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tilateur. L'emploi du chlore est aussi quelquefois utile comme désinfectant.

Les vers à soie vivent trente-quatre jours à l'état de larves, et dans ce laps de temps ils changent quatre fois de peau : ce sont leurs divers âges, dont ils parcourent le cercle. A l'approche des différentes mues, ils s'engourdissent et ne mangent plus; mais leur appétit redouble à la suite de chaque changement de peau. Ils redoutent le bruit et l'humidité. On renouvellera souvent leur litière.

Pour les vers provenant d'une once de graine, il faut sept livres de feuille pendant le premier âge qui dure cinq jours; vingt et une livres durant le second âge, quatre jours; soixante et dix livres, dans le troisième âge, sept jours; deux cent dix livres, le quatrième âge, sept jours; et douze à treize cents livres, cinquième âge.

Dans la sixième journée de cette dernière période, ils mangent jusqu'à deux cents livres de feuilles avec un bruit pareil. à celui d'une forte pluie. Le dixième jour, ils cessent de manger, et s'apprêtent à subir leur première métamorphose.

Alors ils grimpent sur les petits fagots placés au-dessus des claies; leur corps se ramollit, et de leur bouche sort un fil de soie; ils se fixent, jettent autour d'eux des centaines de fils d'une délicatesse extrême, et suspendus au centre de cette espèce de réseau, appelé banne, ils filent et construisent leur cocon, en tournant sur eux-mêmes et en roulant autour de leur corps le fil qui sort de la filière dont leur lèvre est percée. Ainsi se fait le cocon à forme ovoïde, à la couleur jaune ou blanche, selon la variété du ver qui le produit. Afin de faciliter les vers dans la confection de leur cocon, il faut les changer de litière et leur préparer de petites haies ou cabanes.

La récolte moyenne est de quatre-vingts livres de cocons

pour les vers provenant d'une once de graine. Elle peut étre beaucoup plus forte.

Quatre jours suffisent au ver pour achever son cocon; il y reste dix-huit à vingt jours en état de chrysalide. Lorsqu'il veut en sortir, il en humecte le bout avec un liquide qu'il dégorge, et frappe de sa tête le point humecté. A peine libres, les papillons se recherchent pour s'accoupler; chaque femelle pond plus de cinq cents œufs; dix ou vingt jours après, ces papillons meurent.

Une livre de cocons produisant une once d'œufs ou de graine, on se base sur cette proportion pour permettre à un certain nombre de chrysalides de compléter leurs métamorphoses; mais afin de profiter de la soie, on tue les autres chrysalides en plaçant les cocons dans un étouffoir en cuivre chauffé à la vapeur à une température de soixante à soixante et quinze degrés centigrades. Quelquefois, on se borne à les exposer trois jours de suite aux rayons du soleil; ou bien on les dépose dans un four chauffé avec précaution.

Viennent ensuite les diverses opérations du tirage, du moulinage, du filage, etc., lesquelles concernent l'industrie.

Le ver à soie, très-robuste en Chine, est exposé à plusieurs maladies par suite de son état de domesticité. L'excès de chaleur, de froid ou d'humidité est également funeste aux larves. Les miasmes que dégage la litière sont aussi très-dangereux. La mauvaise qualité de la feuille peut devenir préjudiciable aux vers; enfin dans leur cinquième âge ils réclament les plus grands soins.

La maladie la plus redoutable est la muscardine qui attaque le ver à tous les âges, surtout quand il a formé son cocon. Elle se communique par le contact du cadavre. Aussi quand la muscardine s'est manifestée dans la magnanerie, il faut s'empresser d'employer les procédés désinfecteurs. Cette affection

reste jusqu'à présent sans remèdes; il n'y a que des précautions à prendre pour la prévenir ou l'empêcher d'étendre ses ravages.

