fabriqués dans les deux Etats refpectifs. Une claufe affujettit aux anniennes fixations tous les objets néceffaires aux fabrications des Etats du Roi de Pruffe.

Les Dantzickois, étrangers aux deux Nations, feront obligés de payer à l'une & à l'autre des droits plus confidérables.

Le Comte de Noftiz vient d'être nommé Miniftre Plénipotentiaire de Sa Majesté à la Cour de Suede, à la place du Comte de Doen· hoff.

De Drefde, le 2 Avril 1775.

Les fuites de la derniere guerre avoient mis la Saxe dans l'impoffibilité de former dans fon fein une Compagnie pour l'exploitation d'une mine d'argent, appellée le Palinbaum, & qu'on croyoit avec fondement une des meilleures de l'Ertzeburge, où fe trouvent les riches mines de Freyberg. Ceux qui étoient à la tête de l'entreprife, appeilerent des Hollandois à leur fecours il y a quelques années. L'affociation fut faite moyennant les fonds confidérables que fournirent les nouveaux intéreffés, & le fuccès a répondu à leur attente. Depuis deux ans que cette exploitation eft en 'activité, elle a rendu aux bailleurs de fonds & aux intéreflés un quart de leur premiere mife. On croit que les années fuivantes apporteront des bénéfices encore plus forts, &

qu'en moins de cinq ans tous les fonds feront

rentrés.

On fçait que l'Electeur retire le dixieme net de tout le métal que produifent les mines. Ce dixieme a produit cette année environ 280, ooo liv. de France. Les neuf autres dixiemes font partagés entre les actionnaires, les frais de l'exploitation prélevés. On estime que les mines de Saxe, depuis leur découverte, one produit environ 343, 000, 000 liv.

De Madrid, le 4 Avril 1775.

Les Maures étant fortis de leur Camp devant Mélille, & ayant arboré le drapeau blanc le 16 Mars à deux heures après-midi, on laiffa en conféquence approcher des murs de la Place un Alcaïde qui annonça la levée du liege, & qui demanda que Sidi Hamet Elgazel, Ambaffadeur à la Cour d'Espagne, lors de la conclufion de la derniere paix, pût conférer avec le Commandant Général.

Don Juan de Scherlock répondit qu'Elgazel pouvoit venir, & bientôt il parut, accom pagné de deux autres Officiers Maures, qui donnercat, comme lui, en approchant, les marques d'un refpect & d'une foumithon peu

ordinaires à cette Nation.

Il demanda la permiffion de parler, qu'il obtint, & après un long préambule, où il s'efforça de juftifier fon Maître fur la guerre préfente, il dit:

Que tant que le regne de Charles III dureroit aucun Espagnol ne feroit efclave dans les Etats de Maroc; que Mulei Maimon defiroit entretenir une bonne amitié, établit une union folide & un commerce libre entre les deux Nations, fous des con ditions encore plus avantageufes que celles du Traité précédent; qu'il enverroit à Malaga un Sujet de confiance pour entrer en négociation, priant Sa Majefté de vouloir bien envoyer à Tanger un Conmitfaire pour le même objet; que pour preuve de la fincérité de fes intentions, il faifoit lever entierement le fiege & donnoit fa parole qu'il n'y aurçit aucun coup tiré, ni aucune hoftilité commife de la pare des Troupes qu'on appercevoit encore fous la Place; enfin, qu'il demandoit au Commandant une teve jufqu'à la ratification de la paix.

Don Juan Sherlock répondit fuccinctement & militairement qu'il n'avoit point de pouvoirs pour condefcendre à cette priere, non plus que pour ceffer de tirer fur les Maures, tant qu'ils le tiendroient à la portée du canon de la Place, qu'ils continueroient leurs tra vaux, ou en entreprendroient de nouveaux.

Elgazel fe retira en promettant d'apporter le lendemain des lettres pour Sa Majesté. Le 17 au matin, un Corps nombreux d'In

fanterie fe mit en marche emmenant dans fon centre le train d'artillerie qu'on porta au camp de Mulei Maimon qui reftoit encore dans les lignes derriere le Fort Santiago. Les ennemis Le préfenterent fans armes dans leurs tranchées, & le feu de notre artillerie y contint ceux qui cherchoient à en fortir.

On publia un Ban par lequel il étoit défenda, fous peine de la vie, non-feulement de tirer coutre la Place, mais même d'approcher des tranchées avec quelqu'efpece d'armes que ce fût. En conféquence, on obferva le plus profond filence pendant le refte du jour & pendant

toute la nuit.

Le 18, à une heute après-midi, Hamet Elgazel, accompagné de l'Alcaïde & de deux Officiers, tous fans armes, revint dans la Place & remit au Commandant Général qui Le rendit à la porte avec le Gouverneur, une Lettre pour le Marquis de Grimaldi en lui déclarant qu'il en attendroit la réponse à Tanger. Il répéta ce qu'il avoit dit deux jours auparavant, fur le defir qu'avoit fou Maître d'une paix entiere & folide, il promit la prompte deftruction de tous les Ouvrages qui avoient été faits pour le fiege; mais Don Juan Sherlock, fans fe défifter en rien de fa premiere réponse, demanda que l'on contînt les Maures dans des limites convenables pour n'être point expofes au feu de la Place. Elgazel promit tout & le retira plein de fatisfaction & de joie.

