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ral Samuel Hood, sur le Barfleur, de quatre-vingt-dix

canons.

« L'action s'engagea par un feu très-vif et dans l'ordre inverse entre les avant-gardes des deux armées, et à la portée de la mousqueterie entre leurs vaisseaux de tête. Quelques vaisseaux des deux corps de bataille prirent aussi part à ce combat, mais à une grande distance; l'arrière-garde anglaise, en tenant constamment le vent, évita l'attaque de celle des Français, qui faisait tous ses efforts pour l'approcher, ainsi que le corps de bataille anglais. Le combat dura jusqu'à six heures et demie du soir, et ce fut en vain que les Français cherchèrent, pendant quatre jours, à le rengager. Les vents variables et les temps orageux, qui ne cessèrent de les contrarier, finirent par leur faire perdre de vue l'armée anglaise; alors, dans la crainte qu'à la faveur de quelque variation de vent, elle ne le devançât dans la baie de Chesapeak, l'amiral français revint y mouiller. En y rentrant il s'empara des frégates anglaises l'Iris et le Richmond, qui avaient été envoyées par l'amiral Graves pour couper les bouées des vaisseaux français au mouillage de Linn-Haven.

<«<Les vaisseaux anglais le Shrewsbury, le Montagu, l'Ajax, l'Intrépide et le Terrible, furent considérablement endommagés dans leurs corps et dans leurs mâtures, et le 11 septembre l'amiral Graves fut obligé de faire mettre le feu à ce dernier vaisseau, parce qu'il ne pouvait plus résister à la lame1. »

1 Annales maritimes et coloniales, par M. Bajot, t. II,

p. 401-403.

DLX.

SIÉGE D'YORK-TOWN. - 6 OCTOBRE 1781.

INVESTISSEMENT DE LA PLACE.

« Cependant l'armée française, si longtemps bloquée à Rhode-Island, en sort le 1er septembre. Clinton, persuadé qu'elle marche sur New-York, pour en faire le siége conjointement avec Washington, se renferme dans la place, où il se fortifie. Le comte de Rochambeau, par une marche habile, quitte la route de New-York et se porte vers Philadelphie, où il arrive le 2 octobre. Cette armée comptait au nombre de ses principaux officiers MM. de Vioménil, de Custine, de Lauzun, de Dillon, de Chastellux, Berthier, Dumas, de Damas, de Lameth et de Rochambeau, fils du général. On y voyait plusieurs étrangers, et entre autres le comte des Deux-Ponts. L'armée défila devant le président du congrès, auquel elle rendit de grands honneurs militaires.

« Après s'être concertée avec le comte de Grasse, dont la flotte interceptait le passage de la baie de Chesapeak et de l'embouchure du James, elle s'unit à l'armée de Washington. Les Américains et les Français marchèrent de suite à Williamsbourg, où ils arrivèrent le 4 octobre: ils y rouvèrent MM. de Chastellux, de Lafayette et de Saint-Simon, et toutes les forces des

armées combinées se rassemblèrent sur ce point. Elles formaient un corps effectif de dix-sept mille hommes. «York-Town fut investi le 6; la tranchée fut ouverte le 81. >>

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«Deux redoutes furent emportées d'assaut le 12: l'une fut prise par les Américains, conduits par les généraux Lincoln, Lawrence et Hamilton; l'autre fut conquise par le régiment d'Auvergne, commandé par le . marquis de Saint-Simon, MM. de Vioménil, de Dillon, de Rochambeau et de Lameth 2. >>

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La place de York-Town, défendue par une armée, opposait une vive résistance. Cornwallis tenta plusieurs fois des sorties, qui furent toutes repoussées. Les géné

1 Histoire de Louis XVI, par Bourniseaux, t. I, p. 440.

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raux de l'armée combinée, informés que sir H. Clinton, à la tête de ses troupes, avait quitté New-York, pressaient de plus en plus les attaques. Lord Cornwallis résistait toujours; mais << sa position, déjà très-critique, devint insoutenable. Les assiégeants ayant élevé, dans la nuit du 11 au 12 octobre, une seconde parallèle à cent cinquante toises du corps de la place, ne l'eurent pas plus tôt perfectionnée, qu'ils résolurent d'attaquer les deux redoutes détachées de la gauche des assiégés. Le marquis de Lafayette, à la tête des Américains, et le baron de Vioménil, avec le régiment de Gâtinais, et quatre cents grenadiers français aux ordres du comte Guillaume de Forbach des Deux-Ponts et de M. de l'Estrades, les emportèrent l'épée à la main, tuèrent ou blessèrent la plus grande partie des troupes qui les défendaient, et firent cent soixante-huit prisonniers. Dans la même nuit les assiégeants enfermèrent ces deux redoutes dans la seconde parallèle, à laquelle ils les firent servir de point d'appui. Ils travaillèrent avec tant d'ardeur, que, dès le lendemain, à la pointe du jour, ils les avaient déjà remises en état de défense. Resserrés de plus en plus, et menacés d'être canonnés avec des batteries à ricochet, qu'ils voyaient établies contre la ville d'York, les assiégés, au nombre de six cents hommes, firent une sortie la nuit du 15 au 16, et enclouèrent deux pièces de canon dans la seconde parallèle; mais elles furent remises en état de servir six heures après. Le feu de l'artillerie des assiégeants était si vif, qu'il n'était pas possible aux défenseurs d'York-Town de monter un seul canon sur

tout le front attaqué. Hors d'état d'opposer désormais une plus longue résistance, lord Cornwallis demanda, le 17 octobre, une suspension d'armes pendant un jour. Deux heures seulement lui furent accordées; alors il se décida à parlementer 1. >>

DLXIII.

SIÉGE D'YORK-TOWN.

19 OCTOBRE 1781.

SORTIE DE LA GARNISON ANGLAISE.

Gouache par VAN BLAREMBERG.

« Le jour suivant fut employé à discuter les articles de la capitulation, qui fut rédigée par le colonel américain Lawrence, dont le père était captif en Angleterre, et par le vicomte de Noailles, conjointement avec deux officiers supérieurs de l'armée anglaise. Les troupes de terre se rendaient prisonnières de guerre aux guerre aux États-Unis, et celles de mer à l'armée navale française. Cette capitulation, qui fut signée le 19 octobre 1781, portait encore que les troupes ennemies défileraient l'arme au bras, les drapeaux dans leurs étuis, les tambours battant une marche anglaise ou allemande, et qu'elles viendraient déposer les armes sur les glacis, non loin d'YorkTown, en présence des armées alliées.....

« Le nombre des prisonniers monta à six mille cinq cent quatre-vingt-onze, y compris deux mille quatre

1 Histoire de l'indépendance américaine, par Leboucher.

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