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Dans ce but on les met dans une cage couverte d'une toile claire, et que l'on place dans une chambre isolée. Là on exécute sur la serinette ou sur le flageolet l'air que l'élève doit apprendre. Au bout de quinze jours de leçons, on remplace la toile claire par une serge verte ou rouge, très-épaisse, et on lui fait répéter son air jusqu'à ce qu'il le sache bien. Les meilleures leçons sont celles du soir et du matin ; il faut jouer le même air dix fois de suite et à six reprises par jour.

Pour la nourriture des serins on mélangera une demi-livre de chènevis et d'alpiste avec une livre de millet et six de navette bien vannée. Pendant l'accouplement, on leur donnera du biscuit, des branches de mouron, de séneçon, de plantain, et durant la première semaine des graines de laitue.

On les empêchera de manger avec excès, ce qui détermine une maladie mortelle pour les serins, l'avalure.

A l'égard de la propreté des petites volières, c'est une mesure de tous les jours que l'on ne peut négliger sans compromettre l'existence d'hôtes aussi délicats. L'eau pour la boisson et les bains sera souvent renouvelée.

Ces principes s'appliquent à tous les autres oiseaux que l'on élève dans des volières ou dans des cages; il est donc inutile de les répéter.

ABEILLES.

L'abeille est un insecte de la tribu des mellifères ou apiaires, de la famille des antophiles (amies des fleurs), et de l'ordre des hymenoptères, c'est-à-dire qu'elle vole à l'aide de quatre ailes nues, membraneuses, inégales et veinées.

L'abeille est originaire de l'ancien continent; il paraît qu'elle a eu pour berceau la Grèce, d'où elle fut introduite dans le reste de l'Europe et dans les autres parties du globe. Le fait est que l'éducation des abeilles parvint à un très-haut degré de perfection chez les Hellènes, et notamment chez les habitants de l'Attique, dont le miel jouissait d'une immense réputation. Les anciens philosophes regardaient les abeilles comme faisant partie de l'âme universelle du monde, ils croyaient que l'ambroisie dont elles se nourrissent les faisait participer à une nature divine. Aussi les poëtes, qui étaient en même temps les savants de ces âges reculés, célébrèrent les travaux des abeilles, décrivirent leurs mœurs, retracèrent leur histoire. C'est à ces sources que puisa Virgile, il y joignit le trésor de ses observations personnelles, les recherches et les études d'une existence méditative qui se plaisait dans l'humble héritage paternel, sur les bords du Mincio, au milieu des jouissances paisibles de la campagne. Son génie observateur le servit si bien dans l'admirable épisode d'Aristée que, de nos jours encore, la science des Latreille et des Cuvier confirme une partie des vérités exprimées dans les beaux vers que le chantre des Géorgiques a consacrés aux abeilles.

Il n'y a que l'essaim naissant d'un taureau mort qui soit emprunté aux superstitions du passé; mais encore cette erreur avait sa source dans une observation superficielle,

adoptée par l'opinion vulgaire à laquelle un poëte ne peut pas toujours se soustraire. On sait que des essaims sauvages se fixent dans un tronc d'arbre, dans le creux d'un rocher; la Bible nous parle, Livre des Juges, de Samson trouvant, dans la gueule d'un lion qu'il avait tué, des abeilles et un rayon de miel, et proposant ensuite cette énigme aux Philistins: Comment la nourriture est-elle sortie de celui qui mangeait, et la douceur du fort?

Pourquoi le cadavre d'un taureau n'aurait-il pas, comme la gueule d'un lion, abrité des abeilles, et reçu un rayon de miel? De là l'erreur poétique de Virgile.

Les abeilles vivent réunies, et portent au plus haut degré l'instinct de la sociabilité; elles se divisent en neutres, subdivisées à leur tour en deux classes: 1° les ouvrières et les nourrices; 2o les mâles ou frelons, vulgairement appelés faux bourdons, au nombre de six cents à mille par essaim; 3° une seule femelle, la reine pour une population qui s'élève depuis quatre mille jusqu'à quinze, trente et quarante mille individus.

La reine et les neutres (ouvrières et nourrices) sont seules armées d'un aiguillon; le mâle n'en a pas; il est plus gros que les neutres, moins que la reine, et il reste constamment inactif sans autre destination que celle de féconder la reine, pour cela un seul suffit.