Auffi-tôt Don Juan Sherlock envoya à la Cour le détail précédent par Don Juan Roca, Sergent Major du Régiment d'Infanterie de la Princeffe, dontS. M. l'a fait Colonel. En même temps il fit rendre compte au Roi, par l'organe du Comte de Ricla, du zele, de la valeur, de la conftance des troupes & de ceux qui les commandoient, & fur tout des talens & de la capacité de Don Juan Caballero, Commandant des Ingénieurs, de Don Vicente Garemi, Chef de l'Artillerie, & du courage & de l'intelligence du Gouverneur Don Jofeph Carrion que Sa Majesté a fait Brigadier de fes Armées.

Ce généreux Commandant n'avoit, oublié que les propres fervices dans le compte qu'il

avoit rendu au Roi de la valeur & de l'intrépidité de les troupes; mais la voix générale de la Nation avoit fuppléé à fa modestie, &

le Roi l'a nommé Lieutenant Général de les Armées. C'eft à ces promotions que s'eft bornée jufqu'à préfent la reconnoiffance du Monarque. On voit par le journal du fiege envoyé à la Cour, que la glorieufe défenfe de Mélille

a coûté la vie à quatre-vingt-quatorze hommes, & qu'il y en a eu cinq cens foixantequatorze bleffés.

Voici la Traduction de la Lettre d'Elgazel au Marquis de Grimaldi, Premier Secrétaire d'Etat, & la Réponse noble & ferme de ce dernier. Les deux Nations y font bien caractérifées.

Lettre de Hamet Elgazel à Son Excellence, &c. Je me réjouis de ce que Son Excellence & le Roi fon Maître ont fanté & profpérité. Lorsque j'ai reçu la Lettre de Votre Excellence, je l'ai lue avec d'autres au Roi mon Maitre qui en entendit le contenu avec beaucoup de plaifir par rapport aux fentimens d'amitié &à la fagefe dont elle et remplie, & auffi-tôt il a fait lever le liege de Mélille & fufpendre le feu en fai fant mille eloges de ce Monarque & en difant que tant que le Roi Charles vivre it, il ne fouffriroirjamais qu'il y eût aucun Efpagnol efclave dans les Etats, parce qu'il fe déclare le véritable ami de ce Prince en paix & en guerre. Il et feulement très-fâché qu'en dife de lui qu'il a violé le Traité de paix fans motif, & cette circonstance a fuffi pour qu'il levâr le Gege de Mélille. Il demande que la divifion qui fubfi.te entre notre Cour & la votre soit décidée ju ridiquement en donnant raison à qui elle appartient, A cet effet, je me rendrai à Tanger de la part de mon Souverain, pour affifter à la conference dans laquelle les Miniftres des deux Cours jugeront la difpute, afin qu'il y ait paix & bonne harmonie entre les deux Rois, fans préjudice de leurs droits.

Auffi-tôt que le Roi mon Maître a eu levé le fiege de Mélille, je me fuis rendu à la Place & j'ai vu le Gouverneur & les autres Officiers qui fe font réjouis de me voir, particulierement lorfque je leur ai montré la Lettre de Votre Excellence, & les ai afflurés que mon Prince étoit en paix avec le leur & qu'ils étoient tous deux amis. Je me mets en marche pour Tanger qui eft le lieu le plus voilin d'Espagne, & nous y traiterons avec vous de cette affaire. Quanc au Bâtiment venant de Cadix & qui, par le mau-, vais temps, a relâché à Larrache, j'ait déjà dit à Votre Excellence que le Roi mon Maître avoit donné des or dres pour qu'il y fût ragréé & qu'on le laifsåt aller à fa destination avec fa cargaifon.

Lorfque j'ai occafion de parler du Roi Maître de Votre Excellence, c'eft pour moi une finguliere fatisfaction d'entendre les louanges que lui donne mon Maître, ce qui eft fans doute un effet de la bonne conduite & de la prudence des fages Ministres des Rois qui doivent faire le bonheur de leurs Erats, & je tefte, comme toujours, l'intime & fidele ami de' Votre Excellence. Le 15 jour du mois de Moharam de l'année de l'hégire 1189 (19 Mars 1775 ). Hamet Elgazel.

