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placer celui perdu à Fontenoy; plusieurs officiers et soldats blessés y avaient été conduits; cette place faisait leur communication avec les îles britanniques par Ostende et Nieuport.....

«Le roi, instruit qu'il y avait peu de monde, résolut de s'en rendre maître; il en concerta les moyens avec le comte d'Argenson et le maréchal de Saxe; le secret. n'en fut confié qu'au comte de Lowendal, chargé de l'entreprise 1. >>

«L'armée, ayant quitté le camp et passé l'Escaut, marcha sur cinq colonnes, et arriva dans la plaine de Leuze, où elle campa sur le bord de la Teure. Les alliés avaient passé la Dendre: notre armée vint occuper le camp de Vanbeck et celui de la Chartreuse de Gramont et ensuite celui de Bost. M. du Chayla marcha à la tête de son détachement avec vingt pontons et vingt pièces de canon, pour jeter un pont sur l'Escaut, afin d'empêcher six mille Anglais postés à Alost d'entrer dans la ville de Gand et d'en augmenter la garnison. Un petit détachement de hussards ennemis voulut reconnaître le chemin de Gand; les Grassins, qui tenaient la même route, les battirent et les obligèrent à se retirer. Les six mille Anglais, informés de cette déroute, s'avancèrent pour envelopper les Grassins, qui couvraient la marche de M. du Chayla. Ce fut en cette occasion que M. Grassin donna des preuves de sa valeur et de son expérience. Ce brave commandant fit un feu si vif, qu'il força les Anglais à le bloquer. Leur confiance les trahit:

1 Histoire du maréchal de Saxe, par le baron d'Espagnac, t. II, P. 131.

au lieu d'attaquer les Grassins, ils attendirent; et dans cet intervalle M. du Chayla arriva près de l'abbaye de Melle avec les troupes qu'il commandait. Ils s'avancèrent vers M. du Chayla et se portèrent à Melle; ils avaient déjà enlevé les pontons et les canons, qu'ils faisaient marcher du côté de Gand. La brigade de Crillon les arrêta et soutint avec MM. de Granville et de Souvré le premier choc. Celle de Normandie s'y joignit. Le régiment de Laval suivit de près, reprit les vingt pontons et les vingt pièces de canon, qui furent pointées à l'instant contre les ennemis. Les Grassins tombèrent à leur tour sur les Anglais qu'ils mirent entre deux feux. Ce combat fut opiniâtre; les Anglais furent entièrement rompus 1. »

DVIII.

SURPRISE DE LA VILLE DE GAND.10 AU 11 JUILLET 1745.

Gouache par VAN BLAREMBERG.

DIX.

PRISE DE GAND.-11 JUILLET 1745.

GIGOUX. 1837.

La marche de l'armée française entre l'Escaut et la Dendre semblait menacer Oudenarde: elle couvrait celle du comte de Lowendal et cachait son expédition.

« Le pont d'Espières, si renommé dans l'histoire par la marche extraordinaire de l'armée commandée par le Campagnes de Louis XV, p. 44-45.

maréchal de Luxembourg, en 1688, sous les ordres de Monseigneur (le grand dauphin), deviendra célèbre à jamais par le poste que le comte de Lowendal pour marcher à la fameuse escalade de Gand.

y prit

« Ce fut là que ce général reçut les derniers ordres de sa majesté; M. du Chayla fut aussi chargé par le roi de la même expédition. Ces deux généraux, autant connus par leur expérience que par leur bravoure, se portèrent sur Gand, l'un par la droite et l'autre par la gauche de l'Escaut. Lorsque le comte de Lowendal fut arrivé à portée de Gand, il fit insulter le front de cette place, entre la porte Saint-Pierre et l'Escaut. Quoique le fossé fût large, profond et rempli d'eau, les troupes commandées pour une si grande entreprise, où il paraissait de la témérité, se jetèrent néanmoins dans ce fossé avec autant de hardiesse que de vivacité, et la place fut emportée l'épée à la main. Ce succès important ne coûta aux Français qu'un lieutenant tué d'un coup de fusil et deux dragons noyés.

<< Le feu des Français servit de signal à M. du Chayla pour s'approcher de la ville; ce général fit tirer quelques coups de canon du côté de la porte Impériale, qui lui fut bientôt ouverte par le détachement de M. Lowendal: la garnison, composée de huit cents hommes, se retira avec précipitation dans le château, sous les ordres du baron de Kisegheim, où quatre jours après elle fut faite prisonnière de guerre. Les généraux français donnèrent ensuite des ordres si sages et si précis pour empêcher le désordre que les troupes victorieuses auraient pu

faire, que les habitants de Gand, qui s'étaient couchés Autrichiens, furent moins surpris, en se réveillant, de se voir sous la domination française, que du bon ordre qui avait été établi dans leur ville: le calme qui y régnait leur représentait une véritable paix, quoiqu'ils fussent au milieu de la guerre.

<«<Les Français trouvèrent dans la ville de Gand de nombreux effets appartenant aux Anglais qui s'y étaient réfugiés après la bataille de Fontenoy; ils y trouvèrent aussi des magasins de farine, un armement considérable de fusils, d'épées, de sabres, et l'habillement neuf et complet de plusieurs régiments; plus de cinq cent mille rations de fourrage et quatorze mille sacs d'avoine, beaucoup de canons, avec ceux que les Anglais avaient fait venir de chez eux pour remplacer ceux qu'ils avaient perdus à la bataille de Fontenoy, dont vingt-sept pièces étaient en batterie sur le rempart et le reste dans des bélandres sur le canal, pour être conduites à Bruxelles. On y fit aussi plus de six cents prisonniers, tant Anglais qu'Hanovriens, qui s'y étaient retirés après la bataille pour se faire panser des blessures qu'ils y avaient reçues 1. »

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1

Conqueles de Louis XV, par Dumortous, p. 78-80.

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Après que le maréchal de Lowendal eut occupé la ville de Gand, il marcha sur Oudenarde, fit ouvrir la tranchée le 17 et jouer les batteries, qui furent si bien servies, que, dès la première canonnade, elles démontèrent deux de celles des assiégés. On capitula le 21 juillet.

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Le maréchal de Lowendal s'empara de Dendermonde, et marcha ensuite sur Ostende. «A peine la garnison eut-elle aperçu les Français dans les dunes, du côté de Nieuport, qu'elle fit un feu terrible pour empêcher leur approche. La vivacité du feu de la place n'intimida point les troupes destinées à la conquérir, et que le comte de Lowendal commandait. Les batteries furent bientôt dressées et on ne cessa de tirer sur la ville et sur

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