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Au bout du dortoir, le bâtiment de l'infirmerie forme une seconde équerre; il y a douze chambres et six cabinets; au milieu du bâtiment est une jolie chapelle pour les infirmes et pour les vieillards. Sous les corridors de l'infirmerie sont deux salles qui servent à la cuisine et à l'apothicairerie, avec le réfectoire des malades et 2 appartemens. Tout ce bas est voûtė.

Le quartier des hôtes donne en deux corridors 22 chambres et 2 cabinets. Sous l'hôtellerie est un grand cellier voûté. Au bout de l'hôtellerie, un pavillon fournit le logement du procureur, du cellérier et du dépositaire; il y a dans ce quartier plusieurs petites chambres pour les domestiques, mais qui ne sont point occupées. Cette aile de bâtiment qui donne sur la cour d'entrée est plus ancienne que le reste de la maison.

La bibliothèque avec son cabinet occupe toute la longueur de ce côté du cloître. Les trois autres côtés du cloître sont couverts en plomb.

Dans une cour devant le dortoir et l'infirmerie est un bâtiment tout neuf en pierres de taille qui sert de bûchers. Dans la cour d'entrée est une grosse tour séparée de l'église dans laquelle il y a quatre grosses cloches d'un parfait accord, qui peuvent peser 24 000 livres.

Le logis abbatial fut fini d'être bâti en neuf et en belles pierres de taille en 1735.

Eglise.

L'église qui est couverte en plomb est un des plus beaux monuments qu'ait produit le 13° siècle, tant pour son architecture que pour la diversité des marbres dont elle est ornée. Le chœur qui est en entier pavé de marbre blanc et noir, mérite d'être distingué. Huit colonnes de marbre de onze pieds de haut soutiennent un superbe baldaquin au dessus de l'autel. L'extérieur du jubé du côté de la nef est orné de marbres des plus beaux et des plus rares d'Italie; il est décoré de deux colonnes de marbre et de quatre pilastres de jaspe dont les bases sont de marbre blanc et leurs chapiteaux de pierres blanches choisies. Le tout suivant les proportions de l'ordre composite, excepté la frise qui est triglifée de marbre blanc varié. Les métopes sont de marbre jaspe sur lesquelles sont appuyées les figures de plusieurs pièces qui servoient au temple de Salomon.

La nef, trop petite pour en porter le nom ne consiste qu'en deux arcades. Autour du choeur sont onze chapelles décorées de beau marbre. En sortant de l'église, au bas du grand escalier qui monte au dortoir, est le chapitre où l'on voit plusieurs tombeaux de différents abbés, seigneurs et bienfaiteurs. On y distingue surtout le tombeau du Bienheureux Herlouin fondateur et premier abbé de cette maison. Ce tombeau est d'un très beau marbre blanc

soutenu par six petits pilastres de marbre jaspe d'un pied et demi de haut. On a gravé sur cette tombe une épitaphe en prose quarrée. Le chapitre est voûté et fort ancien. On y voit plusieurs mauvais tableaux.

ΧΧΧ

EXHUMATION DU CORPS D'HERLUIN

Registre des actes de Baptêmes, mariages et sépultures de la paroisse du Bec-hellouin, pour l'année mil sept cent quatre-vingt-douze. (Archives municipales du Bec-Hellouin.)

L'an mil sept cent quatre-vingt-douze, quatrième de la liberté et premier de la République française, le dimanche quatorze octobre, à deux heures après-midi, on a célébré dans cette paroisse la translation du corps du bienheureux Hellouin, premier fondateur et premier abbé de la cy-devant abbaye du Bec.

On a transporté le même jour, de l'abbaye dans l'église paroissialle une croix richement ornée d'un grand nombre de reliques connues, avec deux autres reliquaires en forme de pyramides, couverts d'une feuille simple d'argent, et deux autres reliquaires de bois d'ébène couverts de cuivre doré.

Le bienheureux Hellouin naquit en Normandie l'an de N. S. 992. Son père se nommait Ansgot, seigneur normand, et sa mère Héloïse, descendante des comtes de Flandre.

En l'année 1034, après avoir vécu et servi la patrie environ pendant 40 ans, à la cour de Gilbert, comte de Brionne, il fonda le monastère du Bec. Il y mourut en odeur de sainteté le 26 août 1078 et fut inhumé avec pompe et religieuse cérémonie, dans le chapitre du monastère, en un tombeau de pierre brutte, d'une pesanteur considérable, avec sa crosse de bois, ses brodequins et ses ornements sacerdotaux.

En 1707, six cent trente années après sa mort, on ouvrit son tombeau, comme il appert d'un procès-verbal du cinquième jour de juillet 1707, cy-joint, qui constate qu'on a trouvé à cette époque son squelette tout entier sans la moindre marque de corruption, ni dérengement d'aucun os, sa crosse intacte à sa gauche et ses brodequins seulement décousus; lequel procès-verbal nous a été remis aux mains par le ci-devant Prieur.