Les abeilles ouvrières portent à la face interne de la jambe (palette) un enfoncement lisse nommé corbeille, où elles déposent la pelote de pollen qu'elles ont recueillie sur les fleurs, à l'aide du duvet soyeux ou brosse, dont est garnie la face interne du tarse de leurs pattes.

Ces abeilles ouvrières s'acquittent de tous les travaux utiles au bien-être de la société, travaux qui se divisent entre 1° les cirières, chargées d'aller récolter les vivres, les maté

riaux de construction et de les employer pour les rayons à élever; 2° les nourrices qui quittent rarement l'habitation, occupées qu'elles sont de tous les détails intérieurs du ménage, et de l'éducation des larves, lesquelles se changent ensuite en nymphes, et enfin en abeilles ouvrières ou en reine, ou en frelons.

Pour ramasser son butin, l'abeille cirière pénètre dans une fleur bien épanouie, dont les étamines portent la poussière désignée en botanique sous le nom de pollen. Ce pollen s'attache aux poils branchus du corps de l'abeille qui, avec les brosses de ses tarses, le rassemble en pelotes, dont elle charge les corbeilles de la face interne de ses jambes postérieures. A l'aide de leurs mandibules, ces abeilles cirières enlèvent encore aux plantes une matière résineuse, appelée propolis.

Succombant presque à leur fardeau, elles retournent vers l'habitation où elles déposent leurs provisions pour aller en recueillir d'autres avec une infatigable activité, et quelquefois jusqu'à une demi-lieue de distance. Cependant, la propolis est employée à boucher tous les trous de l'habitationoù les abeilles ne laissent qu'une petite ouverture, puis on construit les rayons ou gâteaux qui servent de nids pour les œufs de la reine et de magasins pour les provisions de l'essaim.

Ces rayons se composent de deux plans de cellules, alvéoles, hexagones, à base pyramidale, adossés et suspendus perpendiculairement par une de leurs tranches. La cire est la matière qui sert à former ces rayons.

Cette cire, dont le principe a été recueilli sur diverses plantes, est sécrétée par les abeilles dans des organes placés sous les anneaux de leur abdomen; lorsqu'elles rentrent dans l'habitation avec leur butin, elles se suspendent à un des groupes, et restent immobiles pour que le nectar dont elles

ont fait provision, se change en miel dans le premier estomac, en cire dans le second; elles dégorgent ainsi le miel, et rendent la cire en espèce de bouillie semblable à un ruban coupé, dont les plaques servent de base à chaque cellule qui est terminée avec de la propolis.

Entre ces cellules sont ménagés des espaces libres pour la circulation, la disposition en est horizontale avec une ouverture à un des bouts; il y a uniformité de dimension dans les cellules destinées à servir de magasins, comme pour celles où seront déposés les œufs d'ouvrières et de frelons; il n'en est pas de même des cellules réservées aux œufs de femelles. Ces cellules royales, de forme cylindrique, ont plus d'étendue. Quant au miel, qui sert aux besoins du présent, ou que l'on garde pour l'avenir, il est renfermé dans les cellules de dimensions ordinaires, seulement une couche de cire ferme l'entrée de ces magasins de réserve; et si quelque retrait vient à faire craindre la chute de l'édifice, des colonnes et des arcs-boutants sont aussitôt dressés pour le consolider.

Au milieu de tous ces travaux, les frelons restent oisifs ainsi que la femelle qui, renfermée dans sa cellule royale, attend une belle journée pour en sortir et s'élever dans l'air en compagnie des måles, parmi lesquels elle en choisit un au hasard pour s'accoupler avec lui. L'acte s'accomplit sans qu'elle cesse de voler, et le frelon meurt, car les organes de son sexe restent engagés dans ceux de la femelle qu'il vient de féconder pour un an, et quelquefois pour toute sa vie. Elle rentre dans la ruche, et quarante-six heures après commence la ponte des œufs que la femelle, devenue reine par la maternité, dépose dans les cellules, dont elle examine d'abord l'état de propreté. Durant le premier été, la ponte peu nombreuse se borne à des œufs d'ouvrières, elle cesse l'hiver, et reprend au printemps suivant. Alors, dans un laps de trois

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