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vers les bords de la Hamel. On ne pouvait choisir une position plus avantageuse que celle des Hanovriens près de Hamelon. Leur droite se prolongeait vers cette ville; leur front était défendu par un marais imperméable; leur gauche s'élevait sur des montagnes couvertes de bois, entrecoupées de ravins très-profonds; elle était terminée d'un côté par une batterie, de l'autre par le village de Hastembeck. On ne pouvait attaquer que ce flanc gauche, et de cette attaque dépendait la victoire: M. de Chevert en fut chargé.

« Le duc de Cumberland, qui connaissait l'importance de sa gauche et de sa batterie, y avait porté l'élite de ses troupes, commandée par M. le comte de Schullemberg. Tous les chemins étaient rompus; il fallait tourner les bois et les montagnes pour parvenir à cette aile des Hanovriens. M. de Chevert partit à la tête des brigades de Picardie, de la Marine et d'Eu; après une marche longue et pénible, entreprise pendant la nuit, il arriva enfin il était neuf heures du matin, et la bataille était commencée depuis six heures. Chevert prend sa place, s'avance à la tête des grenadiers et pénètre dans les rangs des ennemis; il est suivi et bien secondé par ses premières brigades, par celles de Champagne, du Roi, des grenadiers de France, et par les Autrichiens, qui étaient accourus pour le soutenir. Champagne s'empara de cette batterie retranchée qui faisait la sûreté du camp des ennemis. On les poursuivit de poste en poste, tanque l'artillerie continuait à les foudroyer de front. passage étant frayé, M. de Contades pénétra jusqu'à

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Le

Hastembeck et chassa les Hanovriens de ce village, qu'ils défendaient encore. Le duc de Cumberland donna le signal de la retraite 1. »

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La bataille d'Hastembeck et la capitulation de Closter-Seven, qui suivit quelque temps après, n'eurent pas les résultats heureux qu'on devait en attendre. Cette capitulation n'ayant pas été reconnue par l'Angleterre, le duc de Cumberland perdit son commandement, et la guerre se ralluma avec plus de fureur au commencement de 1758. Les journées de Crevelt et de Rosbach avaient porté une rude atteinte à l'honneur des armes françaises; mais le maréchal de Broglie le rétablit par la victoire qu'il remporta à Sundershausen le 23 juillet 1758; et, après avoir chassé devant lui les Hessois commandés par le prince d'Isembourg, il se rendit maître de toute la Hesse et pénétra en Westphalie.

Le prince de Soubise, de son côté, avait également rencontré l'ennemi à Lutzelberg. Les armées, qui ne demandaient que l'occasion de se mesurer, furent bientôt en présence. « Le prince de Soubise devait attaquer le front des ennemis, le duc de Fitz-James, leur gauche; le duc de Broglie devait détourner leur attention par 1 Campagnes de Louis XV, p. 108-11 2.

des manœuvres et de fausses attaques, tandis que, par un long détour, M. de Chevert, à la tête des Saxons et des Palatins, viendrait les prendre en flanc. Quoique celui-ci eût un long espace à parcourir, il fut le premier aux mains avec les ennemis. Toutes les autres divisions montrèrent beaucoup d'ardeur; leurs chefs, un concert parfait; mais toute l'armée convint que c'était principalement à M. de Chevert que la gloire de cette journée était due. Les alliés y perdirent trois à quatre mille hommes, tués ou blessés, et huit cents prisonniers. Le baron de Zastrow, neveu du général de ce nom, fut du nombre des derniers. La perte des Français fut trèsmédiocre en comparaison de celle des ennemis; ils n'eurent pas plus de six cents hommes tués ou blessés. Huit jours après cette bataille, le prince de Soubise fut élevé au grade de maréchal de France, et, de son côté, le roi de Pologne envoya à M. de Chevert le cordon de l'aigle blanc1. >>

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Les avantages remportés, vers la fin de l'année précédente, à Sundershausen et à Lutzelberg, inquiétaient le roi de Prusse, et lui faisaient craindre pour ses frontières ; il résolut d'éloigner la guerre du Hanovre et de Campagnes de Louis XV, p. 126.

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la Hesse, et de la reporter dans le milieu de l'Alle

magne.

« Les Prussiens firent, en conséquence, des mouvements qui furent combinés avec ceux de l'armée aux ordres du duc Ferdinand de Brunswick. Dès le commencement du mois de mars la Thuringe était inondée de Prussiens, et le prince Ferdinand de Brunswick marcha droit à l'armée française, commandée par le duc de Broglie. Ce général assembla aussitôt son armée, et prit une position avantageuse à Berghen, près de Francfort-sur-le-Mein, où, le 13 avril, il fut attaqué par le prince Ferdinand. Le combat fut vif et opiniâtre, mais enfin le prince fut obligé de se retirer. L'armée des alliés était composée de quarante mille combattants, et celle du duc de Broglie n'excédait pas vingtcinq mille. La perte des premiers monta à près de six mille hommes, tant tués que blessés; les Hessois souffrirent le plus; le prince d'Isembourg, leur général, y fut tué. Les Français perdirent trois à quatre mille hommes; plusieurs officiers furent tués ou dangereusement blessés. Le baron d'Hirn, général des troupes saxonnes, qui mourut à Francfort des suites de ses blessures, fut généralement regretté. Cette action, qui combla de gloire le duc de Broglie, facilita la réunion des armées françaises du haut et du bas Rhin, et leur ouvrit les portes de Cassel, de Gattengen, de Rittberg, de Menden et de Munster1.)

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Cette longue guerre, entreprise dans l'intérêt de l'Allemagne, et dont la France ne pouvait espérer aucun avantage, épuisait les finances du royaume. Quels qu'eussent été les succès obtenus, les revers avaient été plus grands encore. Le commerce surtout était en souffrance; la marine, presque anéantie, se trouvait hors d'état de le protéger, et les colonies, en partie occupées par l'ennemi, étaient dans la situation la plus déplorable.

C'est alors que le duc de Choiseul, secrétaire d'état des affaires étrangères, conclut le traité connu sous le nom de pacte de famille, qui fut signé, le 15 août 1761, par les rois de France, d'Espagne, des Deux-Siciles et par l'infant duc de Parme, et qui devait avoir une si grande influence sur la paix générale.

On vit donc les hostilités commencer entre l'Espagne et l'Angleterre, pendant que la guerre continuait en Allemagne. «Selon les nouvelles de l'armée du roi1, les ennemis s'étant approchés de Friedberg pendant la journée du 28 du mois dernier, les maréchaux d'Estrées et de Soubise, réunis au corps commandé par le prince de Condé, résolurent de marcher à eux le 30, pour ne pas leur laisser le temps de se fortifier dans une position si essentielle.

1 Gazette de France du 6 septembre 1762.

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