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tionis nostre largiens, jugiter clementer exaudi. Per Dom1. >> Le missel plénier du Bec se termine par les messes de Requiem avec les oraisons diverses « pro defunctis. » On y trouve aussi la formule pour la bénédiction de l'eau 2.

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Aux trop rares livres liturgiques du Bec 'on pourrait ajouter un recueil manuscrit rédigé vers la fin du xvre siècle et renfermant, entre autres choses, un « Ordo anniversariorum tum obituum, tum processionum cum suis vesperis, ac missarum que per annum in hoc Beccensi monasterio dicende sunt. » Nous l'avons plusieurs fois cité au cours de cette histoire; il n'y a donc pas lieu d'y insister".

'Bibl. nat. lat. 1105, fo 213.

Bibl. nat., lat. 1105, fo 214 vo à 220.

« La récitation quotidienne de l'office divin exigeait que les clercs qui y étaient individuellement astreints en possédassent le texte ; et ce texte constituait une immense écriture. La psalmodie proprement dite requérait un psautier et un antiphonaire; les répons, un responsoral ou liber responsoralis; les leçons, une bible ou « bibliothèque », un homiliaire ou sermologus, un passionnaire; ajoutons-y un recueil des oraisons ou «< collectaire », un hymnaire, un « martyrologe. » L'abbé Battifol, Histoire du bréviaire romain, p. 193. De tous ces livres qui existaient au Bec depuis le xr et le x siècle, aucun, à notre connaissance, n'existe aujourd'hui.

Bibl. d'Evreux, L. 58, fo 21 vo à 43.

Voir au chapitre suivant quelques extraits curieux du ms. L. 58.

CHAPITRE XIV

Les commendes. Jean Ribault, 34° abbé. Adrien Gouffier, cardinal, 35 abbé. Singulière prise de possession. Un prieur indigne. Jean de Dunois, cardinal, 36° abbé. Levée de décimes en 1523. L'aumône du Bec. Jean Le Veneur, cardinal, 37° abbé. Séjours de François Ier au Bec. Procès avec le baron du Neubourg. Jacques d'Annebaut, cardinal, 38° abbé. Le bois du Bec dévasté. Hamon de Coursery, vicaire et procureur de l'abbé; sa rapacité. Le grand-prieur Jacques du Tot. Un Coutumier du Bec du XVIe siècle.

L'innovation la plus considérable amenée par le concordat conclu en 1516 entre Léon X et François Ier fut la suppression des élections canoniques. Voici en quels termes débutait l'acte qui substituait le régime du concordat aux usages de l'Église de France. « Des élections, auxquelles depuis longtemps on a recours dans le royaume de France, concernant les évêchés, les abbayes, les prieurés, résultent les plus grands dangers pour les âmes. En général, les nominations ainsi faites sont abusivement influencées par l'immixtion et la prépondérance des pouvoirs séculiers; plusieurs sont précédées de pactes illicites et simoniaques; les liens du sang et de l'amitié décident d'un plus grand nombre encore. De là, souvent, de honteuses compétitions, des serments violés, des scènes scandaleuses. On n'en saurait douter le désordre est de notoriété publique. Nous pouvons d'ailleurs en mesurer l'étendue par le nombre des absolutions et des réhabilitations continuellement demandées à ce siège apostolique. Touché de nos paternels avertissements et donnant

l'exemple d'une obéissance filiale, le roi François Ier renonce désormais à la Pragmatique-Sanction si malheureusement établie dans son royaume. D'un mutuel consentement, nous y substituons les constitutions suivantes, délibérées avec le plus grand soin, et pleinement approuvées par nos vénérables frères les cardinaux de l'Église romaine1. »

Agissant donc en vertu de sa suprême autorité, le pape ordonne que les chapitres et les monastères seront dépossédés à l'avenir du droit d'élection; il statue que le roi de France aura, pour toujours, le droit de désigner ou de nommer les évêques, les métropolitains et les hauts dignitaires ecclésiastiques dans un délai de six mois; il appartiendra au pape de ratifier ces nominations et de pourvoir à l'institution canonique en donnant les pouvoirs spirituels. Le sujet désigné pour un évèché devra être muni du grade de docteur ou de licencié en théologie; les mêmes titres dans l'un et l'autre droit, ou même dans un seul, pourront à la rigueur servir de garantie suffisante. Il ne pourra être investi d'une telle dignité, quelque soit d'ailleurs son mérite, s'il n'a au moins vingt-six ans révolus. Si le monarque ne pourvoyait pas à la vacance dans le délai prescrit, ou si la nomination n'obtenait pas l'adhésion pontificale, trois mois seraient encore donnés au roi pour exercer ses droits; dans le cas où ce terme serait atteint sans promotion, le pape rentrerait dans la plénitude des siens et pourvoirait directement à la vacance.

Les anciennes élections avaient amené des abus; le système des nominations royales ne pouvait manquer d'avoir les siens. Disposer souverainement de la feuille des bénéfices, c'était avoir en main un puissant moyen d'action politique dont l'usage pouvait devenir aisément dangereux.

