Page images
PDF
EPUB

«Les extencilles qu'il convient avoir à un religieux pour son an de probation :

:

« Un coffre fermant à clef. Une tasse d'argent poesant un marc. Une cueiller d'argent poesant une once. Un madre. Vingt quatre aulnes de drap blanc pour faire les habits, assavoir deux frocs et deux colles, troys robbes, l'une fourrée, l'aultre doublée et l'autre simple; une jacquette doublée; deux chapperons de coustume fourrez; deux paires de chausses blanches; deux paires d'escalpins; six aulnes de doubleure blanche; une barrette blanche doublée. Un mathenas 1. Deux langets. Un traversain; un grand espaulier; deux oreilliers; une couverture vermeille; un loudier; troys paires de draps à lict de deux toilles; troys paires de toile et demye; six coevre-chefs; douze moucheurs; deux douzaines de serviettes de double œuvre, et deux douzaines de toille commune; six nappes; troys doubliers. Dix aulnes de toille pour faire des familières. Deux bonnets noirs ronds, et un pour la nuyct. Deux ceintures de cuir noir. Ungs cousteaux fournis. Unes tablettes à escripre avec un greffe d'argent. Un estuy fourny de pignes avec un myroir d'ivoire. Deux chandeliers de cuivre. Vingt aulnes d'estamine pour faire des chemises. Unes matines à nostre usage 3. Quattre taies à oreillier et deux à espaulier. Pour les debvoirs aux quattre maistres de l'ordre, à chacun un escu. Pour la façon de ses habits, un escu. Pour le cordonnier [qui] doibt bailler deux paires de bottes de jour, unes de nuyet et on luy baille la doubleure, un escu. Pour le barbier, dix solz. Pour les clercs de l'église, dix solz. Au

sa première vesture. (Ce sont les objets que nous donnons ci-dessous.) La première demande faicte à l'enfant voulant prendre l'abit de religion. Qui vous admene céans? Que demandez-vous ? Responce : Pain et eaue et société de religion. >>

4 Matelas.

Greffe, style ou poinçon à écrire sur des tablettes de cire. Voir V. Gay, Glossaire archeologique, p. 795; Edélestand Du Méril, De l'usage non interrompu jusqu'à nos jours des tablettes en cire, Paris, 1871.

Il doit s'agir du Bréviaire du Bec que le prieur D. Jacques du Tot avait fait imprimer en 1550. Nous en parlerons plus loin.

clerc du convent et de la fermerye', dix solz. Pour le lavandier, dix solz. Au portier, cinq solz2. »

Il fallait à peu près les mêmes « extencilles » au religieux lors de sa profession. Nous remarquons cependant les objets suivants dont il n'a pas encore été fait mention : « Quattre aulnes de drap noir pour faire une chausses longue. Un chapperon à aller dehors et pour faire un soye avec six aulnes de doubleure. De la demye ostade ou bon basinpour faire de la doubleure rouge pour le doubler. Trois aulnes de sarge blanche pour faire deux scapulaires.

<< Ensuyt ce qu'il faut dire à la profetyon en chapitre. Prima prostratio. Il plaist à Monsieur que façon3 aujourd'hui la profession et voeux de la reigle Monsieur sainct Benoist mais pour ce que de nous mesmes nous ne sommes pas suffisans à faire telle profession, nous vous prions qu'il vous plaise prier Dieu le Créateur et la glorieuse Vierge Marie, Monsieur sainct Benoist, et tous les saincts et sainctes du paradis que nous la puissions faire si dignement, que se soit à la salvation de nos âmes et des votres aussy, et a l'honneur de la religion. Secunda prostratio: Nous ne sommes pas si bien gouvernés en l'an de notre probation, comme nous debvions, et n'avons pas gardé ne observé les commandements de la règle, ne les admonitions de nos maistres et anciens, mays par plusieurs fois les avons contempnés et desprisés, et leur avons donné cause de eux couroucer et marrir envers nous. Pourquoy nous vous prions qu'il vous plaise nous le pardonner, et avec l'aide de Dieu, de la Vierge Marie, de Monsieur sainct Benoist et de toutte la court de Paradis nous y metrons bon amendement pour le temps advenir. Tertia prostratio Je me suys meffaict de silence en l'ordre de religion qui n'a poinct esté amendé. » Lorsqu'un jeune prêtre devait célébrer sa première messe, on exigeait de lui un trousseau dont la liste présente quelques détails de costume assez curieux.

'Infirmerie.

* Fo 2 vo à 4.

Fassions.

