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cité et le même courage. A une heure après midi, la Surveillante fut démâtée de tous ses mâts, et peu de minutes après, la mâture de la frégate anglaise éprouva le même sort. Ces deux bâtiments, privés de tous leurs mâts et hors d'état de manœuvrer, continuèrent à combattre avec la même chaleur. M. du Couedic, quoique blessé très-grièvement, n'abandonna point le gaillard de sa frégate. Lorsqu'il vit que les deux bâtiments étaient assez rapprochés pour tenter l'abordage, il ordonna à son équipage de sauter à bord. Déjà le beaupré de la Surveillante était engagé dans les débris des mâts de son ennemi, lorsqu'on vit tout le gaillard de la frégate anglaise en feu. L'incendie se communiqua rapidement au beaupré de la Surveillante. M. du Couedic manœuvra avec assez d'habileté et de précision pour s'éloigner du bâtiment enflammé, à l'aide de quelques avirons; il parvint à éteindre le feu de son beaupré, et dès lors il ne s'occupa plus qu'à sauver quelques Anglais qui s'étaient jetés à la mer. Quarante-trois seulement purent gagner son bord, et à quatre heures la frégate anglaise sauta en l'air. On apprit par eux qu'elle se nommait le Québec, qu'elle portait trente-deux canons et était commandée par le capitaine Famer1. >>

1 Annales maritimes et coloniales, par M. Bajot, t. II, p. 214.

DLV.

COMBAT NAVAL D'UNE DIVISION FRANÇAISE CONTRE UNE ESCADRE ANGLAISE. - 18 DÉCEMBRE 1779.

DE ROSSEL.

<< Un convoi de vingt-six navires, destiné pour les îles du Vent, et parti de Toulon sous l'escorte de la frégate l'Aurore, que commandait M. de la Flotte, était sur le point d'entrer au Fort-Royal, lorsqu'on aperçut quatorze vaisseaux ennemis qui lui donnaient chasse. M. de la Flotte fit serrer le vent et la côte à son convoi. Il espérait pouvoir le faire entrer dans le port avant que l'ennemi fût à portée de l'intercepter; mais le vent manquant à la côte, tandis que les vaisseaux anglais en avaient encore au large, un d'eux, l'Élisabeth, de soixante et quatorze canons, fut bientôt à portée de l'Aurore, qui fit feu de ses canons de retraite pour protéger les bâtiments de la tête du convoi.

«< A deux heures après midi on vit du Fort-Royal le combat inégal que l'Aurore était obligée de soutenir. Aussitôt M. de Lamotte-Piquet, chef d'escadre, appareilla avec le vaisseau l'Annibal, de soixante et quatorze, pour aller au secours de la frégate et du convoi. Il fut bientôt suivi de deux vaisseaux de soixante-quatre, le Vengeur, commandé par M. le chevalier de Retz, et le Réfléchi, par M. Cillart de Surville. M. de LamottePiquet se présenta d'abord seul au combat contre trois

vaisseaux ennemis qui avaient coupé le convoi, et dégagea la frégate l'Aurore, et, avec elle, huit des navires marchands, qui eussent été infailliblement pris sans cette manœuvre aussi hardie que bien exécutée.

«Lorsque les deux autres vaisseaux français eurent joint l'Annibal, ils engagèrent un combat des plus vifs contre sept vaisseaux ennemis; mais, malgré tous leurs efforts, ils ne purent empêcher que ceux des vaisseaux anglais qui restaient sans combattre, ne s'emparassent de plusieurs bâtiments du convoi. La nuit d'ailleurs mit un terme au combat, et M. de Lamotte-Piquet, voyant que ceux des navires du convoi qui ne s'étaient pas échoués à la côte étaient déjà amarinés derrière l'escadre anglaise, se détermina à rentrer au Fort-Royal 1. »

DLVI.

COMBAT NAVAL EN VUE DE LA DOMINIQUE.

