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par laquelle le prieur de Beausault, était maintenu en possession de ses droits de juridiction et de justice sur la terre d'Herbert et le territoire de Blargies 1.

Erard de Montmorency, sire de Conflans et de Beausault, et sa femme, confirmèrent le 19 août 1322 tous les biens du prieuré de Beausault, et renoncèrent aux droits qu'ils avaient prétendus tant sur le prieuré que sur ses dépendances 2.

Le 17 mars 1407, « Guillaume, comte de Tancarville, vicomte de Meleun, conseiller du roi, chambellan hérédital de Normandie, souverain maître et général réformateur des eaux et forêts par tout le royaume », confirma aux religieux demeurant au prieuré de Beausault les droits d'usage dans la forêt de Bray à cause de leur manoir de Pommereux 3.

« Le prieuré du Lay, dit D. Jouvelin, possédait dans le bailliage de Senlis ou de Gisors deux arpens et un quartier de pré, cinq mines de blé, neuf journaux de terre, un quartier et demi de vigne et 8 sols de rente, le tout estimé à 6 livres de revenu. Les religieux du Lay payèrent pour les droits d'amortissement 20 sols dont, j'ai vu la quittance de l'an 1294, au mois de may *. ».

Voici, d'après le Recueil de D. Jouvelin, les noms de quelques prieurs de Notre-Dame du Lay pendant le xive et le xv siècle Guillaume de Blargies, en 1322; Guy de Beaumont, qui figure dans un acte du 29 octobre 1364; Richard de Beuzeville, au mois de septembre 1381; Jean de Malleville, le 15 décembre 1410; Jean de Rouen, établi prieur le 8 mars 1418; Robert d'Epreville, le 26 octobre 1427; Jacques de Maneval, établi prieur le 28 mai 1438; Pierre Desmares, vers 1446; Jean de Condé, le 18 mars 1463, et Martin de Rouen, alias Bonnin, nommé prieur de la communauté du Lay au mois de juin 1480*.

'Bibl. nat., lat. 12884, fo 444.

* Bibl. nat., lat. 13905, fo 66 vo, et lat. 12884. f 448 vo.

Bibl. nat., lat. 13905, fo 67 v°. Pommereux, canton de Forges (Seine-Inf.).

Bibl. nat., lat. 13905, f 69.

Bibl. nat., lat. 13905, fo 69 et 12 v°.

Par une sollicitude digne d'être remarquée, Eudes Rigaud visitait de préférence les prieurés de moindre importance dans lesquels la discipline régulière était nécessairement moins bien observée que dans les grands monastères. Il vint jusqu'à quatorze fois dans le petit prieuré de Saint-Martin de la Garenne, au diocèse de Rouen. Le nombre des religieux était ordinairement de quatre ou cinq. Ils ne tiennent pas le chapitre; le sacristain et le sonneur sont «< ebriosi et levis capitis »; le jeûne et l'abstinence sont mal observés ; certains religieux, quoique présents au chœur, ne psalmodient pas; le prieur lui-même est loin d'être irréprochable. Cependant, on fait l'aumône trois fois la semaine à tout venant. De 1261 à 1263, en raison des mauvaises récoltes de la vigne et de l'appauvrissement qui en est résulté, on réduit à trois le nombre des religieux. Le revenu du prieuré était de 150 livres; la dette, en 1249, était de 25 livres, de 80 en 1251, de 120 en 1255; elle se maintient à peu près à ce chiffre pendant quelques années. En 1266, après plusieurs années de mauvais temps qui ont détruit les vignes, elle s'élève au chiffre énorme de 350 livres. L'année suivante, l'abbé du Bec, auquel on doit pourtant 340 livres, en prête encore 20 au prieur pour l'aider à replanter ses vignes. La dernière visite de l'archevêque est du 15 mai 1268; l'état du malheureux prieuré s'est encore aggravé; on n'a laissé que trois religieux au lieu de cinq Jean du Bec, prieur, Geoffroy d'Hérouville et André de Rouen. Le prieuré devait 130 livres en plus de la vieille dette de 320 livres dont on était redevable à l'abbé du Bec 2.

L'abbaye possédait à Tillières un manoir seigneurial; Eudes Rigaud en exigea plusieurs fois la procuration qu'il lui devait, comme ayant été autrefois prieuré régulier. « Le 1er mai 1250, à Verneuil, aux frais du manoir de Tillières appartenant à l'abbaye du Bec. Il n'y a plus de religieux 3. »

Saint-Martin-la-Garenne, canton de Limay (Seine-et-Oise).

* Regestr. visit., p. 45, 104, 131, 166, 189, 227, 271, 345, 390, £78, 504, 533, 572, 601.

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Le 21 juin 1255, l'archevêque couche à Breteuil, et le fermier lui paie une procuration de 8 livres 17 sols 11 deniers 1. Le 5 mai 1269, Eudes Rigaud vient en personne à Tillières; il trouve les bâtiments découverts, et tout le manoir dans un état déplorable. Il va coucher à Breteuil, « dans le chàteau du roi », mais c'est encore le gardien du manoir de Tillières qui fait les frais de l'hébergement s'élevant à 10 livres, 16 sols, 11 deniers 2.

