Page images
PDF
EPUB

<< Monsieur l'archevêque, répondit Louis XV, vos <«< vœux sont conformes à mes désirs, qui ne tendent «qu'à porter mes ennemis à la paix; c'est l'unique but « de mes démarches et le succès que j'attends de mes << efforts 1. >>

Louis XV fit ensuite son entrée à Anvers, le 4 juin 1746. Tout le clergé et les magistrats allèrent au-devant du roi hors des portes de la ville.

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small]

Louis XV, ayant achevé de réduire le Brabant sous son obéissance, résolut de conquérir tout ce qui restait encore dans le Hainaut à l'impératrice Marie-Thérèse. Le siége de Mons fut entrepris; le prince de Conti, qui s'était fait si honorablement connaître à la bataille de Coni, en eut la conduite.

« Ce prince enflamma, par son exemple, les troupes et redoubla leur zèle. Le 7 juin il fit investir la place d'un côté par le duc de Boufflers, avec seize bataillons

[blocks in formation]

et vingt-quatre escadrons, de l'autre, par le comte d'Estrées, avec trente bataillons.

« Les attaques furent ordonnées vingt-quatre heures après l'établissement des batteries. Dans la nuit du 24 au 25 juin la tranchée fut ouverte en deux endroits, l'une sur le front de Bertamont, l'autre sur celui de Nimy.

« Les assiégés, harcelés de toutes parts, se défendaient avec une opiniâtreté égale à l'ardeur des assiégeants. Leurs efforts étaient vains : les mines du demi-bastion furent éventées; on avança la sape, on multiplia les tranchées. Les assiégés, hors d'état de pouvoir ralentir l'impétuosité d'un feu aussi terrible, furent forcés de capituler le 10 juillet 1746. La garnison, composée de six bataillons des troupes de la reine de Hongrie, de six bataillons hollandais et quelques escadrons, fut faite prisonnière de guerre 1.»

DXXI.

SIÉGE DE SAINT-GUILHAIN.

JUILLET 1746.

Tableau du temps, par VERDUSSEN.

Le siége de Saint-Guilhain suivit de près la prise de Mons. Le maréchal de Saxe, s'étant chargé de cette expédition, avait fait investir la place le 14 juillet. La redoute de Bourdon fut enlevée dans la nuit du 1 17 au 18, la tranchée ouverte du 21 au 22, et les grenadiers s'emparèrent de l'ouvrage avancé dans la nuit du 23 Campagnes de Louis XV, p. 55.

1

« Les ennemis, dit-il, étaient sur la Nèthe et nous derrière la Dyle, entre Louvain et Malines. Des armées ne peuvent guères quitter ces sortes de positions sans qu'il n'en résulte quelque événement : les alliés avaient pris cette position intermédiaire pour couvrir Berg-opZoom et Maestricht, deux points fort éloignés, et où nous conduisaient l'Escaut et la Meuse. Je n'osais quitter le bassin de Bruxelles pour me porter à Maëstricht, parce que, si les ennemis avaient une fois passé la Dyle, et s'étaient placés derrière cette rivière, je n'aurais les en déloger.....

pu

« J'ai temporisé dans cette position jusqu'en juin, dans l'espérance que le défaut de subsistances obligerait nos ennemis à se déplacer : je voulais aussi donner aux grains le temps de mûrir, afin de conserver ma cavalerie en bon état pour le reste de la campagne; mais, les ennemis ne bougeant point, je poussai, le 12 juin, M. le comte d'Estrées, avec un corps, à Tirlemont, et M. le comte de Clermont du côté de Jodoigne, pour voir quels mouvements les ennemis feraient..... »

Après avoir parlé des dispositions prises successivement par les deux armées, le maréchal ajoute : «Je m'ébranlais pour attaquer le camp de la Commanderie, lorsque je vis toute l'armée des ennemis se déployer dans la plaine. Le roi était à trois lieues de moi avec le reste de l'armée, qui avançait à tire-d'aile. Je ne voulus point me charger de l'événement de ce combat: ayant mon maître si près de moi, je le fis avertir. Les ennemis me tâtèrent; je ne fis que soutenir jusqu'à l'ar

[ocr errors]

rivée du roi, qui me joignit à quatre heures après midi: le corps de l'armée resta en delà de Tongres pour mettre les tentes bas, repaître, et recueillir les traîneurs. A sept heures du soir les troupes se mirent en marche, et arrivèrent à dix heures du soir. Les ennemis employèrent le reste du jour à se former, et restèrent avec leur droite au Vieux-Ione, la gauche tirant sur Maëstricht, ou plutôt au Jaar, vers les hauteurs du camp Saint-Pierre. Nous avions notre gauche sur les hauteurs de Heerderen, et la droite à Esmaël. On pouvait espérer qu'en battant les ennemis ils seraient obligés de se retirer le long de la Meuse, vers Ruremonde, ce qui nous donnait les moyens de jeter nos ponts audessus de Maëstricht, et de faire le siége de cette place: c'est ce qui nous détermina à les attaquer. Leur droite, où était M. de Bathiany avec les Autrichiens, était avantageusement placée, appuyant à la Commanderie du Vieux-Ione, qui a une grande enceinte murée et fortifiée, et au grand Spauwen, retranché en amphithéâtre; ils avaient devant leur centre le hameau de Lawfeld, et leur première ligne en était distante d'une demi-portée de fusil. Ce hameau n'était occupé au commencement que par quelques pandours; je résolus de m'en emparer, parce que de là je pouvais fort incommoder leur centre en m'établissant dans les haies de ce village, qui sont revêtues de terre et garnies de fortes épines; je fis donc en conséquence mes dispositions. Pendant ce temps-là les ennemis mirent le feu au village de Vlitingen et au hameau de Lawfeld.....

« Comme mon objet principal était de percer les ennemis par le centre, tandis que je faisais attaquer leur gauche et tenais leur droite en échec, j'y mis toute mon attention les ennemis commencèrent d'abord par nous canonner fort violemment, ayant près de deux cents pièces de canon de tous calibres. Insensiblement l'infanterie du comte de Clermont s'approcha du hameau de Lawfeld, et l'attaqua par trois colonnes en face et dans les deux flancs : la colonne de la droite y entra, celle du centre y pénétra aussi, mais celle de la gauche ne put avancer, l'ennemi étant plus en force vis-à-vis d'elle. » Le village de Lawfeld résistait à toutes les attaques qui avaient été dirigées contre lui.

« Alors, ajoute le maréchal, nous attaquâmes, la baionnette au bout du fusil, sans tirer, les troupes qui soutenaient le village, et les mîmes en désordre. Dans ce moment les ennemis qui soutenaient le combat dans le village, entendant tirer derrière eux, abandonnèrent les haies; nos troupes qui les attaquaient par l'autre extrémité les suivirent, et dans un instant toute la bordure du village fut occupée par notre infanterie avec des cris et un feu épouvantables. La ligne des ennemis en fut ébranlée; deux brigades de notre artillerie qui m'avaient suivi se mirent à tirer, ce qui augmenta le désordre. Il nous était arrivé sur la gauche deux brigades de cavalerie; j'en pris deux escadrons, et ordonnai au marquis de Bellefonds, qui les commandait, de pousser à toutes jambes dans l'infanterie ennemie, et criai aux cavaliers : Comme au fourrage, mes enfants.

« PreviousContinue »