Dans le mois d'août dernier, le citoyen Marette, curé de la paroisse, sachant que l'abbaye du Bec, en vertu d'un décret de la seconde Législature Nationale, devoit être évacuée par les religieux

qui l'habitoient, présenta une requête au Directoire du département de l'Eure aux fins d'être authorisé à transporter dans son église le corps et le tombeau du bienheureux Hellouin qui reposoient dans le chapitre de l'abbaye, avec partie des reliques les moins précieuses et ornements qui décoroient l'autel de l'église de l'abbaye dans les jours des grandes fêtes.

Les Membres du directoire du département de l'Eure s'étant fait un devoir d'accorder au curé toutes ses demandes fondées sur ce que les précieux dépôts restants dans une église supprimée, ils seroient privés du culte qu'on leur doit et qu'on leur rend, il se fit authoriser par la Municipalité du Bec et assister par les frères de la Charité qui ont bien voulu contribuer aux frais et faire travailler à cette exhumation.

On ne parvint que le samedi 13 du présent mois, après beaucoup de travail et de fatigues, à tirer ce tombeau du sein de la terre où il étoit renfermé et couvert de sa tombe de marbre soutenuë de quatre petits pilastres, aussi de marbre, tels quils sont dans l'église paroissiale vis à vis des fonts baptismaux. La difficulté du transport à raison de la pesanteur énorme du tombeau et la pluie qui duroit depuis un mois détermina le Curé à faire traîner le même jour samedi ce tombeau, à force de bras, depuis le chapitre de l'abbaye jusqu'à son église, où il arriva à 5 heures du soir, et fut placé dans l'endroit à ce destiné, orné décemment et environné de cierges, et y demeura exposé à la vénération des fidèles pendant toutte la journée suivante.

Pour exciter de plus en plus la foy et la piété des fidèles; on découvrit le dessus de sa tombe, et une foule innombrable de citoyens en rendant les hommages dues à sa sainteté et à ses vertus fut témoin qu'il étoit encore dans le mesme état et la même situation où on l'avait trouvé en 1707. Il demeura ainsi exposé, couvert seulement d'un simple voile, depuis le samedi au soir jusqu'au dimanche après la cérémonie.

Tous les curés circonvoisins avaient été priés d'assister à cette pieuse cérémonie, mais la circonstance du dimanche et plus encore la continuité du mauvais temps les empêchèrent de s'y rendre. Il ne s'y trouva que les curés de Saint-Thaurin des Yfs et du BosRobert, avec le citoyen Govart, ci-devant procureur de l'abbaye du Bec. Ce même dimanche, à deux heures après midi, quoyque la pluie tombât en verse, le clergé partit processionnellement pour l'abbaye, accompagné du citoyen Ansoult, commissaire du Directoire du District de Bernay, des officiers municipaux du Bec, en écharpes, des Frères et Soeurs de la Charité et de Sainte Barbe avec torches et cierges. Le curé de Saint-Thaurin des Yfs marchait sous le dais en surplis, étole et chape, accompagné des enfans de chœur en tunique, et du curé de la paroisse aussi en étole, suivi d'un grand concours de peuple. Parvenus à l'abbaye, ils trou

vèrent la croix et les reliquaires, dont est fait mention ci-dessus, sur le grand autel. Après avoir chanté le Veni Creator et quelque antienne en l'honneur des Saintes Reliques, le curé de SaintThaurin donna la bénédiction au peuple avec la croix, après quoy le curé du Bec donna à deux enfans de choeur chacun un reliquaire à porter, et se chargea des deux pyramides qu'il porta luy-mesme, et la procession revint à l'église paroissialle dans le même ordre qu'elle en étoit allé à l'abbaye, au son des cloches. Arrivé à la paroisse, on déposa les reliques sur l'autel, le curé monta en chaire et prononça une courte mais pathétique exhortation analogue aux circonstances, après quoy on chanta solennellement vêpres et complies. Pendant le Magnificat, le célébrant encensa la croix, les reliques, les autels, et fut aussi rendre les mêmes honneurs au corps du bienheureux Hellouin toujours découvert dans sa tombe.

Après complies, on chanta le salut, on donna la bénédiction avec la croix, on entonna le Te Deum pendant lequel on fut au tombeau du bienheureux Hellouin, et à la fin, après l'avoir encensé, chanté quelque antienne et oraison, et l'avoir invoqué comme un puissant intercesseur auprès de Jésus-Christ, on le couvrit d'une chasuble et après avoir été recouvert du dessus de sa tombe, on remit dessus la terre qu'on avait enlevée vis-à-vis des fonts et maçonné la tombe dont il étoit décoré à l'abbaye, de sorte qu'il est icy comme on l'a vu depuis viron cents ans au chapitre de l'abbaye.

Fait et certifié véritable par nous prêtre, curé de ce lieu, soussigné, ledit jour et an que dessus.

MARETTE, curé du Bec.

XXXI

ÉTAT DES MEUBLES, EFFETS ET USTANCILES DE CUIVRE

Provenant des églises supprimées qui étoient employés au service du culte, adressés à Bernay pour être envoyés à Rouen. (Archives de l'Eure, Domaines nationaux.)

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Le tout fut envoyé a Bernay, et remis à la monnaie de Rouen le

7 février 1793.

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