Bures était un petit prieuré dépendant de celui du Pré, au diocèse de Rouen. L'archevêque vint treize fois le visiter. Il n'y avait que deux religieux prêtres, plus occupés à surveiller les travaux agricoles de leur vaste domaine qu'à pratiquer fidèlement les observances de leur règle; des femmes venaient parfois manger au prieuré. Les revenus de Bures étaient considérables; Eudes Rigaud dit que le prieur du Pré en retirait bien 600 livres ; les deux religieux ne gardaient strictement que ce qui leur était nécessaire pour la nourriture et le vêtement. Trois fois la semaine, on faisait l'aumône à tous les pauvres qui se présentaient.

Regest. visit., p. 219.

Regestr. visit., p. 625. Deux fois, en 1264 et en 1269, l'archevêque fut hébergé dans un autre manoir dépendant du Bec, celui de Longueil, près de Dieppe. (Regestr. visit., p. 492 et 637.)

1 Regestr. visit., p. 267. Le prieur de Bures n'était en réalité qu'un gardien ou officier administrant le manoir au gré du prieur du Pré. (Id., p. 451.)

• Regestr. visit., p. 48, 100, 208, 267, 301, 380, 419, 451, 491, 522, 566, 598, 634.

CHAPITRE VI

Robert de Rotes, 22o abbé. Commencement de la guerre de Cent ans. L'abbaye du Bec est fortifiée. Désordres dans certains prieurés. Guillaume de Beuzeville, 23° abbé. Les offices claustraux au Bec. Réconciliation de la chapelle du B. Herluin. Estout d'Estouteville, 24° abbé. Son administration désastreuse. Geoffroy Harenc, 25° abbé. Restauration du monastère. Bulles accordant aux abbés l'usage des pontificaux. Les moines propriétaires. Voyage de l'abbé Harenc en Terre-Sainte. Il meurt à Padoue.

Pour élire le successeur de Jean des Granges, on renonça à la voie du compromis pour celle du scrutin; on vota par suffrages secrets. C'est ainsi que fut élu Robert de Rotes, alias Couraye, docteur en décret, qui réunit la presque totalité des voix 1. L'élection eut lieu au mois d'avril 1350. Cet abbé fut le premier témoin des maux sans nombre causés par la guerre anglaise, et qui désolèrent l'abbaye pendant près d'un siècle.

Les rois d'Angleterre n'avaient jamais perdu de vue le duché de Normandie, qu'ils ne désespéraient pas de reconquérir. Un certain nombre de seigneurs mécontents favorisaient secrètement les vues d'Edouard III, et entretenaient avec lui des relations suivies. Philippe VI découvrit une conspiration ourdie par plusieurs seigneurs normands et bretons à la tête desquels étaient Godefroy d'Harcourt,

Chron. du Bec, p. 60. Il gouverna l'abbaye « ferme undecim annis et quinque mensibus >> ; ce qui reporte son élection au mois

d'avril 1350.

Richard de Percy, Jean de la Roche-Tesson et Guillaume Bacon. Le 31 mars 1344, ces trois derniers furent condamnés au supplice1. Godefroy d'Harcourt, qui avait pu s'enfuir en Angleterre, fut condamné par contumace, et ses biens furent confisqués. Le transfuge conseillait à Edouard de descendre dans le Cotentin, s'offrant à lui servir de guide. « Sire, lui fait dire Froissart, le pays de Normandie est ung des plus grans du monde, et vous promets, sur le bandon de ma teste, que si vous y arrivez, là vous prendrez terre à vostre voulenté..., et trouverez en Normandie grosses villes et riches bastides qui point ne sont fermées, où vos genz auront si grand prouffit que ils en vauldront mieux vingt ans après 2. >>

Edouard III se proposait de mettre voile pour la Guyenne; mais des vents contraires l'ayant assailli dans la Manche, il adopta l'avis du seigneur d'Harcourt, et le 12 juillet 1346, le roi d'Angleterre abordait à la Hougue de Saint-Wast. Cherbourg, Barfleur, Carentan, Saint-Lò, Bayeux tombèrent promptement en son pouvoir. « Et fu messire Godefroy de Harcourt conducteur de tout son ost, pour tant qu'il savoit les entrées et les issues en Normandie. » Caen fut enlevé après quelques jours de résistance; les bourgeois qui voulaient se défendre avaient demandé au roi de France de leur envoyer des secours. Philippe, surpris, ne put que leur en procurer d'insuffisants sous les ordres du connétable Raoul, comte d'Eu, et du comte de Tancarville. Edouard III, que rien n'arrêtait, remonta la rive gauche de la Seine par Louviers et Vernon, jusqu'à Poissy; il s'approcha mème de Paris, puis il se dirigea brusquement vers le Nord pour occuper le Ponthieu. Philippe, qui avait eu le temps d'accourir du fond de la Gascogne, joignit les troupes anglaises; ce fut pour subir L. Delisle, Hist. du château et des sires de St-Sauveur-le-Vicomte,

p. 55.

: Le Premier volume de messire Jehan Froissart, édit. de 1530, f 65 v. Un peu plus loin, le chroniqueur ajoute « Si trouvèrent le pays gras et plantureux de toutes choses; les granges plaines de bleds et d'avoynes; les maisons plaines de toutes richesses, riches bourgeois, chars, charrettes, chevaulx, pourceaulx et moutons et les plus beaulx biens du monde, et beufz que on nourrissoit en ce pays. » Id., fo 66.

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