Le Roi a ordonné au Marquis de Grimaldi de répondre à Hamet Elgazel, ce qu'il a fait avec dignité dans les termes fuivans:

Le Commandant Général de la Place de Mélille m'a adreffe une Lettre de vous, du 19 Mars, dont le contenu m'a caufé la plus grande surprise. Après, m'avoir accufé la réception d'une autre Lettre de moi en termes fi équivoques qu'ils en rendroient la te

neur doureuse, vous me faites part de la réfolution que vient de prendre le Roi votre Maître, de fufpendre toute hoftilité contre la Nation Espagnole, en propofant en même temps de faire trouver dans un lieu convenable, des Commiffaires nominés par les deux Souverains pour arranger les différends qui fubfiftent, & établir de nouveau la paix. Vous n'ignorez pas que dans madite Lettre, bien loin qu'il fe trouve aucune expreffion dont on puife tirer l'in duction même la plus éloignée pour la paix; il n'y est question que de guerre abfolument: fon contenu fe réduijant a ratifier tout ce qui du côté de l'Espagne avoie été dir dans la Déclaration de Guerre au fujet de quoi je vous affurois qu'elle devoit être entendue comme guerre générale par mer & par terre. Et quoiqu'enfuite, relativement à la générofité dont le Roi de Maroc avoit ufé à l'égard de onze captifs Efpagnols, je vous aie dit auffi qué le Roi mon Souverain traiteroit toujours avec bonté les malheureux qui éprouveroient un fort pareil fur les Côtes de fes Etats, il paroit qu'on ne pouvoit rien inférer de ces expreffions pour la fufpenfion du fiège de Méiille, comme vous le donnez à entendre.

Dans cet état dés, chofes, & comme le Roi mon Maître n'ignore pas les motifs que le Roi de Maroc peut avoir aujourd'hui pour folliciter la réconciliation, je dois vous déclarer qu'un Monarque auf grand & qui a autant de principes que le Roi d'Espagne, n'entreprend jamais de guerre avec aucunes Puiffances fans les caufes les plus graves, telles que font fa propre gloire & la défense de ses Sujets. Que dans le differend actuel, le Roi de Maroc a été l'aggreffeur en rompant un Traité folemnel de paix, en affiégeant tout à coup des Places Espagnoles dans le Territoire de l'Afrique, & en annonçant qu'il pro céderoit de même à l'égard des autres; que les notifs für lefquels il fonde aujourd'hui de pareils procédés ferviroient en tout temps de prétextes faciles pour. recommencer les hoftilités, dès qu'il a fuppofé une fois qu'il y eft autorifé par la Loi des Mutulmans quoiqu'on connoifle d'un autre côté le fcrupule avec Tequel la Cour Ottomane observe fes Traités avec fes Princes Chrétiens. Qu'après qu'il s'eft pask des chofes femblables, Sa Majellé ne remettra point l'épée dans le fourreau qu'auparavant on ne lui ait fait la fatisfaction complette qu'exige l'honneur de fa Souveraineté & des armes Efpagnoles; qu'enfin le Roi ne pourra jamais écouter aucuné propofuion, fans qu'avant tout, & formellement, on ne donne dés sûretés qui garantissent pour toujours à la domi nation Efpagno e les stipulations à Faire, en prévenant dans les termes les plus folemaels toute infraction ou interprétation arbitraire.

A l'égard de l'affection particuliere que le Roi de Maroc porte au Roi mon Maître, je puis vous affuser que, comme il n'exité point de rancune entre les: Souverains, Sa Majesté eftimera toujours les hau-, tes qualités du Roi de Maroc.

Je fuis fenfible, comme je le dois, aux marques d'amitié que vous voulez bien me donner. A Aranjuez, le 31 Mars 1775. Le Marquis de Grimaldi.

Le Gouve neur du Préfide du Peñon a auffi donné avis que les Maures qui l'affiég-oient avoient arboré l'étendard de la paix le 18 Mars au foir, & que la Place y ayant répondu,

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De Cadix, le 28 Mars 1775.

La Frégate de guerre Efpagnole l'Industrie, deftinée pour Carragene de l'Amérique Mé fidionale, où elle doit tranfporter des effets & des munitions pour le compte du Roi, appa reilla le 24 du courant, ayant fous fon escorte fix Bâtimens marchands de fa Nation, dont quatre deftinés pour la Havane avec des comettibles & quelques marchandifes, un pour Buenos-Ayres avec du fel, & quelques marchandifes, & le dernier pour la Vera-Cruz avec un chargement de vin & d'eau de vie.

On continue les préparatifs du grand ar mement qu'on croit deftiné contre les Mau res. Peut-être la levée du frège de Mélille, dont on apprit hier la nouvelle tera-t'elle fufpendre cet armement.

De Barcelonne, le 30 Mars 1775. La Frégate Maltoile la Notre-Dame du Pilar a mouillé en cette rade le 25 de ce mois, & a fait voile trois jours après, pour Valence, où elle va prendre, comme elle a fait ici, les refponfions annuelles.

Il eft-arrivé ici aujourd'hui de Gibraltar une Fregate Angloife de trente-deux canons, aur ordres du Capitaine Wilkinson, qui porte, à ce qu'on dit, des lettres au Conful de fa Nation.

De Naples, le 25 Mars 1775. Leurs Majeftes fe rendi ent hier à la courfe de chevaux qui fe fait annuellement tous les Vendredis de Mars, au pont de la Madeleine. Le Roi étoit dans une caleche qu'il conuuifoit lai même. Cette voiture étoit fuivie de cinq autres où étoient fes Gentilshommes & les Dames de la Reine. Leurs Majeftés ont dîné aujourd'hui à la Chartreufe de Saint Martin, & font retournées enfuite à Portici

Le

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