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INTRODUCTION.

Dans un de ces moments où le despotisme aux abois éprouve le besoin d'abriter les restes de sa tyrannie derrière la voix éloquente des faits, le premier Bonaparte écrivit à son ministre de la police, Rovigo, une lettre que les commissaires chargés de publier sa correspondance ont insérée dans le volume XXVIIe de ce recueil, et qui trouve naturellement sa place en tête de cet ouvrage.

Voici cette lettre :

Au général Savary, duc de Rovigo, ministre de la police à Paris.

Nogent, 21 février 1814.

» M. le duc de Rovigo, il y a bien peu de ressources à la police. Elle sert bien mal. Au lieu des bêtises dont chaque jour on remplit les petits journaux, pourquoi n'avez-vous pas des commissaires qui parcourent les pays d'où nous avons chassé les ennemis et recueillent les détails des crimes qu'ils y ont commis? Il n'y aurait rien de plus fort pour animer les esprits que le récit de ces détails. Dans ce moment, il nous faut des choses réelles et sérieuses et non pas de l'esprit en prose et en vers. Les cheveux me dressent sur la tête des crimes commis par les ennemis, et la police ne pense pas à recueillir un seul de ces faits. En vérité, je n'ai jamais été plus mal servi! Il est des habitants connus dans les communes et dont les récits exciteraient la croyance. Des juges de paix, des maires, des curés, des chanoines, des évêques, des employés, des anciens seigneurs qui écriraient ce qu'ils nous disent voilà ce qu'il faut publier. Or, pour avoir leurs lettres, il faudrait les leur demander. Il ne faut pour tout cela ni esprit ni littérature. Des femmes de 60 ans, des jeunes filles de 12 ans ont été violées par 30 et 40 soldats. On a pillé, volé, saccagé et brûlé partout. On a porté le feu à la mairie des communes. Des soldats et des officiers russes ont dit partout sur leur passage qu'ils voulaient aller à Paris, mettre la ville en cendres, après avoir enlevé tout ce qu'ils y trouveraient. Ce n'est pas en faisant un tableau général que l'on persuadera; on fait des tableaux comme on veut,

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