«On fit sept cents prisonniers, et l'on prit sur les ennemis trois drapeaux, cent deux pièces de canon et seize mortiers 1. >> DLII. COMBAT NAVAL DE L'ILE DE LA GRENADE.— 6 JUILLET 1779. J. F. HUE. « Le lendemain, pendant que le comte d'Estaing était occupé à faire désarmer les habitants et à indiquer l'emplacement des batteries, il reçut l'avis de l'approche de l'armée navale anglaise. Le vent, qui soufflait de l'est et de l'est-nord-est, ne lui permettant pas de sortir à sa rencontre, il rappela au mouillage ceux de ses vaisseaux que la mauvaise qualité du fond de l'anse Molenier avait fait dérader et s'étendre jusque dans la baie pour y trouver une meilleure tenue. En même temps il envoya quelques frégates croiser au vent de son armée. Le 6, à la pointe du jour, il fit signal à une partie de ses vaisseaux, qui n'avaient pas encore appareillé, de couper leurs câbles et de se former en ligne, l'amure à tribord, sans avoir égard ni à leurs postes ni à leur rang. « L'armée anglaise, qui avait l'avantage du vent, s'approchait alors, toutes voiles dehors, dans l'ordre de bataille suivant : « A l'avant-garde, le vice-amiral Barrington, sur le Prince de Galles, de soixante et quatorze canons. 1 Annales maritimes et coloniales, par M. Bajot, t. II, p. 204. << Au corps de bataille, l'amiral Byron, sur la Princesse Royale, de quatre-vingt-dix. « Et l'arrière-garde, sous les ordres du contre-amiral Hyde-Parker, embarqué sur le Conquérant, de soixante et quatorze canons. «L'armée française, qui courait à bord opposé, devait être ainsi formée : « A l'avant-garde, le comte de Breugnon, commandant, sur le Tennant, de quatre-vingts canons. «Le comte d'Estaing, général, au corps de bataille, sur le Languedoc, de quatre-vingts canons. « Et à l'arrière-garde, M. de Broves, sur le César, de soixante et quatorze canons. « Il n'y eut d'abord que quinze vaisseaux français qui purent prendre part au combat, les courants ayant fait tomber les autres sous le vent. Cependant l'armée anglaise, sans cesser de combattre, continuait de courir avec confiance vers la baie de Saint-Georges, dans l'espoir d'arriver encore assez à temps pour secourir l'île de la Grenade. Mais à la vue du feu des forts sur son chef de file, l'amiral Byron, convaincu que cette île n'était plus au pouvoir des Anglais, fit revirer son armée vent arrière et mit au même bord que les Français. Le combat continua avec la plus grande vivacité jusqu'à midi un quart; il cessa alors, parce que l'armée anglaise forçait toujours de voiles et serrait le vent pour rejoindre son convoi, tandis que l'amiral français arrivait insensiblement pour rallier ses vaisseaux sous le vent. Lorsque l'armée française fut bien formée en ligne, le comte d'Estaing la fit revirer vent devant tout à la fois. L'objet de cette évolution était de couper le Grafton, le Cornwall et le Lion, vaisseaux de l'arrière-garde anglaise, qui semblaient fort désemparés, et qui se trouvaient à une grande distance en arrière et plus sous le vent. Mais l'amiral anglais ayant fait, peu de temps après, la même manœuvre, le comte d'Estaing fit reformer son armée en ligne sur son vaisseau de queue. Alors le Grafton et le Cornwall ne purent rejoindre leur escadre qu'en passant au vent de la ligne française; ils essuyèrent le feu de tout son corps de bataille. Pour le Lion, qui était extraordinairement dégréé et absolument coupé, il fit vent arrière et alla se réfugier à la Jamaïque, dans l'état d'un vaisseau naufragé 1. » DLIII. COMBAT DES FRÉGATES FRANÇAISES LA JUNON ET LA GENTILLE CONTRE LE VAISSEAU ANGLAIS L'ARDENT. 17 AOUT 1779. -- GILBERT (d'après le tableau de la galerie du ministère de la marine). -- 1837. «La frégate la Junon, commandée par le chevalier de Marigny, découvrit, le 17 août, à huit heures du matin, sur la pointe de Good-Start, deux bâtiments, dont l'un donnait chasse à l'autre, et le visitait après l'avoir atteint. Le chevalier de Marigny reconnut que le bâtiment visité était danois et que l'autre était un vaisseau de 1 Annales maritimes et coloniales, par M. Bajot, t. II, p. 205-208. ligne anglais. Il en donna aussitôt le signal à l'escadre dont il faisait partie, et qui était aux ordres du comte de la Touche-Tréville. Ce général marqua qu'il entendait le signal, et fit en même temps à son escadre celui de forcer de voiles. « La Junon avait profité du temps que le vaisseau anglais avait employé à visiter le bâtiment danois pour courir un bord et s'élever dans le vent, et elle était parvenue à se mettre dans les eaux de l'ennemi. Lorsque le chevalier de Marigny en fut à la petite portée du canon, il arbora la flamme et le pavillon français, et l'assura d'un coup de canon. L'ennemi fit alors ouvrir les sabords de sa première batterie, du côté qu'il présentait à la Junon, mais sans arborer le sien. Le chevalier de Marigny, ne doutant plus que ce ne fût un vaisseau anglais, et, revenant sur tribord, envoya deux volées à ce vaisseau, qui lui présentait la hanche. Jugeant ensuite qu'il ne pouvait être préparé au combat que d'un seul bord, il l'abandonna du côté de bâbord, et dirigea son attaque du tribord. En exécutant cette manœuvre, il lui envoya deux nouvelles bordées dans la hanche et dans la poupe. << En ce moment la frégate la Gentille, commandée par M. Mengaud de la Haye, lieutenant de vaisseau, arriva à portée de combattre, et fit le feu le plus vif. Le vaisseau anglais commença alors à tirer sur les deux frégates et leur envoya deux bordées. Il ne leur fit aucun mal, et, après cette courte défense, le capitaine amena son pavillon et nous laissa maîtres du vaisseau l'Ardent, de soixante-quatre canons, destiné à augmenter l'armée de l'amiral Hardy 1. » DLIV. COMBAT DE LA FRÉGATE FRANÇAISE LA SURVEILLANTE CONTRE LA FRÉGATE ANGLAISE LE QUÉBEC. —7 OCTOBRE 1779. «La frégate la Surveillante, de vingt-six canons, commandée par M. du Couedic, lieutenant de vaisseau, croisait à la hauteur de l'île d'Ouessant avec le cutter l'Expédition, commandé par le vicomte de Roquefeuil; on découvrit, le 7 octobre, à la pointe du jour, une frégate et un cutter, qui furent soupçonnés ennemis. M. du Couedic fit signal à l'Expédition de se préparer au combat, força de voiles et serra le vent pour s'approcher des Anglais. Dès qu'il fut parvenu à demi-portée de canon, il arbora son pavillon et l'assura d'un coup de canon à boulet. Les bâtiments ennemis mirent en panne sans arborer leurs couleurs, et, ayant reçu, dans cette position, la bordée de la frégate française, ils arrivèrent en déployant le pavillon anglais. La Surveillante revira aussitôt pour se mettre au même bord que la frégate et l'attaquer, tandis que le vicomte de Roquefeuil combattrait le cutter. « L'action s'engagea bord à bord à dix heures et demie; elle fut soutenue, de part et d'autre, avec la même viva 1 Relations des événements et combats de la guerre maritime de 1778 entre la France et l'Angleterre, par le contre-amiral Kerguelen, p. 95. |