Page images
PDF
EPUB

INSECTES NUISIBLES AUX ANIMAUX DOMESTIQUES.

Qui ne connaît les brûlantes piqûres que font à l'homme les cousins, dont il est assailli pendant les ardeurs de l'été? Les animaux domestiques ont aussi à redouter de nombreux insectes. Les principaux sont le taon, le chrysops cæcutiens qui s'attaque aux yeux des chevaux, et les rend aveugles en peu d'instants; le stomaxe piquant; le conops rufipède, les syrphus qui ressemblent à des bourdons velus; leur approche, annoncée par le sifflement de leurs ailes, fait frémir la peau de l'animal qu'ils menacent; les œstres, qui vivent dans la peau et le corps des bestiaux.

Les œstres sont de grosses mouches velues qui ressemblent aux bourdons à cause des zones de couleurs variées que présente leur corps. Ils ont de grandes ailes; et les femelles sont armées d'un aiguillon acéré pour percer la peau des animaux, et y déposer leurs œufs qui se changent en larves rongeantes. Suivant la région du corps où les œstres établissent leur domicile, on les a divisés en oestres du nez (cavicoles lym phivores), du corps (cuticoles purivores), de l'anus (gastricoles chylivores).

Ces larves n'ont pas de pattes, mais elles sont munies de poils épineux à l'aide desquels elles s'accrochent aux intestins des animaux où elles restent attachées jusqu'au moment de leur dernière métamorphose. Alors seulement elles se laissent expulser du tube digestif.

Le méloé de mai, les cantharides, les lytta, insectes vésicants, déterminent de vives inflammations dans l'estomac des animaux qui les avalent en pâturant.

Les chevaux sont fréquemment assaillis par de petites mouches presque sans ailes qui se jettent sur leur corps; on les

nomme hippobosques des chevaux. Le mélophage commun altaque les bœufs et les moutons. Il y a encore les insectes appelés anthrax, à cause de la gangrène dont leur piqûre est constamment suivie. La morsure de la scolopendre provoque une inflammation très-douloureuse.

Les tiques et les ricins avec leurs variétés, ennemis du chien, du cheval, du bœuf, ce qui leur en a fait donner le nom, s'attachent à la peau de ces animaux, et leur sucent le

sang.

Je dois encore signaler les puces et les poux; ces derniers varient suivant la partie de l'animal à laquelle ils s'attachent. Les oiseaux de basse-cour en sont souvent criblés.

Les abeilles ont à redouter les trichodes (clairons des ruches), ennemis des larves, la chrysomela cerealis qui détruit les édifices de cire; les frelons qui dévorent le miel, la galleria alvearia qui attaque le couvain, et le philanthe apivore qui tue les abeilles lorsqu'elles sont sur les fleurs.

ÉPIZOOTIE.

Le mot d'épizootie est consacré pour caractériser la forme que peut revêtir chaque maladie qui frappe en même temps un grand nombre d'animaux dans une ferme, dans un village, dans un canton, dans une province. L'épizootie est pour les animaux ce qu'est l'épidémie pour l'homme.

La maladie épizootique la plus commune actuellement, celle qui, depuis plusieurs années, exerce ses ravages sur tous les points de la Belgique, c'est la pneumonie.

Cette affection a donné lieu aux opinions les plus contradictoires exprimées par les écrivains, qui la regardent, les uns comme contagieuse, les autres, comme héréditaire. Quelques auteurs prescrivent la saignée; il en est qui la repoussent.

Au milieu de ce chaos, il a paru des brochures où au lieu de donner les moyens de reconnaître la pneumonie épizootique, d'en indiquer les causes, et de baser le traitement sur l'appréciation des lésions cadavériques, on a entassé cent opinions diverses, comme si la question n'était pas assez embrouillée. Qu'y ont gagné la science et l'agriculture?

PNEUMONIE (inflammation des vésicules pulmonaires ou du tissu cellulaire intervésiculaire). Tout ce qui trouble les fonctions de la peau et des poumons peut déterminer la pneumonie. L'influence des causes générales frappant un grand nombre d'individus soumis au même régime, explique le caractère épizootique que revêt souvent la pneumonie chez l'espèce bovine. Ces causes générales agissent avec d'autant plus de certitude qu'elles rencontrent chez les sujets qui sont atteints, une prédisposition dont l'essence échappe aux investigations des gens de l'art.