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GILBERT (d'après le tableau de la galerie du ministère de la marine). — 1837.

L'Angleterre, menacée dans ses possessions des Antilles, avait envoyé l'ordre à l'amiral Rodney de quitter, avec une partie de sa flotte, la Méditerranée pour se rendre en Amérique. La France, de son côté, avait armé à Brest quinze vaisseaux de ligne, qui partirent sous les ordres du comte de Guichen.

L'amiral Hyde-Parker, en station dans les Antilles,

1 Annales maritimes et coloniales, par M. Bajot, t. II, p. 217.

y

commandait en maître, lorsque le comte de Guichen arriva à la Martinique le 23 mars 1780, et réunit aussitôt sous ses ordres toutes les forces navales qui se trouvaient dans ces parages. Les escadres détachées, commandées par le chevalier de Lamotte-Piquet, le comte de Grasse, le comte de Vaudreuil, s'étaient jointes à lui. Le marquis de Bouillé était sur la flotte à la tête des troupes de débarquement. Des deux côtés on cherchait à reprendre les colonies qui avaient pu être enlevées dans la précédente campagne. Le comte de Guichen voulut tenter une attaque sur l'île de Sainte-Lucie, et le 16 avril il débouchait par le canal de la Dominique pour remonter au vent de la Martinique, «<lorsqu'il eut connaissance de l'armée anglaise. Alors il signala l'ordre de bataille, ainsi que les manœuvres propres à lui procurer l'avantage du vent et à le rapprocher de l'ennemi.

«Il parut d'abord que l'amiral Rodney, sous le commandement duquel la Grande-Bretagne avait mis toutes ses forces navales aux Antilles, ne voulait qu'observer les Français; mais le comte de Guichen, te voyant se poster, à huit heures du soir, sur son arrière-garde, fit aussitôt revirer son armée vent devant, et prendre les mêmes amures que les vaisseaux anglais, qui tinrent alors le vent et mirent au bord opposé1. »

L'amiral Rodney, qui avait fait sa jonction avec les amiraux Rowley, Walsingham et Hyde-Parker, se rendit dans la rade de Saint-Pierre, et ferma l'accès de l'île au comte de Guichen.

1 Annales maritimes et coloniales, par M. Bajot, t. II, p. 373.

Les armées navales étaient en présence dans l'ordre suivant.

Flotte anglaise: à l'avant-garde, sept vaisseaux de haut bord; le vice-amiral Hyde-Parker, commandant, sur la Princesse Royale, de quatre-vingt-dix canons; au corps de bataille, sept vaisseaux; l'amiral Rodney, généralissime, sur le Sandwich, de quatre-vingt-dix canons; à l'arrièregarde, six vaisseaux, dont quatre de soixante et quatorze, un de soixante-quatre et un de soixante.

La flotte française était rangée dans l'ordre inverse : A l'arrière-garde, sept vaisseaux de haut bord; le comte de Grasse, commandant, sur le Robuste, de soixante et quatorze canons; au corps de bataille, sept vaisseaux de haut bord; le comte de Guichen, général en chef, sur la Couronne, de quatre-vingts canons; et à l'avantgarde, huit vaisseaux de haut bord; le chevalier de Sade, commandant, sur le Triomphant, de quatre-vingts canons.

«En forçant de voiles depuis onze heures du matin, l'armée française avait d'autant plus étendu sa ligne que les vaisseaux qui composaient l'avant-garde étaient moins bons voiliers. La lacune qui s'était nécessairement faite entre cette escadre et le corps de bataille, devint encore plus grande par la dérive de l'Actionnaire, qui, quoique forçant de voiles, tomba sous le vent de la ligne. Ce fut cet instant que l'amiral Rodney saisit pour tenter de couper l'arrière-garde; mais l'audace du Destin, vaisseau français, à tenir le Sandwich par son travers, et à le combattre obstinément à demi-portée de fusil, et les manœuvres que faisait le corps de bataille

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