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torieusement le pavillon français dans les mers de l'Inde. Le 31 août il se rendit maître de Trinquemalé, et le 3 septembre, en vue de cette ville, il soutint un nouveau combat contre la flotte anglaise. Grâce à sa puissante protection, toute la côte de Coromandel était rangée sous les lois de la France.

Cependant, depuis près d'un an, sa flotte, qui avait beaucoup souffert, ne recevait aucun renfort; et ce fut dans cet état que, devant Gondelour, il fut contraint d'accepter une nouvelle bataille, que l'amiral anglais vint lui présenter avec des forces supérieures. Le bailli de Suffren avait sous ses ordres quinze vaisseaux, dont cinq de soixante et quinze canons, huit de soixante-quatre et deux de cinquante. L'escadre anglaise comptait dixhuit vaisseaux, dont un de quatre-vingts canons, sept de soixante et quatorze, sept de soixante-quatre et un de cinquante.

« Conformément à l'ordre qu'il en en avait reçu, le bailli de Suffren avait transporté son pavillon sur une frégate, et parcourait sa ligne, en se tenant par le travers de son avant-garde. Lorsqu'elle ne fut plus qu'à demi-portée du canon il arbora le signal de commencer le combat. Tous ses vaisseaux tinrent le vent pour l'exécuter, et l'action s'engagea à quatre heures vingt minutes du soir, entre les deux escadres, au même bord, et par une canonnade très-vive de part et d'autre. Elle dura environ deux heures et demie; alors la nuit sépara les combattants1. »

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Cependant l'escadre française, qui avait l'avantage du vent, força les Anglais de se retirer devant elle avec plusieurs de leurs vaisseaux démâtés. Cette action fut la dernière de la guerre.

DLXIX.

PUBLICATION DU TRAITÉ DE PAIX DE VERSAILLES ENTRE LA FRANCE ET L'ANGLETERRE.

- 25 NOVEMBRE 1783.

VAN YSENDICK. — 1837.

Le docteur Franklin avait été accrédité comme ministre plénipotentiaire des États-Unis d'Amérique près de la cour de France, et M. Adams avait été reconnu en la même qualité près des Provinces Unies. Ces deux ministres, par l'intermédiaire de la France et de la Hollande, pressaient la reconnaissance de l'indépendance américaine. De son côté, le parlement anglais demandait la paix, et l'administration belliqueuse du marquis de Rockingham avait été remplacée par celle de lord Shelburne, qui, pour finir cette longue querelle, réclama l'intervention du cabinet de Versailles. Le 30 novembre 1782 les préliminaires de la paix furent arrêtés à Paris, et, par un traité conclu quelque temps après entre sir Richard Howard et le docteur Franklin, l'indépendance des États-Unis fut reconnue par l'Angleterre.

Des traités définitifs entre les cours de France, d'Espagne, d'Angleterre et de Hollande furent ensuite signés,

les 3 et 22 septembre 1783, et la paix fut publiée dans Paris le 25 novembre 1783, avec tout le cérémonial usité en pareille circonstance. Le prévôt des marchands et les échevins, le lieutenant général de police, les lieutenants procureurs du Châtelet et les autres officiers y assistèrent. Ils parcoururent la ville, précédés des archers du guet, des huissiers à cheval et à pied, accompagnés du roi d'armes, des six hérauts et du corps de musique de la ville.

Le cortège, suivant l'usage, partit de l'hôtel de ville à midi, s'arrêta sur toutes les places publiques, devant le Palais-Royal, aux Tuileries, sur la place Vendôme, traversa les boulevards, et rentra à cinq heures.

y eut ensuite des feux de joie et de grandes illuminations dans les rues et à la façade de tous les établissements publics.

DLXX.

LOUIS XVI DONNE DES INSTRUCTIONS A M. DE LAPÉROUSE POUR SON VOYAGE AUTOUR DU MONDE. JUILLET 1785.

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<«<Louis XVI avait conçu, en 1785, l'idée d'une grande entreprise dans l'intérêt de l'humanité, de la navigation et du commerce. Le capitaine Cook, envoyé par le roi d'Angleterre dans la mer du Sud, pour y découvrir un passage d'Asie en Europe par le nord, avait fait trois voyages: le premier en 1769, le second en 1772, et le dernier en 1775. Il fut tué, lors de son

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dernier voyage, dans l'île d'Owyhée, par des sauvages qu'il avait comblés de bienfaits, laissant après lui un nom immortel, et à sa patrie l'avantage de plusieurs importantes découvertes.

« Ce fut pour compléter ce que ce grand homme avait laissé imparfait, que Louis résolut d'envoyer deux frégates sur les traces du capitaine anglais, pour rechercher le passage qu'il n'avait pas trouvé, faire des découvertes dans le continent austral et dans la mer du Sud, explorer des côtes peu connues, observer des volcans, rechercher des minéraux inconnus à l'Europe, des plantes nouvelles; étudier de nouveaux peuples, et chercher au commerce de nouveaux débouchés.

«Dans cette intention il fit préparer les frégates la Boussole et l'Astrolabe, et nomma pour chef de l'expédi tion Jean-François Galaup de Lapérouse, capitaine de vaisseau 1. >>

Avant le départ de l'expédition, le roi reçut dans son cabinet à Versailles Lapérouse, en présence du maréchal de Castries, ministre de la marine, et lui donna lui-même ses dernières instructions.

er

La Boussole et l'Astrolabe partirent de Brest le 1 août 1785. Lapérouse ne donna de ses nouvelles que le 25 juillet de l'année suivante.

1 Histoire de Louis XVI,

par

Bourniseaux, t. II, p. 226.

DLXXI.

VOYAGE DE LOUIS XVI A CHERBOURG. JUIN 1786.

CRÉPIN. 1814.

Depuis longtemps le ministère de la marine avait reconnu la nécessité d'ouvrir aux vaisseaux français un refuge entre Brest et Dunkerque. La rade de Cherbourg fut choisie comme celle qui pouvait le mieux offrir cet avantage, et en 1781 Louis XVI alla lui-même encourager les premiers travaux de sa présence.

Ces travaux marchèrent avec rapidité. «On devait lancer en mer, le 24 juin, un cône énorme; le roi voulut jouir de ce spectacle. Il partit de Rambouillet le 21 juin, avec le prince de Poix, les ducs d'Harcourt, de Villequier et de Coigny; il arriva à Cherbourg le 22, et le cône fut lancé aux cris de vive le roi1! »

Le maréchal de Castries, ministre de la marine, avait précédé Louis XVI à Cherbourg. Le lendemain de son arrivée, le roi se rendit au port à l'heure de la marée montante. <«< Il était, rapporte l'auteur d'un voyage publié par Lacourière, vêtu d'un habit écarlate, ayant la broderie des lieutenants généraux. Il s'embarqua à trois heures et demie du matin; en cinq heures et demie de remorque, le cône parvint au point donné pour son échouage. M. de Cessart, créateur de cette glorieuse entreprise, demanda les ordres du roi pour l'immersion, qui fut exécutée en vingt-huit minutes. »

1 Histoire de Louis XVI, par Bourniseaux, t. II,

p. 237.

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