ATROPHIE. RACHITISHE. Quand cette maladie résulte de l'altération de la semence ou d'une éclosion mal conduite, elle est incurable; si c'est la suite d'un défaut de soins, on peut facilement tout réparer en isolant les vers malades, en leur fournissant des feuilles plus délicates, et surtout en redoublant de vigilance.

GANGRÈNE. Il n'y a pas de moyens de guérison; c'est une conséquence d'autres affections morbides; elle réduit le ver à un liquide noir, fétide; la peau amincie le retient à peine, et la soie se trouve attaquée.

JAUNISSE. Augmentation du volume de la peau qui crève sur plusieurs points, causée par de brusques variations atmosphériques qui troublent la digestion. La jaunisse est presque toujours mortelle. Dans le département de Vaucluse qui, sur une petite superficie, possède plus de deux millions de pieds de mûriers, on arrête les progrès de la gangrène en saupoudrant les vers malades avec de la poussière de chaux vive placée dans un tamis très-fin, puis on met sur eux des feuilles imbibées de vin.

APOPLEXIE déterminée par l'état variable du temps et par une mauvaise nourriture.

Il y a encore d'autres maladies telles que le marasme, la diarrhée, l'hydropisie, la touffe; mais on les prévient avec des soins; et pour cela il faut que l'œuf soit bien fécondé, bien conservé, et que l'on suive les principes adoptés dans les magnaneries modèles.

Comme on le voit, rien de plus facile que de cultiver le mûrier en Belgique, et d'y produire de la soie. Que quelques grands propriétaires donnent l'exemple; ils auront rendu un

immense service à notre pays, car le mûrier n'exige presque aucun soin, surtout le mûrier multicaule qui brave tous les climats, et réclame des terres légères, peu profondes.

L'écorce du mûrier, rouie et préparée à la manière du chanvre, peut se changer en toile et en papier. Les branches de cet arbre servent pour les treillages, et fournissent d'excellents échalas; on en fait aussi des cercles de barrique. Quant au bois, il convient pour des tonneaux, des jantes de roue, des ouvrages de tour et de menuiserie, des seaux à puiser l'eau, et même on peut l'employer dans la charpente.

Les secondes feuilles, dont se couvrent ces arbres, font un bon aliment pour les troupeaux; enfin les fruits engraissent la volaille.

A ces considérations vient se joindre la courte durée de l'éducation du ver à soie et de la récolte du cocon; six semaines suffisent.

ÉTANGS.

Les étangs, amas d'eau stagnante, se divisent en étangs naturels et artificiels; pour qu'ils portent ce nom, il faut une étendue et une profondeur assez considérables, sans cela ce ne sont que des flaques d'eau.

A mesure que la civilisation fait des progrès et que la population s'accroît, les besoins de l'agriculture nécessitent le desséchement des étangs, opération qui rend au travail de l'homme des terrains généralement riches et fertiles.

Quant à ceux qui coûteraient trop à dessécher, il faut les utiliser en les empoissonnant, d'après la qualité des eaux.

Il y a encore des contrées où il convient d'établir des étangs artificiels, mais une œuvre semblable exige des capitaux considérables, ne donne que des produits bornés, résultat de longs efforts; par conséquent, je n'ai point à m'occuper ici de tous les soins qu'exige la formation d'un étang, du choix du terrain, de la nature des eaux, du niveau à établir, du fond qu'il doit présenter, de la chaussée à construire. Ce sont des travaux gigantesques que des souverains ou de grands propriétaires, immensément riches, peuvent seuls se permettre, et pour lesquels les renseignements spéciaux ne manquent pas.

Je considère donc l'étang ou la flaque d'eau comme existant déjà sur le domaine d'un de mes lecteurs, et je vais désigner les divers poissons qui méritent la préférence sous le rapport des produits qu'ils donnent.

C'est au printemps que l'on doit empoissonner les étangs, mais avec de jeunes poissons d'un ou deux ans, car les poissons plus âgés ont déjà jeté leur frai, ce qui retarde d'une année la production.

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