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indiquée par le maréchal de Noailles. Ce fut le prince de Clermont, abbé de Saint-Germain-des-Prés, qui commanda les principales attaques de ce siége. On vit les Français, assurés de la victoire, monter la tranchée avec leurs drapeaux. L'investissement avait été ordonné le 16 juin; la capitulation fut signée le 27 du même mois 1. >>

« Le roi avait visité les tranchées le 21 et le 24: ce même jour, sur le soir, M. d'Arnaud de l'Estang, aidemajor d'artillerie, servant comme volontaire dans la tranchée, sous les ordres du duc de Biron, obtint la permission d'aller avec deux mineurs reconnaître ce qui se passait dans la basse ville : il se glissa dans le fossé, et, après avoir escaladé la petite demi-lune vis-à-vis de la poterne, il fit gratter et arracher par ses deux mineurs une porte de communication pratiquée dans l'épaisseur du rempart il y monta seul l'épée à la main en criant : vive le roi! ce qui fut répété par toute la tranchée. Cet officier revint tout de suite demander au duc de Biron des grenadiers à la tête desquels il marcha, et s'empara de toute la basse ville 2. »

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2 Histoire du maréchal de Saxe, par le baron d'Espagnac, t. II, p. 8.

CCCCLXXXIX.

PRISE DE FURNES.—11 JUILLET 1744.

RAVERAT. 1837.

Le prince Charles de Lorraine et les Autrichiens avaient repassé le Rhin; le maréchal de Coigny les poursuivit, s'arrêta à Weissembourg, qu'il emporta sans avoir employé le canon: l'épée et les baïonnettes des officiers et soldats avaient suffi. Trois mille Autrichiens y périrent, six cents furent faits prisonniers : c'était le 15 juillet 1744.

«Tandis que les Français entraient dans la ville d'Ypres, le duc de Boufflers prenait la Knoque, et le roi quitta l'armée pour visiter les places de la frontière. Pendant ce temps le prince de Clermont faisait le siége de Furnes qui, le 11 juillet, demanda à capituler après cinq jours de tranchée ouverte 1. »

CCCCXC.

BATAILLE DE CONI.

- 30 SEPTEMBRE 1744.

SERRUR. 1837.

Les hostilités avaient commencé du côté de l'Italie le 22 février 1744, et les flottes réunies de France et d'Espagne avaient été attaquées dans la Méditerranée par l'escadre anglaise sous les ordres de l'amiral Matthews.

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L'issue du combat était restée indécise. Cependant le prince de Conti ayant rejoint l'infant don Philippe, les armées combinées de France et d'Espagne passèrent le Var, s'emparèrent de Villefranche et de Montalban, et forcèrent ensuite le passage de la Stura. On s'empara du château Dauphin et du fort Demont. On assura ainsi la libre communication de l'armée d'Italie avec le Dauphiné et la Provence.

Le prince de Conti écrivait à Louis XV après la prise du château Dauphin : « C'est une des plus brillantes et des plus vives actions qui se soient passées. Les troupes y ont montré une valeur au-dessus de l'humanité. La brigade de Poitou, ayant M. d'Agénois à sa tête, s'est couverte de gloire.

<«<La bravoure et la présence d'esprit de M. de Chevert ont principalement décidé l'avantage. Je vous recommande M. de Solémi et le chevalier de Modène. Lacarte a été tué. Votre majesté, qui connaît le prix de l'amitié, sent combien j'en suis touché1. »

Les armées réunies se portèrent ensuite ensemble sur Coni, dont le siége fut aussitôt commencé.

Cette ville, située au confluent de la rivière de Gesse avec la Stura, à quatorze lieues de Turin, est une des places fortes de l'Italie. La tranchée était à peine ouverte que le roi de Sardaigne se présenta pour en faire lever le siége et livra bataille le 30 septembre. On se canonna d'abord pendant quelque temps, et vers une heure après midi, les grenadiers du roi de Sardaigne

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s'étant portés sur la porte de la Madona del Ulmo, l'attaque fut vive et sanglante.

« Les Français et les Espagnols combattirent en cette occasion comme des alliés qui se secourent, et comme des rivaux qui veulent chacun donner l'exemple. Le roi de Sardaigne perdit près de cinq mille hommes et le champ de bataille. Les Espagnols ne perdirent que neuf cents hommes, et les Français eurent onze cents hommes tués ou blessés. Le prince de Conti, qui était général et soldat, eut sa cuirasse percée de deux coups et deux chevaux tués sous lui1. »

La prise de Coni fut le résultat de la bataille.

CCCCXCI.

ENTRÉE DU ROI A STRASBOURG. -5 OCTOBRE 1744.

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y

Après la prise de Furnes, le maréchal de Noailles reçut l'ordre de se diriger sur l'Allemagne pour opérer sa jonction avec le maréchal de Coigny. Le roi suivait le mouvement de l'armée. Arrivé à Metz le 8 août, il tomba malade, et le 14, lorsqu'on désespérait de ses jours, il se faisait encore rendre compte de la situation.de ses armées. C'est alors, rapporte Voltaire, qu'il dit au comte d'Argenson, ministre de la guerre : « Écrivez au maréchal de Noailles que, pendant qu'on portait Louis XIII au tombeau, le prince de Condé gagna une bataille. »

1 Campagnes de Louis XV, p. 36.

Le maréchal de Noailles répondit par des succès : étant arrivé à Suffelheim, il fit sa jonction avec le maréchal de Coigny, força les retranchements de l'ennemi et contraignit les impériaux à repasser le Rhin.

Le roi, étant rétabli, quitta Metz pour se rendre en Allemagne, et se dirigea sur Strasbourg, où il arriva le 5 octobre.

« Sur les quatre heures après midi son carrosse parut, environné de ses officiers et de ses gardes. Aussitôt l'air retentit du bruit des instruments et des acclamations redoublées de vive le roi! Les cavaliers mirent le sabre à la main. M. le prêteur royal salua le roi à son poste. Les autres officiers eurent le même honneur.

«Sa majesté, étant arrivée au pied du glacis, reçut les trois clefs de vermeil, qui lui furent présentées dans un bassin de même métal par M. le baron de Trélans, lieutenant de roi de la ville. En même temps le corps, du magistrat se présenta devant le roi et eut l'honneur de complimenter sa majesté.

« Le roi entra ensuite dans la ville au bruit de toutes les cloches et de l'artillerie des remparts.

«A l'extrémité du faubourg de Saverne était placé un arc de triomphe de soixante pieds d'élévation.

«En dehors de cet arc de triomphe, sous lequel le roi passa, étaient placés les petits cent-suisses 1, qui se

1 Les petits cent-suisses étaient composés de jeunes garçons de douze à quinze ans, habillés en cent-suisses d'un uniforme de camelot bleu, chargé, sur toutes les tailles, de rubans de soie rouges et blancs, avec la fraise, la hallebarde, le chapeau, le plumet et le reste de l'ajustement à la suisse.

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