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Le råle crépitant est donc l'indice révélateur de la pneumonie au premier degré; lorsqu'il n'étouffe pas complétement le murmure respiratoire, il indique l'engouement; s'il empêche d'entendre le bruit de la respiration, la pneumonie est plus grave, elle tend à passer au deuxième degré (hépatisation rouge); alors le råle crépitant cesse de se faire entendre; le murmure respiratoire est remplacé par la respiration tubaire, ainsi nommée à cause de l'analogie de ce bruit avec celui que produirait quelqu'un qui soufflerait dans un tube à côté de l'oreille de l'observateur.

La disparition de la respiration tubaire et la réapparition du råle crépitant, indiquent le passage de la pneumonie du second au premier degré.

La persistance du râle crépitant dans quelques points du poumon après la cessation de la maladie et le retour apparent de la santé, doivent faire craindre une rechute ou une désorganisation du poumon, conséquence inévitable d'une phlegmasie pulmonaire non guérie.

L'auscultation fournit les mêmes signes pour la pneumonie au troisième degré (hépatisation grise) que pour la pneumonie au deuxième degré; c'est en effet ce qui doit arriver, car ce qui distingue le troisième degré du second, c'est que dans le troisième degré les vésicules enflammées sécrètent du pus, au lieu de mucosités sanguinolentes qu'elles fournissent dans l'autre cas.

Cette affection attaque les animaux sans distinction d'àge ni de sexe, mais elle fait surtout des victimes lorsqu'elle règne épizootiquement, parce qu'alors elle est sous l'influence de causes générales qui ne sont pas bien connues.

Quant à l'opinion émise par certaines personnes qui regardent la pneumonie comme se transmettant par contagion, je ne la crois pas fondée. Dans le doute, pourtant, on doit par

prudence isoler les animaux malades. Si je recommande de ne pas livrer à la consommation la viande provenant de ces animaux, ce n'est pas que l'homme ait à redouter la pneumonie, mais cette viande offre moins de substances réparatrices. C'est donc une garantie que l'administration doit aux populations placées sous son égide.

La marche de cette affection n'a rien de régulier, mais pour ce qui concerne sa terminaison, à cause des nombreuses victimes qu'elle décime, on peut à juste titre regarder la pneumonie épizootique comme le fléau de nos bêtes bovines. Les résultats ne sont si souvent funestes que par suite de la fausse sécurité des propriétaires qui ne font rien pour guérir des animaux qu'ils ne croient pas malades, parce qu'ils ne les en tendent pas tousser. La toux, comme je l'ai dit plus haut, manque quelquefois, et dans plusieurs cas elle ne se manifeste que lorsque l'inflammation a envahi une grande étendue de l'organe pulmonaire. Alors la maladie a acquis plus de gravité, et souvent la lésion déjoue les ressources de l'art.

Il faut surveiller le bétail pour s'assurer de la régularité de la respiration par le mouvement des flancs. Le moindre trouble, durant l'épidémie, doit engager à recourir à la saignée et à diminuer les aliments.

La diète, la saignée et les révulsifs tels sont les principaux agents avec lesquels on peut combattre cette redoutable affection.

De tout temps, la saignée a été la base du traitement de la pneumonie; on ne varie que sur la quantité de sang à tirer et sur le nombre des saignées à pratiquer. Ceux qui considèrent la saignée comme nuisible sont tombés dans une grave erreur qui dénote une connaissance imparfaite de la physiologie. En effet, si on diminue par la saignée la masse de sang, on diminue aussi la quantité de ce fluide stimulant qui doit en

un temps donné traverser le poumon. De là résulte ralentissement dans la fonction, ce qui est toujours favorable à la guérison de la maladie.

Cependant après plusieurs larges saignées pratiquées coup sur coup, lorsque le pouls est tombé, que la chaleur de la peau a disparu, et que l'animal est faible, on doit cesser les émissions sanguines, et recourir aux révulsifs tels que sétons, vésicatoires, etc.

Cette maladie exige les lumières du médecin vétérinaire que le cultivateur devra se hâter de consulter; car le succès dépend de la promptitude des secours.

Mon œuvre est terminée; j'ai passé en revue tous les animaux domestiques qui représentent la première ressource de l'agriculture, la principale richesse des nations civilisées; mais en traçant la barre finale au bas de ce volume qui, depuis tant d'années, absorbe tous mes soins, ce n'est pas un adieu que j'adresse à mes souscripteurs, c'est un au revoir; il sera entendu, j'aime à le croire, de toutes les personnes qui s'occupent du ménage des champs : car je vais représenter leurs intérêts, et seconder leurs travaux dans un journal, suite et conséquence du Livre des Campagnes sur les animaux domestiques.

Je compte donc pour ma nouvelle publication: la Sentinelle des Campagnes, sur la continuation des sympathies qui m'ont environné jusqu'à ce jour, et que je m'efforcerai de mériter en propågeant des vérités utiles.

FIN.

ERRATA

Page 171, au lieu de Meckembourg, lisez Mecklembourg.

Page 174, lisez à l'article des chevaux hollandais au lieu de le Hart

Darven :

On appelle HARDDRAVERS (forts trotteurs) des produits cé

lèbres par la rapidité de leur trot.

Page 567, au lieu de Roger Burns, lisez Robert Burns.

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