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« Le général de division Hatry rendait compte de son importante conquête dans une lettre datée de son quartier général d'Itzig, le 13 juin. Il disait : «Enfin elle est « à la république cette première forteresse de l'Europe, << et la dernière colonne autrichienne l'a évacuée hier 12, << à cinq heures du matin. Je vous envoie vingt-quatre drapeaux et un étendard, que l'adjudant général Charpentier vous remettra. Je ne puis assez faire l'éloge des << troupes dont le commandement m'est confié : officiers «et soldats, tous y ont mis le plus grand dévouement, «<et, malgré le feu continuel des plus vifs et de toute es«pèce que la place faisait jour et nuit, soit sur les tra<«<vailleurs, soit sur les différents camps, jamais les tra<< vaux n'ont été ralentis un seul instant1. »

DCXLIV.

ENTRÉE DE L'ARMÉE FRANÇAISE A BILBAO.

23 JUILLET 1795.

RENOUX.

L'armée des Pyrénées occidentales, après la campagne de 1794, avait pris ses quartiers d'hiver sur le territoire espagnol.

Elle devait l'année suivante se porter en avant et tenter l'invasion. Tout était ordonné pour ce mouvement décisif, et le général Moncey n'attendait pour se mettre en marche que les renforts qui lui étaient annoncés. Leur tardive arrivée, en le condamnant à l'inac1 Victoires et conquêtes, t. X, p. 147-151.

tion pendant les mois de mai et de juin, accrédita dans l'armée française les bruits de paix qui commençaient à s'y répandre. L'armée espagnole, de son côté, se tenait en observation.

<< L'aile gauche de l'armée du prince de Castel-Franco occupait, sous le lieutenant général Crespo, les bords de la Déba, depuis Bergara jusqu'à son embouchure; l'aile de Crespo se liait d'assez loin avec le centre aux ordres du lieutenant général Filangiéri; leur jonction avait lieu au port de Lecumbery, que traverse la route de Tolosa à Pampelune 1. »

Enfin, le 25 juin, la première colonne dirigée de l'intérieur ayant rejoint l'armée des Pyrénées occidentales, ses bataillons se mirent en mouvement. Dans un combat du 6 juillet, à Irurzun, le général Moncey parvint à séparer l'armée espagnole. Le 12 il défit complétement le général Crespo, et prit position, le 13, à Villaréal, tandis que son avant-garde entrait à Vittoria.

Crespo, retiré dans les montagnes de la Biscaye, ne songeait plus qu'à couvrir Bilbao; mais, poursuivi sans relâche, il fut contraint de l'abandonner. Le général Moncey s'empara de la capitale de la Biscaye le 23 juillet; ily trouva des magasins considérables, et il se préparait à poursuivre une campagne aussi heureusement commencée, lorsqu'il reçut l'ordre de suspendre les hostilités. La paix avait été conclue le 12 juillet entre la rẻpublique française et le roi d'Espagne.

1 Histoire des guerres de la révolution, par Jomini, t. VII, p. 20.

DCXLV.

PASSAGE DU RHIN A DUSSELDORF. - 6 SEPTEMBRE 1795.

BEAUME. 1836.

L'armée de Rhin-et-Moselle, arrêtée depuis longtemps sous les murs de Mayence, avait investi cette ville du côté de la rive gauche du fleuve. Mais l'investissement ne pouvait être complet, et le siége ne pouvait commencer tant qu'on ne se serait point rendu maître de l'autre rive.

Le général Jourdan avec l'armée de Sambre-et-Meuse était dans les environs de Cologne. Il devait subordonner ses mouvements à ceux de l'armée de siége, passer le fleuve et compléter l'investissement de la place sur la rive opposée. Mais Clerfayt, maître de toute la rive droite du Rhin, en occupait les points principaux, et ses troupes, réparties dans une longue ligne de cantonnements, depuis Dusseldorf jusqu'à Bâle, étaient parfaitement retranchées.

Le général en chef de l'armée de Sambre-et-Meuse résolut le passage du fleuve sur la ligne de Dusseldorf. Mais il fallait, pour réussir, tromper la vigilance de l'ennemi et lui donner le change en masquant ses opérations. Jourdan fit en conséquence quelques démonstrations du côté de Weisenthurn, et dirigea tout un équipage de pont sous le feu de la forteresse d'Ehrenbreistein et de toutes les batteries dont la rive droite était hérissée

en face de Coblentz. Pendant ce temps l'armée française faisait ses préparatifs pour passer le Rhin à Dusseldorf.

Kléber avait proposé au général en chef de s'emparer de cette ville aussitôt après le passage du fleuve; l'exécution de cette entreprise était difficile et périlleuse. << Dusseldorf était fortifiée, défendue par une garnison de deux mille hommes, protégée par un camp retranché où se trouvaient douze à quinze mille Autrichiens, et par une citadelle dont les remparts, hérissés de plus de cent bouches à feu, semblaient défier les plus courageux efforts. >>

C'était là que Championnet, avec une partie de sa division, devait traverser le fleuve. Quatorze compagnies de grenadiers entrèrent dans des barques qui avaient été préparées. Le silence le plus absolu fut recommandé; la peine de mort était prononcée contre tout soldat qui ferait feu pendant la traversée.

« A onze heures du soir la flottille se mit en mouvement. Les ennemis pouvant distinguer à la clarté de la lune les mouvements de l'armée française, la flottille ne tarda pas à éprouver le feu de l'artillerie ennemie; l'artillerie française, placée sur la rive gauche du Rhin, protégea le passage et fit taire le feu des Autrichiens. Les grenadiers exécutèrent en silence les ordres du général Championnet. Enfin la flottille touche au rivage opposé, les grenadiers s'élancent aussitôt avec la plus grande impétuosité, culbutent l'ennemi et s'emparent de ses positions. Championnet suit l'armée et donne ordre au général Legrand de bloquer sur-le-champ Dusseldorf. Le

1

gouverneur, sur la sommation qui lui fut faite, se rendit

avec la garnison 1. >>

DCXLVI.

COMBAT DE SUCCARELLO.

18 SEPTEMBRE 1795.

BOULANGER. - 1 1837.

Au mois de septembre 1795 l'armée française appuyait la droite de sa ligne à Borghetto, village sur la rivière de Gênes, environné de murs et défendu par un camp retranché : «De là, passant sur les montagnes du Saint-Esprit et de Monte-Vento, couronnées de plusieurs étages de batteries, elle se prolongeait vers les mamelons des Deux-Frères, entre lesquels était un petit Gibraltar, rocher barrant la côte du contre-fort de Sambucco, qu'on n'aurait pu occuper sur tout son développement sans s'exposer à se faire couper. Le poste du petit Gibraltar était soutenu, d'un côté, par un ouvrage en crémaillère sur une queue de rocher; et de l'autre, par le camp dit du Champ-des-Prêtres (Campo dei Preti). »

La ligne de l'armée austro-sarde commençait à Loano, petite ville en face de Borghetto, se prolongeant ensuite vers l'Apennin, jusque sur les hauteurs à droite et à gauche du Tanaro. Voici comment les cantonnements de cette armée étaient répartis :

Le général Wallis, pendant la maladie de de Wins, 1 Victoires et conquêtes, t. IV, p. 302.

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