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ligne anglais. Il en donna aussitôt le signal à l'escadre dont il faisait partie, et qui était aux ordres du comte de la Touche-Tréville. Ce général marqua qu'il entendait le signal, et fit en même temps à son escadre celui de forcer de voiles.

« La Junon avait profité du temps que le vaisseau anglais avait employé à visiter le bâtiment danois pour courir un bord et s'élever dans le vent, et elle était parvenue à se mettre dans les eaux de l'ennemi. Lorsque le chevalier de Marigny en fut à la petite portée du canon, il arbora la flamme et le pavillon français, et l'assura d'un coup de canon. L'ennemi fit alors ouvrir les sabords de sa première batterie, du côté qu'il présentait à la Junon, mais sans arborer le sien. Le chevalier de Marigny, ne doutant plus que ce ne fût un vaisseau anglais, et, revenant sur tribord, envoya deux volées à ce vaisseau, qui lui présentait la hanche. Jugeant ensuite qu'il ne pouvait être préparé au combat que d'un seul bord, il l'abandonna du côté de bâbord, et dirigea son attaque du tribord. En exécutant cette manœuvre, il lui en

voya

deux nouvelles bordées dans la hanche et dans la

poupe.

<< En ce moment la frégate la Gentille, commandée par M. Mengaud de la Haye, lieutenant de vaisseau, arriva à portée de combattre, et fit le feu le plus vif. Le vaisseau anglais commença alors à tirer sur les deux frégates et leur envoya deux bordées. Il ne leur fit aucun mal, et, après cette courte défense, le capitaine amena son pavillon et nous laissa maîtres du vaisseau l'Ardent, de

soixante-quatre canons, destiné à augmenter l'armée de l'amiral Hardy 1. »

DLIV.

COMBAT DE LA FRÉGATE FRANÇAISE LA SURVEILLANTE CONTRE LA FRÉGATE ANGLAISE LE QUÉBEC.—7 OCTOBRE

1779.

GILBERT. 1817.

« La frégate la Surveillante, de vingt-six canons, commandée par M. du Couedic, lieutenant de vaisseau, croisait à la hauteur de l'île d'Ouessant avec le cutter l'Expédition, commandé par le vicomte de Roquefeuil; on découvrit, le 7 octobre, à la pointe du jour, une frégate et un cutter, qui furent soupçonnés ennemis. M. du Couedic fit signal à l'Expédition de se préparer au combat, força de voiles et serra le vent pour s'approcher des Anglais. Dès qu'il fut parvenu à demi-portée de canon, il arbora son pavillon et l'assura d'un coup de canon à boulet. Les bâtiments ennemis mirent en panne sans arborer leurs couleurs, et, ayant reçu, dans cette position, la bordée de la frégate française, ils arrivèrent en déployant le pavillon anglais. La Surveillante revira aussitôt pour se mettre au même bord que la frégate et l'attaquer, tandis que le vicomte de Roquefeuil combattrait

le cutter.

« L'action s'engagea bord à bord à dix heures et demie; elle fut soutenue, de part et d'autre, avec la même viva

1 Relations des événements et combats de la guerre maritime de 1778 entre la France et l'Angleterre, par le contre-amiral Kerguelen, p. 95.

cité et le même courage. A une heure après midi, la Surveillante fut démâtée de tous ses mâts, et peu de minutes après, la mâture de la frégate anglaise éprouva le même sort. Ces deux bâtiments, privés de tous leurs mâts et hors d'état de manœuvrer, continuèrent à combattre avec la même chaleur. M. du Couedic, quoique blessé très-grièvement, n'abandonna point le gaillard de sa frégate. Lorsqu'il vit que les deux bâtiments étaient assez rapprochés pour tenter l'abordage, il ordonna à son équipage de sauter à bord. Déjà le beaupré de la Surveillante était engagé dans les débris des mâts de son ennemi, lorsqu'on vit tout le gaillard de la frégate anglaise en feu. L'incendie se communiqua rapidement au beaupré de la Surveillante. M. du Couedic manœuvra avec assez d'habileté et de précision pour s'éloigner du bâtiment enflammé, à l'aide de quelques avirons; il parvint à éteindre le feu de son beaupré, et dès lors il ne s'occupa plus qu'à sauver quelques Anglais qui s'étaient jetés à la mer. Quarante-trois seulement purent gagner son bord, et à quatre heures la frégate anglaise sauta en l'air. On apprit par eux qu'elle se nommait le Québec, qu'elle portait trente-deux canons et était commandée par le capitaine Famer 1. >>

1 Annales maritimes et coloniales, par M. Bajot, t. II, p. 214.

DLV.

COMBAT NAVAL D'UNE DIVISION FRANÇAISE CONTRE UNE ESCADRE ANGLAISE. 18 DÉCEMBRE 1779.

DE ROSSEL.

<< Un convoi de vingt-six navires, destiné pour les îles du Vent, et parti de Toulon sous l'escorte de la frégate l'Aurore, que commandait M. de la Flotte, était sur le point d'entrer au Fort-Royal, lorsqu'on aperçut quatorze vaisseaux ennemis qui lui donnaient chasse. M. de la Flotte fit serrer le vent et la côte à son convoi. Il espérait pouvoir le faire entrer dans le port avant que l'ennemi fût à portée de l'intercepter; mais le vent manquant à la côte, tandis que les vaisseaux anglais en avaient encore au large, un d'eux, l'Élisabeth, de soixante et quatorze canons, fut bientôt à portée de l'Aurore, qui fit feu de ses canons de retraite pour protéger les bâtiments de la tête du convoi.

«A deux heures après midi on vit du Fort-Royal le combat inégal que l'Aurore était obligée de soutenir. Aussitôt M. de Lamotte-Piquet, chef d'escadre, appareilla avec le vaisseau l'Annibal, de soixante et quatorze, pour aller au secours de la frégate et du convoi. Il fut bientôt suivi de deux vaisseaux de soixante-quatre, le Vengeur, commandé par M. le chevalier de Retz, et le Réfléchi, par M. Cillart de Surville. M. de LamottePiquet se présenta d'abord seul au combat contre trois

vaisseaux ennemis qui avaient coupé le convoi, et dégagea la frégate l'Aurore, et, avec elle, huit des navires marchands, qui eussent été infailliblement pris sans cette manœuvre aussi hārdie que bien exécutée.

<«<Lorsque les deux autres vaisseaux français eurent joint l'Annibal, ils engagèrent un combat des plus vifs contre sept vaisseaux ennemis; mais, malgré tous leurs efforts, ils ne purent empêcher que ceux des vaisseaux anglais qui restaient sans combattre, ne s'emparassent de plusieurs bâtiments du convoi. La nuit d'ailleurs mit un terme au combat, et M. de Lamotte-Piquet, voyant que ceux des navires du convoi qui ne s'étaient pas échoués à la côte étaient déjà amarinés derrière l'escadre anglaise, se détermina à rentrer au Fort-Royal 1. »

DLVI.

COMBAT NAVAL EN VUE DE LA DOMINIQUE.—17 AVRIL 1780.

GILBERT (d'après le tableau de la galerie du ministère de la marine). — 1837.

L'Angleterre, menacée dans ses possessions des Antilles, avait envoyé l'ordre à l'amiral Rodney de quitter, avec une partie de sa flotte, la Méditerranée pour se rendre en Amérique. La France, de son côté, avait armé à Brest quinze vaisseaux de ligne, qui partirent sous les ordres du comte de Guichen.

L'amiral Hyde-Parker, en station dans les Antilles,

1 Annales maritimes et coloniales, par M. Bajot, t. II, p. 217.

y

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