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sous le vent à lui; ces bâtiments étaient le Ruby, de soixante-quatre, et la frégate le Lowestone. Il ne balança pas à envoyer toute sa bordée au vaisseau, qui se trouvait alors par son travers, et qui lui riposta par toute la sienne, haute et basse. Le Ruby continua sa route en tirant sur la Minerve, pour virer dans ses eaux. En même temps le chevalier Grimoard eut connaissance du Bristol, de cinquante, et de la frégate l'Eolus, qui cherchaient à l'envelopper. Il attaqua la frégate, et, après trois quarts d'heure de combat, elle fut forcée de l'abandonner. Le calme vint quelque temps après, et dura jusqu'à une heure. Lorsque la brise s'éleva du nordnord-ouest, les vaisseaux qui l'entouraient commencèrent à le chasser; mais il força de voiles, et la nuit tomba sans qu'ils pussent l'atteindre : il en profita pour faire fausse route et se soustraire à leur poursuite. Le lendemain, n'apercevant plus aucun des bâtiments contre lesquels il avait combattu la veille, il prit le parti de remonter jusqu'à la hauteur d'Inagne, dans l'espérance de trouver quelques corsaires dans ce passage. En effet il rencontra la frégate la Providence, de vingt-quatre canons, lui livra combat et s'en rendit maître sans perdre un seul homme1. »

1 Annales maritimes et coloniales, par M. Bajot, t. II, p. 198.

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PRISE DE L'ILE DE LA GRENADE. 4 JUILLET 1779.

J. F. HUE.

«La prise de l'île Saint-Vincent né tarda pas à être suivie d'une conquête beaucoup plus importante, celle de la Grenade. Le comte d'Estaing, après avoir réuni à son armée navale l'escadre du chevalier de LamottePiquet, appareilla du Fort-Royal de la Martinique avec vingt-cinq vaisseaux, et parut, le 2 juillet au matin, à la vue de la Grenade. Il mouilla le soir devant l'anse Molenier, et mit de suite à terre treize cents hommes, qui occupèrent les hauteurs voisines.

« La journée du 3 fut employée à examiner les positions de l'ennemi et à concerter le plan d'attaque. Le comte d'Estaing, à la tête des grenadiers, fit une marche très-longue pour tourner le môle de l'hôpital, où les Anglais avaient réuni leurs richesses et leurs forces. Après cette reconnaissance, il commence l'attaque dans la nuit du 3 au 4, saute un des premiers dans les retranchements anglais, se porte avec rapidité au sommet du morne, et s'en empare de vive force. Il y trouva quatre pièces de vingt-quatre, et en fit tourner une, au point du jour, contre le fort dans lequel s'était retiré le gouverneur. Ainsi menacé d'être foudroyé à chaque instant par une artillerie qui dominait le lieu de sa retraite, lord Macartney fut obligé, deux heures après, de se rendre à discrétion.

« On fit sept cents prisonniers, et l'on prit sur les ennemis trois drapeaux, cent deux pièces de canon et seize mortiers 1. >>

DLII.

COMBAT NAVAL DE L'ILE DE LA GRENADE.- 6 JUILLET 1779.

J. F. HUE.

<< Le lendemain, pendant que le comte d'Estaing était occupé à faire désarmer les habitants et à indiquer l'emplacement des batteries, il reçut l'avis de l'approche de l'armée navale anglaise. Le vent, qui soufflait de l'est et de l'est-nord-est, ne lui permettant pas de sortir à sa rencontre, il rappela au mouillage ceux de ses vaisseaux que la mauvaise qualité du fond de l'anse Molenier avait fait dérader et s'étendre jusque dans la baie pour y trouver une meilleure tenue. En même temps il envoya quelques frégates croiser au vent de son armée. Le 6, à la pointe du jour, il fit signal à une partie de ses vaisseaux, qui n'avaient pas encore appareillé, de couper leurs câbles et de se former en ligne, l'amure à tribord, sans avoir égard ni à leurs postes ni à leur rang.

« L'armée anglaise, qui avait l'avantage du vent, s'approchait alors, toutes voiles dehors, dans l'ordre de bataille suivant :

« A l'avant-garde, le vice-amiral Barrington, sur le Prince de Galles, de soixante et quatorze canons.

1 Annales maritimes et coloniales, par M. Bajot, t. II, p. 204.

<«< Au corps de bataille, l'amiral Byron, sur la Princesse Royale, de quatre-vingt-dix.

<< Et l'arrière-garde, sous les ordres du contre-amiral Hyde-Parker, embarqué sur le Conquérant, de soixante et quatorze canons.

« L'armée française, qui courait à bord opposé, devait être ainsi formée :

« A l'avant-garde, le comte de Breugnon, commandant, sur le Tennant, de quatre-vingts canons.

<«<Le comte d'Estaing, général, au corps de bataille, sur le Languedoc, de quatre-vingts canons.

« Et à l'arrière-garde, M. de Broves, sur le César, de soixante et quatorze canons.

« Il n'y eut d'abord que quinze vaisseaux français qui purent prendre part au combat, les courants ayant fait tomber les autres sous le vent. Cependant l'armée anglaise, sans cesser de combattre, continuait de courir avec confiance vers la baie de Saint-Georges, dans l'espoir d'arriver encore assez à temps pour secourir l'île de la Grenade. Mais à la vue du feu des forts sur son chef de file, l'amiral Byron, convaincu que cette île n'était plus au pouvoir des Anglais, fit revirer son armée vent arrière et mit au même bord que les Français. Le combat continua avec la plus grande vivacité jusqu'à midi un quart; il cessa alors, parce que l'armée anglaise forçait toujours de voiles et serrait le vent pour rejoindre son convoi, tandis que l'amiral français arrivait insensiblement pour rallier ses vaisseaux sous le vent.

«Lorsque l'armée française fut bien formée en ligne,

le comte d'Estaing la fit revirer vent devant tout à la fois. L'objet de cette évolution était de couper le Grafton, le Cornwall et le Lion, vaisseaux de l'arrière-garde anglaise, qui semblaient fort désemparés, et qui se trouvaient à une grande distance en arrière et plus sous le vent. Mais l'amiral anglais ayant fait, peu de temps après, la même manœuvre, le comte d'Estaing fit reformer son armée en ligne sur son vaisseau de queue. Alors le Grafton et le Cornwall ne purent rejoindre leur escadre qu'en passant au vent de la ligne française; ils essuyèrent le feu de tout son corps de bataille. Pour le Lion, qui était extraordinairement dégréé et absolument coupé, il fit vent arrière et alla se réfugier à la Jamaïque, dans l'état d'un vaisseau naufragé 1. »

DLIII.

COMBAT DES FRÉGATES FRANÇAISES LA JUNON ET LA GENTILLE CONTRE LE VAISSEAU ANGLAIS L'ARDENT.

17 AOUT 1779.

GILBERT (d'après le tableau de la galerie du ministère de la marine). -- 1837.

« La frégate la Junon, commandée par le chevalier de Marigny, découvrit, le 17 août, à huit heures du matin, sur la pointe de Good-Start, deux bâtiments, dont l'un donnait chasse à l'autre, et le visitait après l'avoir atteint. Le chevalier de Marigny reconnut que le bâtiment visité était danois et que l'autre était un vaisseau de

1 Annales maritimes et coloniales, par M. Bajot, t. II, p. 205-208.

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