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recommencent de suite. C'est ce qu'on appelle le transvase

ment.

Avec les ruches de l'invention de M. Nutt, on n'a jamais besoin de recourir à la cruelle mesure si longtemps pratiquée, et qui consistait à faire périr les abeilles. Le miel se trouve en effet dans la partie supérieure de la ruche, et on le retire sans attaquer le couvain, sans même que les abeilles s'aperçoivent de la diminution de leurs richesses.

La douceur du climat influe beaucoup sur les produits d'une ruche. Pourtant aux environs de Paris, dans une température à peu près analogue à celle de la Belgique, il y a des ruches dont le produit net s'élève à douze francs et même à vingt-quatre francs par année.

L'abeille nommée petite hollandaise mérite la préférence de la part de nos agriculteurs, parce qu'elle a plus d'activité et de douceur, et qu'elle s'apprivoise très-bien.

Les abeilles sont exposées à quelques maladies qui ne sont pas également bien connues.

DYSSENTERIE. Lorsque l'humidité concentrée dans les ruches a déterminé la dyssenterie, les excréments des abeilles deviennent noirs, de rouges jaunâtres qu'ils étaient; ils dégagent une odeur fétide. Ordinairement les abeilles sont d'une propreté remarquable, elles ne font jamais d'excréments dans leur ruche; mais atteintes de la dyssenterie, elles les laissent tomber sur leurs voisines placées au plan inférieur, et ces matières gâtent les ailes, ferment les organes de la respiration, causent enfin la mort de celles qui en sont souillées.

Il faut dès les premiers symptômes de dyssenterie nettoyer les tables des ruches, enfumer un peu les abeilles, et leur donner un sirop composé de deux parties de vin et d'une de miel avec une tranche de pain grillé saupoudré de sel.

INDIGESTION. Cette maladie ne se manifeste que si on donne

du miel aux abeilles hors des ruches par un temps frais ou dans la soirée; il en résulte pour elles un embarras qui les empêche de regagner la ruche, et qui cause leur mort.

ÉTOUFFEMENT. Du miel durci que les abeilles ne peuvent avaler, les étouffe en bouchant leurs trachées.

VERTIGE. C'est le suc des plantes vénéneuses qui l'occasione. MALADIE DES ANTENNEs. L'extrémité des antennes jaunit et grossit, la tête prend la même nuance; les abeilles deviennent lourdes, elles languissent. On aura soin de placer dans la ruche une soucoupe remplie d'un vin généreux; les abeilles le boivent et guérissent.

FAUX-COUVAIN. Contagion causée par la mort d'un grand nombre de larves et de nymphes dans leurs cellules. Il faut couper les gâteaux infectés, et après deux jours de jeûne, donner aux abeilles du vin; le transvasement dans une autre ruche est indispensable si la contagion a fait des progrès.

VER A SOIE.

Le ver à soie, dont l'existence subit diverses métamorphoses, et dont le tombeau joue un si grand rôle dans les destinées de l'industrie agricole et manufacturière, est originaire de la Chine. Il parait que dans cet empire en quelque sorte immobile, on cultivait le mûrier appelé l'arbre d'or, vingt-six siècles avant notre ère. La province de Sérès dans l'Hindoustan se livra aussi avec beaucoup de succès à la production de la soie; de là vint la dénomination de sericum, donnée par les Romains à cette précieuse substance. La Perse et plusieurs autres contrées de l'Asie exploitèrent à leur tour cette riche industrie, qui y est encore pratiquée; c'étaient les vaisseaux et les caravanes des Phéniciens qui portaient les tissus de soie sur les principaux marchés du commerce antique.

On teignait alors les soies en couleurs brillantes qui ajoutaient au prix de la matière première, à la valeur de l'étoffe, et en faisaient l'attribut distinctif des races royales ou de quelques familles favorisées par l'opulence. La Chine, l'Hindoustan et la Perse alimentèrent longtemps le luxe de l'empire romain; mais au sixième siècle, sous le règne de Justinien, deux moines grecs apportèrent à Constantinople des œufs de ver à soie, et révélèrent les procédés pour naturaliser cette importante industrie. Justinien seconda cette innovation de tout son pouvoir; on planta des mûriers, on éleva des vers à soie, on tissa de riches étoffes à Constantinople, à Athènes, à Thèbes, à Corinthe. Le Péloponèse se couvrit d'un tel nombre de mûriers qu'il en reçut le nom de Morée, lequel a prévalu. Les tissus de soie devinrent accessibles à toutes les fortunes;

il y eut des étoffes communes à six pièces d'or, tandis que les plus belles se vendaient au prix de vingt-cinq.

