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AVIS DU TRADUCTEUR.

Nous avons cru qu'il seroit curieux de voir de quelle manière un anglais raconteroit les premiers évènements qui concernent notre plus belle colonie. Il est quelquefois bon que nous entendions un ennemi dans notre propre cause. D'ailleurs, M. Edouard Bryand, qui a été témoin d'une partie de ces 'évènements, nous apprend différentes particularités que nous ne connoissions pas en France; et, comme il est de notre devoir d'être justes, nous avouerons qu'en général il est plus modéré et plus impartial que n'ont coutume de se montrer ses compatriotes, quand il s'agit de nous ou de nos affaires. Il y a eu dans tous les temps, et il y a maintenant plus que jamais dans le cœur anglais une haine active contre la France et ses habitants; cette haine s'est manifestée dans les écrits comme dans les actions : c'est un mal national; et en général l'Anglais, dans son triste égoïsme, croiroit se montrer mauvais patriote s'il n'ex

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AVIS DU TRADUCTEUR.

primoit pas ses mauvaises dispositions pour tous les autres peuples.

M. Bryand, malgré sa modération, ne pouvoit pas échapper entièrement à cette contagion du pays: il se montre quelquefois trèsbon anglais, c'est-à-dire injuste à notre égard; il nous traite avec hauteur, ou nous suppose des sentiments que nous n'avons jamais eus. En lui faisant parler le langage français, nous n'avons pas cru devoir changer ses opinions ou modifier ses: préventions; nous le montrons tel qu'il est: seulement, nous nous sommes permis de joindre au texte quelques notes qui indiquent ses injustices on détruisent ses imputations. En devenant son interprête, nous ne voulions pas que l'on crût que

nous partagions ses sentiments.

DE L'AUTEUR.

Dis que j'eus publié l'Histoire des Colonies Britanniques des Indes occidentales, je formai le dessein de rassembler un compte général des établissements faits par toutes les nations de l'Europe dans cette partie du nouvel hémisphère, et surtout par les Français, dont les possessions, sans contredit, sont les plus précieuses et les plus productives de tout l'Archipel. Cette idée m'engagea à revoir les matériaux que j'avois recueillis sur leur principale colonie de Saint-Domingue, ne doutant pas que je ne me procurasse facilement des détails sur l'état, la population et la culture de chacune d'elles, qui me mettroient dans le cas de remplir mon dessein avec honneur pour moi-même, et satisfaction pour le public. Je suis fâché de dire que, jusqu'ici,

je me suis vu trompé dans cette attente. En conséquence, la publication présente se borne absolument à SaintDomingue. Ayant visité personnellement cette malheureuse contrée sitôt après la révolte des nègres, en 1791, et formé des liaisons qui n'ont point cessé depuis de me fournir des renseignements, je me trouve possesseur d'une masse de documents importants. Le motif qui m'y fit aller est de peu de conséquence pour le public; mais les circonstances qui occasionnèrent le voyage, la réception que je reçus, et la situation où je trouvai les malheureux habitants, ne peuvent manquer d'intéresser le lecteur. Je me flatte qu'un court détail de ces particularités donnera de l'authencité à mes travaux, et qu'on ne le regardera pas comme une introduction déplacée à mon livre.

Au mois de septembre 1791, étant dans une ville espagnole de la Jamaïque, deux Français qui arrivoient de Saint-Domingue vinrent me trouver, et

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