D'un autre côté, les accouplements prématurés, le défaut de soins, l'inobservation des premiers préceptes de l'hygiène, amènent la dégénérescence des bêtes bovines, incapables dès lors de résister aux agents extérieurs qui tendent sans cesse à en troubler les fonctions.

Pour expliquer la fréquence de la pneumonie, faut-il autre chose que cette absurde pratique de laisser la nuit aux pȧturages des animaux qui dans le jour ont été exposés aux rayons brûlants du soleil, et qui ont pour litière un gazon trempé de rosée?

L'insalubrité des étables, où les animaux entassés respirent des gaz délétères, contribue aussi à l'invasion de cette maladie. Il importe d'éloigner toutes les causes qui peuvent arrêter ou suspendre la transpiration cutanée, qui privent l'organe pulmonaire des principes nécessaires à sa fonction (la respiration) ou lui fournissent des éléments impropres à l'acte

respiratoire et à l'hématose (conversion du sang veineux en sang artériel ou nutritif).

La pneumonie s'annonce par de légers frissons, par des alternatives de chaleur et de froid aux oreilles et aux cornes; lé pouls est fréquent et large; les mouvements inspiratoires sont accélérés; le poil perd son luisant; le muffe est sec; les naseaux se dilatent; les flancs sont retroussés; l'air expiré est chaud; l'animal ne se couche pas; la rumination cesse ; la sécrétion laiteuse diminue par degré. Ces symptômes peuvent faire soupçonner l'inflammation du tissu pulmonaire; la toux, la dyspnée dans bien des cas la font reconnaitre; mais la percussion et l'auscultation servent d'une manière certaine au diagnostic de cette maladie.

La toux n'est pas un symptôme constant de la pneumonie, comme le prétendent tous les nosographes vétérinaires, car il n'est pas rare de voir des bœufs chez lesquels on rencontre l'hépatisation rouge où grise des poumons sans qu'on ait entendu la toux, ou du moins sans que sa force et sa fréquence aient été en rapport avec l'intensité de l'inflammation et les désordres pathologiques observés après la mort.

L'expectoration ne peut pas, dans la médecine vétérinaire comme dans la médecine humaine, fournir d'indices révélateurs.

La difficulté de respirer (dyspnée) n'est pas un symptôme certain de la pneumonie, car si dans bien des cas la dyspnée se trouve en rapport avec l'étendue de l'inflammation, on observe des sujets dont la respiration est très-gênée, et qui sont atteints d'une pneumonie restreinte, tandis que d'autres respirent sans beaucoup de gêne avec une grande partie du poumon enflammé.

La percussion ne fournit aucun renseignement précis dans le début d'un grand nombre de pneumonies, lorsqu'il n'y a

[ocr errors]

qu'engouement (pneumonie au premier degré). Mais si on percute le point de la poitrine correspondant à la partie du poumon où la sérosité sanguinolente remplit les cavités des vésicules, hépatisation rouge (pneumonie au deuxième degré), on sentira une résistance sous la percussion, qui produira un son mat comme si l'on frappait sur un morceau de viande.

En percutant différents points de la poitrine, on peut, par la comparaison des divers sons obtenus, parvenir à déterminer non-seulement la partie, mais encore l'étendue du poumon malade. C'est par la pratique de la percussion exercée tour à tour sur des individus sains et sur des sujets malades, que l'on acquiert ce tact et cette habileté si nécessaires au diagnostic des maladies des organes renfermés dans la poitrine.

Les moyens d'investigation servant à faire reconnaitre les maladies de l'organe pulmonaire, sont fournis par les différents bruits que produit l'air en entrant et en sortant des vésicules du poumon.

Il est difficile, pour ne pas dire impossible, de décrire ce bruit, ce murmure respiratoire que l'on entend en plaçant l'oreille contre une poitrine saine, mais il suffit de l'avoir entendu une fois pour ne plus l'oublier.

Lorsque les vésicules pulmonaires enflammées sécrètent de la mucosité, celle-ci produit avec l'air, pendant chaque inspiration, des bulles dont la rupture dégage un bruit semblable à celui qu'on entend pendant l'ébullition d'un corps gras. Ce bruit s'appelle en pathologie râle crépitant, et il indique le premier phénomène d'auscultation de la pneumonie.

[ocr errors]

On juge de l'étendue de l'inflammation par l'espace où s'entend le râle crépitant, et on acquiert la preuve de la décroissance du mal par la diminution de l'espace où ce bruit se manifeste. La sérosité est résorbée, le råle cesse, et il est remplacé par le murmure respiratoire (respiration normale).

« PreviousContinue »