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berté, peut devenir formidable. Valmy décida le roi de Prusse et le duc de Brunswick à demander immédiatement un armistice aux généraux français; cet armistice fut bientôt suivi de l'évacuation totale du territoire français, et de l'abandon d'une entreprise dans laquelle ils s'étaient si imprudemment engagés.

« Le moment représenté dans le tableau est celui où Kellermann eut un cheval tué sous lui; ce général, renversé par la chute de son cheval, porte un grand cordon tricolore, qui était alors celui de l'ordre de Saint-Louis, devenu la décoration militaire. L'officier général qu'on voit à sa gauche est le général Pully, qui commandait les cuirassiers et une brigade de grosse cavalerie faisant partie de la division du duc de Chartres. Derrière lui, et à pied, est le général Sénarmont, de l'artillerie, blessé à la cuisse; sur la droite du général Kellermann est un groupe d'officiers généraux, où se trouvent le général Valence, le duc de Chartres et le duc de Montpensier, son frère, qui était alors son aide de camp 1; le général Schauenbourg, chef de l'état-major du général Kellermann, et plusieurs autres, et, plus

1 Le duc de Montpensier se conduisit dans cette bataille de manière à mériter l'honorable témoignage que Kellermann a consigné dans la relation officielle dont voici l'extrait :

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« Du quartier général de Dampierre-sur-Auve, le 21 septembre 1792, à neuf heures du soir.

Embarrassé du choix, je ne citerai parmi ceux qui ont montré un

grand courage, que M. Chartres et son aide de camp, M. Montpensier, dont l'extrême jeunesse rend le sang-froid, à l'un des feux les plus sou<«<tenus qu'on puisse voir, extrêmement remarquable. »

(Moniteur, 22 septembre 1792.)

loin, les généraux Linch et Muratel, qui commandaient des brigades d'infanterie dans la division du duc de Chartres. C'est cette division qui entoure le plateau du moulin de Valmy, dont la défense lui était confiée, et qui forme le premier plan du tableau. C'est ce moulin qu'on voit sur la gauche du tableau; l'ambulance est établie auprès de la maison du meunier. Les troupes qu'on voit se prolonger entre le moulin et le village de Gisaucourt étaient de la division du général Valence; celles qui s'étendent depuis le moulin jusqu'à la droite du tableau étaient de la division du duc de Chartres. Le bataillon de volontaires nationaux qu'on voit en colonne auprès du moulin est le premier bataillon de Saône-et-Loire; devant lui se trouvent le trentième (Perche), colonel de Baudre; le quarante-quatrième (Orléans), colonel Lagrange; le quatre-vingt-unième (Conti), colonel Dupuch; le quatre-vingt-dixième (Chartres); le quatre-vingt-quatorzième (Salm-Salm), colonel Rothenbourg; le quatre-vingt-seizième (Nassau), colonel Rewbell, etc. et enfin, le bataillon qui marche en bataille sur la droite du tableau est le premier régiment de ligne (Colonel-général) commandé par le colonel Bris de Montigny.

« L'armée française fait face vers Châlons et Paris. Devant elle sont les batteries prussiennes, derrière lesquelles on voit la cense de la Lune et toutes les lignes et les colonnes de l'armée du duc de Brunswick1. >>

1 Notices historiques sur les tableaux de la galerie du Palais-Royal, par M. Vatout, t. II, թ. 484-495.

DLXXXII.

PRISE DE CHAMBÉRY. - 25 SEPTEMBRE 1792.

ADOLPHE ROERN.

1837.

Malgré la déclaration de guerre du roi de Sardaigne, le gouvernement français ne s'était pas hâté de commencer les hostilités à la frontière de la Savoie. Ce ne fut qu'à la fin du mois de septembre que le général Montesquiou, commandant en chef l'armée du Midi, ayant réuni au fort Barreaux le peu de forces dont il pouvait disposer, se décida à entrer en campagne.

Les Piémontais avaient mis à profit le temps qu'on leur avait laissé pour construire trois redoutes qui dominaient le seul passage conduisant en Savoie; ces redoutes allaient être terminées et garnies de canons. Deux colonnes, sous les ordres du maréchal de camp Laroque, furent mises en mouvement pour tourner les positions ennemies; mais leur marche fut contrariée par le mauvais temps; l'armée du roi de Sardaigne prévint l'attaque en battant en retraite, et les trois redoutes furent occupées et détruites par les Français.

Les Piémontais évacuèrent précipitamment les châteaux des Marches, de Bellegarde, d'Aspremont, de Notre-Dame, de Mians, et, par un mouvement rapide, le général Montesquiou, se portant sur le centre de l'armée sarde, la sépara en deux corps, dont l'un se retira sur Montmélian, qui, le lendemain même, ouvrit ses portes; l'autre se replia sur Annecy. Bientôt

tout fut au pouvoir des Français depuis le lac de Genève jusqu'au bord de l'Isère, et, le 25 septembre, Montesquiou fit son entrée solennelle à Chambéry.

DLXXXIII.

PRISE DE VILLEFRANCHE, ET INVASION DU COMTÉ DE NICE. 29 SEPTEMBRE 1792.

HIPP. LECOMTE.

Tandis que Montesquiou, commandant en chef de l'armée du Midi, s'emparait de Chambéry, le général Anselme, chargé de l'invasion du comté de Nice, préparait sur la rive droite du Var les moyens de l'exécuter. Il rassembla d'abord tout le matériel qu'il put réunir, et bientôt, renforcé par l'arrivée de six mille hommes de gardes nationales des départements voisins, il se mit en marche et passa le Var le 29 septembre 1792. La ville de Nice fut aussitôt évacuée par les troupes piémontaises, et occupée le même jour par les Français. Montalban, dont le siége avait arrêté si longtemps le prince de Conti en 1744, se rendit sans résistance, et Villefranche capitula sans avoir été assiégée.

« Villefranche, dit Jomini, où se trouvaient les arsenaux de la faible marine sarde, ne laissait pas d'être un point important dans les circonstances; c'était un bon mouillage de plus à une époque où l'on était encore maître de la mer; et ces deux petites places (Villefranche et Montalban), mises en état, paraissaient susceptibles de défense: on y prit trois cents hommes

et cent pièces de canon, dont la majeure partie en fer, outre des approvisionnements assez considérables'. »

DLXXXIV.

PRISE DE SPIRE. 30 SEPTEMBRE 1792.

Au commencement de la campagne, l'armée autrichienne avait formé sur le Rhin un cordon de troupes qui s'étendait de Rhinfeld à Philipsbourg. Les Français, de leur côté, avaient formé deux camps opposés aux forces ennemies.

L'armée française, sous le nom d'armée du Rhin, était divisée en deux camps : l'un, aux ordres du général Biron, était à Strasbourg; l'autre, commandé par Custine, se trouvait à Landau, et occupait les lignes de Weissembourg. Le prince d'Esterhazy occupait le Brisgau avec douze mille hommes, et le comte d'Erbach était, avec treize mille hommes, entre Mayence et Spire.

« Le comte d'Erbach, ayant reçu l'ordre de remplacer le corps du prince de Hohenlohe devant Thionville, s'était mis en marche par les défilés de Turckeim, le 11 septembre, abandonnant la garde du magasin de Spire et de toutes les communications de l'armée à mille Autrichiens et deux mille Mayençais, sous les ordres du colonel Winckelmann.

Histoire des guerres de la révolution, t. II,

p. 199.

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