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Russie, appuyèrent les prétentions de l'électeur de Saxe, fils d'Auguste II, et leurs troupes marchèrent sur Varsovie. La diète, convoquée de nouveau, appela alors au trône, par une décision contraire, l'électeur de Saxe, et la Pologne se trouva ainsi partagée entre deux rois.

Cependant Stanislas, cédant à la force, s'était retiré à Dantzick. Louis XV arma pour soutenir les droits de son beau-père, et fit partir une flotte, qui ne lui porta que de tardifs et inutiles secours. Il fallut alors que la France entrât en campagne avec toutes ses forces (1733): alliée avec les rois d'Espagne et de Sardaigne, elle attaqua l'empire à la fois sur le Rhin et en Italie. Pendant que le maréchal de Villars, à quatre-vingt-deux ans, achevait glorieusement sa carrière par la prise de Milan, le vainqueur d'Almanza, le duc de Berwick, allait aussi terminer la sienne sous les murs de Philipsbourg.

Berwick, à la fin de l'année 1733, s'était emparé du fort de Kehl: au printemps de l'année suivante, malgré le prince Eugène, qui lui était opposé, il avait rapidement conquis l'électorat de Trèves, forcé les lignes d'Ettlingen, occupé le pays de Spire et pris Haguenau. Eugène, menacé d'être coupé, fut contraint de se replier sur le Necker, et laissa le maréchal de Berwick s'approcher de Philipsbourg pour y mettre le siége. La place fut investie le 2 juin; mais, six jours après, au milieu des opérations de la tranchée, un coup de canon vint frapper Berwick à la tête, et mettre fin à sa vie.

Cinq jours après, le 17 juin, Villars mourait à Turin.

Avec eux finit la dernière génération des grands hommes guerre qui avaient illustré le nom de Louis XIV.

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Après la mort du maréchal de Berwick, le siége de Philipsbourg ne fut pas moins continué par le marquis d'Asfeld et le duc de Noailles; et, après six semaines de tranchée ouverte, malgré les obstacles qu'opposaient des pluies continuelles, l'inondation des tranchées et la présence de l'armée impériale, les assiégés capitulèrent et rendirent la ville.

Vainement le prince Eugène marcha-t-il au secours des assiégés, avec les renforts que lui avait amenés le roi de Prusse, accompagné de son fils, depuis le grand Frédéric; les retranchements français étaient trop redoutables pour qu'il osât les assaillir.

CCCCLXXXIII.

BATAILLE DE PARME.-29 JUIN 1734.

<< Les armées des trois puissances continuaient de faire les plus grands progrès en Italie. La ville de Novarre se rendit au marquis de Coigny, et le maréchal de Maille

bois prit le château de Serravalle. Le maréchal de Coigny, qui avait succédé au maréchal de Villars, gagna la bataille de Parme contre les impériaux, qui y perdirent huit mille hommes, avec leur général Mercy. La prise de Modène fut une des suites de cette victoire 1. »

La bataille de Parme fut suivie de celle de Guastalla, également gagnée par le maréchal de Coigny sur l'armée impériale. En même temps le duc de Montemar, général espagnol, faisait subir à la maison d'Autriche un nouvel échec à Bitonto, dans le royaume de Naples. Ces défaites multipliées décidèrent l'empereur Charles VI à ne pas tenter plus longtemps la fortune. En échange du triste honneur d'avoir imposé un roi à la Pologne, il fut contraint de céder le royaume des Deux-Siciles à l'infant don Carlos, un des fils de Philippe V, et les cantons de Novarre et de Tortone, au roi de Sardaigne. Le duché de Lorraine, avec la condition de retour à la couronne de France, fut donné à Stanislas Leczinski, en dédommagement de la royauté de Pologne, et l'héritage du dernier des Médicis attribué, par compensation, au duc François de Lorraine. Telles furent les principales stipulations du traité conclu à Vienne en 1738, qui ne rendit que pour deux ans la paix à l'Europe.

Campagnes de Louis XV, p. 18.

CCCCLXXXIV.

PRISE DE PRAGUE.— NOVEMBRE 1741.

COUDER. 1838.

<«< La paix que la France avait procurée à tous les états de l'Europe fut bientôt troublée par la querelle de l'Espagne et de l'Angleterre pour le commerce d'Amérique. La mort de l'empereur Charles VI, arrivée au mois d'octobre 1740, acheva de tout brouiller. Il n'était aucun souverain en Europe qui ne prétendît avoir des droits à la succession de ce prince. Marie-Thérèse, sa fille aînée, et épouse du grand duc de Toscane, François de Lorraine, se fondait sur le droit naturel qui l'appelait à l'héritage de son père, et sur la pragmatique sanction, par laquelle Charles VI avait ordonné l'indivisibilité de toutes les terres de sa maison, dispositions qui avaient été garanties par presque toutes les puissances de l'Europe. Charles-Albert, électeur de Bavière; Auguste, roi de Pologne, électeur de Saxe; le roi d'Espagne, Philippe V, se croyaient fondés à réclamer cette succession en tout ou en partie. Le roi de Prusse, de son côté, Frédéric III, qui venait de monter sur le trône, réclamait quatre duchés en Silésie. Louis XV aurait pu prétendre à cette succession à aussi juste titre que personne, puisqu'il descendait en droite ligne de la branche aînée masculine d'Autriche, par la femme de Louis XIII et par celle de Louis XIV; mais ce prince aima mieux

être arbitre que protecteur ou concurrent. Déjà la France, l'Espagne, la Bavière, la Saxe, se remuaient pour faire un empereur. La France voulait élever à l'empire le duc de Bavière, et l'enrichir des dépouilles d'une maison puissante, si longtemps rivale de la France. Le maréchal de Belle-Isle fut envoyé en Allemagne pour ce sujet, et il convint, avec le roi de Prusse et la cour de Saxe, des mesures à prendre pour faire réussir ce projet1.»

Marie-Thérèse, voyant l'orage qui grondait contre elle, se mit aussitôt en possession de tout le domaine que son père avait laissé. Elle reçut l'hommage des états d'Autriche à Vienne; les provinces d'Italie et de Bohême lui prêtèrent serment de fidélité. En vertu de ses droits de succession, elle demandait l'empire pour François de Lorraine, son mari, et cherchait partout à se faire de nouveaux alliés. Elle fit entrer dans ses intérêts le roi d'Angleterre et les états généraux de Hollande. Le roi de Prusse, le grand Frédéric, lui offrit son alliance; mais il la lui offrit après s'être jeté sur la Silésie, à laquelle les électeurs de Brandebourg prétendaient avoir quelques droits, et se l'être adjugée par les armes. Marie-Thérèse refusa une assistance qui lui coûtait une de ses provinces, et Frédéric mit alors du côté de la France et de la Bavière son génie guerrier, ses trésors et son armée. La bataille de Molwidz, sur la Neiss, qu'il livra aux Autrichiens, fut le signal d'un embrasement universel. Le cardinal Fleury essaya vainement de conserver Campagnes de Louis XV, p. 21.

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