L'un des résultats les plus regrettables de ce système de nomination fut la mise en commende des abbayes, puisqu'il aboutit immédiatement à mettre à la tête des communautés des prélats qui ne pouvaient résider, et, par là-même, demeuraient le plus souvent étrangers aux vrais intérêts de leurs

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religieux. Dans des temps troublés, ou sous des rois peu scrupuleux, on verra des enfants de dix ans, des soudards1, des Huguenots même, nommés abbés commendataires. Le pouvoir royal, qui trop souvent ne voyait dans l'exercice de sa prérogative que des faveurs à répandre, accordait une abbaye, ou plutôt le revenu qu'elle comportait, à des ministres ambitieux, à des ecclésiastiques sans vocation, à des lettrés sans honneur. Et c'est ainsi que de grands et illustres monastères, qu'une auréole de charité et de pénitence environnait depuis des siècles, devenaient la proie d'un bâtard royal ou d'un courtisan perdu de dettes. De Montalembert a flétri cette anomalie en termes indignés : « Ce magnifique patrimoine de la foi et de la charité, créé et grossi par les siècles, expressément consacré par ses créateurs au maintien de la vie régulière et commune et au soulagement des pauvres, se trouva transformé en caisse fiscale, en dépendance du trésor royal, où la main des souverains puisait à volonté pour rassasier la rapacité de leurs courtisans, et, comme on l'a dit, pour assouvir et asservir leur noblesse 3. >>

L'abbé commendataire touchait la part principale des revenus; il en gardait ordinairement les deux tiers. Mais par suite de l'affermage qu'il faisait de ses revenus, il intervenait avec la communauté divers arrangements qui se renouvelaient à l'arrivée d'un nouvel abbé, et étaient la source d'interminables procès.

On peut voir à quel état de misère l'abbaye de Saint-Savin fut réduite au commencement du XVIe siècle, par un aventurier, le haron des Francs, qui avait fait donner cette commende à l'une de ses créatures, du nom de Vautron. (P. Mérimée, Etudes sur les arts au moyen âge, L'église de Saint-Savin, p. 114-126.) Voir les exemples non moins fâcheux cités par de Montalembert, Les Moines d'Occident, édition in-12, I. Introd., p. 162.

Henri de Bourbon, duc de Verneuil, eut la commende de l'abbaye de Fécamp et de l'évêché de Metz qu'il abandonna, en 1658, pour épouser la duchesse de Sully. Qui ne sait que Mazarin fut un insatiable commendataire ? Le cardinal Dubois était titulaire de sept abbayes dont les revenus réunis montaient à 204 000 livres. L'abbé Terray n'en avait que deux, Molesmes et Troarn, mais elles valaient plus de 100 000 livres. Nous verrons plus tard l'étrange personnage qu'était le comte de Clermont, abbé du Bec.

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Jean Ribault était jeune encore lorsqu'au mois de mars 1515 il prit possession de l'abbaye du Bec que son oncle, Guillaume Guérin, avait résignée en sa faveur. Louis XII avait voulu disposer de ce riche bénéfice en faveur de Jean de Dunois, archevêque de Toulouse; la mort l'avait empêché de poursuivre son dessein. Le malheureux Jean. Ribault avait à peine échappé au danger, qu'il allait se trouver en face d'un autre rival non moins puissant, et cette fois plus heureux.

Adrien Gouffier, connu sous le nom de cardinal de Boissy, était fils de Guillaume Gouffier, sénéchal de Saintonge, et de Philippe de Montmorency. Ses frères, Artus, grand-maître de France, qui avait été gouverneur de François Ier, et l'amiral Bonnivet, occupaient les plus hautes charges du royaume. Adrien, qui était d'Église, obtint dès l'âge de quatorze ans dispense pour jouir de toutes sortes de bénéfices il en fut gorgé1. Élu évêque de Coutances par le chapitre, en 1510, il accompagna François Ier à l'entrevue de Bologne, et prépara la conclusion du concordat, ce qui lui valut la pourpre avec le titre cardinalice de Saint-Pierre et Saint-Marcellin, qu'il échangea en 1517 pour celui de SainteSabine.

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Guillaume Guérin avait résigné son abbaye à Jean Ribault, « cum clausulâ, ex causâ permutationis cum prioratu de Prato. >> Adrien Gouffier s'empressa de jeter, à cette occasion, son dévolu sur l'abbaye du Bec 2. Par une bulle datée de Corneto le 23 octobre 1515, Léon X, à la requête de François Ier, accorda la commende du Bec au cardinal de

'Gallia christ., XI, col. 898.

'La dévolution proprement dite, ou canonique, consiste en un pouvoir de conférer le bénéfice qui passe d'un inférieur à son supérieur, et quelquefois même du supérieur à l'inférieur. Mais ce ne sont pas là, ajoute Thomassin, les dévoluts qui font tant de bruit depuis un siècle ou deux. L'usage est que, lorsqu'on croit un bénéfice rempli de fait, mais vacant de droit, parceque le possesseur est atteint de quelque défaut ou de quelque crime qui porte irrégularité et incapacité pour le posséder, on en prend des provisions à Rome, comme s'il était vacant. (Thomassin, Anc. et nouv. discipline de l'Eglise, tome III, p. 530.).

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