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français pour exécuter le signal de virer lof pour lof tout à la fois, rompirent toutes ses mesures et le contraignirent de reprendre ses amures. Dans cette position, ne pouvant plus combattre l'avant-garde, qui était tombée sous le vent, parce qu'elle avait été fort dégréée, l'amiral anglais fit voile pour attaquer le corps de bataille français; mais à quatre heures du soir, voyant la mâture de son vaisseau endommagée, et la ligne française se reformer, il amura sa grande voile, retint le vent, et le fit serrer à toute son armée : cette dernière manœuvre mit fin au combat.

<<< Entre autres vaisseaux anglais, le Sandwich, qui avait été combattu successivement par les vaisseaux français le Vengeur, le Destin et le Palmier, fut si maltraité, que peu s'en fallut qu'il ne coulât. Le Sphinx et l'Artésien soutinrent pendant plus d'une heure, et avec fermeté, le feu supérieur des plus gros vaisseaux de l'avant-garde anglaise, parmi lesquels se trouvait la Princesse Royale, jusqu'à ce que le Robuste, après avoir viré de bord, fût venu à leur secours et les eût dégagés 1. »

1 Annales maritimes et coloniales, par M. Bajot, t. II,

Op 376.

DLVII.

COMBAT NAVAL DE LA PRAYA. 16 AVRIL 1781.

GILBERT (d'après le tableau de la galerie du ministère de la marine). — 1837.

La Hollande, qui était parvenue à rester neutre pendant les trois premières années de la guerre, avait été entraînée, en 1781, dans l'alliance française. Le gouvernement anglais mit alors une escadre sous les ordres du commodore Johnstone, pour aller attaquer la colonie du cap de Bonne-Espérance, avec mission de se rallier ensuite dans l'Inde à la flotte de l'amiral Hughes, et d'y détruire les établissements hollandais. A cette terrible menace, les États-Généraux avaient réclamé l'appui de la France.

« A la demande des Hollandais, le gouvernement français expédia, sous les ordres du bailli de Suffren, une petite flotte pour porter des troupes et des munitions de guerre au cap de Bonne-Espérance, qui était menacé par les Anglais.

«M. de Suffren approchait de la baic de la Praya, dans l'île de Sant-lago, où il se proposait de faire de l'eau, lorsque l'Artésien, qui marchait en avant, découvrit à l'entrée de la rade un bâtiment avec pavillon anglais, et revira sur son commandant avec signal de voiles ennemies 1. >>

1 Annales maritimes et coloniales, par M. Bajot, t. II, p. 391.

Le bailli de Suffren reconnut l'escadre anglaise. Voyant qu'il avait été prévenu, il prit aussitôt le parti de l'attaquer. « Le vaisseau le Héron, qu'il montait, alla mouiller sur la bouée de l'ennemi, et fut suivi par l'Annibal, commandé par M. de Tremignon l'aîné, capitaine de vaisseau. L'Artésien, commandé par M. de Cardaillac, vint ensuite et manqua le mouillage; mais il aborda deux bâtiments de la compagnie, dont il se rendit maître. Le Sphinx et le Vengeur, aux ordres du comte de Forbin et du vicomte du Chilleau, ne purent tenir sur leurs ancres, et se battirent sous voiles; leur feu eut moins d'effet, et les cinq vaisseaux anglais profitèrent de leur éloignement pour diriger le leur sur le Héron et sur l'Annibal. Ce dernier en fut tellement écrasé, qu'il perdit tous ses mâts, et fut obligé de couper son câble pour gagner le large. Le Héron fut bientôt obligé d'en faire autant, et fut suivi par les autres vaisseaux qu'il avait sous ses ordres. Le commodore Johnstone fit signal à son escadre d'appareiller et de poursuivre les vaisseaux français; mais elle était trop maltraitée pour pouvoir les atteindre, et fut obligée de regagner la rade de la Praya.

« Le parti courageux que prit le bailli de Suffren dans cette circonstance lui procura l'avantage inappréciable d'arriver dans l'Inde avant les Anglais, dont le départ avait précédé le sien, et c'est à juste titre qu'on doit lui attribuer tout l'honneur de cette journée 1. »

1 Relations des guerres maritimes de 1778, par le contre-amiral Kerguelen, p. 177.

DLVIII.

COMBAT NAVAL EN VUE DE LOUISBOURG. 22 JUILLET 1781.

DE ROSSEL.

Les frégates l'Astrée, de vingt-six canons, commandée par le capitaine de vaisseau de Lapérouse, et l'Hermione, sous les ordres du lieutenant de vaisseau comte de la Touche-Tréville, étant en croisière le 22 juillet 1781, à six lieues dans le sud-est du cap nord de l'île Royale, sur les côtes de la Nouvelle-Angleterre, furent informées qu'un convoi ennemi, escorté par des bâtiments de guerre, était dans ces parages. Le capitaine Lapérouse donna ordre de se porter de ce côté. Les deux frégates eurent bientôt à se défendre contre cinq bâtiments ennemis : l' Allégeance, de vingt-quatre canons; le Vernon, de vingt-quatre; le Charlestown, de vingt-huit; le Jack, de vingt-quatre, et le Vautour, de vingt, tandis qu'un sixième, le Thompson, de dix-huit canons, resta cons

tamment au vent.

« L'Astrée s'attacha particulièrement au Charlestown; l'Hermione combattit cette frégate à son tour, après avoir tiré plusieurs bordées au Vautour et au Jack. Le combat avait commencé à six heures et demie; une demiheure après, le Charlestown, alternativement combattu par M. de Lapérouse et le comte de la Touche, brassa à culer, et retomba par le travers de l'Astrée, qui lui ayant cassé son grand mât de hune, le força d'amener

son pavillon. Le Jack se trouvait alors par le travers du commandant de l'Hermione, qui l'écrasa de son feu et le força à se rendre. Le combat était même engagé de manière que les trois autres bâtiments ennemis eussent été obligés d'en faire autant, si la nuit ne fût pas tombée si vite. M. de Lapérouse, voyant que tout annonçait qu'elle serait très-obscure, ne voulut pas poursuivre l'Allégeance et le Vernon, qui forçaient de voiles et prenaient la fuite. Les deux commandants français virèrent de bord pour amariner le Charlestown et le Jack, qui restaient de l'arrière : le dernier de ces bâtiments le fut en effet; mais le premier, qui avait laissé tomber sa misaine, au lieu d'arriver pour se laisser amariner, échappa à la faveur de la nuit aux recherches du comte de la Touche, qui avait viré sur lui.

<< Nos deux frégates se rejoignirent à neuf heures et demie. L'Astrée mit en panne, dans l'espoir que le Charlestown prendrait ce parti pour se laisser dépasser; mais elle n'en eut point connaissance à la pointe du jour, et les vents d'ouest ayant porté les frégates du roi à quatorze lieues sous le vent de la baie des Espagnols, elles firent voile pour Boston 1. »>

1 Relations des guerres maritimes de 1778, par le contre-amiral Kerguelen, p. 199.

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