Cependant les Maures, maîtres de l'Espagne, introduisaient dans ce beau pays la culture du mûrier, ainsi que la production et la fabrication de la soie; d'un autre côté, Roger, roi de Sicile, après avoir conquis une partie de l'ancienne Grèce (1146), dota la Sicile et la Calabre de nombreux établissements de soieries, lesquels se propagèrent dans toute l'Italie. La domination du saint-siége dans le Comtat Venaissin y fit planter des mûriers, et élever des vers à soie. Avignon, devenue la Rome française, dut à ses fabriques de velours une partie de sa prospérité.

Sur un autre point de l'Europe, à Anvers, les vaisseaux de la Hanse apportaient les soies grèges de l'Italie, de l'Espagne et du Levant, et Anvers rendait tous les marchés du globe tributaires des magnifiques étoffes de soie brochées d'or et d'argent, tissées dans son enceinte. Louis XI introduisait à Tours la fabrication des étoffes pour meubles qui portent encore le nom de cette cité.

Enfin l'armée conquérante de Charles VIII de France rapportait de l'Italie mieux que les souvenirs de la brillante expédition de Naples et de la victoire de Fornoue, elle revenait avec de la graine et des plants de mùriers qui, du Dauphiné, se propagèrent rapidement dans la Provence et le Languedoc.

A leur tour, les contrées septentrionales ont prouvé qu'elles pouvaient fort bien cultiver le mûrier, produire de la soie, et la tisser de cent manières différentes. La Prusse, l'Autriche, la Hongrie, la Suisse, l'Angleterre, la Russie, etc., obtiennent chaque jour de nouveaux succès. On sait que le mûrier réussit dans tous les pays où croit la vigne.

Dès lors, pourquoi ne pas naturaliser en Belgique une cul

ture et une industrie aussi importantes, dont le développement raviverait l'ancienne supériorité des fabriques de soieries d'Anvers, si déchues de leur splendeur? car en un demi-siècle le nombre de métiers y est tombé de douze cents à cent, et celui des fabricants de deux cents à vingt!

Les différentes espèces de mûriers s'acclimateront fort bien en Belgique, et surtout dans les contrées méridionales, abritées contre le vent; je recommanderai le mùrier multicaule ou mûrier nain qui ne redoute pas le froid, produit dès la seconde année, et influe sur la bonne qualité du cocon. Les heureux essais de magnanerie, exécutés auprès de Paris par M. Camille Beauvais, ne laissent plus de doute à cet égard, et doivent servir aux Belges d'exemple et d'encouragement.

On appelle ver à soie la chenille du genre des phalènes qui produit cette précieuse substance; et les œufs du bombyx du mûrier portent le nom de graine de ver à soie.

On commence au printemps le travail de l'incubation de ces œufs que l'on soumet pendant quelque temps à une température de seize à dix-huit degrés centigrades. Pour accélérer la naissance des vers, on place les œufs dans une étuve dont on porte la chaleur jusqu'à vingt-huit degrés. Après huit ou dix jours de cette température progressive, les œufs que l'on a déposés dans des boîtes en carton sur des claies ou des tables, deviennent blanchâtres, puis en sortent les larves au corps ras, à la teinte grisâtre, n'ayant qu'une ligne et demie de longueur. On les sépare de leur coque, et on les pose sous une feuille de papier criblée de trous à travers lesquels les larves montent jusqu'aux feuilles de mûrier placées sur le papier. Quand les larves ont atteint les rameaux garnis de feuilles, on les met sur des claies. Il est essentiel d'entretenir une température égale de seize à dix-huit degrés centigrades dans la magnaneric dont on doit renouveler l'air au moyen d'un ven

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