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offre, faite par un ennemi supérieur en nombre, et dans l'entraînement de la victoire, fut rejetée par le général autrichien. Il s'était flatté, dans son orgueilleuse obstination, d'arrêter sous Liége la marche victorieuse de l'armée française. Son camp était assis entre Houtain et Grasse. «Le maréchal de Saxe poursuivait ses avantages, et allait bientôt attaquer le prince Charles de Lorraine. L'armée française avait passé le Jaar et occupait le terrain qui séparé les deux chaussées qui conduisent à Liége; elle était rangée sur quatre lignes; la droite était appuyée à Hognoul, la gauche sur Neudorp. Un corps de réserve formait la troisième ligne derrière le village de Houté, et celui que commandait le marquis de Contades formait la quatrième. Les troupes détachées, aux ordres du comte de Clermont et du comte d'Estrées (depuis maréchal de France), campèrent en avant de l'armée, sur la chaussée de Saint-Tron à Liége, et celles que commandaient MM. de Clermont-Gallerande et de Mortagne se placèrent à la gauche.

«L'ordre le plus exact régnait dans tous les rangs : le jour convenu étant arrivé, le maréchal de Saxe fit battre la générale, et l'armée marcha sur dix colonnes parallèles jusqu'à la hauteur du village de Lointain, qui avait été donné pour le point de direction de la marche de chaque colonne. A cet endroit la cavalerie des deux ailes se mit en ordre de bataille, et l'infanterie, chargée des attaques, resta en colonnes par bataillons. « Le prince Charles de Lorraine s'avança à cinq cents pas environ de son camp, sans abandonner les différents

postes qu'il occupait sur les hauteurs, et fit ses dispositions pour le combat.

«Le feu du canon placé à la droite de l'armée française en donna le signal. L'action s'engagea dans le faubourg de Sainte-Valburg et dans le village d'Ance. Le comte de Clermont et le comte d'Estrées, à la tête des brigades de Picardie, de Champagne, de Monaco, de Ségur, de la Fère, de Bourbon, poussèrent les alliés si vivement, qu'ils furent chassés de ces deux postes.

«Le maréchal de Saxe s'exposa comme le moindre soldat, et parut à la tête de toutes les brigades, bravant le feu du mousquet et du canon. Il se signala personnellement comme officier au camp de Varoux; et c'est cette bravoure qui enflammait l'âme du soldat. Les alliés, encore chassés de ce nouveau poste, étaient consternés; ils se replièrent contre le village de Rocoux, où le marquis d'Hérouville conduisit les brigades de Navarre, d'Auvergne, de Royal, de Montmorin: elles y firent des prodiges de valeur, et battirent entièrement les alliés. Le maréchal de Saxe les avait suivies à la tête de six bataillons: tout pliait devant lui; la cavalerie hollandaise effrayée jeta la confusion dans l'armée alliée, et occasionna une désertion générale; la fuite fut la ressource des vaincus. Les alliés eurent dans ce combat sept mille hommes tant tués que blessés; on leur fit mille prisonniers, et on leur enleva cinquante pièces de canon et dix drapeaux. Du côté des Français il y eut trois mille hommes tués ou blessés1. »

1 Campagnes de Louis XV, p. 58-59.

DXXVIII.

ENTRÉE DE LOUIS XV A MONS. -30 MAI 1747.

Gouache par VAN BLAREMBERG.

Quelques avantages remportés en Italie, et les victoires navales de l'Angleterre, rendirent aux alliés la confiance. Ils firent de nouveaux efforts, et Maëstricht fut rempli de prodigieux approvisionnements de guerre. Louis XV, cependant, maître de la Flandre autrichienne, proposait encore la paix : elle fut refusée. Le maréchal de Saxe, à qui Louis XV avait donné, après la bataille de Rocoux, le titre de maréchal général des armées du roi, porté seulement avant lui par Turenne, fut chargé de poursuivre une guerre qu'il avait si glorieusement commencée. Il était convenu qu'il porterait ses armes dans la Flandre hollandaise : on voulait ainsi forcer les États-Généraux à se détacher de l'alliance impériale.

Le 20 avril Maurice fit une revue générale de l'armée dans les différents cantonnements qu'elle occupait. Le comte de Lowendal, qui était sous ses ordres, se mit aussitôt après en marche : il s'empara des villes de l'Écluse, d'Issendick et du Sas de Gand, les 22, 25 et 30 avril. D'un autre côté, le marquis de Montmorin se rendit maître de Philippine presque en vue de la flotte anglaise, qui se trouvait à l'embouchure de l'Escaut, où elle couvrait Flessingue et Middelbourg. Hulst capitula le 1 mai, et Axel le 16. En moins d'un mois presque

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toute la Flandre hollandaise se trouvait occupée par les Français.

En 1672 la Hollande, menacée par Louis XIV, avait remis ses destinées aux mains de Guillaume, en le nommant stathouder. L'influence anglaise fit, en 1749, parodier cette grande mesure de patriotisme; et, pour sauver l'indépendance hollandaise, on nomma stathouder héréditaire Guillaume de Nassau, qui ne fit rien pour elle.

Cependant le duc de Cumberland, qui était venu du champ de bataille de Culloden prendre le commandement des armées alliées, après avoir fait une démonstration contre Anvers, s'était porté sur Maëstricht pour protéger cette ville, menacée par les armes françaises. Le maréchal de Saxe, suivant les mouvements de l'armée ennemie, manœuvra alors pour la rencontrer. Une bataille était inévitable. Louis XV accourut de Versailles pour y prendre part. Le 30 mai il était à Mons, où il fit son entrée, et fut reçu par le clergé et tous les corps de la ville qui étaient allés à sa rencontre.

DXXIX.

BATAILLE DE LAWFELD.

2 JUILLET 1747.

COUDER.

1836.

DXXX.

BATAILLE DE LAWFELD.—2 JUILLET 1747.

Tableau du temps, par LENFANT.

DXXXI.

BATAILLE DE LAWFELD. -2 JUILLET 1747.

Tableau du temps, par CHARLES Parrogel; terminé par PIERre Franque.

DXXXII.

BATAILLE DE LAWFELD.-2 JUILLET 1747.

Gouache par VAN BLAREMBERG.

Le lendemain Louis XV arriva à Bruxelles, où il avait été précédé de quelques jours par le maréchal de Noailles. Le comte de Lowendal resta dans cette ville avec quelques bataillons pour la défendre en cas d'attaque. L'armée alliée ayant fait un mouvement pour se porter aux environs de Lawfeld, le maréchal de Saxe, saisissant l'occasion, s'empressa de prendre les ordres du roi pour livrer bataille.

Il faut citer ici les propres paroles du maréchal de Saxe faisant au roi de Prusse le récit de cette journée. L'auteur d'un si beau fait d'armes en est le meilleur historien, comme le meilleur juge en était alors le grand Frédéric.

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