« Les extencilles que doibt avoir un prebstre à sa nouvelle messe une longue robbe de quattre aulnes ; douze aulnes de demye ostade pour doubler la ditte robbe; une colle; une aulmuche fourrée de peaux de Lombardie; un bonnet noir double; un pourpoint d'ostade double et une chausses de. noir; troys paires de draps à lict à deux toilles; troys nappes, deux doubliers et une douzaine de serviettes; deux scapulaires; trois quartiers de drap noir pour faire un chapperon pour aller dehors; une courtine et troys tentes à lict; une douzaine de serviettes de double œuvre; six chemises et douze moucheurs; une douzaine de coeuvre chefs. »

Il faisait en chapitre les deux confessions suivantes : « Il plaist à Monsieur que je célèbre aujourdhuy ma première messe, et pour ce que je ne suys pas assez suffisant de moy mesmes pour accomplir et célébrer si hault et très digne sacrement, je vous prie qu'il vous plaise prier Dieu pour moy que je le puisse faire et accomplir si dignement, à telle humilité, dévotion et révérence, que ce soit à la salvation de mon âme, rémission de mes péchés, et à l'honneur de la religion. » La seconde confession est à peu près semblable à celle des religieux profès, « secunda prostratio1. »

Le même ms. renferme un état des pots de vin que les officiers de l'abbaye étaient tenus de fournir sur les revenus de leur office en lisant cette liste étrange, et le commentaire qui l'accompagne, on sent qu'on est dans le siècle de Rabelais.

«Les noms des officiers payans chacun deux pots de vin à saize festes par an, avec l'obit Hellouyn et les nouvelles messes; scavoir est :

Le pitancier; le justicier; le secrétain; lomosnier; le thésaurier; le courtillier; le guernetier; le chambrier: lhostelier.

[blocks in formation]

On a ajouté à la suite du Chronicon Beccense auctum et illustratum de Dom B. Thibault un dessin représentant un moine du Bec, à genoux dans un oratoire. Il est vêtu d'une coule blanche, à larges manches, recouvrant une robe de même couleur, avec un chaperon, ou étole noire, croisé sur la poitrine. La barbe est entière, quoique courte, et la chevelure ne semble indiquer qu'une étroite tonsure.

qui se montent troys centz six potz, sans les nouvelles messes « Ledict pytancier paye aux dictes festes et à troys obits, assavoir Hellouyn, lemperière (l'impératrice Mathilde) et l'abbé Geffroy, et aux nouvelles messes, avec ces deux potz ci-dessus pour les couppes, troys potz de vin aux festes qui s'en suyvent (ce sont les mêmes que cidessus,) qui font en somme cinquante sept potz, sans les nouvelles messes que chacun officier doit pour ladite nouvelle messe comme dessus, qui ferait vingt et un potz pour chacune nouvelle messe. Hoc fac et vives. » fo 44 v° et 45. - «La veille des roys, il est deu pour le roy de la salle du vin dudit sieur abbé troys potz de vin, et au gras mardy troys potz. Le roy du convent doibt au souper des serviteurs qui se faict à la chambre du prieur deux potz de vin, et le lendemain au disner doibt ayder à celui qui est roy a disner au convent d'un pot. A Noël, à disner (?), la salle fournist de viande selon la coustume, de douze passavantz de deux potz de mesme boesson, et d'un pot de vin. Ainsy soit faict aux ministres aux festes quadruples. » f 48.

'Bibl. nat., lat. 1288. On peut voir encore sur l'un des vitraux de l'église de Beaumont-le-Roger, un prieur de la Trinité de Beaumont en vêtement blancs avec l'étole ou chaperon noir.

CHAPITRE XV

Le cardinal de Guise, 39o abbé. Partage des revenus monastiques. Le prieuré de Saint-Philbert attaqué par les Huguenots. Les Protestants saccagent l'abbaye. Levées de décimes; contributions de l'abbaye du Bec. Claude de Lorraine, 40° abbé. Doléances des religieux au sujet du partage des revenus. L'abbé du Bec est tué au siège de Saint-Denis. La commende donnée à Émeric de Vic. Plaintes énergiques du clergé de France au sujet de ces commendes scandaleuses. Chute de la nef de l'église du Bec. Triste condition des prieurés de l'ordre: Bonne-Nouvelle; Envermeu; Beaumontle-Roger. Un curieux concordat.

Nous sommes arrivés à une période douloureuse de l'histoire du Bec. Aux exactions des abbés commendataires, à l'affaiblissement de l'esprit monastique vont s'ajouter les violences sauvages exercées par les Huguenots. Le régime intérieur du cloître et les préoccupations de la vocation religieuse semblent s'atténuer et passer au second plan, en présence des angoisses du jour et des craintes du lendemain : on se contente de vivre. Certains épisodes des guerres dites de religion vont nous ramener à la pire époque de l'invasion anglaise.

A la mort de Jacques d'Annebaut en 1558, la commende du Bec avait été donnée à Louis de Lorraine, cardinal de Guise, né à Joinville le 21 octobre 1527. Il était frère du fameux cardinal de Lorraine et de François de Guise tué par Poltrot de Meré, et oncle du cardinal de Guise assassiné aux États de Blois. Abbé de Saint-Victor de Marseille, de Saint-Pierre de Moissac, de Bourgueil, de Saint-Germaind'Auxerre, il cumulait encore les évêchés et archevêchés de

« PreviousContinue »