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Le roi lui témoigna toute sa satisfaction. Il parcourut ensuite la rade, débarqua à l'île Pelée pour y prendre connaissance des fortifications; de là se rendit à la fosse du Gallet, et il rentra enfin après avoir tenu la mer plus de quinze heures consécutives.

Le retour du roi fut signalé par une triple salve des forts et de l'escadre, et à son débarquement il fut porté dans son canot par les marins et le peuple, au milieu des acclamations universelles.

DLXXII.

LOUIS XVI ABANDONNE LES DROITS DU DOMAINE SUR LES LAISSES DE MER AUX RIVERAINS DE LA GUYENNE. — 1786.

BERTHON. 1817.

Les eaux de la mer s'étant retirées, sur l'un des points de la côte de Guyenne, avaient laissé à découvert une portion de terrain qui, selon le principe du droit alors existant, était dévolue à la couronne. Cependant les riverains prétendaient, en vertu de quelques exceptions, avoir un droit particulier sur la propriété de ces terres. La cause ayant été portée au conseil du roi, Louis XVI décida contre lui-même en faveur des habitants de la côte.

Le parlement de Bordeaux vint en corps pour adresser des remercîments au roi, au nom de tous les habitants.

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Louis XVI, pour remédier aux embarras financiers du royaume, qui s'aggravaient chaque jour, convoqua à Versailles une assemblée de notables, suivant l'exemple qui lui en avait été donné par plusieurs de ses prédé

cesseurs.

Voici en quels termes la Gazette de France raconte l'ouverture de cette assemblée :

« Sa majesté sortit de chez elle pour se rendre à l'assemblée, étant accompagnée, dans sa voiture, de Monsieur, de monseigneur le comte d'Artois, du duc d'Orléans, du prince de Condé et du duc de Bourbon. Le prince de Conti et le duc de Penthièvre, ne pouvant se placer dans la voiture du roi, s'y rendirent dans les leurs. Le roi, qui était dans son grand carrosse de cérémonie, fut accompagné d'un détachement de vingt-cinq chevau-légers de la garde ordinaire de sa majesté, commandés par le duc d'Agénois, capitaine-lieutenant de cette compagnie, en survivance, et suivi d'un pareil détachement des gendarmes de la garde, les officiers de chacun de ces corps occupant les places qui leur sont marquées. La fauconnerie, commandée par le chevalier de Forget, commandant général des fauconniers du cabinet du roi, marchait immédiatement de

vant la voiture de sa majesté et derrière celle de service, dans laquelle étaient le prince de Lambesc, grand écuyer de France; le duc de Coigny, premier écuyer de sa majesté; le duc de Fleury, premier gentilhomme de la chambre du roi, représentant le grand chambel lan; le duc de Liancourt, grand maître de la garde-robe de sa majesté; le duc d'Ayen, capitaine des gardes de sa majesté, en quartier, et le duc de Brissac, capitainecolonel des cent-suisses..... >>

Le roi s'adressa en ces termes à l'assemblée :

<< Messieurs, je vous ai choisis dans les différents or(( dres de l'état, et je vous ai rassemblés autour de moi « pour vous faire part de mes projets.

C'est ainsi qu'en ont usé plusieurs de mes prédéces«seurs, et notamment le chef de ma branche, dont le << nom est resté cher à tous les Français, et dont je me « ferai gloire de suivre toujours les traces.

<«<Les projets qui vous seront communiqués de ma << part sont grands et imposants. D'une part, améliorer «<les revenus de l'état, et assurer leur libération entière << par une répartition plus égale des impositions; de «<l'autre, libérer le commerce de différentes entraves qui « en gênent la circulation, et soulager, autant que les «< circonstances me le permettront, la partie la plus in«digente de mes sujets. Telles sont, messieurs, les << vues dont je me suis occupé, et auxquelles je me suis « fixé après le plus mûr examen. Comme elles tendent <<< toutes au bien public, et connaissant le zèle pour << mon service dont vous êtes tous animés, je n'ai point

<«< craint de vous consulter sur leur exécution; j'enten<«<drai et j'examinerai attentivement les observations « dont vous les croirez susceptibles. Je crois que vos « avis, conspirant tous au même but, s'accorderont fa«cilement, et qu'aucun intérêt particulier ne s'élèvera «< contre l'intérêt général. >>

Sa majesté revint avec le même cérémonial et le même cortège.

DLXXIV.

LOUIS XVI DISTRIBUE DES SECOURS AUX PAUVRES. -
HIVER DE 1788.

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La fin de l'année 1788 fut remarquable par un hiver des plus rigoureux; depuis celui de 1709, devenu célèbre par la charité de l'archevêque de Cambrai, on n'en avait pas vu d'aussi cruel. «Tous les riches de la capitale et des provinces se signalèrent par d'abondantes aumônes. L'archevêque de Paris donna plus de six cent mille francs, et greva ses revenus pour alimenter et réchauffer les malheureux. D'autres évêques, dans les provinces, après avoir épuisé leurs ressources, vendirent leur mobilier, et se dépouillèrent pour vêtir ceux qui étaient nus et nourrir ceux qui avaient faim; les curés de Paris se distinguèrent dans cette circonstance par tout ce que la charité a de plus héroïque; le roi, la reine, les princes du sang, le duc de Penthièvre, la duchesse d'Orléans, la princesse de Lamballe, multiplièrent les dons en tout

genre, et dépensèrent plus de cinq millions pour le soulagement des malheureux1.»

Louis XVI ne se contentait pas de ces largesses publiques que son trésor répandait sur les victimes trop nombreuses de ce cruel hiver; on le vit plusieurs fois parcourir les environs de Versailles, pour y chercher l'indigence et la soulager lui-même.

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Lorsqu'en 1789 Louis XVI convoqua à Versailles les derniers états généraux de la monarchie, il ne prétendait faire autre chose que d'aviser à un moyen sûr et décisif de remettre l'ordre dans les finances du royaume. En effet les dépenses de la guerre d'Amérique, succédant aux prodigalités du règne de Louis XV, avaient épuisé le trésor, et depuis six ans le gouvernement se consumait en d'inutiles efforts pour combler le déficit. L'assemblée des notables, réunie en 1787, avait opiné pour l'établissement de nouvelles taxes; mais l'autorité lui manquait pour les ériger en lois du royaume et en assurer la perception : il avait fallu demander au parlement de les enregistrer, et le parlement, fidèle à ses vieilles habitudes de guerre contre la cour, n'avait consenti à l'enregistrement que sous l'empire de la force, et en pro1 Histoire de Louis XVI, par Bourniseaux, t. II, p. 359.

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